La lumière dans la peinture et dans la littérature (extraits)
Bernard PAULE, Arch. Dr ès Sciences techniques
Ici un montage d'extraits de l'étude La lumière dans la peinture et la littérature de Bernard Paule.
Les extraits retenus proposent un regard sur le côté divin de la lumière en peinture, sur la force d'attraction de la lumière, sur la hiérarchisation par la lumière.
Introduction
La question de la lumière dans la peinture est essentielle, dans la mesure où le fait de figer un instant, une émotion, un concept, sur un support en deux dimensions, suppose une maîtrise totale de la façon dont la juxtaposition des valeurs, des couleurs et des textures va donner du sens à la composition finale. Le choix de la lumière et de l'ombre est aussi le choix de ce qui est donné à voir, à imaginer, à rêver.
La lumière est d’essence divine
Dans la plupart des religions, le principe de divinité est associé à une puissance rayonnante, souvent assimilée au soleil (Amon Rê (le Dieu soleil), l'Inca, (incarntion du soleil sur la terre), Bouddha (l'illuminé).
Le principe de royauté est aussi basé sur ce lien (Louis XIV le Roi Soleil)
Dans les tableaux qui sont présentés ci-après le caractère religieux des scènes est renforcé par la présence d’un rayonnement lumineux, central, diffus et de forte intensité, qui constitue le fond du tableau
Andrea del Sarto, 1512
La lumière principale vient du fond du tableau, elle suggère l'au-delà, l'immanence divine. Sa centralité et son caractère immatériel renforcent cette impression.
Des sources secondaires situées à l'avant du tableau, viennent mettre en valeur les deux personnages.
L'ange est éclairé par derrière, comme «poussé», «envoyé» par la lumière, tandis que la Vierge bénéficie d'un éclairage de face, qui la «désigne» comme l'élue.
La lumière est une force d’attraction
Le phototropisme
La lumière constitue une force d'attraction considérable.
Nous sommes tous des papillons de nuit et notre regard est immanquablement attiré vers les points présentant les plus fortes luminances.
Le peintre se sert de cette particularité pour guider l’oeil du spectateur vers les points clés du tableau, vers l'objet du désir.
Le regard est attiré vers la source de lumière: regard de madeleine, mais aussi regard du spectateur.
Puis, l’oeil effectue un va et vient entre la flamme et les différentes parties éclairées du tableau: le visage, le bras gauche, le corsage, le crâne, le genou.
La source, ici ponctuelle, détermine le centre de gravité du tableau. Elle structure totalement l'espace lui-même. La flamme «est» le point de fuite du tableau.
George de la Tour: Madeleine la nuit, 1630-35
La lumière qui distingue
La lumière est un outil qui permet de séparer, de distinguer, de désigner, de hiérarchiser.
Les personnages sont ici «séparés» du fond du tableau par un simple effet de contraste. L'artiste a ainsi, à l'aide de la lumière, effectué un premier tri de l'information mise à disposition.
La Vierge est l'enfant sont les seuls personnages présentant une ombre portée nette (ombre du voile sur la tempe et le cou de la Vierge, ombre de la Vierge sur le visage de l'enfant).Tous les autres personnages sont baignés par une lumière diffuse.
L'emploi d'une source directionnelle permet, ici, de mettre un accent sur les personnages majeurs de la scène.
Giovanni Bellini: Présentation au Temple, 1460-64
Bernard Paule.
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