Photo Thierry de Ferron
CONCEPT/MODE D'EMPLOI
Explication de titre:
ALBA Double référence/ Racine latine: Blanc (albâtre, albatros...) / Racine gaëlique: Alba est le premier nom du royaume d'Ecosse, encore aujourd'hui nom de la "province" du Royaume Uni
DELTA Pour la forme en triangle de la lettre grecque. Forme dynamique par rapport à celles (relativement) statiques du rond et du carré.
Nous avons donc une blancheur dynamique, en mouvement: c'est la lumière.
[Pictocomogramme] Néologisme à partir de la traduction par Giuseppe Tucci du mot sanscrit "mandala": psychocosmogramme.
Picto- pour souligner la stricte picturalité du travail présenté dans l'installation. Aussi, autre résonance à l'Ecosse, à son premier peuple historiquement référencé: les Pictes, ainsi nommé par César dans sa "Guerre des gaules", les hommes peints.
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L'installation se déroule sur la trâme de trois séquences de déploiement d'une onde circulaire. A partir d'un point centré vers un cercle de transition pour aboutir à un dernier cercle contenant = diffusion. Ou dans un sens différent d'un cercle large et contenant vers un point = rétraction.
Le choix de représentation est celui d'un découpage cinématographique du mouvement d'onde, en relation directe avec l'espace de la galerie (son architecture, son étendue).
C'est la déambulation du public, allant d'un bout à l'autre du lieu qui active le dispositif spatial du jeu graphique, diffusion/rétraction, flux/reflux, sa respiration.
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Pour compléter la structure, une citation picturale: le profil de la montagne Sainte-Victoire vue de la colline des Lauves sur la hauteur d'Aix-en-Provence d'où Cézanne à peint une quarantaine des 80 tableaux qu'il a consacré à la montagne provençale.
L'orientation originale Plein-Est est conservée, ce qui donne l'unité directionnelle de l'installation.
Ce profil, seule ligne "découpée", apparaît dans les trois séquences à une échelle graduellement réduite suggérant un éloignement vertical (visible au premier plan de l'image ci dessus, sur la droite du premier cercle, en ocre rouge sur blanc). Plus le cercle blanc s'élargit à partir du premier point plus le "sol" apparaît lointain. Dans la dernière pièce du tryptique la ligne de profil n'est plus qu'une ligne fine incluse dans un rond qui évoque les images du globe terrestre vue de l'espace. [Changement de dimension de la perspective au seuil de saturation de déploiement de l'onde de blancheur.]
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Sur cette trâme des cercles concentriques et de la Sainte-Victoire les aplats de couleurs traités en masses compactes (toujours à l'échelle de l'espace) sont délimités par des lignes fluides.
Le rouge et le jaune sont des ocres.
Le bleu outremer clair est un pigment de synthèse.
Et le blanc est obtenue d'un mélange de fleur de chaux et de sel.
Un dernier élément satellite vient équilibrer la composition au sol en offrant au regard un axe de verticalité: un bloc de charbon brut d'une 15 de kilos posé sur un socle au fond de l'espace, suggère aussi les profondeurs telluriques que vient éclairer l'onde lumineuse.
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Enfin le caractère éphémère de la peinture de pigments signe la radicalité de sa dynamique géopoétique. Au delà du décoratif il lui donne la dimension et l'efficience d'un acte (pictural) fondateur, et comme tel s'inscrit dans une temporalité tellurique.
De ce point de vue le cycle lunaire et celui solaire des saisons et de ses axes, solstices et équinoxes, sont des matières premières de l'acte au même titre que les couleurs, les formes, l'espace de la galerie, les directions ou les citations picturales.
Pour cette installation en l'occurrence le solstice d'été nous offre sa matière solaire expansée: la matière lumineuse du mûrissement.