Durant notre prochain séminaire, nous souhaitons aborder un thème qui est au coeur de l’école. Elle, dont la mission fondamentale est de réunir pour faire appendre, se trouve confrontée au défi de prendre en compte la diversité des élèves, réunis pour apprendre ensemble, de manière plus forte. De nombreux systèmes scolaires se posent aujourd’hui la question de l’inclusion de tous les enfants, parce que l’enjeu sociétal est de taille et dépasse les murs de la classe : accueillir la différence.
Se poser la question de la différence, c’est écrire au verso de la même feuille de papier : qu’est-ce que la normalité ? Chaque personne n’est-elle pas à l’interface de ce qui est commun à ses semblables et de ce qui est spécifique à elle, à elle seule, à elle qui se sent parfois si seule ? Chacun·e peut certes se dire en son for intérieur : je suis unique ! Mais son environnement lui rappelle tous les jours : tu dois être comme les autres. L’école ne fait pas exception, loin de là, puisque la visée même de sa mission cherche à rassembler autour de normes communes et de valeurs partagées, en éduquant et en formant.
L’ambiguïté du titre choisi pour ce séminaire évoque deux idées-clés qui seront au coeur de notre réflexion : nos établissements scolaires doivent apprendre à mieux gérer la diversité de nos élèves pour répondre aux besoins particuliers des uns et des autres, sans pour autant perdre de vue le plus grand nombre. Cette école-là, si on y croit et si on l’organise de manière efficiente, peut faire la différence... D’un enseignement plus universel à une différenciation plus pédagogique, les chemins de l’inclusion sont nombreux et les obstacles parfois impressionnants. Il ne s’agit pas de les éviter, mais de les appréhender pour apprendre à les franchir.
L’altérité nous fait souvent peur, parce que l’inconnu envahit un quotidien déjà très complexe et imprévisible. L’enseignant·e, dans sa classe, se pose une question essentielle qu’il ou elle aborde souvent avec la direction de son établissement : comment dois-je faire pour bien faire ? Les dimensions éthique et pragmatique de ce questionnement donnent du sens à notre école qui se doit de faire la différence, une différence de qualité pour le bien de toutes et de tous.
Pour le comité de la CLACESO,
Pierre-Etienne Gschwind
« Faire la différence, c’est dégager un avantage net. » L’avantage net d’une école qui perçoit la diversité et donc la différence comme une donnée positive de notre société ou du moins, à défaut de cet optimisme humaniste un peu excessif, comme une donnée souhaitable et gérable par nos institutions scolaires. Souhaitable, car notre société semble compter de plus en plus sur son système scolaire pour jouer un rôle éducatif toujours plus important. Au-delà des particularismes individualistes, une école courageusement inclusive, imaginative et créative, dégagerait un bénéfice certain lorsqu’on exhorte sans cesse dans nos démocraties au vivre-ensemble et à la solidarité.
Comme le pensait la double Prix Nobel de Physique et de Chimie, Marie Curie, au début du XXème siècle déjà : « Rien n’est à craindre, tout est à comprendre, il est temps désormais de comprendre plus, pour craindre moins. » Motivation scientifique toujours actuelle qui parcourt les neurosciences, la médecine, la psychologie, les sciences de l’éducation en général. Cet état d’esprit continue de défier sociologiquement notre école. Elle semble loin désormais l’ignorance des particularités individuelles dans les apprentissages, qui a toujours généré en éducation une souffrance et une frustration uniformes.
Il s’agit d’appréhender toujours mieux, toujours plus finement, la différence, pour en combattre les préjugés. Appréhender, comme « saisir par l’entendement, par la pensée la complexité » de cette réalité sociale. Posséder le « cerveau des autres » pour mieux saisir leurs besoins. Le risque d’appréhender « comme craindre la réalisation d’une éventualité fâcheuse ou redoutée », est bien réel. Appréhender que la différence soit encore et toujours un facteur stigmatisant et discriminant.
Notre séminaire se voudra cet espace où se côtoient nos appréhensions. Il faudra pouvoir faire la différence ! Comme pour chaque séminaire de la CLACESO, une opportunité à saisir.
Pour le comité d’organisation fribourgeois,
José Joaquín Rodríguez