La loi Fioraso et le dé-contingentement des postes au 46-1 ont accru les missions du CNU. Désormais, le CNU siège trois sessions par an pour évaluer les demandes de prime d’encadrement doctoral et de recherche (PEDR), les qualifications au poste de maitre de conférences et de professeur, les demandes de congés pour recherches et conversions thématiques (CRCT), les promotions et peut-être à l'avenir assurer un suivi des carrières des enseignants-chercheurs. Ce renforcement du rôle du CNU rend encore plus nécessaire une participation massive aux élections, et accentue les enjeux du choix entre les différentes listes.
La mandature qui s’achève s’est déroulée dans une atmosphère cordiale et constructive, même si elle fut agitée par de nombreux débats politiques (nomination par le ministère du tiers des membres du CNU sur des bases politiques sans lien avec le résultat des dernières élections qui avait pourtant vu le succès de la liste Qualité de la Recherche dans le collège des professeurs, transformation des missions du CNU par la loi Fioraso, création avortée d’une nouvelle section d’économie...) Nous en tirons un bilan contrasté. D’une part, nous avons vu pendant la mandature la promotion et la qualification de nombreux collègues avec d’excellents dossiers. Mais d’autre part, nous avons observé une régression de l’attention portée à la recherche dans l’évaluation des dossiers. Parmi les trois critères d’évaluation des dossiers, la recherche est passée au troisième plan, après l’enseignement et les charges collectives. Pourtant, il nous semble que l’évaluation par les pairs du CNU trouve tout son sens dans l’examen du dossier de recherche des candidats et non pas dans l’appréciation des activités pédagogiques et administratives. C’est au niveau local qui, rappelons le, attribue 50% des promotions et des CRCT, qu’on peut le mieux juger les qualités pédagogiques et l’implication réelle des candidats dans les tâches administratives. Le CNU, lui, doit accorder une priorité au dossier scientifique.
En mettant en avant la recherche, nous proposons des critères clairs pour les qualifications, les demandes de PEDR et de CRCT et les promotions. Nous pensons que, pour obtenir la qualification au niveau maître de conférences, un candidat doit avoir démontré à travers sa thèse sa capacité à développer un projet de recherches autonome et innovant. Nous souhaitons que, dans le nouveau régime de nomination des professeurs permis par le dé-contingentement du 46-1, le CNU joue pleinement son rôle de filtre des candidatures, comme dans les autres disciplines. Pour nous, la qualification au niveau professeur requiert un dossier scientifique cohérent, soutenu par des publications de haut niveau établissant la notoriété du candidat dans son domaine de recherche. Les demandes de PEDR doivent aussi être évaluées selon les critères de recherche, tout comme les demandes de CRCT qui devraient être accordées principalement sur la base du projet scientifique. Enfin, nous pensons que l’évaluation des promotions. par le CNU., tout en reconnaissant l’implication des candidats dans l’enseignement et les tâches collectives, doit accorder une priorité au critère de recherche.
Comme liste Qualité de la recherche, nous nous engageons à fournir une évaluation sérieuse et impartiale des dossiers scientifiques et proposons d’assouplir les règles qui contraignent les décisions du CNU.
L'évaluation des dossiers scientifiques ne peut pas reposer uniquement sur des mesures bibliométriques. Pour apprécier la qualité de la recherche, il faut une lecture attentive des productions scientifiques, un effort d'appréciation de l'originalité des résultats, de l'adéquation des méthodes, de l'intérêt des problématiques. Nous nous engageons à évaluer les dossiers avec rigueur, sans parti pris idéologique ou méthodologique et en tenant compte de la diversité des approches. Nous refusons aussi les consignes de vote et nous nous déterminerons en toute liberté sur les dossiers.
Le CNU a édicté des règles de comportement strictes – comme le délai d’attente de 6 ans avant promotion professeur en première classe ou classe exceptionnelle, l’impossibilité d’accorder un CRCT pour une année complète, un examen sourcilleux des pièces administratives des dossiers de qualification. Ces règles ont pour effet de limiter le vivier des candidats et de rendre difficiles les projets de mobilité à l’étranger pour les titulaires de CRCT. Nous souhaitons assouplir la règle sur les délais d’attente, réorienter les CRCT pour en faire de véritables congés sabbatiques, simplifier les dossiers de promotion et qualification pour encourager les candidatures et traiter tous les candidats sur un pied d’égalité.
La recherche française en économie est reconnue internationalement pour sa qualité. Le récent prix Nobel de Jean Tirole, le succès de l'ouvrage de Thomas Piketty, et les multiples reconnaissances reçues par les chercheurs français montrent le dynamisme de l'école française d'économie. Nous souhaitons que le CNU accompagne ce dynamisme, impulse un changement pour permettre à tous les enseignants chercheurs de s'épanouir dans leur recherche et leur enseignement.
Depuis 2014, les champs de compétences du CNU se sont considérablement accrus : aux activités traditionnelles de qualification de maître de conférences, de promotion des enseignants-chercheurs et d’attribution des congés pour recherche et conversions thématiques (CRCT), se sont ajoutés l’attribution des primes d’encadrement doctoral et de recherche (PEDR) ainsi que le suivi de carrière des enseignants chercheurs et tout récemment la qualification aux fonctions de professeur via la procédure 46-1 en complément des procédures déjà existantes.
Le rôle du CNU dans le fonctionnement et le développement de l’Université française est donc devenu essentiel. Pour cette raison, les attentes envers cette institution ne peuvent qu’être très grandes. Il est donc primordial que le CNU soit composé de membres dont l’exigence première est la promotion de l’excellence des universités. Cette exigence passe en particulier par la mise en œuvre de la plus grande transparence dans le choix des critères d’évaluation, tant dans le domaine des activités de recherche, que celui des activités pédagogiques et administratives. En particulier, les membres de la liste Qualité de la Recherche ont pour principe d’évaluer les dossiers au travers d’une lecture attentive des travaux de recherche afin d’apprécier au mieux la qualité scientifique des candidats, sans aucun a prioriméthodologique ni idéologique.
Dans la procédure de sélection des candidatures, la spécificité du CNU par rapport aux instances universitaires locales est d’évaluer les candidats par des pairs du même champ disciplinaire qui sont les plus à même de mesurer la pertinence, la rigueur et l’originalité de leur démarche scientifique. Par ailleurs, l’appréciation de l’interdisciplinarité doit être assurée au travers des collègues économistes élus ayant collaboré avec des chercheurs d’autres disciplines et non par la nomination de membres extérieurs à la section 05.
Forts de votre soutien, nos élues et élus, auront à cœur d’exercer pleinement leur mandat de manière objective et transparente et ce, dans le souci de promouvoir avec force celles et ceux qui s’investissent dans le rayonnement de l’Université française.
Projet de création d'une nouvelle section "Institutions, économie, territoires et société"
Lors de la session exceptionnelle du CNU du 5 janvier 2015, la liste Qualité de la Recherche a affirmé son opposition à la création d'une nouvelle section économie et s'est offusquée de l'absence de concertation préalable du Ministère avec les instances représentatives élues.
Qualité de la Recherche considère que les moyens existent pour garantir la pluralité paradigmatique et l'ouverture interdisciplinaire sans recourir à la scission de la discipline, source d'affaiblissement et de recul de la diversité dans chacune des deux nouvelles sections potentielles.
Les annonces faites par les représentants du Ministère -- Christophe Strassel et Jean-Michel Jolion -- lors de cette session exceptionnelle du 5 janvier sont bienvenues: 1) organisation des élections aux dates prévues (2015) dans le périmètre actuel des sections; 2) utilisation du contingent de nomination pour garantir la pluralité et l'interdisciplinarité; 3) évaluation des résultats de cette approche, combinée à l'ouverture des recrutements de professeur en 46.1.
Dans ces conditions, les élus de rang A et B de la liste ont décidé de surseoir à une démission collective de la liste, tout en restant vigilants quant aux annonces qui pourraient être faites dans les semaines à venir. Ils se tiennent à disposition du Ministère pour participer à la réflexion concernant la mise en œuvre de ces orientations et se félicitent de la tenue normale des sessions de qualification et promotion à venir qui permettra de ne pas pénaliser les collègues candidats.
Réactions des élus de la liste Qualité de la Recherche Section 05 du CNU au rapport Mougeot
Nous avons pris connaissance du rapport Mougeot et saluons le travail effectué sur l’adaptation nécessaire des modalités de recrutement des professeurs en section 05. Ce rapport relève à juste titre l’évolution des pratiques : ouverture de nos Universités à des recrutements de collègues étrangers ne passant pas par la voie de l’agrégation, importance de la recherche dans les critères de recrutement des professeurs, autonomie croissante des Universités en matière de recrutement. Nous pensons que le diagnostic posé par le rapport sur la situation actuelle du recrutement des professeurs est juste, et partageons la philosophie des réformes envisagées, même si nous n’adhérons pas à toutes les mesures proposées. De fait, nous voyons ces mesures comme une première étape vers un système de recrutement respectant mieux les principes d’autonomie des universités, convergeant vers les pratiques d’autres disciplines, et fondé sur des critères objectifs d’excellence scientifique.
Le rapport propose 1) de simplifier les modalités de l’agrégation dite externe ; 2) de modifier les modalités d’affectation des agrégés ; 3) de remplacer l’agrégation interne et le 46-3 par un nouveau mode de recrutement par liste de qualification ; 4) de décontingenter les recrutements en 46-4.
Considérant ces propositions, la liste Qualité de la Recherche :
Soutient la simplification des modalités du premier concours, recentré sur la recherche et ne comportant qu’une leçon en loge.
Soutient le remplacement de l’agrégation interne et du 46-3 par une liste d’aptitude définie par un jury national nommé dans des conditions identiques au jury d’agrégation.
Soutient le décontingentement du 46-4.