Cette conférence-atelier permettra tout d’abord de faire le point sur ce que pourrait être un établissement scolaire inclusif « idéal » en termes de publics accueillis, de professionnels et d’organisation. Dans un deuxième temps, à partir d’une identification des difficultés rencontrées dans la mise en œuvre, nous pointerons des réponses possibles en nous centrant sur l’action au niveau des établissements : organisation de l’établissement, pilotage, formation des personnels, rôle et mission des professionnels spécialisés, travail en réseau et liens inter degrés.
Serge Thomazet est chercheur en sciences de l’éducation au laboratoire ACTé (Université Clermont Auvergne). Ses travaux de recherche portent sur l’école inclusive, la scolarisation des élèves à besoins éducatifs particuliers et sur l’évolution des métiers de l’enseignement, de l’accompagnement et du soin en contexte inclusif.. Au sein de l’université Clermont Auvergne, il a enseigné dans un parcours de master « scolarisation et besoins éducatifs particuliers » qui offre une spécialisation sur l’école inclusive et le travail dans des espaces d’intermétiers à des publics divers, en formation initiale ou continue.
Cet atelier se propose de questionner les conditions dans lesquelles la différenciation pédagogique peut se réaliser au sein d’un établissement et d’explorer différentes pistes de mise en œuvre. Ces pistes toucheront d’abord aux piliers sur lesquels elle s’appuie : (1) un environnement sécurisant et juste ; (2) un climat relationnel positif ; et (3) un contexte et des pratiques engageantes. Dans un deuxième temps, seront évoqués les modèles permettant de conceptualiser la différenciation pédagogique à proprement parler, dans une perspective inclusive : la réponse à l’intervention et la conception universelle de l’apprentissage. Enfin, des exemples d’applications et pistes d’action seront proposées.
Patrick Bonvin (Ph.D.) est professeur HEP ordinaire à la Haute école pédagogique (Vaud) et responsable de l’Unité d’enseignement et de recherche « Développement de l’enfant à l’adulte ». Ses recherches portent sur la collaboration entre enseignants de classe et enseignants de soutien dans des contextes d’intégration ou d’inclusion scolaires, sur la transition vers l’école pour des élèves identifiés comme ayant des BEP dans la petite enfance, ainsi que sur le développement d’applications de la psychologie cognitive et des neurosciences dans le développement de pratiques d’enseignement et de gestion de classe inclusives.
Des élèves qui se mettent vite en colère, des crises qui démarrent sur des détails, des relations avec les pairs difficiles, des résultats scolaires irréguliers, autant de comportements défiants aussi bien pour l’enfant concerné par ses troubles, pour ses camarades que pour les enseignants. Après une présentation des concepts-clés, les résultats de 25 études scientifiques présentent les répercussions des traits émotionnels sur les différentes dimensions du fonctionnement scolaire des enfants et des adolescents avec un trouble des conduites (adaptation sociale, interactions avec les pairs et les enseignants, fonctionnement cognitif, santé mentale, contexte). Ces résultats ont plusieurs implications en termes de prévention et d’intervention.
Prof. Dr Myriam Squillaci est professeure ordinaire à l’Université de Fribourg. Elle est responsable du programme d’études « Master of Arts en pédagogie spécialisée : orientation enseignement spécialisé » du DPS depuis 2001. Son parcours professionnel lui a permis de travailler auprès de différents élèves à besoins éducatifs particuliers durant plus de 10 ans en tant qu’enseignante spécialisée et conseillère pédagogique. Elle est titulaire d’un doctorat et d’une habilitation obtenus auprès du Département de pédagogie spécialisée de l'Université de Fribourg. Ses domaines de recherche et d'expertise couvrent la santé au travail, les graves troubles du comportement, l’autisme, la déficience intellectuelle, le polyhandicap et plus largement, les questions relatives aux apports de la psychologie cognitive et des neurosciences cognitives au domaine de l’enseignement spécialisé.
Les changements initiés au sein de l’institution scolaire par le mouvement de l’école inclusive depuis maintenant une trentaine d’année concernent, à des niveaux de proximité et d’intensité variables, l’activité professionnelle de tous les acteurs du monde scolaire. Or, ce contexte d’une école en changement provoque encore des tensions identitaires et des dilemmes professionnels chez les enseignants spécialisés et ordinaires confrontés à une activité en transformation. Si une formation initiale préparant les futurs enseignants à l’école inclusive consiste en un levier indéniable pour atténuer l’impact de ces tensions sur les terrains scolaires, reconnaître et souligner la complexité générée sur le plan identitaire par un tel enjeu éducatif et social, demeure toutefois nécessaire.
Après plusieurs années d’enseignement dans des contextes variés (institutions et classes spécialisées, école primaire), Coralie Delorme exerce depuis 2012 une charge d’enseignement à Genève à la faculté des sciences de l’éducation ainsi qu’à l’Institut universitaire de formation des enseignants au sein de l’équipe PACES. Elle soutient en janvier 2020 une thèse en sciences de l’éducation sous la direction de la Pr. Greta Pelgrims, intitulée « Étudiants-stagiaires en contextes d’enseignement spécialisé : conditions de formation, analyse de l’activité et contingences situationnelles au travail en stage ». Ses thématiques de recherche portent sur l’analyse de l’activité des enseignants spécialisés en formation ainsi que sur les transformations d’activité en lien avec l’appropriation d’une culture professionnelle.
L’usage des aides technologiques en classe relève d’un double impératif : d’une part, ne pas tenir éloignés les élèves plus fragiles de la révolution numérique au prétexte de leurs difficultés, et d’autre part, extraire de ces outils la possibilité de nouvelles mises en œuvre de parcours scolaires inclusifs. Toutefois, l’efficacité de ces technologies, aussi innovantes soient-elles, est assujettie à l’accompagnement et à l’engagement des acteurs de l’école auprès des élèves utilisateurs, tant dans l’organisation à l’échelle de l’établissement que dans l'aménagement des situations d’apprentissage à l’échelle de la classe, mais elle repose aussi sur la reconnaissance et l’acceptation par les acteurs de l’École des besoins des élèves qui en font usage.
Après plus de dix ans d’enseignement en classes ordinaires et spécialisées, Vanessa Bacquelé soutient en 2016 une thèse dirigée par le Pr Charles Gardou, intitulée « Lire et écrire avec des outils informatiques. Le tissage d’un projet de compensation pour des adolescents dyslexiques ». Depuis 2017, elle est chargée d’enseignement à l’Université de Genève au sein de l’équipe PACES et dispense également des enseignements à l’Université Lumière Lyon2 dans le cadre du Master « Référent handicap ». Ses thématiques de recherche portent sur les conditions soutenant la scolarisation des élèves à besoins éducatifs particuliers, les pratiques d’enseignement inclusives et l’usage des aides technologiques par et pour les élèves.
« Le médecin cantonal a demandé aux écoliers de s’armer de patience ». Cette phrase, aussi anodine qu’elle paraisse, pose un défi intéressant à notre cerveau. Le médecin est-il une femme ? Et si c’est le cas, devrions-nous dire « la médecine » ? Et les écoliers sont-ils constitués de filles et de garçons ? La langue française a subi plusieurs vagues de masculinisation, dont une importante au 17ème siècle, des mots comme « autrice » étant littéralement gommés de la langue, et le masculin prenant une valeur dominante. Nous exposerons quelques travaux scientifiques qui montrent les effets de celle-ci au 21ème siècle. Puis, nous nous pencherons sur d’autres pratiques langagières courantes qui contraignent également les élèves à percevoir le monde au travers d’un prisme masculin. Nous proposerons finalement quelques pistes de réflexion en lien avec le « langage inclusif » ainsi qu’avec son apprentissage.
Pascal Gygax dirige l’équipe de Psycholinguistique et Psychologie Sociale Appliquée de l’Université de Fribourg. Ses travaux portent principalement sur la manière dont notre cerveau traite la marque grammaticale masculine. Pascal Gygax intervient régulièrement dans les médias lorsqu’il est question de langage inclusif, féminisation du langage ou de sexisme linguistique. Ses contributions dans les médias sont accessibles sur :
https://perso.unifr.ch/pascal.gygax/mediation-scientifique-vulgarisation/