Biographies

Forcément, les éditeurs en savent toujours plus sur le compte de l'auteur que celui-ci ne le soupçonne. Voici un recueil des notices biographiques collectées ici et là.

C’est l’écrivain André Ruellan qui a déterminé la tardive vocation pour l’écriture d’Yves Letort, et c’est dans sa filiation littéraire qu’il se place, en espérant ne pas trahir cette prétention. La majeure partie de ses écrits se déroule sur les rives du Fleuve, un territoire de fiction qui s’étoffe peu à peu et qu’il envisage comme une lente dérive qui lui permet d’expérimenter des variations d’après des lectures disparates. Un recueil de nouvelles s’inscrivant dans ce cycle est paru au VISAGE VERT en 2015, et cette même revue a publié en novembre 2017, dans son n° 29, un nouveau texte qui en est issu et s’insère dans la continuité lâche du précédent recueil : La date (illustré, comme c’est le cas pour Le chien dans le numéro #01 du NOVELLISTE, par Céline Brun-Picard). « Ces nouvelles, insiste-t-il, n’auraient pu acquérir leur forme actuelle sans l’exigence professionnelle d’Armelle Domenach. »

Ces expéditions fluviales et littéraires mises à part, Yves Letort est né en Bretagne en 1960. Il a réalisé de 1982 à 2000 une émission de SF sur Radio Libertaire, il a édité une petite collection intitulée L’astronaute mort, et après avoir été libraire durant de longues années, il a désormais la chance de pouvoir se consacrer entièrement à l’écriture. « Le reste, conclut-il, ne regarde que peu le lecteur… »


(Revue Le Novelliste, novembre 2017)

Né en 1960 en Bretagne, Yves Letort se passionne très tôt pour la science-fiction et réalise une émission sur ce thème de 1982 à 2000 (Radio Libertaire). Il est également libraire pendant de nombreuses années. De 1995 à 1998, il dirige une collection de SF, la Bibliothèque sublunaire, chez L’Astronaute mort, au sein de laquelle il publie notamment plusieurs titres d’André Ruellan.

Il est l’auteur de très nombreuses nouvelles publiées en revues (Le Novelliste, L’Ampoule, Le Visage vert, Le frisson esthétique) et souvent illustrées par Céline Brun-Picard. La majorité d’entre elles a pour cadre un territoire de fiction nommé le Fleuve, qui a donné son nom au recueil qui rassemble certaines de ces nouvelles (Le Fleuve, Le Visage vert, 2015).

Son roman Le Fort (Éditions L’Arbre vengeur), à paraître en mai 2019, s’inscrit lui aussi dans l’univers fictionnel du Fleuve.


(Les Mystériales, mars 2019)

Yves Letort, longtemps libraire en région parisienne, critique et micro-éditeur, se consacre désormais à l’écriture en Bretagne. Une grande partie de son univers se situe sur les bords d’un fleuve imaginaire qui constitue la toile de fond de ses œuvres. Le Fort constitue la pièce centrale de ce monde né d’influences diverses, aussi bien dans le domaine de la littérature que du cinéma. Le Fort est le trente-et-unième récit publié du Fleuve. Un recueil éponyme est sorti en 2015 au Visage Vert.


(L'Arbre vengeur, mars 2019)

Le journal local Les Infos du Pays de Redon publie un feuilleton à l'été 2020, pendant l'épidémie de Coronavirus, en faisant appel aux auteurs de la région. Chaque épisode est précédé d'un entretien avec son rédacteur en chef...

Yves Letort, pouvez-vous vous présenter ? Je vis à Redon depuis quatre ans. Je viens de région parisienne où j’ai fait un peu de tout dans le domaine du livre. J’ai été libraire pendant 35 ans, vendant des livres neufs, d’occasion et l’ancien, c’est-à-dire de l’époque moderne, édités à partir de 1848. J’ai fait un peu de critique littéraire, des piges pour des journaux.

J’ai commencé officieusement à écrire en 1982. Je travaille en tant qu’écrivain depuis une dizaine d’années. Je publie trois ou quatre nouvelles par an dans des revues. Et là, j’en suis à mon troisième livre publié en librairie depuis 2015.

Vous vous intéressez beaucoup au fantastique et à la science-fiction ? Mon inspiration n’est pas forcément là. J’ai plus une formation de littérature générale, et un goût pour des auteurs comme Julien Gracq. Stephen King n’est pas mon univers. Je me sens plus proche de Jean Ray, Maurice Renard. Et de Maupassant, l’auteur de nouvelles par excellence.

Vous avez publié « Des portraits », fictions inspirées de photos anciennes, et « Le Fleuve ». Tous mes textes sont très travaillés, extrêmement élaborés. « Des portraits » sont un îlot fin-de-siècle dans ma production habituelle.

« Le Fleuve » est un univers aux 35 titres, une suite de nouvelles et d’un court roman fantastiques qui se situent sur les rives du « Fleuve », dans une chronologie qui part de l’Antiquité jusqu’à l’époque contemporaine. J’explore un certain type de fantastique qui n’emprunte rien aux fantômes ou à l’arsenal traditionnel.

Comment avez-vous appréhendé votre participation à ce jeu littéraire ? Je me suis beaucoup amusé. Mon travail est de pure imagination. Mais là, j’ai dû rassembler des notes avant de m’y mettre. Comme le faisaient Gaston Leroux et Arthur Bernède, redonnais auteur de Belphégor, qui avaient été journalistes et se documentaient beaucoup, avant d’écrire d’un jet sans vraiment de repentir. En cela, un romancier populaire a plus de mérite qu’un auteur de pure imagination !

Dans cette histoire, ce qui m’a intéressé, c’est de travailler rapidement, avec des contraintes. Pour avoir écrit pour des journaux, j’aime beaucoup quand ça sent la poudre, quand il y a urgence. J’ai écrit mon chapitre en une journée, et je n’en ai pas dormi après ! C’est pénible avant, décevant après, mais pendant, c’est une drogue dure, carrément un shoot !

Propos recueillis par Gwenaël Merret pour les Infos du Pays de Redon

Entretien repris sur le blog Redon Mystery Club

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La deuxième contribution au feuilleton du confinement se déroule en compagnie de Patrick Denieul, par ailleurs à l'origine de cette récréation. Elle donne lieu également à un en entretien.

Patrick Denieul et Yves Letort, qu’est-ce que le blog Redon Mystery Club, qui met sur internet les premiers chapitres du roman-feuilleton ?

Patrick Denieul. Avec le confinement de milliards de personnes, la vie est devenue une fiction, 1984 de Georges Orwell, ou presque.

Yves Letort. Je vois ce blog comme un moyen de prolonger cette histoire amusante et de donner la possibilité à tous les écrivains locaux de montrer ce qu’ils font. Je reste surpris par le nombre de personnes vivant ici qui écrivent, je ne me l’imaginais pas en arrivant il y a quelques années. J’aimerais que l’on continue, en ne livrant pas forcément des fictions, mais des réflexions, en informant sur nos travaux, ce que l’on fait paraître, sur des rencontres formelles ou informelles. Ce pourrait aussi être le moyen de renvoyer les visiteurs du blog vers le travail d’artistes comme Pierre-Marie Huet.

Patrick Denieul. C’est ce que les surréalistes appelaient « l’ange du bizarre ». Les petites choses que l’on voit, qui, quand on se promène, nous incitent à dire que la ville n’est pas uniquement quelque chose de plat, il y a des coïncidences, des rencontres, des graffitis qui nous interpellent… Guillaume Apollinaire, André Breton, Paul Éluard… aimaient ça. André Breton estimait qu’il pouvait tout se passer à Nantes. À Redon, il peut aussi tout se passer?! Si chacun pouvait nous dire qu’il a vu… un moine bouddhiste avec un masque de Belphégor, c’est bizarre, on peut supposer plein de choses. Nous vivons dans un monde d’histoires, elles fomentent et écrivent d’autres histoires elles-mêmes.

Propos recueillis par Gwenaël Merret pour les Infos du Pays de Redon

Entretien repris sur le blog Redon Mystery Club

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Il fallait un pseudonyme canin à cette troisième contribution pour conter les mésaventures du pauvre chien Bifteck. On a choisi le nom dans la figuration du Roman de Renart.

Roenel, pouvez-vous vous présenter ? Eh bien, je suis un mâtin à la robe fauve âgé de sept ans et je me distrais de temps à autre, en compagnie de mes petits camarades, à courser les camping-cars de passage à Redon et à arracher leurs pare-chocs afin de les exhiber comme trophées. Je suis également fondateur avec mon cousin Ysengrin de la formation de blues vocal Cave Canem, dans lequel nous reprenons des classiques tels “Walking the dog” ou l’excellent “My Barkin’ Bulldog Blues” de Brownie McGhee.

Pensez-vous que la cause animale soit bien défendue ? Chaque été, les abandons se multiplient et le phénomène a pris une nouvelle ampleur avec cette épidémie. Nombre de personnes ont cru que la compagnie d’un animal remplirait le vide social causé par le confinement. Ils se sont rendu compte ensuite que cette coexistence exigeait de l’attention, de l’amour et même un budget ! Hélas, les abandons ont provoqué la saturation des refuges et je crains que nombre de nos congénères voient leur vie raccourcie… Les humains devraient faire preuve de sagesse, parce que nous sommes également des êtres sensibles. Je reste toutefois optimiste : les militants de la cause animale gagnent des générations à leur cause, l’opinion publique s’émeut des exactions commises à notre encontre. La raison l’emportera à la longue.

Que venez-vous faire dans cette aventure littéraire et qu’en pensez-vous ? Patrick Denieul n’a pas pu refuser ma participation lorsque je me suis présenté devant lui, avec mon regard saignant (ma sclérotique est très visible, savez-vous ?) et alors que je bavais sur ses chaussures. Il s’est décidé lorsque j’ai commencé à dévorer sa sacoche, à laquelle, inexplicablement, il semble beaucoup tenir. Bien entendu, je me suis attaché au personnage de Bifteck dans lequel je reconnais un frère en adversité. De plus, il était temps de jeter un regard canin à toutes ces aventures. Nous nous révélons tout de même les plus qualifiés pour comprendre le psychisme humain, n’est-ce pas ?

Je m’avoue dans l’expectative sur la suite de ces aventures extraordinaires et curieux de connaître la fin. L’adjudant Carrier se montre un méchant très coriace. Je crois même (mais ils ne le diront pas ouvertement) qu’il trouve des supporters parmi le groupe d’écrivains qui se penchent sur cette saga.

Propos recueillis par Gwenaël Merret et Yves Letort