99998.2e Dimanche du Carême-A

Abraham on the Road to Canaan by Lastman Pieter

1-Homélie du 2ème dimanche du carême

12/03/2017

Une rencontre inoubliable

Avec ce 2ème dimanche du Carême, nous sommes invités à nous déplacer, à sortir de notre jardin, celui de notre petite vie bien tranquille. Les textes bibliques de ce dimanche évoquent trois mouvements qu'il faut avoir en permanence : quitter son "chez soi", monter pour découvrir la Lumière, puis accepter de redescendre vers la vallée (qui peut être une "vallée de larmes".

C'est ce qui s'est passé pour Abraham (1ère lecture) : il a été appelé à quitter une vie où Dieu est inconnu ; il a marché vers le pays que Dieu lui destinait. Plus tard, Jésus demandera à ses disciples de tout quitter pour le suivre. Nous sommes appelés à nous libérer des entraves qui nous tiennent éloignées de Dieu et de la bénédiction qu'il veut répandre sur nous. Vivre le Carême, c'est sortir de notre vie tranquille, c'est nous nourrir chaque jour de l'Évangile du Christ, c'est suivre le Seigneur sur des chemins que nous n'avions pas prévus.

La lettre de saint Paul à Timothée rejoint le texte de la première lecture qui vient d'être proclamé. Elle nous redit le grand projet de Dieu : il ne souhaite rien d'autre que de déployer la bénédiction confiée à Abraham. La grande préoccupation de l'apôtre c'est que l'Évangile soit connu de tous : Dieu nous a sauvés. Il nous a donné la grâce dans le Christ Jésus avant tous les siècles… Il fait resplendir la vie et l'immortalité par l'annonce de l'Évangile". La force de Dieu accompagne le missionnaire du Christ.

L'Évangile de ce jour nous montre Jésus qui prend avec lui trois de ses disciples : Pierre, Jacques et Jean. "Il les emmène à l'écart sur une haute montagne". Dans le monde de la Bible, "la montagne représente la proximité avec Dieu et la rencontre intime avec lui". C'est le lieu de la prière. On y est vraiment en présence du Seigneur. Jésus laisse entrevoir à ses disciples la beauté de sa divinité. Nous nous rappelons qu'un jour, il a dit : "Je suis la lumière du monde". Aujourd'hui, il laisse transparaître un peu de cette lumière qui est en lui. Si le Christ nous appelle à lui, c'est pour nous faire contemple les choses du ciel.

Pierre est ébloui par cette vision. Il a envie de rester là, de s'installer. Mais voilà que la voix du ciel se fait entendre : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui, je trouve ma joie. ÉCOUTEZ-LE !" Cette parole est très importante ; elle est pour chacun de nous aujourd'hui : "Écoutez car il est mon Fils bien-aimé". Écoutez Jésus ! Ce n'est pas le prêtre qui vous dit cela ; c'est Dieu le Père qui le dit à chacun de nous.

Nous qui sommes des disciples de Jésus, nous devons être de ceux qui écoutent sa voix et qui prennent au sérieux ses paroles. Pour écouter Jésus, il faut être proche de lui, il faut le suivre comme faisaient les foules de Palestine. Jésus était un itinérant, un marcheur qui proposait ses enseignements ou plutôt les enseignements du Père.

Nous sommes donc tous appelés à suivre le Christ pour l'écouter. Nous l'écoutons dans sa Parole écrite, dans l'Évangile. C'est important que nous puissions en lire un passage chaque jour, en particulier pendant le Carême. Nous pouvons nous arrêter à n'importe quel moment de la journée pour en lire un extrait. À travers ces textes que nous lisons, c'est Jésus qui nous parle.

Dans l'Évangile de la Transfiguration, nous pouvons souligner deux moments significatifs : la montée et la descente. Nous avons besoin d'aller à l'écart, de monter sur la montagne dans un espace de silence. C'est là que nous pourrons mieux percevoir la voix du Seigneur. C'est ce que nous faisons dans la prière, en particulier dans l'Eucharistie. Ce rendez-vous avec le Christ est un événement qu'il ne faut surtout pas manquer.

Mais nous ne pouvons pas rester là. La rencontre avec le Christ nous pousse à "descendre de la montagne". Nous sommes envoyés ver les "périphéries", vers ceux et celles qui souffrent à cause de la maladie, des injustices, de la pauvreté matérielle et spirituelle. Nous sommes envoyés pour leur apporter les fruits de l'expérience que nous avons faite avec Dieu. Nous avons écouté la Parole de Dieu ; nous l'avons dans le cœur. Mais elle ne pourra grandir que si nous la donnons aux autres. C'est cela la vie chrétienne. C'est une mission pour tous les baptisés, pour nous tous : Écouter Jésus et le donner aux autres.

Tout au long de ce Carême, nous sommes tous appelés à sortir de notre vie tranquille et à gravir la montagne pour aller à la rencontre du Seigneur. Rappelons-nous que ses paroles sont celles "de la Vie éternelle". C'est de cette bonne nouvelle que nous avons à témoigner dans un monde défiguré par tant de souffrances, de mensonges et de mépris de la dignité des personnes. Nous sommes attirés par l'espérance de la transfiguration finale. Alors comme Abraham et bien d'autres, mettons-nous en route pour suivre le Seigneur. Qu'il soit toujours avec nous et nous toujours avec lui pour que toute notre vie témoigne de l'amour qu'il nous porte.

Sources : Revues Signes, Feu Nouveau, Fiches dominicales, François selon Saint Matthieu, Célébrons dimanche, Dossiers personnels

Jean Compazieu, prêtre de l'Aveyron ( 12/03/2017)

*Source

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2-HOMÉLIE DE LA MESSE DU 2E DIMANCHE DE CARÊME

Ce texte d’évangile que nous venons d’entendre, vous le connaissiez déjà, n’est-ce pas ? On l’entend tous les ans dans les églises, le deuxième dimanche de carême. Oui, vous le connaissez, mais avouez que ce texte reste bien étrange, certains disent même qu’il est complètement étranger à notre vie. Le diriez-vous aussi ?

Étrange, oui, mais pas incompréhensible, vous allez voir. Et surtout pas étranger à notre vie… Voyons cela de plus près.

Comment comprendre ce texte étrange ? Pour dire l’indicible, les mots toujours nous manquent. Matthieu procède par allusions et par images. Une accumulation d’images qui disent toutes la même chose.

Il y a l’image de la montagne. Le visage brillant comme le soleil, les vêtements blancs comme la lumière. Il y a l’image de la nuée. Montagne, lumière, splendeur, nuée, c’est l’accompagnement traditionnel des apparitions divines.

En clair, pour les lecteurs de Matthieu, nourris de cette culture juive, ce récit présente Jésus comme une apparition divine, comme l’envoyé de Dieu, comme celui qui vient d’en-haut pour inaugurer le Règne de Dieu.

Ce n’est pas tout, Moïse et Élie sont là. Personnages essentiels de l’Histoire du peuple de Dieu, ils sont là pour signifier que Jésus est bien celui dont tout l’Ancien Testament préparait la venue, celui qu’on attendait.

Et pour qu’on en soit sûr, la voix du Père proclame : “C’est lui, c’est bien lui mon Fils bien-aimé, écoutez-le !”

Notez que cette apparition du Christ glorieux vient à point. Jésus transfiguré avant d’être défiguré ! La foi des apôtres, Pierre, Jacques et Jean, sera tellement ébranlée, quand ils verront Jésus défiguré, couronné d’épines, affublé d’un manteau de carnaval. Jésus mourra en croix, sous les rires moqueurs des passants et dans le silence et la non-intervention de Dieu. Est-ce que ce ne serait pas parce que Dieu ne le reconnaît pas comme son Fils et qu’il donne raison finalement à ceux qui l’ont condamné comme un imposteur ?

C’est à cette question que la Transfiguration, dont Matthieu a composé le récit, veut répondre par avance. Jésus, sur le point de prendre le chemin cruel de Jérusalem où il sera crucifié, fait entrevoir à ses apôtres sa résurrection. Il leur laisse deviner à quelle lumière, à quelle splendeur conduit la fidélité envers Dieu, jusqu’au bout. Il mourra en croix, mais cette mort se changera en lumière et en vie.

C’est cela le message essentiel de ce récit qui, vous le pas si étrange que cela.

Et, comme promis, je voudrais maintenant vous dire qu’il n’est pas étranger du tout à notre vie. En méditant ce récit de la Transfiguration, j’entends quelque chose de très important pour ma vie de croyant. Deux mots, deux mots seulement… Les voici : “Écoutez-le” Oui, j’entends la voix du Père me dire, ce matin, c’est mon Fils, tu peux l’écouter en toute confiance.

Cette parole me rassure, j’ai besoin de l’entendre souvent, et vous aussi peut-être ? Toi qui es en terminale au lycée. Dans ta classe, vous êtes deux seulement qui croyez en Jésus, avez-vous raison contre tout le monde ? Et vous, Madame, vous n’osez plus parler de votre foi au Christ. On vous dit que les chrétiens sont des naïfs qui se font illusion et que c’est une invention des hommes pour nous consoler artificiellement des malheurs de ce temps.

Qui d’entre nous n’a pas été sensible à cette question qui monte en nous aux heures de détresse, orchestrée par tant de voix de la culture contemporaine ?

Oui, il nous est bon d’entendre aujourd’hui cette parole du Père, comme une caution divine, “Écoutez-le, suivez son chemin, c’est un chemin de vie.” Avoir la foi, pour un chrétien, c’est écouter le Christ, faire confiance à sa parole et, touché par son message et son exemple, choisir d’y adhérer. C’est ce que vous avez décidé tous les trois, FATOUMATA, WISDOM et WENDY, en demandant le baptême. Et tout à l’heure, vous allez venir poser la main sur le livre des évangiles, pour dire publiquement que vous voulez écouter le Christ.

Et puis, il y a une deuxième parole que j’entends dans ce récit de la Transfiguration, pas étrangère elle non plus à ma vie, une deuxième parole très importante pour ma vie de croyant : “Tu es mon Fils bien-aimé”. Oui, la parole que Matthieu met dans la bouche de Dieu -“Celui-ci est mon Fils bien-aimé” – s’adresse à chacun de nous. C’est Jésus qui nous l’a dit, tout homme est aimé de Dieu, tout homme est une histoire sacrée, tout homme est à l’image de Dieu. Tout homme a en lui cette lumière de Dieu qui peut transfigurer sa vie.

Vous me direz, ça ne se voit guère ! L’humanité n’est pas belle, l’homme est capable du pire. L’actualité le démontre. C’est vrai, l’homme est souvent défiguré par la violence, l’égoïsme, la laideur, la médiocrité. Et l’histoire des horreurs n’est hélas pas terminé , il faut rester lucide. Mais il est vrai aussi que l’humanité est belle, que l’homme est capable du meilleur. La lumière qui veille dans le secret du coeur de chaque homme transparaît parfois. Que de femmes, que d’hommes célèbres ou ignorés montrent cette lumière à travers leur courage , leur force d’aimer, le don quotidien de leur vie. Ils luttent, ils protestent, ils bâtissent, ils secrètent paix et amour. La transfiguration, c’est chaque jour en tous lieux de la terre.

Il est temps de conclure. Mais, dites-moi, si tout homme est à l’image de Dieu, si tout homme est un fils bien-aimé du Père, tout homme est mon frère ! Jésus nous dit que Dieu ne fait pas de différence entre les hommes. Et nous ?…

Je vous laisse sur cette question à laquelle chacun répondra, cette question qu’à sa manière un vieux sage d’Orient posait à ses élèves. “A quoi peut-on reconnaître, demandait-il, le moment où la nuit s’achève et où le jour commence ?”

. Est-ce lorsqu’on peut reconnaître de loin un chien d’un mouton ?

. Non, dit le sage.

. Est-ce quand on peut distinguer un dattier d’un figuier ?

. Non, dit encore le sage.

. Mais alors, quand est-ce donc ? demandent les élèves.

. Le sage répondit: “C’est lorsque, regardant le visage de n’importe quel homme, tu reconnais ton frère ou ta soeur. Jusque là, il fait encore nuit dans ton coeur !

Prédicateur : Corbineau Jean

*Source

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3-Deuxième dimanche de carême A

Dimanche dernier, nous avions vu Jésus sous son aspect le plus humain. Il était tenté de faire des choix contraires à sa vie de Fils de Dieu. Il a préféré rester un homme ordinaire qui éprouve la faim et subir la condition humaine sans aucun privilège. Il a choisi de mourir pour nous sauver.

La gloire de Dieu sur un visage d’homme

Beaucoup se disent « chrétiens non pratiquants ». Si on leur demande de préciser leur pensée, ils disent : « Mais je crois en Dieu ! » Le grand dommage, c’est que cette croyance-là n’a absolument rien de chrétien. Les juifs, les musulmans et la plupart des hommes croient en Dieu sans être chrétiens. Dans notre profession de foi, dans notre Credo, nous affirmons croire en Dieu (bien sûr !), en deux lignes seulement. Et puis nous développons notre croyance spécifiquement chrétienne en seize lignes : c’est la foi dans le Christ qui fait le chrétien, c’est Jésus, Dieu qui s’est fait homme, qui remplit notre Credo.

Oui, Jésus était un homme comme nous, avec de vraies mains qui saignaient, de vrais yeux qui pleuraient, un vrai corps qui se fatiguait. Il est un homme qui est mort, d’une vraie mort.

Quelques temps auparavant, ce Jésus, si humain, prit avec lui ses amis intimes, Pierre, Jacques et Jean, et, sur une haute montagne, il a laissé transparaître dans son corps la lumière de sa divinité. Les signes en étaient clairs : la montagne, la métamorphose lumineuse, la nuée ombrée, la voix qui vient du ciel... La vraie foi chrétienne n’est pas de penser que Dieu existe, mais d’oser affirmer que la gloire du Dieu unique d’Israël est sur le visage d’un homme en chair et en os, Jésus !

Appelés, nous aussi, à la transfiguration

« Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit fait Dieu »disaient les Pères de l'Eglise. La transfiguration éclaire en effet la question la plus importante de nos coeurs d’hommes : la vie a-t-elle un sens ?

Beaucoup de choses humaines ont un sens en elles-mêmes : l’amitié, l’amour, la culture, le progrès, la justice et tant de valeurs reconnues de tous. Mais il y a aussi beaucoup de non-sens : cet enfant qui souffre et qui va mourir, ces massacres de populations, cet ouragan ou ces avalanches qui tuent tant de monde. On se pose cette question : qui va l’emporter du sens ou du non-sens ? Est-ce la mort, la destruction, le mal, qui sont au bout de tout ?

La réponse de notre foi est la réponse même de Jésus : l’être humain, si fragile qu’il soit, n’est pas pour finir dans un trou, en terre. L’homme est destiné à être transfiguré en Dieu. Notre baptême nous ajuste à la vie de Jésus ressuscité. Dans son évangile, saint Matthieu ose utiliser le même mot pour nous dire que « le visage de Jésus resplendit comme le soleil » (Mt 17, 2) et qu’ « alors les justes resplendiront comme le soleil » (Mt 13, 43). Telle est la densité éternelle que prend chacun de nos actes humains. Nos choix ne sont pas indifférents, ils pèsent d’un poids d’éternité.

*Source

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4-Réflexion pour le 2e dimanche du Carême A

«Voir au-delà du visible»

La Transfiguration est un moment fort pour les trois apôtres y assistent, un moment qui devait servir à renforcer leur foi avant la mort de Jésus, et puis sa résurrection. Les disciples faisaient quotidiennement l’expérience de l’humanité de Jésus. Sur la montagne, à quelques intimes, Jésus leur fait voir sa gloire. C’est une scène que bien des peintres ont tenté d'illustrer. Mais, ici, les images ne sont pas simplement des clichés photographiques. Elles sont porteuses de réalités spirituelles. Le récit utilise des expressions au sens figuré : le visage qui brille comme le soleil, les vêtements blancs comme la lumière. La montagne élevée est le lieu symbolique de la rencontre spirituelle avec Dieu. C'est un moment où l'esprit humain s'élève pour aller à la rencontre de Dieu.

Celui qui a fait la rencontre spirituelle de Dieu est transformé intérieurement et son visage rayonnant exprime ce qui se vit dans son cœur. Il en sera ainsi au-delà de la mort. Dans notre vie, Dieu nous donne sans doute aussi des moments semblables à celui de la Transfiguration. Des moments où nous avons une expérience spirituelle particulièrement forte, où il nous semble impossible de douter de notre foi, de la puissance de Dieu, et que Jésus est bien le Fils de Dieu ressuscité. Ces moments sont des dons de Dieu. Dans le texte de l’Évangile, si Jésus est transfiguré, c’est parce qu’il a l’assurance de l’amour de son père et l’assurance que la miséricorde qu’il annonce est ce dont le Royaume de Dieu doit être bâti au jour le jour.

Le monde que Dieu veut habiter est défiguré par les guerres, les violences, les massacres, l’intolérance. Les pauvres et les exclus y sont de plus en plus nombreux. Jésus nous invite à le suivre sur la montagne pour prendre de la hauteur par rapport à nos soucis de tous les jours. La voix de Dieu Père s’y fait entendre pour nous apprendre à voir les choses différemment. Ces tentes dont nous parle l’Évangile, il faut les construire dans le monde, dans les cœurs endurcis des humains, dans la vie ordinaire de tous les jours. C’est là, au cœur de ce monde, que Dieu veut faire sa demeure. Dieu compte sur nous pour lui construire une demeure digne de lui. Cette beauté qui est en lui, Jésus, veut nous en revêtir. Jésus a beau être pleinement homme, il est aussi Dieu.

Le 2e dimanche de Carême est chaque année non seulement celui de la Transfiguration, qui nous indique notre but, mais aussi celui d’Abraham, le « père des croyants», qui nous indique le chemin. Le père d’Abraham était né à Ur, en Chaldée. Cela voulait dire avoir été exposé à la culture la plus développée du monde de cette époque. Ur était l’endroit où étaient apparus les premiers tribunaux connus par l’histoire et la première forme de législation sociale. L’agriculture y avait aussi atteint des sommets inconnus auparavant. Ce développement et les conflits qu’il engendra provoquèrent un important mouvement de migration. Abraham appartenait à une première génération d’immigrants, une génération qui a besoin de stabilité et de sécurité afin de pouvoir s’enraciner. Or, Abraham reçoit de Dieu l’appel à quitter cette stabilité et cette sécurité, et à s’aventurer au-delà des frontières de sa culture. Il est appelé à entreprendre un voyage dans l’inconnu, sans aucune autre assurance que la parole de Dieu. Il accepta cette parole de Dieu. Dieu avait pris l’initiative d’intervenir dans l’histoire d’un homme et ensuite dans celle d’un peuple. Dieu lui-même appelle un homme pour le combler en le « bénissant ». Le nom d’Abram sera désormais Abraham, il devient une bénédiction sur toutes les races et le père d’une multitude de peuples.

Presque deux mille ans plus tard, Jésus fut aussi envoyé en voyage dans le monde. « Écoutez-le » avait dit la voix dans la nuée, voilà précisément le rôle de la foi. Elle implique d’accepter une certaine part de risque et d’obscurité. La foi implique aussi une part d’épreuves, c’est pourquoi Paul exhorte Timothée à prendre sa part « de souffrance pour l’annonce de l’Évangile » (2e lect.). Son disciple était apparemment trop installé confortablement dans sa position d’évêque. Paul invite Timothée à prendre sa part des souffrances pour l’annonce de l’évangile. Il n’y a pas de réponse à l’appel sans épreuves à supporter, comme Abraham, comme Jésus. Il y a des moments dans notre vie où il nous semble que tout est perdu. Que tout ce que nous faisons de bien ne sert à rien, que le mal aura toujours le dessus. C’est alors le temps de nous rappeler des moments de paix et de lumière que nous avons eus. Jésus était alors au centre de notre vie. Pourquoi ne le serait-il pas encore en ce moment ? Que le soleil soit masqué par les nuages ne veut pas dire que le soleil n’existe plus, quelles que soient l’épaisseur et l’obscurité des nuages. C’est dans ces moments que nous pouvons vivre vraiment la foi et l’espérance et grandir dans l’amour.

Jésus nous conforte aujourd’hui dans l’espérance de le voir un jour face à face, et d’être transfigurés et divinisés à notre tour. En attendant ce moment, cependant, il nous appelle à l’écouter dans la foi, et à marcher avec lui en renonçant à nous-mêmes et en prenant nos croix. Il y a dans cet épisode de la transfiguration non seulement une révélation sur la personne de Jésus, mais aussi une révélation sur la nature de notre vie morale. Nous avons trop facilement tendance à réduire notre foi à un idéal moral, à réduire le message évangélique à une règle de vie. Ce à quoi nous sommes appelés c’est à être transfigurés, à poursuivre notre chemin dans le désert. Tout au long de ce carême, nous sommes invités à remettre Jésus ressuscité au centre de nos vies. Nous avons un avant-goût de Pâques, de la résurrection. Du désert, lieu de conversion et de transformation, nous passons à la montagne, lieu de rencontre avec Dieu. Les hommes et femmes de notre temps sont en recherche de lieux, de montagnes qui puissent transfigurer leur vie, les élever au-dessus du terre-à-terre quotidien. Du désert, nous montons sur la montagne. Toute notre vie, nous passons de l’un à l’autre, sans nous installer ni dans le désert, ni sur la montagne. Car la vie nous met toujours en mouvement, et le désert et la montagne expriment, à la fois, nos limites nos pauvretés et nos fragilités, mais en même temps, notre soif d’espérance, notre besoin d’amour et notre désir d’éternité.

Goûtons à l’expérience de la Transfiguration, qui est un avant-goût du ciel, pour mieux vivre l’épreuve du désert. Le salut apporté par Jésus ressuscité qui détruit la mort et apporte la vie est à l’œuvre dans le monde.

Serge Lefebvre

D'après diverses sources

*Source

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5-THE MOUNT OF TRANSFIGURATION (Matthew 17:1-8)

by William Barclay

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*N.B: William Barclay est théologien protestant

Transfiguration by Raphael