Déploiement

Stratégie d’osmiculture

Mener à bien un projet d'osmiculture suppose de mettre les sols à nus pour favoriser les plantes à tiges creuses, planter une grande variété de fleurs à butiner en dehors de la courte floraison des monocultures et de limiter les pesticides. Certaines entreprises proposent désormais des services opérationnels de pollinisation.

Le lancement d’une exploitation osmicole s’échelonne sur plusieurs années. Il doit tenir compte des législations applicables selon le plan d’occupation des sols des zones urbaines, agricoles et naturelles.

Accroître d’une population

La première année, l’osmiculteur choisit où positionner le nichoir principal sur son terrain ; l’idéal est de le situer à une distance d’au moins 200 m de son habitation.

Des plantations de haies et de fleurs sauvages sont recommandées pour accroître significativement la population des abeilles sauvages sur un territoire. Sachant que la population des osmies peut tripler d’une année à l’autre, il convient d’augmentation parallèlement les ressources alimentaires disponibles dans les mêmes proportions.

Dispersion sur le territoire

L’année suivante, on déploie les nichoirs secondaires à environ 150 m du nichoir principal et également 200 m de toute habitation ; et ainsi de suite année après année, jusqu’à mailler l’ensemble du territoire. Au fil du temps, il est recommandé de les situer sur une carte précise du terrain pour pouvoir les retrouver ultérieurement.

Parallèlement aux substrats de nidification, il est indispensable de développer la flore locale : les infrastructures doivent prévoir une distribution en eau pour pouvoir irriguer la végétation des fleurs destinées à nourrir les abeilles sauvages : la création de haies ou d’arbres fruitiers avec une diversité de fleurs tout au long de la saison tout autour du terrain est indispensable pour développer un véritable projet d’osmiculture.

Industrialiser le processus

Certaines entreprises proposent des études et des services opérationnels pour la pollinisation des cultures. Ainsi, Osmia sélectionne les meilleurs pollinisateurs pour une culture donnée. Elle loue les services de ses abeilles sauvages sous forme de boîtes (une de mâles, une autre de femelles) disposées dans des abris adaptés. Les abeilles se reproduisent et restent la propriété d'Osmia qui récupère leurs cocons en été, après la floraison. Triés et conservés en chambre froide, le froid fige le développement des cocons. En jouant sur la température, Osmia peut programmer le réveil de ses abeilles en une demi-journée. Cela permet d'échelonner l'intervention des abeilles suivant la floraison que l'on souhaite polliniser.


Analyse SWOT d'un projet osmicole

Forces

1) Les abeilles sauvages sont actives à des températures plus basses que l’abeille domestique. Elles ont un taux de pollinisation de 90%, c'est à dire trois fois plus performant que l'abeille mellifère. Elle butinent jusqu'à 17 fleurs par minute et ne repassent jamais deux fois sur la même fleur car elles les marquent.

2) L’investissement est peu coûteux. En 2019, le coût était d'environ 300 euros par hectare. Les osmies s'éloigne généralement à moins de 100 mètres de leurs abris : cela permet de cibler précisément les zones à polliniser.

3) Elles sont peu agressives et ne piquent quasiment jamais.

4) Peu d’interventions sont nécessaires sur les nichoirs et aucun traitement chimique. Cette méthode permet d'améliorer les rendements de plus de 10%.

Opportunités

1) Besoin de croissance de la production agricole pour nourrir bientôt 9 milliards de personnes sur terre : une amélioration de la productivité des parcelles est nécessaire en arboristerie, maraîchage, production de semences reproductibles

2) Capital sympathie de l’abeille auprès des particuliers, même si les papillons, les mouches (Lucilia sericata), les bourdons (bombus terrestris) et les guêpes sont également d'excellent pollinisateurs. La selection des insectes doit être adaptée selon leurs caractéristiques pour la pollinisation souhaitée d'une culture donnée (exemple : osmia lignaria)

3) Les élevages d’osmies sont utilisés pour la pollinisation au Japon depuis de nombreuses années : elles sont vendues « sous filets » dans les vergers et les cultures sous serres. Les insectes peuvent être marqués ou dotés de puces RFID pour réaliser des études qualitatives.

Risques

1) En zone naturelle protégée ND, les abris couverts risquent d’être interdits (s’ils sont établis avec des fondations en dur) ou détruits par un voisinage qui rejette ces installations. En zone agricole, les traitements chimiques peuvent comprendre des insecticides qui décimeront vos abeilles sauvages.

2) Sans traitement en chambre froide, les parasites ne manqueront pas d’arriver. Mais les maladies sont généralement bien documentées et connues.

3) Le croisement génétique des insectes pollinisateurs risquent de menacer la biodiversité. Maintenues en bonne santé, les espèces semi-domestiquées seront plus résistantes ou mieux adaptés que les abeilles sauvages.

Faiblesses

1) Difficulté à convaincre de l’efficacité de la méthode : la reproduction d’une abeille sauvage est limitée à 3 voir 7 femelles l’année suivante ; avec les pertes naturelles, on peut espérer multiplier par 3 ou 4 leur population qui devra ensuite être espacée pour éviter une trop forte concurrence sur les ressources

2) Les méthodes proposées sont soumises aux aléas climatiques

3) Le coût des soins à apporter aux abeilles. Les recherches sensibles doivent être menées dans des espaces clos et sécurisés pour avoir un impact neutre sur l’environnement.