Installation présentée dans le cadre de SILLON / Itinéraire Art Drôme, (commissariat d'exposition: Bastien Joussaume), du 14 au 31 octobre 2023
Pigments, lunette astronomique, bloc d'anthracite brut. Dimensions variables.
Concept / Intention
L'installation, avec le moyen de l'art contemporain, est une réflexion géopoétique sur l'espace-lumière.
En dirigeant le regard, au-delà du mur-écran et du jeu d’ombres qui s’y trouve projeté, vers ce qui échappe par nature à la saisie de l’oeil et de la conscience, ce fond obscur de l’inconnaissable, la vision se libère de sa gangue spectaculaire.
L’abolition de la séparation entre un dedans et un dehors, entre un sujet percevant et le monde perçu, induit une reconnaissance du vide comme nature propre de l’espace où le sujet lui-même se perd et se révèle champ d’énergie.
La société spectaculaire qui impose son masque à l’époque et qui nous coupe de notre intensité vitale a pour socle les deux corruptions de la lumière dérivant de la pulsion scopique s’exerçant comme pouvoir et jouissance : l’exhibitionnisme et le voyeurisme.
L’installation invite au dépassement de l’artifice par la pénétration et la traversée de la nuit la plus obscure. Là où toute lumière s’éteint, au point de nihilisme absolu, le mur-écran se dissout et l’oeil dessillé reconnait la nature vide de l’espace, au sens du vide quantique "plein de potentialités“, source infinie de créativité.
Revisitation du mythe de la caverne platonicien, évocation de la confrontation originelle à la matérialité brute, le travail présenté ici propose un essai contemporain de paléo-cosmographie, c’est-à-dire la représentation d’un rapport premier à l’espace - premier parce qu’antérieur et postérieur à l’histoire -, un “Temps du Rêve“ contemporain ouvrant à la possibilité de refaire corps avec le monde et de participer à sa création.
Fiche technique
Mise en place d'une dynamique de triangulation. A partir du rond blanc la pulsion scopique, représentée par la lunette astronomique, se projette sur le mur du fond au centre du rond noir. Elle pénètre la matière obscure, s'y perd et "ricoche" au sol en deux impacts qui marquent les centres des deux ronds de pigments colorés interpénétrés .
Le bloc de charbon brut représente cette matière noire extraite de "profondeurs souterraines" par la pénétration du regard au delà de l'écran du visible. Le jeu de couleurs au sol nait du contact entre l'oeil et la matière invisible extraite par lui à son point d'abdication, (le "trou dans la vue" de Smithson).