Poète, jardinier, inlassable défenseur de la paix, Thich Nhât Hanh figure parmi les personnalités les plus engagées du bouddhisme dans le monde occidental.
Maître bouddhiste zen vietnamien, il nous invite à une véritable pratique de la non-violence.
Il ne s’agit pas là d’un rêve idéaliste et éloigné de notre réalité quotidienne, mais bien au contraire de moyens, d’outils, de supports très concrets pour mettre des barrières immédiates à la violence qui nous habite.
C’est de la transformation de nos souffrances et violences intérieures que dépendent la paix et le bonheur des générations futures. C’est donc une démarche très sérieuse. Thich Nhât Hanh nous offre une méthodologie pour arriver à cette transformation. Grâce à lui, grâce à la communauté de moines et moniales qu’il a fondée, nous apprenons à faire de chaque geste quotidien, une prière, un don, un acte d’amour.
C’est un véritable défi à relever pour chacune et chacun d’entre nous.
Thich Nhât Hanh nous offre une leçon de sagesse au quotidien qui s’adresse à tous, quelle que soit son origine ou sa foi.
Né en 1926 au Vietnam central, Thich Nhât Hanh devint moine à l’âge de 16 ans. En 1950, Thây (“Maître” en vietnamien, appellation adressée à tous les moines) fonda l’Institut des Hautes Etudes du Bouddhisme An Quang, qui devint le berceau de la lutte non-violente des bouddhistes contre la guerre du Vietnam entre 1963 et 1975.
Après avoir présenté un rapport sur sa vision du Christianisme, du Judaïsme et de l’Islam à l’Université de Princeton, il fut invité à enseigner les études comparatives des religions à l’Université Columbia de la ville de New York de septembre 1961 à fin 1963.
De retour au Vietnam, il fonda l’Université bouddhique “Van Hanh”, puis en 1965, l’Ecole de la Jeunesse au Service Social (EJSS). Dans 42 provinces du Sud Vietnam elle a réuni près de 10 000 travailleurs sociaux qui furent vraiment des artisans de paix en plein cœur de la guerre.
1966:Les premiers six membres de l’Ordre de l’Inter-Etre
(Sr Chan Khong est la deuxième à partir de la gauche)
En juin 1966, contraint à l’exil après avoir lancé un appel contre la guerre du Vietnam, il fit un pèlerinage pour la Paix en voyageant des Etats-Unis aux différents pays d’Europe, jusqu’en Asie et en Australie. Il travailla alors avec des personnalités comme le moine trappiste Thomas Merton, le Cardinal Danielou, le Pape Paul VI et le Pasteur lauréat du Prix Nobel de la Paix Martin Luther King. Celui-ci le proposa au Prix Nobel de la Paix en 1967
Réfugié en France à partir de 1969, il enseigna à la Sorbonne tout en dirigeant la Délégation de la Paix de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam jusqu’à la fin de la guerre (1975). De 1976 à 1992, il poursuivit son œuvre de Paix en aidant les réfugiés “boat people” du Vietnam, Cambodge et Laos. En septembre 1995, le Prix Nobel de la Paix Gorbatchev l’invita à offrir sa vision aux anciens chefs d’Etats et personnalités d’Etats comme Margaret Thatcher, George Bush, Ruud Lubbers, Jacques Delors… à la rencontre “States of the World Forum” à San Francisco (USA).
En 1982 Thich Nhât Hanh a créé dans le sud ouest de la France "Le Village des Pruniers", une communauté bouddhique au sein de laquelle il vécut plus de 30 ans. Le Village des Pruniers rassemble aujourd’hui plus de 150 moines et moniales de toutes nationalités et accueille chaque année près de 4000 retraitants.
Le 11 novembre 2014, un mois après son 89ème anniversaire Thich Nhat Hanh a souffert d’une hémorragie cérébrale. En Janvier 2016, plus d’un an après une rééducation intensive, Thich Nhat Hanh a pu revenir à son ermitage au Village des Pruniers. Bien qu’étant incapable de parler et paralysé du côté droit, il continua à offrir une présence paisible et sereine à sa communauté du Village des Pruniers, participant aux marches méditatives, aux repas en pleine conscience, aux méditations assises, aux célébrations et cérémonies lorsque sa santé le lui permettait.
Après avoir célébré son 92ième anniversaire Thich Nhat Hanh a exprimé le vif désir de retourner dans son "temple racine", le temple Tu Hieu à Hué au Vietnam. Il a transformé un défi physique en un enseignement puissant en continuant de vivre chaque instant de manière paisible et joyeuse, en donnant à sa présence un sens profond. Il est décédé paisiblement le 22 janvier 2022 à l´âge de 95 ans à Hué.
UNE PRATIQUE DE PAIX ET DE BONHEUR AU QUOTIDIEN
L’histoire se passe au Vietnam, un enfant revient de l’école. Il tend à ses parents une feuille de papier et leur dit : “Papa, maman, la maîtresse a parlé d’une pratique pour comprendre et transformer la violence. Il suffit de signer la feuille et ça marche !” Les parents finissent par accepter de signer le document pour lui faire plaisir, sans véritablement y prêter attention. Le lendemain, l’enfant demande à nouveau de l’attention, que ses parents ne semblent pas prêts à lui offrir à ce moment-là, absorbés par les soucis de la veille et de la journée à venir. L’enfant insiste, centré sur son besoin. La tension monte et l’enfant ressent qu’elle peut se transformer d’un moment à l’autre en violence. Alors il tend à ses parents le papier signé la veille et leur dit d’un air attendrissant : “papa, maman, rappelez-vous le papier !” Les parents, soudainement conscient de leurs tensions, surpris, et touchés par le geste de leur enfant, s’arrêtent, se calment …
Cette histoire peut se dérouler dans n’importe quel pays, dans n’importe quelle famille, entre adultes, entre parents et enfants et entre les enfants eux-mêmes. Elle nous dit que le “MANIFESTE 2000” et les six points qu’il propose, ne sont pas seulement des “mots” mais une véritable prise de conscience quotidienne, une protection immédiate face à la violence.
Le Manifeste 2000 propose 6 points très concrets pour aider à la mise en pratique de la non-violence. Thich Nhat Hanh est l’une des personnalités qui est à l’origine de ce document, signé par l’ensemble des Prix Nobel de la Paix. L’Assemblée Générale des Nations Unies a proclamé l’an 2000 “Année internationale de la culture de la paix” et les années 2001 à 2010 “décennie internationale de promotion d’une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde”. L’Unesco en est l’organe de coordination.
Il est l’auteur de plus d’une cinquantaine d’ouvrages dont vous pouvez trouver une liste sur le site du Village des Pruniers :
https://plumvillage.org/fr/a-propos/thich-nhat-hanh/key-books
Cet article a été reproduit à partir du site du Village des Pruniers :