Qu'est-ce que ceux qui viennent commencent par raconter?
On raconte d'abord ce qui ne va pas, on avoue parfois des choses embarrassantes, les choses qui ne vont pas comme il faudrait qu'elles aillent, les essais, les tentatives, les ratages... les franchissements. On parle des aléas qu'il y a en amour, du désir qu'on n'a plus, qu'on a ailleurs, de la jouissance aussi, et des autres jouissances qui paraissent moins importantes mais qui sont pourtant là..
Certains amènent ce qu'on appelle des symptômes . On pourrait dire que c'est une liste qui s'allonge. Personne ne présente tous ces symptômes, il n'est pas la peine de dire qu'un suffit pour en pâtir: on mange de trop, on boit de trop.. on s'énerve excessivement pour des sujets futiles, on est affecté par les choses qui ne semblent pas en valoir la peine, on ne peut s'empêcher de vomir, de mentir, de rompre , de tourmenter ceux qu'on aime, de se faire mal , etc... ce sont des choses qui se répètent, qui insistent malgré les efforts fournis pour s'en défaire. Chaque occurrence pourrait commencer par "ne peut pas s'empêcher de". On peut toujours dire que ces symptômes ne sont pas si importants voir même idiots, au demeurant ils embarrassent absolument ceux qui s'en plaignent. Si l'expérience de l'autre parait inconcevable pour la plupart, on peut déjà voir qu'il s'agit de fins montages, propres à chacun, ces symptômes existent. C'est là le point: tout ceci est réel, mais n'a pas d'origine infectieuse. La discipline psychanalytique a d'ailleurs été inventée comme cela, grace à celles qui étaient appelées à l'époque les hystériques, ces jeunes filles qui n'avaient pas tout a fait des symptômes en toc puisqu'il s'agissait de paralysies, de cécité, ... oui mais leurs symptômes changeaient, disparaissaient, revenaient, ce qui posait donc des questions de taille sur les rapports entre l'esprit et le corps et qui ont valu aux médecins de l'époque de grands tracas.
Et puis il y a ceux qui n'amènent ni symptôme, ni récit précis de ce qui fait défaut, la chose qui leur pose problème est moins bien définie, c'est la vie à venir, c'est la mort, c'est "tout" et c'est "rien". L'angoisse peut annexer des évènements qui paraissent insignifiants et pourtant, l'angoisse est là, impossible à tamponner, la calfeutrée est difficile lorsqu'elle fait irruption parce qu'elle est grande en intensité.