Comment y trouver sa place en tant que parent et y amener son enfant alors que ce n’est pas obligatoire, qu'il s'agit d'un loisir, en marge de l’école ? Pour rappel, la formation musicale ainsi que le chant et la pratique d’un instrument sont intégrés dans l’éducation nationale dans d’autres pays…
Même si les activités au conservatoire conserve un statut particulier dans l'esprit des familles, pour y prendre pleinement sa place, il est crucial de ne pas l’envisager comme une garderie pour son enfant.
L’investissement, l’engagement du parent restent évidemment au centre de l’accompagnement. S’intéresser à ce qui passe au conservatoire, lors des activités, même si on est novice constitue la première source de motivation pour l’enfant. La fratrie est également une belle source de motivation, même s'il est préférable d'éviter de choisir le même instrument…
Les procédures, le fonctionnement du conservatoire restent peu compréhensibles pour les familles qui arrivent. Le dialogue avec l'administration et les professeurs du conservatoire est essentiel. Sans oublier les échanges avec les autres parents qui représentent aussi une ressource à exploiter.
La question récurrente quant à la gestion du temps est celle de l’organisation des déplacements au conservatoire : comment les optimiser ? Il peut s’agir de les limiter en regroupant les cours sur une ou deux demi-journées. Cette question en entraine une autre, celle de la gestion des inscriptions qui semble compliquée depuis quelques années à Antony… comme dans d'autres établissements d'ailleurs. Pour les conservatoires, il est désormais important, pour des raisons d'équité, de prendre en compte les contraintes des familles (les deux parents travaillent généralement et les familles monoparentales sont de plus en plus nombreuses).
Selon quel rythme doit-on faire « travailler » son enfant ? Si l'activité en conservatoire est un loisir, elle constitue un apprentissage qui nécessite une appropriation sur le temps long de la semaine : entraînement musculaire par la répétition du geste musical ou chorégraphique, mémorisation des textes, intégration des notions de formation musicale etc.
Les exercices de formation musicale doivent être refaits au moins deux fois entre deux cours (et idéalement juste après le cours pour s'appuyer sur la mémoire encore fraîche de l'enfant). La pratique de l'instrument doit être au maximum quotidienne : il ne s'agit pas d'imposer des durées importantes, mais de privilégier la régularité y compris durant les périodes de vacances. La durée de ces exercices quotidiens dépend généralement de l’instrument et du degré d'avancement de l'élève : 15 minutes pour le saxophone, 10 minutes pour le basson par exemple (le professeur peut le préciser).
Le choix de l’instrument représente aussi une question intéressante : quels éléments avons-nous pour accompagner les enfants dans leur choix ? De nombreux parents évoquent les critères du poids, du volume, du prix, de la liste d’attente au conservatoire. Mais il y a également la différence entre les instruments à succès et les instruments rares. il est essentiel de laisser son enfant choisir, en l'accompagnant dans sa démarche d'orientation. Ainsi, il ne faut pas hésiter à demander aux professeurs à assister à un cours pour satisfaire la curiosité de notre enfant (et la nôtre).
Enfin, il est possible de diffuser l'adresse de sites permettant de découvrir les instruments, tel que ceux de certains orchestres ou celui de France Musique, qui réalise des focus sur chaque instrument et offre la possibilité d'en découvrir de grands interprètes et le répertoire. La réalisation de fiches présentant les principales caractéristiques des instruments, ciblées sur les critères des familles, pourrait également être envisagée.
Comment maintenir la motivation lorsque l’enfant entre dans l’adolescence ? A l'entrée au collège, on assiste à un glissement des priorités des enfants, dont le rapport au groupe devient de plus en plus important. Il s’agit souvent d’une question de légitimité : suis-je le/ la seul(e) à aller au conservatoire dans mon groupe ?
Inscrire son enfant à un stage d’instrument ou de danse, à une colonie musicale ou chorégraphique peut alors être envisagé pour donner un nouveau souffle, en travaillant dans un autre contexte, un autre rapport aux enseignants et une autre organisation. Dans cet espace circonscrit à la fois géographiquement et temporellement, l'enfant peut (re)trouver le plaisir de jouer ou danser avec les autres et prendre pleinement la mesure de l'investissement à consentir grâce à une valorisation qui intervient en fin de stage.
L'entrée au collège coïncide également avec une augmentation de la charge de travail et de nouvelles attractions (écrans notamment). En progressant dans les cycles ou les parcours, l'activité en conservatoire nécessite de plus en plus de temps, que ce soit en temps de présence ou en temps de pratique. Les parents doivent redoubler de vigilance face aux signes d'épuisement de leurs enfants et toujours veiller à ce qu'ils disposent d'un temps personnel suffisant pour rêver, lire, jouer.
Il peut alors être temps de réviser à la baisse ses ambitions de parent et limiter les activités extra-scolaires qui entrent en concurrence entre elles. Il est certainement préférable d'en faire moins mais mieux : les parents doivent être pleinement conscients que chaque heure passée au conservatoire se traduit par un temps de travail quotidien à préserver.
Alors, dans ce contexte, l'arrêt du cursus artistique reste une éventualité qui doit être envisagée avec sérénité par les familles, tout en pesant bien les apports de cet enseignement, qui vont bien au-delà de la maîtrise d'un art. Il permet notamment de développer de nombreuses compétences, notamment l’empathie, l’écoute des autres, le goût de l'effort, du dépassement de soi, la rigueur dans le travail et confronte les enfants tôt, à la réalité des examens. Il est souvent possible d’encourager les enfants en leur rappelant leur chemin parcouru : « tu ne vas quand même pas arrêter si près de la fin du cycle ? C’est dommage », et en leur apportant tout votre soutien pour surmonter les difficultés qui peuvent advenir.
Et lorsque l’enfant en fait son projet professionnel ? Cela a été le cas pour Françoise Petit, avec l'une de ses filles, décidée à devenir danseuse. L'accompagnement bienveillant et vigilant du parent prend alors une autre dimension et se révèle d'autant plus fondamental lorsqu'on n'est pas artiste professionnel soi-même. Les informations nécessaires sont rarement accessibles, les parcours peu lisibles et les personnes (et structures) ressources mal identifiées. S'adapter au projet de son enfant peut nécessiter de prévoir un changement d'établissement scolaire et l'entrée dans un nouveau conservatoire, parfois éloigné, modifiant l'organisation au sein de la famille.
Lire ici la publication originale rédigée par Odile Olière, présidente de l'APECA en 2019.
La Charte de l'enseignement artistique spécialisé en danse, musique et théâtre de 2001 prévoyait que le directeur "conçoit, organise et s’assure de la mise en œuvre d'un projet d’établissement, en concertation permanente avec l’équipe pédagogique et tous les partenaires externes concernés; il propose un programme de formation continue des enseignants en lien avec le projet." L'arrêté du 15 décembre 2006 fixant les critères du classement des établissements d'enseignement public de la musique, de la danse et de l'art dramatique le rend - aujourd’hui - obligatoire pour obtenir le classement en conservatoire à rayonnement régional, à rayonnement départemental ou communal et intercommunal. […]
A propos du Conseil d'Etablissement : il est l'instance qui rassemble et synthétise l'ensemble des sujets qui concernent l'établissement. Emanation des différentes composantes du fonctionnement du conservatoire, il est placé sous la présidence du responsable de la collectivité gestionnaire ou d’une personnalité désignée par lui. Le règlement intérieur définit les modalités d’élection ou de désignation et la durée du mandat des représentants siégeant à ce conseil. Instance de consultation et de proposition, le conseil d’établissement se prononce sur les textes cadres et le projet d’établissement ; il soutient et suit l’action et les initiatives de l’établissement, tant dans la période de leur élaboration qu’au moment du bilan. Il se réunit au moins une fois par an, et aussi souvent que nécessaire selon l’urgence des dossiers. Avant de réunir le conseil d'établissement, l’équipe de direction a mené toutes les concertations préliminaires nécessaires. Il est souhaitable que le conseil d'établissement associe des représentants :
de la collectivité territoriale de tutelle (élus, administration) ;
de la direction, de l’administration et de l’équipe pédagogique ;
des usagers (élèves, parents d’élèves) ;
de l’Education nationale, en fonction des modalités du partenariat ;
et selon le règlement intérieur, des personnalités ou partenaires appartenant à d'autres structures, collectivités…
Cette modification de l’arrêté du 15 décembre 2006 répond à l’exigence d’une mise en conformité avec la loi LCAP de 2016.
Les mentions du « diplôme national » et du « cycle d'enseignement professionnel initial » disparaissent de ces articles au profit d’un « cycle diplômant », sans préciser l’appellation du diplôme récompensant ces parcours, laissée pour le moment a priori à l’appréciation de l’établissement qui peut le prendre en charge. Quelques mentions laissent transparaître les futures dénominations des cycles 1 à 3.
Précédemment, dans chaque discipline enseignée il y ait « au moins un enseignant appartenant au cadre d'emplois des Professeurs territoriaux d'Enseignement Artistique ou titulaires du certificat d'aptitude aux fonctions de professeur des conservatoires classés ». Désormais, le critère d’un pourcentage minimal d’enseignant de ce grade est intégré : un conservatoire classé à Rayonnement Départemental devra comporter au moins un PEA dans 50% des disciplines enseignées dans chaque département pédagogique, proportion portée à 80% pour un établissement classé à Rayonnement Régional.
les critères applicables aux équipes administratives et techniques ainsi que le fait de disposer des locaux et des moyens nécessaires à la conduite des missions des différents établissements.
Les précisions apportées concernent en particulier les grades ou diplômes attendus pour les équipes dirigeantes et le fait, pour un CRR, de disposer d’un adjoint au Directeur pour coordonner chaque spécialité.
Les services du ministère de la Culture Pourront évaluer le niveau de qualification d’une personne qui ne disposerait pas du diplôme ou du grade nécessaire pour répondre aux exigences précédemment citées. L’objectif affiché de cette disposition par les membres de la DGCA est de pouvoir prendre en compte la difficulté de recrutement d’enseignants répondant aux critères précédemment évoqués dans certaines disciplines.
Lire ici l'analyse de la Fédération Française de l'Enseignement Artistique.
Lire ici l'article modifié le 9/08/2022 et la version précédente du texte.
Si les conservatoires sont d'initiative locale, l'Etat définit le cadre de leur activité et contrôle la qualité de l'enseignement qui y est dispensé. De fait, le cadrage pédagogique des enseignements est fourni par les schémas nationaux d'orientation pédagogique, déclinés pour la musique, la danse et le théâtre.
La notion de projet d'établissement est apparue dès 2001 dans la Charte de l'enseignement artistique, mais c'est en 2006 que l'obligation est faite aux établissements classés de disposer d'un tel document d'orientation . Dès lors, les outils de concertation au sein des conservatoires prennent un autre relief.
Le schéma d'orientation pédagogique publié en 2008 rappelle ainsi dans ses dispositions transversales (i.e. s'appliquant à toutes les disciplines) les différentes instances et outils de concertation à mettre en œuvre : projet d'établissement, conseil d'établissement, conseil pédagogique, conventionnement etc.
De fait, le conseil d'établissement n'est pas une référence récente. Il fait son apparition dans le schéma directeur des écoles de musique et de danse de 1992 (document précurseur des actuels schémas pédagogiques) :
"Le directeur s'appuie, pour le bon fonctionnement de son établissement :
sur le conseil pédagogique constitué de professeurs et comportant, si ces enseignements existent dans l'établissement, de représentants de la danse ;
sur le conseil d'établissement qui réunit, des représentants de la direction, des enseignants, des représentants du collège danse, des services administratifs et techniques de l'établissement, des élèves, des parents et des élus.[...]"
Dans le schéma d'orientation pédagogique (le 1er du nom) de 1996, le texte est quelque remanié et complété. Le conseil d'établissement figure alors en tête des instances de concertation :
" Le directeur s’appuie pour le bon fonctionnement de son établissement :
sur le conseil d’établissement, composé de manière équilibrée des élus, des représentants de la direction, des enseignants, des services administratifs et techniques de l’établissement, des élèves, des parents d’élèves et le cas échéant de personnalités extérieures.
Les modalités de nomination à ce conseil sont laissées à l’initiative des différentes catégories concernées.[...]"
Force est de constater que le texte actuellement en vigueur, s'il est plus explicite quant aux missions, s'est considérablement affaibli en ce qui concerne la composition et la désignation des membres. Recentrée sur l'adoption et le suivi du projet d'établissement, cette instance apparaît désormais subordonnée à ce texte d'orientation.
Les établissements doivent, pour bénéficier d'un classement en conservatoire à rayonnement communal, intercommunal, départemental ou régional (le classement équivaut à un label de la part du ministère de la Culture), répondre à des critères clairement définis en termes d'offre d'enseignement et de qualité.
Parmi les obligations à remplir pour être classé, les établissements doivent élaborer un projet d'établissement. De fait, la mise au premier plan du projet d'établissement comme document structurant pour la vie du conservatoire, fruit d'une concertation large et dont l'application sera suivie par le conseil d'établissement, renforce le rôle de la concertation tout en banalisant le conseil d'établissement.
La place des usagers (parents, élèves), si elle est bien rappelée sur le principe, reste mal définie : pourtant la reconnaissance de la place du parent "éducateur" dans le conservatoire et de sa mission (à la fois initiateur et accompagnant du projet de l'élève) est indispensable au "bon" positionnement du représentant des parents d'élèves.
Lire ici la publication originale de la FUSE en 2012 avec les liens vers les textes de référence.
[...] Le nouvel arrivant [Jean-Marie Scieszka] prépare un projet pour les six ou sept prochaines années. Ses priorités, pour le Conservatoire à Rayonnement Régional (CRR) : protéger les particularités de l'enseignement à Perpignan (danse et musique catalanes notamment), engager des partenariats avec d'autres conservatoires (Toulouse, Barcelone et ailleurs en Occitanie), ou encore intervenir dans les écoles pour donner envie, aux enfants de tous les milieux, de s'inscrire.
Jean-Marie Scieszka arrive à Perpignan dans un contexte particulier. En mai, des professeurs du conservatoire ainsi que des parents d'élèves avaient manifesté contre le départ d'une quarantaine d'enseignants contractuels (sur 180 professeurs au total). Mais le nouveau directeur veut rassurer. "L'agglo s'est alignée sur la loi, qui veut que les enseignants titulaires du concours soient prioritaires sur les postes. À défaut, seulement, nous pouvons prendre des enseignants contractuels." Les postes ont donc été remis en concours. D'ici fin juillet 2021, 27 personnes seront recrutées, essentiellement pour donner des cours. "Car parmi les quarante contractuels, certains intervenaient seulement dans l'orchestre du conservatoire."
Jean-Marie Scieszka promet que "la volonté n'est pas de supprimer des heures d'enseignement". Bien au contraire. Le nouveau directeur souhaite accueillir jusqu'à 3.000 élèves.
"Nous sommes actuellement retombés à 2.600 élèves." Le conservatoire de Perpignan est le deuxième de France en nombre d'élèves, derrière celui de Toulon.
📢 Ecoutez le podcast de 2021 👉
Vincent Agrech, auteur de l'article paru dans le dernier numéro de Diapason "Le grand blues des Conservatoires" ainsi qu'Alexandre Grandé, directeur du CRR Consevatoire d'Aubervilliers-La Courneuve, dressent un état des lieux des Conservatoires en France aujourd'hui.
La baisse des subventions allouées par l'Etat, la remise en cause de l'éducation musicale ou encore la situation précaire de nombreux professeurs sont autant de problématiques auxquelles doivent faire face les Conservatoires. Vincent Agrech, auteur chez Diapason et Alexandre Grandé, directeur du CRR 93 sont au micro de Jean-Baptiste Urbain.
📢 Ecoutez le podcast de 2015 👉
Après quatre ans de travaux, le nouveau Conservatoire à rayonnement régional de Montpellier est né dans l'ancienne maternité Grasset, à Boutonnet. Quelques 1750 élèves y ont fait leur première rentrée lundi 20 septembre 2021. La Gazette a visité. 👇
Pour en savoir plus sur les capacités, le plan... : lire l'article de la Mairie de Montpellier qui présentait le projet en 2020.
Vivre Nîmes, janvier 2022
Publication de La Lettre du Musicien