Pour cette première édition des Échos du Campus, nous sommes allé.e.s à la rencontre du doyen du Campus Saint-Jean, Jason Carey, afin de vous faire connaître un peu mieux l’humain derrière le titre. Dans cette entrevue, Jason Carey se livre sur son parcours, ses défis mais aussi ses projets pour l’avenir.
Kroutoume Guilavogui
mars 2025
Mention photo : Page Facebook du Campus Saint-Jean
K.G. : Quel est le rôle d’un doyen ?
Jason Carey : En tant que Doyen, je joue un double rôle. D’une part, si on pense un peu à une entreprise, c’est ce qu’on appellerait le CEO (Chief executive Officer). Je suis donc responsable des opérations du Campus, avec ma collègue Cathy Layton qui est la Directrice des opérations. On s’occupe également de la gestion stratégique et du financement de nos services, puis tout ce qui se passe sur le campus quotidiennement.
Et d’autre part, le côté « Doyen » c’est vraiment ce qu’on dirait le Chef académique du campus. Je suis responsable de la supervision des professeur.e.s, de l’élaboration et de l’évolution de nos programmes, avec toutes les parties de l’exécutif, que ce soit aux 1er, 2e et 3e cycles, au Centre Collégial de l’Alberta, et aussi à notre École de langues. C’est donc un rôle très inclusif.
K.G. : Qu’est-ce qui vous a amené à être ici ?
J.C. : Alors oui, c’est une petite surprise, on n’aurait pas nécessairement imaginé un ingénieur devenir le doyen du Campus Saint-Jean. Un de mes buts était de devenir chef de département de génie mécanique, mais je suis devenu Vice-Doyen de la faculté de génie de l’University of Alberta, et j’avais certainement déjà considéré devenir Doyen de génie.
De plus, originaire de l’Ontario, j’ai déménagé en Alberta il y a une vingtaine d’années. Je m’étais toujours dit que j’aimerais un jour contribuer à la francophonie albertaine. Je ne savais pas comment. Je me suis dis que venir au Campus Saint-Jean pourrait être une façon de le faire. Mais puisque je ne pouvais pas y enseigner, le seul poste possible, c’était celui de Doyen. Donc lorsque le poste de Doyen du CSJ s’est affiché, j’ai décidé de tenter ma chance, je l’ai eu et je me sens très chanceux d’être ici.
K.G. : Quand vous étiez élève quel était votre plus grand défi ?
J.C. : Vous allez probablement rire, mais c’était le français. Depuis que je suis tout petit, je voulais devenir ingénieur et on m’avait mis dans la tête qu’être ingénieur c’était vraiment centré sur les mathématiques et les sciences. Les langues, c’était moins essentiel. Pourtant, je suis issu d’une famille gaspésienne, québécoise donc le français à la maison a toujours été important. Malgré tout, les cours de français et la grammaire je trouvais ça compliqué…
Je suis sûr que les gens se disent que s’il est doyen, c’est parce qu’il a toujours eu des bonnes notes mais NON. Je vais utiliser un terme très québécois; je me suis finalement « déniaisé » durant les dernières années de mon secondaire. J’ai mis les efforts pour avoir des bonnes notes pour entrer à l’université parce que sinon je n’aurais pas eu mon point d’entrée.
Je pense que c’est surtout la structure de l’école qui ne m’intéressait pas avant que j’entre à l’université. Mais il y a quelque chose qui me passionnait, c’était le génie. Quand je suis arrivé en génie mécanique j’ai terminé 1er de classe dans mon programme et j’étais parmi les meilleurs dans les deux cours obligatoires de français qu’on devait faire à l’Université d’Ottawa à ce moment-là.
K.G. : Qu’est-ce que vous aimez faire dans votre temps libre ?
J.C. : Être avec ma famille et ma fille, c’est ma priorité.
Je suis quelqu’un qui aime s’amuser, j’aime jouer de la guitare et construire des lego.
J’adore cuisiner, c’est moi qui fais la majorité de la nourriture à la maison et j’aime passer du temps avec des amis.
Mention photo : Jason Carey
K.G. : Une expression francophone que vous aimez employer?
J.C. : J’aime le mot baveux, parce qu’il n’a pas de traduction exacte en anglais. Je trouve que c’est un mot typiquement québécois qui est tellement parfait pour décrire certaines personnes, et j’imagine que les gens doivent penser des fois que je suis baveux. (Rires)
K.G. : Diriger un campus francophone au sein d’une université majoritairement anglophone, c’est un peu comme être capitaine d’un navire dans une mer étrangère. Quelle a été votre plus grande tempête à ce poste, et comment l’avez-vous surmontée ? Quels sont les principaux défis actuels ?
J.C. : Il y a toujours plusieurs défis, mais je dois dire que je ne vois pas le Campus Saint-Jean comme étant un bateau dans une mer étrangère. On fait vraiment partie de cette UNE Université de l’Alberta, la ONE University Community, ils nous voient comme une partie très importante et nous porte sur leurs épaules. Et c’est ce qui nous permet de distinguer l’Université de l’Alberta comme faisant partie des plus grandes universités du Canada.
Heureusement, j’ai une équipe solide et visionnaire, ce qui nous a permis d’aller de l’avant dans les transformations opérées au campus. Les résultats sont maintenant visibles : l’augmentation du nombre d’étudiants et de financements. Je suis convaincu que ces changements servent le bien-être du campus et de sa communauté et les gens commencent à réaliser la valeur de ce qu’on a fait. Je veux laisser un campus qui va réussir que ce soit moi ou quelqu’un d’autre. Que Jason Carey tombe dans l’oubli, ce n’est pas grave. Que le campus réussisse, c’est la seule chose qui est importante.