Le pluriel : pour approfondir

Cher Monsieur,

Votre message m'a été transmis et je vous en remercie. Permettez-moi aussi de vous féliciter pour le grand travail que vous avez fourni.

Bien que nous n'ayons malheureusement pas les moyens de passer au peigne fin la totalité de la page que vous nous avez signalée, j'ai regardé plus en détail les passages concernant la nouvelle orthographe. Voici donc quelques remarques à leur sujet :

"un cameraman, des cameramans" : le pluriel est régularisé, en effet, mais, en plus, le mot prend désormais un accent : "un caméraman, des caméramans"

"un erratum, des errata" : en fait, il s'agit de deux mots différents. Je vous renvoie au fichier joint, qui est un extrait du livre que j'ai coécrit avec Chantal Contant, "Connaitre et maitriser la nouvelle orthographe"

"des basses-cours" : en nouvelle orthographe, le mot est soudé, car le sens premier n'est plus vraiment perçu ; donc : "une bassecour, des bassecours"

"platebande", "portemonnaie" et "terreplein" (cette dernière graphie se trouvait déjà en ancienne orthographe) : même remarque

Quant aux mots composés avec "garde-", il n'y a pas de bonne raison pour considérer le premier élément comme un nom (par exemple dans "garde-pêche").

Je vous joins à cet effet un second extrait du livre que j'ai coécrit avec Chantal Contant.

J'espère que ces quelques remarques pourront vous être utiles, et je vous remercie de nous avoir contacté, tout comme d'avoir pris la peine de mentionner l'adresse du site www.orthographe-recommandee.info sur vos pages.

Et si vous avez besoin d'autres informations, n'hésitez pas à me récrire !

Avec mes meilleures salutations,

Romain Muller

membre du groupe de modernisation de la langue (Paris)

directeur de publication orthographe-recommandee.info

Les formes suivantes existent en nouvelle orthographe : un erratum, des erratums, un errata, des erratas. Y a-t-il une différence de sens entre un erratum et un errata ?

Réponse. Oui. Beaucoup de gens étaient influencés par l’ancienne orthographe, selon laquelle on préférait souvent le singulier et le pluriel de la langue d’origine. Ils utilisaient pour cette raison un seul mot (erratum au singulier, errata au pluriel) pour désigner la feuille sur laquelle étaient recensées une ou plusieurs erreurs. Or, erratum et errata sont en français deux mots différents, qu’une subtile nuance oppose : un erratum est une fiche sur laquelle n’est mentionnée qu’une seule erreur, alors que plusieurs erreurs sont signalées sur un errata. En nouvelle orthographe, il n’y a plus de doute possible et tout est transparent, puisque l’on a deux mots bien différenciés : un erratum est une fiche où est indiquée une seule erreur, des erratums (pluriel de un erratum) sont plusieurs fiches où une seule erreur est reportée chaque fois ; un errata est une fiche où sont mentionnées plusieurs erreurs, des erratas (pluriel de un errata) sont plusieurs fiches où sont indiquées chaque fois plusieurs erreurs. Extrait de : Chantal Contant et Romain Muller, Connaitre et maitriser la nouvelle orthographe, De Champlain, 2005


Le mot garde-pêche peut avoir deux significations : « personne responsable de la surveillance » ou « embarcation utilisée pour la surveillance ». En ancienne orthographe, le pluriel désignant la personne était gardes-pêche, alors que le pluriel désignant l’embarcation était invariable : gardepêche. En effet, autrefois, l’élément garde- était traité dans les mots composés parfois comme un nom (un ou une garde), parfois comme une forme verbale (il ou elle garde) ; or, c’était purement et simplement une faute de considérer que l’élément garde- était un nom dans garde-pêche, car c’est, là aussi, bel et bien une forme verbale. La règle des rectifications s’applique à tous les composés construits avec garde- et évite des distinctions qui sont inutiles, et qui sont surtout grammaticalement non seulement infondées, mais encore incorrectes.

Extrait de : Chantal Contant et Romain Muller, Connaitre et maitriser la nouvelle orthographe, De Champlain, 2005

[Vous trouverez une analyse plus approfondie de ce problème, notamment, dans André Goosse, La Nouvelle orthographe, éd. Duculot ; Littré dénonçait déjà cette mauvaise analyse.]