« Lorsqu’on dort à côté d’un éléphant, il est difficile de trouver du sommeil. »
« Lorsqu’on dort à côté d’un éléphant, il est difficile de trouver du sommeil. »
Les mots «tarifs», «Trump», «annexion», «douane», «exportations» t’empêchent de dormir la nuit ?
N’aie crainte, tu n’es pas seul.e.
En effet, nous avons pu le constater avec la présence accrue de participant.e.s à l'événement organisé par l’IMELDA au Campus Saint-Jean le 6 mars dernier. Cette table ronde à laquelle les professeurs du Campus, Anne Boerger, Frederic Boily et Charlie Mballa ont été invités, a permis de nous éclairer sur le sujet de l’heure : les tensions entre le Canada et les États-Unis.
L'Institut Marcel et Louis Derochers pour le Patrimoine et les recherches transdisciplinaires en francophonies canadiennes et internationales a pour objectif de redéfinir, préserver et faire rayonner le patrimoire matériel et immatériel de l'Ouest canadien.
Pour en savoir plus, cliquez : https://www.ualberta.ca/fr/campus-saint-jean/recherche/imelda/index.html
Camille Poirier
mars 2025
«Nous nous trouvons dans un moment historique. Même si, comme je dis à mes étudiants; les historiens ne devraient pas dire cela lorsque nous nous trouvons au moment même de l’histoire», lance Anne Boerger, professeure et historienne spécialiste de l’Europe.
L’approche verbale agressive de Donald Trump et ses actions imprévisibles sont du jamais vu dans la façon de faire des ententes avec le Canada.
Mais, les experts ont toutefois tenu à préciser que ce n’est pas la première fois que des tarifs douaniers sont imposés entre les deux pays ou qu’on fait mention d’une volonté annexionniste. Rappelons Smoot-Hawley Tariff Act des années 30 ou la tentative d'annexion du Canada par les États-Unis, en 1890, en imposant le tarif McKinley. Celui-ci portait les droits de douane à 50%.
«Les États-Unis ont souvent eu des velléités avec le Canada dans le passé, mais combien d’entre vous souhaitent retourner au 19e siècle ?» s’exclame la professeure.
Le politologue Charlie Mballa renchérit en soulevant le fait que c’est une occasion pour le Canada d’affirmer son ipséité et recommande le visionnement du documentaire Les États-Désunies du Canada. Et, pour le citer : «Trump nous fait comprendre que la proximité géographique n’est plus un prétexte pour maintenir de bonnes relations. Ses intérêts passent avant les relations. Et quant à nous, au nord de la frontière; lorsqu’on dort à côté d’un éléphant, il est difficile de trouver du sommeil».
Le professeur Frédéric Boily renvoie la balle à ce sujet avec un autre proverbe : «On dit souvent qu’il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, mais dans cette situation-ci, je crois qu’il serait approprié de jeter le bébé aussi». Avant d’ajouter : «Nous n’avons pas vraiment de noms à donner en ce qui à trait à ceux qui profiteront pleinement de ces tarifs douaniers. Peut-être les milliardaires de l’entourage de Trump? On a de la misère à faire une lecture correcte de la situation. On pensait que la première présence de Trump à la présidence n’était qu’une parenthèse et qu’une deuxième était impensable. Nous aurions pu mieux nous préparer. Ses agissements impulsifs et irresponsables sont venus créer un bris de confiance entre nous».
Anne Boerger revient à la charge en exprimant : «La moitié de ce qui sort de la bouche de Trump n’est pas réel».
Les idéaux de guerre commerciale de Donald Trump vont avoir des répercussions négatives sur monsieur et madame Tout-le-monde autant du côté américain que du côté canadien. L’Union européenne n’est pas en reste également. En effet, Trump, ayant trouvé un nouvel allié en la Russie, fait revivre un sentiment d’insécurité chez les puissances européennes face au géant russe. On parle même du retour d’un service militaire obligatoire notamment au Royaume-Uni et en Allemagne, mais aussi ailleurs sur le continent. Pourrais-tu t'imaginer être appelé.e par l’armée pour t'enrôler ?
Il y a tout de même du positif à tirer de cette situation : l’élan patriotique relancé au pays et qui se manifeste même de manière surprenante du côté du Québec.
Continuons de huer l’hymne national américain lors des matchs des Oilers et de se serrer les coudes d’un océan à l’autre !
Sans oublier de trouver des solutions pour se sortir de ce marasme-là ; «en période de crise, c’est là qu’on est le plus créatif intellectuellement». - Valérie Lapointe-Gagnon, animatrice de l'évènement et directrice de l'IMELDA.
Photo prise lors de la table ronde du 6 mars 2025. De gauche à droite : Valérie Lapointe-Gagnon, Charlie Mballa, Frédéric Boily et Anne Boerger