Tifenn Launay est une étudiante de 23 ans à la maîtrise en didactique des langues étrangères à l’Université de Rennes 2 en France. Elle nous a fait l’honneur de choisir le Campus Saint-Jean comme milieu de stage international pour l’année scolaire 2024-2025. Son rôle parmi nous : appuyer les professeurs de français et offrir du soutien académique à La Centrale. Nous avons eu la chance de s’entretenir avec elle…
Camille Poirier
avril 2025
C.P. : Pourrais-tu nous parler de ton parcours académique ?
J’ai fait tout mon primaire en Guadeloupe. Mon père avait accepté un poste là-bas à l’époque et nous y avons vécu pendant 6 ans avant de retourner en France.
Ensuite, j’ai fièrement obtenu mon baccalauréat d’études secondaires littéraires avec option théâtre au lycée de ma ville un peu banlieusarde.
C.P. : Donc les lycées en France sont les établissements qu'appelle universités ici ?
Non, non ! En France, nous utilisons l’appellation «baccalauréat» pour désigner le diplôme d’études secondaires et donc nos lycées sont vos école secondaires, vos high school.
C.P. : Je comprends mieux maintenant, merci ! Je te laisse poursuivre.
Ensuite j’ai entamé la licence en littérature, langue et civilisation étrangère.
C.P. : Mille excuses, mais je dois t'interrompre encore… Je ne suis pas familière avec le terme «licence»…
Ah, oui ! La licence est l’équivalent du baccalauréat universitaire au Canada.
J’ai obtenu ma licence à l’Université de Rennes 2.
Après la licence, je suis partie aux États-Unis en échange culturel. J’y étais Au pair là-bas.
C.P. : Au pair ?
Oui, mon travail en tant qu’Au pair, consistait principalement à être la nanny de jeunes enfants dans une famille à Los-Angeles. En échange de mes services, j’étais logée et nourrie. Ça a été une expérience très enrichissante et qui a grandement contribué à avoir le niveau d’anglais que j’ai présentement. Malgré tout, il m’arrivait de me sentir assez isolée là-bas.
Ça ne m’a pas empêché de vouloir poursuivre mon séjour dans ce pays dans le cadre de mon premier assistanat (stage) pour ma deuxième année de licence (L2). J’ai donc passé 5 mois à Philadelphie et 5 mois au New-Jersey.
C.P. : Est-ce que tu as dû toi-même trouver ton milieu de stage ?
Oui, en France on est rarement épaulé pour trouver un milieu de stage. Heureusement, plusieurs universités sont en partenariat avec France Éducation Internationale et cet établissement nous facilite la tâche dans le processus de recherche puisqu’il affiche les stages disponibles parmi les Alliances françaises et les institutions d’immersion. C’est également par l’intermédiaire de France Éducation Internationale que j’ai trouvé cette opportunité au Campus Saint-Jean, cette fois-ci, dans le cadre de mon Master (maîtrise).
C.P. : Nous sommes très heureux et heureuses de t'accueillir au sein de notre communauté, je suis curieuse de savoir comment s’est déroulée ton expérience ici.
J’ai été extrêmement bien accueillie par les coordonnateurs. J’ai apprécié la bonne communication et l’entraide que j’ai reçu de leur part ainsi que de la part de mes collègues à La Centrale. C’est plus facile de trouver des personnalités qui s'agencent avec la mienne ici qu’aux États-Unis. Les gens sont plus polis et aussi plus transparents. Ils n’ont pas peur de dire les vraies choses (même celles qui sont négatives), mais c’est parce qu’ils sont bienveillants et veulent que tu t’améliores. Et, ils ne sont pas dans le jugement. J’ai apprécié aussi avoir mon indépendance et pouvoir faire ce que j’aime.
C.P. : As-tu remarqué des côtés plus négatifs de ton séjour au Canada ?
Premièrement, la nourriture n’est pas bonne, trop salée, trop sucrée, trop chimique. Le pain et le fromage de la France me manquent. J’ai tout de même réussi à trouver des pâtisseries respectables ; Les Suisses, Bonjour Bakery et Duchesse.
Deuxièmement, je n’ai jamais eu autant froid de toute ma vie. La température la plus froide que j’avais ressentie avant était -5 degrés celsius. Je n’étais pas préparée à celle ressentie ici et à toute cette neige ! J’ai n’ai qu’apporté que de court Doc Martens ! (Rire).
Finalement, sans être un aspect totalement négatif, j’ai dû m’habituer à faire du small talk. On ne fait pas ça en France ; parler de la température ou demander «comment ça va» à chaque personne qu’on rencontre.
C.P. : (Rire) Aimerais-tu faire un autre stage international ?
Oui, certainement. Je dois justement trouver un placement pour mon dernier stage de Master. Je suis candidate pour ceux offerts en Irlande, au Japon, en Corée du Sud et au Canada. J’aimerais grandement revenir au Canada et même à Edmonton !
Les stages à l’étranger sont très bénéfiques socialement et culturellement parlant. En partant ainsi, on accentue notre ouverture d’esprit et on refoule notre ethnocentrisme.
C.P. : Que pouvons-nous te souhaiter pour la suite ?
Passer le concours du Capes (Certificat d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement du Second degré). C’est un examen que les Français doivent passer afin de devenir enseignant.e de collège ou de lycée. C’est un examen sur table contenant trois épreuves de 2 à 3 heures chacune. Nous devons obtenir la note de 50 sur 100 (ou plus) pour passer.
Une fois que je l’aurai passé, il me faudra obtenir un poste d’enseignante. Ceci fonctionne par classement et les premiers classés choisissent la ville dans laquelle ils veulent enseigner. Les autres sont envoyés en banlieue de Paris.
C.P. : Qu’y a-t-il de mal avec la banlieue de Paris ?
Beaucoup de délinquance.
C’est pourquoi j’aimerais trouver un poste dans les départements et collectivités d’outre-mer* plutôt.
C.P. : Je te le souhaite ! Merci beaucoup pour ton temps. Tu es une personne inspirante. Je te souhaite de poursuivre tes aventures et en espérant te revoir ici ou ailleurs bientôt.