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______________ Dans le monde pictural, l'artiste distribue la lumière dans le tableau (dans le cadre) pour créer un éclairage plus ou moins intense, axé sur la clarté ou au contraire sur l'ombre.
Cet éclairage apparaîtra, réaliste ou arbitraire, naturel ou surréel.
La source de lumière (soleil,feu,bougie,ampoule,etc) est tantôt présente tantôt absente dans le cadre.
Elle sera orientée ou non.
Dans le cas d'une source présente dans le cadre, on identifiera clairement sa provenance qui sera unique ou encore multiple.
L'observation nous permet de constater que la lumière projette des ombres droites qui sont rationnelles en rapport avec sa nature et sa direction original. On parle donc dans ce cas d'une source "orientée".
Dans le cas d'une source "non orientée", les ombres apparaîtront plus douces, plus diffuses. L'éclairage sera donc plus uniforme.
Modelé, volume, profondeur, espace:
Elaboré à l'époque de la Renaissance, la technique du "modelé" utilise la lumière pour créer l'illusion de "volume" aux personnages et objets.
Le traitement plus ou moins contrasté des oppositions d'ombres et de lumière crée le clair-obscur, une technique aux effets dramatiques.
Le Caravage, Rembrandt, Georges de la Tour sont les maîtres du clair-obscur.
Le travail de la lumière permettra aussi de créer "l'espace".
Dans la réalité, les détails et les forts contrastes apparaissent toujours plus précis au premier plan et moins distincts à l'arrière-plan.
Par analogie, le peintre pourra recréer l'impression de "distance", de profondeur.
On notera qu'en photographie et au cinéma cette illusion de profondeur sera produite naturellement par la physique de l'optique (avant-plan net et arrière-plan flou (shallow focus) - "profondeur de champ")
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Observations de quelques oeuvres
George de la tour, saint Sébastien soigné par Irène, vers 1649
Une grosse lanterne éclaire fortement le côté droit du visage d'Irène ainsi que son drapé.
A remarquer
La source unique de lumière présente dans le cadre. Située au centre, elle éclaire Irène de côté donnant ainsi du volume au personnage.
Saint Sébastien au premier plan nous apparaît en semi silhouette puisque éclairé logiquement en contre jour (back light)
Le visage de la femme tenant la lanterne est traité en clair-obscur de façon très réaliste par sa position qui ne lui permet d'être éclairer par cette lanterne que très faiblement mais avec volume.
A noter: la chute rapide de l'intensité de la lumière qui plonge la pièce dans la pénombre.
Georges de la Tour semble conscient de la loi photométrique selon laquelle l'éclairement d'une surface diminue quand sa distance à la source augmente et que cette diminution est proportionnelle non pas à la distance mais au carré de la distance.
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Vincent Van Gogh, Les mangeurs de pommes de terre, 1885
en.wikipedia.org/wiki/Vincent_van_Gogh
Vincent souhaite, en créant ce tableau, s’attacher à la tradition de la peinture hollandaise célèbre pour ses scènes d’intérieur.
L’idée de Vincent est de représenter un groupe de paysans attablé le soir autour d’un plat de pommes de terre. Ce projet est le plus ambitieux de Vincent jusque-là. Il a utilisé un palette atténuée de gris, de verts et de bruns toutes animées par la lumière jaune de la lampe. Il a éclairé les visages des paysans afin d'en faire ressortir les traits marqués qu'ils comportent et leur expression rongée par les soucis. Les mains sont également minutieusement représentées tordues, comme suspendues au-dessus du plat de pomme de terre.
« Ces gens qui […] ont labouré la terre avec ces mêmes mains qu’ils mettent dans leur plat ont honnêtement gagné leur nourriture ».
Il a fait un travail très minutieux puisqu’il a dessiné pas moins de trente études à l’huile de ces visages. Il prit la peine de les dessiner séparément à partir d’esquisses de gens qu’il a pu rencontrer.
A remarquer :
La source de lumière présente dans le cadre.
Provenance de la lumière et des ombres justifiées.
La position centrale de la source, au centre du champ, au milieu des personnages à l'effet dramatique et réaliste. (Réf. cinéma - "core-light)
Peinture et cinéma
Pale Rider / The Unforgiven
Tom Stern, chef électricien se souvient, "Nous étions à Seattle et i y avait une exposition Van Gogh, je suis revenu sur le plateau de Pale Rider avec une reproduction des Mangeurs de pommes de terre. Je l'ai montrée à Bruce Surtees (DOP du film) et à Clint Eastwood en leur suggérant de faire des intérieurs très sous-exposés et des extérieurs très éclairés. on a discuté et Clint a donné son accord pour que l'image soir de cette nature, que le contraste soit poussé au maximum. "
Regardez, il y a une seule source lumineuse, dit Joel Cox (le monteur) c'est ce que nous faisions avec Clint. Dans ce choix technique et plastique, ll n'est pas question de tout voir.
Eastwood poursuivra ce travail des intérieurs réalistes avec le DOP Jack N.Green dans The Unforgiven.
Green plonge l'intérieur des cabanes de bois du Wyoming de 1881 dans une quasi obscurité (clair obscur) Rembrandt, Le Caravage.
Images sous exposées, low Key, source unique de lumière et dominante brunâtre.
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Paul Delvaux, Hommage à Jules Verne, 1971
en.wikipedia.org/wiki/Paul_Delvaux
A remarquer:
Lumière arbitraire surréaliste en aplat. Ombres absentes.
Arrière-plan flou et clair provoquant une perspective réaliste proche de la photo et du cinéma.
Atmosphère froide, onirique.
Paul Delvaux, Les phases de la lune III, 1942
A remarquer:
Lumière froide, lunaire, surréaliste. Contrastes irréalistes, oniriques.
Ombres dures irréalistes contribuants à l'atmosphère onirique de la scène.
Lointain net (Réf. cinéma - Deep focus)
Eclairage en provenance du fond de la scène (ombres s'avançant vers nous) provoquant un effet marqué de profondeur dans l'image (Réf. cinéma - film noirs, "The Third Man" C.Reed, "Touch of Evil" O.Welles)
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Edward Hooper, New-York Movie, 1939
en.wikipedia.org/wiki/Edward_Hopper
A remarquer:
Sources multiples présentent dans le cadre.
Source principale en "back" provoquant un contraste dramatique. Couleur (°Kelvin) chaude de la source (tungsten) Ombres justifiées. Haut contraste de l'ensemble de la scène et couleurs vives (Réf. cinéma - Technicolor, années cinquante)
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Edgar Degas, Ecole de danse, 1873
en.wikipedia.org/wiki/Edgar_Degas
A remarquer:
Lumière naturelle provenant de grandes fenêtres, une première gauche cadre partiellement cachée par l'escalier, une autre au fond droite cadre dégageant le fond de la salle et une autre au fond gauche cadre cachée par le grand rideau .
Scène traitée en forts contrastes et hautes couleurs ( Réf. cinéma - Technicolor années cinquante )
Lumière justifiée.
Luminosité de l'arrière plan.
Fenêtres surexposées.
Edgar Degas, Intérieur, 1869
en.wikipedia.org/wiki/Edgar_Degas
A remarquer:
Source unique au centre de la pièce, Lumière et ombres portées très réalistes.
Source très blanche, surexposée. personnage féminin très clair, personnage masculin sombre (low light)
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