Comment enseigner l'orthographe ?

    Au terme d’une enquête auprès de près de 3 000 élèves, Danièle Manesse et Danièle Cogis font apparaitre que « l’écart entre les résultats des élèves de 1987 et ceux de 2005 est en moyenne de deux niveaux scolaires. Les élèves de cinquième de 2005 font le même nombre de fautes que les élèves de CM2 il y a vingt ans. Les élèves de troisième de 2005, le même nombre d’erreurs que les élèves de cinquième de 1987 ». (tribune.éducation)

     Il faut bien sûr relativiser par rapport à l'évolution d'autres compétences de la langue écrite et orale. Cependant, il est indéniable que le temps réservé à l'orthographe a sensiblement diminué et que ce n'est pas toujours une priorité dans les activités scolaires bien que le monde professionnel en fasse un mode strict de sélection (au détriment souvent de l'expression orale).

     Alors, que faire ? D'abord, clarifier la démarche :

Comment étudier une notion ?

    Trois étapes sont nécessaires : sensibilisation et découverte, systématisation, réinvestissement. 

    Bien souvent, seuls les exercices de systématisation sont pratiqués (application d'une leçon), ce qui fait dire à beaucoup : "Ils connaissent les règles mais ne les appliquent pas."

Quelles notions sont à aborder ?

    Un certain nombre de règles sont inutiles, et parfois erronées (y compris dans des dictionnaires). Un exemple flagrant est le pluriel des mots en -al pour lesquels les manuels scolaires et les sites internet spécialisés donnent une liste péremptoire d'exceptions (de 2 à 7 !).

    D'autre part, les rectifications orthographiques (rapport du Conseil supérieur de la langue française : Journal officiel français du 6 décembre 1990) nous libèrent de contraintes fastidieuses. 

    Dans l’enseignement et dans la correction comme ailleurs, aucune des deux graphies – ni l’ancienne ni la nouvelle – ne peut être tenue pour fautive.  http://www.orthographe-recommandee.info 

Comment favoriser une acquisition durable ?

    L'impression que "les élèves font n'importe quoi" n'est pas fondée. Un dialogue avec les élèves (lorsqu'ils ont compris l'intérêt des échanges) du type : "Peux-tu dire aux autres pourquoi tu as écrit cette terminaison ?" montre que les élèves se basent sur des mécanismes et des comparaisons.

    Les activités de réinvestissement sont variées : production d'écrits,  mise en mémoire d'un texte élaboré en commun (histoire, géographie, sciences, ...), dictée guidée et expliquée, dictée préparée, dictée argumentée, dictée de contrôle, ... 

   L'essentiel est que les élèves soient engagés dans une démarche de construction des savoirs, par exemple :

            Expliquer aux élèves que c'est une dictée non préparée, qu'ils vont l'écrire seuls, sans aide.

"Vous allez écrire la dictée sur le cahier d'essai (ou de brouillon).

Ensuite, par deux, vous la corrigerez. Vous pourrez utiliser le dictionnaire.

Enfin, nous l'écrirons au tableau, vous pourrez encore corriger.

Seules les fautes qui resteront encore vous retireront des points."

   Lire toute la dictée avant de commencer.

   Ensuite, par deux, ils rechercheront les fautes, en confrontant leurs écrits, et les corrigeront (en utilisant le dictionnaire ou d'autres supports).

   Enfin, le texte sera écrit au tableau par des élèves (chacun étant chargé d'un court extrait).        Les autres élèves pourront proposer leurs corrections, l'enseignant n'intervenant qu'en dernier ressort.

   Pour terminer, chacun devra vérifier sa dictée à l'aide du texte au tableau et la recopier,  puis son voisin la notera en retirant 2 points (sur 20) pour chaque faute qui n'aura pas été corrigée.

   Arbitrer alors les différends et les contestations. Et vérifier tous les cahiers.

   L'attitude de l'enseignant, notamment pour les corrections des cahiers et des autres travaux écrits sera  déterminante.