L'insémination artificielle, première biotechnologie de la reproduction, est une technique relativement moderne. Bien qu'elle ait été expérimentée dès le XIVe siècle par les Arabes sur des juments, ce n'est qu'en 1779 que le physiologiste italien Lazzaro Spallanzani réalisa une véritable application de cette méthode, en injectant du sperme dans le vagin d'une chienne en chaleur. L'expérience fut un succès, avec la naissance de trois chiots, 62 jours plus tard.
Dans le siècle suivant, des scientifiques tels qu'Albrecht, Millais, et en France Repiquet, continuèrent à perfectionner cette technique. Toutefois, c'est au début du XXe siècle que le chercheur russe Ivanov, avec l'aide de ses collègues, développa la méthode de manière significative en créant le vagin artificiel.
L'insémination artificielle se popularisa aux États-Unis en 1938, peu de temps après des avancées faites par les Danois. Une percée cruciale se produisit en 1952 avec l'invention de la méthode de congélation du sperme par Poldge et Rowson, permettant la conservation à long terme de la semence.
En Belgique, c’est en 1948 qu’un Arrêté Royal institue l’insémination artificielle bovine. Les premiers centres voient ainsi le jour dans le pays. En France, l'insémination artificielle a commencé à se répandre chez les bovins au début des années 1950. À cette époque, l’insémination était réalisée principalement avec de la semence fraîche. Grâce à la remarquable résistance des spermatozoïdes bovins à divers traitements, ainsi qu'à leur capacité à être dilués de manière significative, l'insémination artificielle a permis de diffuser largement les gènes des individus les plus prisés.
L'un des principaux moteurs de l'essor rapide de l'insémination artificielle il y a 70 ans était ses avantages sanitaires : cette technique a joué un rôle crucial dans l'élimination de nombreuses maladies au sein des élevages.
Depuis les années 1960, l'utilisation de la semence congelée a révolutionné la pratique et est devenue courante. Stockée d’abord sous forme de pellets, elle a rapidement été conditionnée dans des paillettes de 0,25 ml contenant entre 10 et 18 millions de spermatozoïdes. Ces avancées ont non seulement facilité la conservation de la semence sur de longues périodes, mais ont également soutenu le développement de vastes programmes de sélection génétique. Cela a permis de constituer d’importants stocks de semence, contribuant à l'amélioration génétique du cheptel bovin à une échelle sans précédent.
En 2022 en France, 6 411 925 femelles ont été inséminées, 88 % d'entre elles provenant d'élevages laitiers.
Toutes ces innovations ont marqué un tournant dans l'usage de l'insémination artificielle, qui est désormais largement adoptée et concerne de nombreuses autres espèces telles que les chevaux, les moutons, les chèvres, les porcs, les volailles, et même les abeilles.
Pour aller plus loin :
Hanzen Ch. (2015-2016). L’insémination artificielle chez les ruminants [Notes de cours]. https://orbi.uliege.be/handle/2268/70625
Web-agri. (2024, 22 février). Des débuts de l’IA à la génomique : retrouvez l’histoire de la sélection bovine. Web-agri. https://www.web-agri.fr/genetique/article/863148/retour-sur-70-ans-de-selection-genetique-en-race-bovine
Gerard, O., Ponsart, C., Petit, M., & Humblot, P. (2008). Évolution des techniques de préparation de la semence et d’insémination artificielle chez les bovins. Rencontre, Recherche, Ruminants. UNCEIA
https://idele.fr/detail-dossier/bilan-des-inseminations-animales-bovines-2022