Des habitudes familiales de sommeil : le rôle essentiel des parents
Le manque de sommeil chez les adolescents est étroitement lié aux habitudes de sommeil de leur famille, en particulier celles des parents, notamment de la mère. Dans une étude portant sur 31 familles, il a été constaté que 43% des adolescents dorment moins de 7 heures par nuit, alors que leur besoin optimal est de 9 heures. Ce déficit équivaut à une nuit de sommeil perdue à la fin de chaque semaine. Il est également remarqué que ce manque de sommeil affecte également les parents : les horaires de coucher et de réveil, ainsi que les rituels de coucher des adolescents, sont fortement liés à ceux de la famille.
Ce manque chronique de sommeil concerne près des deux tiers des parents interrogés dans une enquête conjointe de l'INSV et de la MGEN sur le sommeil des parents et de leurs enfants en 2022. Selon le Dr Sylvie Royant-Parola, cette constatation souligne l'importance du rôle parental dans la transmission des messages relatifs au sommeil. Les adolescents se trouvent souvent déchirés entre leurs besoins essentiels, comme celui de dormir, et les multiples sollicitations et découvertes qui les entourent. Ils ont souvent du mal à hiérarchiser ces priorités et nécessitent une autorité parentale pour les aider à le faire.
Des parents qui eux-mêmes rencontrent des problèmes de sommeil auront plus de difficulté à communiquer efficacement les règles à suivre pour favoriser un sommeil de qualité chez leur enfant. De même, des parents constamment absorbés par leurs écrans auront du mal à faire comprendre à leur adolescent que cette habitude nuit à leur sommeil. Ainsi, le rôle des parents dans l'établissement de bonnes habitudes de sommeil chez les adolescents est crucial, tant pour leur santé que pour leur développement optimal.
En dehors des routines familiales, un autre facteur néfaste pour le sommeil mérite d'être examiné : l'utilisation des écrans avant le coucher. Au cours des dernières années, la prolifération des écrans et des smartphones a largement contribué à la détérioration de l'hygiène du sommeil. Pratiquement omniprésents dans les foyers, ces dispositifs représentent une étape de relaxation et de divertissement le soir, servant de transition entre les activités de la journée et le moment du coucher.
Cependant, la lumière bleue émise par ces écrans ainsi que leur contenu souvent captivant ont pour effet de retarder l'endormissement et d'aggraver le phénomène de "jetlag social". En effet, cette lumière bleue perturbe la production de mélatonine, l'hormone régulant le cycle veille-sommeil, ce qui rend plus difficile l'endormissement. De plus, les contenus addictifs des écrans peuvent entraîner une surexcitation mentale, rendant encore plus ardu le processus d'endormissement.
Ainsi, l'utilisation des écrans avant le coucher constitue un obstacle majeur à un sommeil de qualité. Il est essentiel d'encourager des habitudes alternatives avant le coucher, telles que la lecture d'un livre ou la méditation, pour favoriser une transition en douceur vers le sommeil. En réduisant l'exposition aux écrans le soir, il est possible d'améliorer significativement la qualité du sommeil et, par conséquent, le bien-être général.
Qu’est ce qu’une insomnie ?
L’insomnie est la plainte d’une mauvaise nuit en raison d’un sommeil insuffisant ou non récupérateur. Ces problèmes ont un retentissement sur la forme dans la journée.
Comment reconnaître une insomnie ?
Il existe plusieurs signes :
des difficultés d’endormissement ;
des difficultés à rester endormi avec des réveils en milieu de nuit ;
un réveil matinal trop précoce ;
pour parler d’insomnie, il est nécessaire que la qualité de la journée soit altérée d’une manière ou d’une autre par ce mauvais sommeil.
Ces symptômes peuvent se combiner et être plus ou moins graves en fonction de leur fréquence.
Dans la journée, un mauvais sommeil posera problème principalement sur ta concentration, tes performances scolaires, ta vigilance et ton humeur.
Attention, il ne faut pas confondre l’insomnie avec :
un endormissement tardif dû à un retard de phase du sommeil où l’endormissement survient souvent à 1h du matin ou plus. Le réveil est difficile et spontanément tardif. Le sommeil est décalé dans la nuit, mais une fois enclenché, il se déroule d’une traite, en quantité suffisante. Il s’agit d’un sommeil récupérateur si le réveil n’est pas provoqué, comme c’est le cas en vacances ;
le sommeil d’un petit dormeur : son temps de sommeil est court mais de bonne qualité. Il est en forme dans la journée.
Comment se manifeste une insomnie ?
Elle peut être aiguë ou chronique. L’insomnie aiguë dure peu de temps. Elle est le plus souvent transitoire, et sa cause est facilement identifiable (stress, situations préoccupantes…). Il faut juste s’y adapter. Elle dure de quelques jours à quelques semaines et s’accompagne d’anxiété ou de tristesse. Ces insomnies transitoires sont fréquentes, mais elles peuvent provoquer des comportements qui vont entretenir voire renforcer cet état d’insomnie.
Certains, pour calmer les angoisses ou se débarrasser des insomnies, prennent de l’alcool ou fument du cannabis. Ces drogues ont de très mauvais effets sur le sommeil. Ce sont de faux amis du sommeil.
Les insomnies sont dites chroniques lorsqu’elles durent plus de 3 mois, mais elles peuvent persister des années. On retrouve une association avec des conditions environnementales particulières (mauvaise conditions de logement, bruits environnant..), une anxiété ou une dépression. Parfois elles ne se rattachent pas à une cause précise. Au niveau des mécanismes on constate alors un état d’hyperéveil avec une difficulté à arrêter les pensées.
Chez l’adolescent, l’insomnie est un signal d’alerte dont il faut essayer de trouver la cause. Est-ce une réaction à un problème connu qui peut être réglé ? Y-a-t-il une mauvaise hygiène de vie ? Est-ce un mal-être profond ou une angoisse très forte ? Est-ce une dépression ou un problème lié à un trouble de la personnalité ?
Dans tous les cas, l’insomnie est un symptôme à prendre au sérieux. Il faudra trouver des solutions et éviter de rentrer dans le cercle vicieux de l’insomnie durable, qui aurait de graves conséquences : somnolence, angoisse encore plus forte, troubles de l’humeur, etc.