Restauration du Rosaire
à l’église du Boujan-sur-Libron
Conservation - Restauration de la peinture et du cadre
Maitre d'Ouvrage : M Philippe Hertel, Conservateur en chef du patrimoine, CRMH
Offre retenue pour la consultation "Restauration du tableau Notre-Dame du Rosaire”, classé MH en 1957
Lieu : Église de Boujan-sur-Libron
Restauratrices : Roos CAMPMAN et Véronique DAUPHIN
DOSSIER COMPLET SUR CALAMEO:
Avant toute intervention
Epoque : XVIIe siècle
Signé et daté : 1672 F.Sabatier.f (signature découverte pendant le nettoyage)
Technique : peinture à l'huile sur toile de lin
Format : toile : 181 x 165 cm, avec cadre : 200 x 181 cm
Daté : avant nettoyage : 1673 / après nettoyage la date 1672 apparaît Inscription sur le tableau : “sumptibus.dny.stephanj.peitevin.st.andré 1672»
= au frais de du seigneur Stephane Peitevin St. André 1672
Propriétaire : Commune Boujan-sur-Libron
Lieu d’exposition : église de Boujan/Libron Hérault (34). Chapelle latérale.
Interventions antérieures : Restauration en 1837, attestée sur la peinture : «Augustus et Carolus ejus binepotes manibus suis restauraverunt 1837»
= Augustus et Charles ses descendants l'ont restauré.
Après restauration du tableau et son cadre
DIAGNOSTIC ET INTERVENTIONS
En synthétisant les observations du constat d’état il est important de noter que la toile de lin se présente affaiblie, suite au vieillissement, et suite à la dégradation de l'encollage causé par les micro-organismes. La pose d'une protection du revers de la toile a accéléré encore les altérations des strates constitutives.
La toile se présente affaiblie et très encrassée malgré la protection de la planche.
Entre la toile et la planche s'est développé un micro-climat avec différentes contraintes pour l'ensemble : là où la toile a été exposée à l'air ambiant (entre les fissures de la planche) elle se présente davantage abimée. En général la toile joue encore correctement son rôle de support et un doublage peut être évité, les trous et manques seront comblés par des incrustations en toile de lin.
nettoyage en cours..
decouverte de la signature sous les repeints
Ensuite nous notons que l’adhérence de la préparation à l'encollage est menacée à cause des débuts de soulèvements, qui mettent en danger la planéité, primordiale pour la conservation du tableau. La tension de la toile est très importante pour empêcher le film de peinture de se déformer. Il est nécessaire de rétablir la planéité, ensuite de traiter la toile avec un biocide et de refixer l'ensemble des strates pour garantir une meilleure adhésion de la préparation à la toile.
Un adhésif appliqué à travers le dos, la résine synthétique le «Plexisol P550», stabilisera la toile en la rendant moins hydrophile et optimisera les propriétés du biocide.
Le tableau ne peut pas être remonté sur son châssis d'origine (l’ancienne planche) et sera remplacé par un châssis à clef neuf et traité (Châssis France).
Sur le plan esthétique la planéité retrouvée permet une meilleur lisibilité, mais la couche picturale, qui a subi plusieurs interventions de restauration antérieures, demande aussi une «de-restauration» c'est à dire un dégagement des repeints, des mastics mal intégrés, des retouches et des vernis de nature ou comportement différents qui se sont superposés.
des repeints couvrent la peinture d'origine
Ensuite une dernière phase d'ordre esthétique :
Le nettoyage a mis à nu les anciens mastics, souvent mal vieillis et non limités aux lacunes. Ce mastic est formé d’un mélange de colle animale et de craie. Nous avons choisi de laisser en place les mastics qui sont encore bien intégrés et qui ne demandent qu'un ragréage de l’épaisseur. Nous avons supprimé les autres, plus disgracieux. En suite : nouveau masticage, à base de liants synthétiques, de manière à les mettre au niveau de la surface de la peinture et de permettre la retouche. Les nouveaux mastics restent strictement limités au contour de la lacune et demeurent réversibles.
La retouche doit tenir compte de l’historique de l’œuvre. Malgré l'attestation ajoutée sur le tableau en 1837 par les restaurateurs antérieurs (qui fait donc partie de son historique) nous avons choisi de supprimer leurs repeints qui couvraient la peinture d'origine. En revanche, aux endroits où les repeints couvrent des mastics, qui sont encore en bon état, nous avons choisi de les respecter.
Dans un strict respect de l’original, nous avons choisi de conserver certaines marques d’usures dans le but de mettre en valeur l’original existant.
Aux endroits où la couche picturale était particulièrement altérée (surtout le bas du tableau), nous avons appliqué une retouche la plus discrète possible, sans heurter le regard. Elle est a été réalisée avec des pigments au vernis de Paraloïde B72, qui a un indice de réfraction très proche de celui de la peinture à huile vieillie. Nous avons atténué les lacunes les plus importantes afin de rétablir visuellement la continuité de la peinture sans compromettre l’original.
Quant aux finitions, le vernis protège le tableau contre des éléments nocifs tels que les salissures et les conditions atmosphériques. Aussi le vernissage modifie l’aspect visuel de l’œuvre. Par sa brillance, il met en relief les nuances de la peinture et permet à la lumière de traverser les strates picturales. Nous avons appliqué deux couches de vernis brillant, ensuite nous avons choisi d’atténuer sa brillance par une couche de vernis mat (spray en bombe).
Puis un bordage a été appliqué : une bande de ruban adhésif qui a été collée sur la tranche du tableau pour la protéger de l’oxygène de l’air qui en oxydant la toile fragilise la fixation.
St Dominique après nettoyage, les anciens mastics sont sont à nu
St. Dominique retouché
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