En entête : Capitole national, Bogotá
Le style néoclassique apparaît au milieu du XVIIIe siècle en France, alors que le siècle des Lumières suscite « un regain d’intérêt pour l’étude scientifique du passé, en particulier les ruines de l’Antiquité grecque et romaine. » (Davison Cragoe, p.40)
Rapidement, il devient un emblème de l’idéal républicain: plusieurs édifices gouvernementaux des XVIIIe et XIXe siècles l'adoptent.
Fig.1 Chapiteau dorique
Fig. 2 Chapiteau ionique
Fig. 3 Chapiteau chorintien
Le néoclassicisme rejette les excès du baroque pour revenir à une architecture pure et harmonieuse, avec une ornementation très limitée. Ainsi, la courbe est abandonnée au profit de la ligne droite et de la symétrie.
La découverte de sites archéologiques permet d’étudier autant l’architecture des Grecs que des Romains, et d’emprunter des éléments de leurs styles. On retrouve notamment les chapiteaux des ordres architectoniques grecs dans les édifices néoclassiques. (fig. 1 à 3)
Toutefois, les architectes de ce style ne se limitent pas à imiter les anciens; ils mettent au goût du jour certains éléments et en ajoutent des nouveaux, tout en respectant l’esprit classique.
Située dans le centre historique de Bogotá, la Cathédrale Primada est la plus grande église de la ville.
Elle se dresse « à l’emplacement où aurait été célébrée la première messe de Bogotá, juste après la fondation de la ville en 1538. » (Egerton, 2015, p.46) Elle représente donc un symbole important dans la mémoire collective des Bogotans.
La construction de l’édifice actuel se déroule de 1807 à 1823 selon les plans de l’architecte espagnol Domingo de Petrés. Trois autres églises avaient déjà été construites au même endroit, mais elles n'avaient pas survécu à l’épreuve du temps.
Du côté droit de l'église, on retrouve la Capilla Del Sagrario, une petite chapelle à laquelle on peut accéder de l'intérieur ou de l'extérieur.
La Cathédralel Primada présente une façade symétrique à deux clochers, avec deux niveaux distincts séparés par des corniches (fig.4).
Le niveau inférieur comprend trois portails rectangulaires ainsi que de nombreux pilastres doriques (fig.4), alors que le niveau supérieur présente plutôt des pilastres ioniques (fig.5). Par ailleurs, on distingue dans la façade trois niches garnies de statues.
Il est ici intéressant de noter que même si dans son ensemble l’église présente un style néoclassique, on retrouve quelques éléments baroques comme le fronton brisé qui orne le portail du milieu (fig.6).
L’intérieur de l’église est très spacieux et comporte trois vaisseaux de hauteur égale, séparés par des colonnades d’ordre corinthien.
Le Capitole national, situé à Bogotá, correspond actuellement au parlement de la Colombie. Après la déclaration de l’Indépendance en 1819, le gouvernement ressent la nécessité de construire un édifice pour accueillir l’ensemble les institutions administratives de l’État.
Cependant, ce n’est qu’en 1846 que le président Tomás Cipriano de Mosquera ouvre la voie au projet le plus ambitieux de l’époque, qui symboliserait le pouvoir de la nouvelle République : la construction du Capitole National.
Après avoir en vain cherché un architecte local qui pourrait se charger de la conception de l’édifice, le gouvernement engage l’architecte anglais Thomas Reed.
Ce dernier n'hésite pas à accepter la tâche et conçoit les plans du Capitole en s'inspirant d’édifices néoclassiques comme le Capitole de Washington.
La construction débute six mois plus tard, mais se termine seulement en 1926 en raison des nombreux troubles politiques qui marquent ces décennies.
Le bâtiment est construit en pierre et la façade possède en son centre un portique composé de trois rangées de six colonnes ioniques. La construction s’organise autour d’un salon écliptique qui est réservé aux sessions du congrès, tandis que les ailes accueillent divers locaux du gouvernement.