Contribution QR à la concertation ministérielle

Concertation sur le recrutement des enseignants chercheurs 

Contribution de la liste Qualité de la Recherche


Voici ci-dessous les propositions et positions de QR qui ont été déposées en mars 2021 sur le site du ministère dans le cadre de la concertation lancée par la ministre.


Sur le doctorat :

Il est normal qu'une part significative des docteurs n'obtiennent pas leur qualification. Le doctorat est un exercice très particulier en ce qu'il confronte le doctorant à des problèmes non-résolus et qu'il contribue d'ailleurs largement à définir. Il développe donc chez le doctorant des qualités uniques qu'il pourra valoriser tant dans le monde académique qu'en dehors de celui-ci (qu'il s'agisse du secteur privé ou public, en France ou à l'international). Ces qualités spécifiques du docteur, sanctionnées par la délivrance du doctorat, sont nécessaires à une carrière d'enseignant-chercheur, mais elles ne sont pas suffisantes. Un enseignant-chercheur doit, sur l'ensemble de sa carrière, contribuer à la recherche internationale au plus haut niveau, enseigner et assumer des responsabilités collectives (pédagogiques et administratives). Ce métier très exigeant suppose des compétences qui vont au-delà de celles que la délivrance du doctorat a vocation à sanctionner. Ce sont ces compétences dans leur ensemble qui sont examinées par le CNU lors des sessions de qualification aux fonctions de maître de conférences. La non-qualification peut donc, certes, traduire une faiblesse de la thèse qui n'aurait dans ce cas pas dû donner lieu à la délivrance du doctorat, mais elle peut aussi traduire le fait que le candidat, alors même que sa thèse est d'un niveau scientifique tout à fait cohérent avec la délivrance du doctorat, ne présente pas, pour autant, les qualités requises à l'exercice des fonctions de maître de conférences. La non-qualification constitue alors un signal utile au candidat pouvant l'amener à considérer une autre orientation de sa carrière, en dehors du monde académique. Il faut noter toutefois que le refus de qualification n'est pas définitif. La qualification peut être demandée plusieurs fois et de nombreux candidats sont qualifiés à leur deuxième demande, l'évolution significative de leur dossier leur permettant de faire la preuve des compétences nécessaires au métier d'enseignant-chercheur.  Notons enfin que de nombreux docteurs, qui ne souhaitent pas faire de carrière académique, ne demandent pas la qualification.

Si, comme nous l'avons montré dans le point précédent, la non-qualification ne doit pas être identifiée à un niveau scientifique insuffisant de la thèse, ce problème existe cependant. Nous proposons de renforcer le poids du devenir professionnel des doctorants (quel que soit le secteur d'activité et donc pas uniquement dans le monde académique) dans l'évaluation des écoles doctorales afin de donner à celles-ci de fortes incitations à la mise en place d'une démarche active garantissant la qualité des doctorats délivrés.


Sur l’habilitation à diriger des recherches (HDR) :

L'HDR est aujourd'hui à la fois un diplôme permettant à des personnes (pas uniquement des maîtres de conférences) d'encadrer des thèses et un élément de la procédure de recrutement des professeurs. En tant qu'elle permet à des personnes qui ne sont pas professeur d'encadrer des thèses, l'HDR est utile. Les modalités de sa délivrance peuvent faire l'objet de recommandations de la part des sections CNU afin que soit respectées les spécificités des différentes disciplines. En tant qu'élément de la procédure de recrutement des professeurs, l'utilité de l'HDR telle qu'elle est aujourd'hui mise en oeuvre en sciences économiques n'est pas démontrée. La prépondérance des publications dans le dossier d'un candidat à un poste de professeur rend l'HDR redondante. Finalement, elle constitue surtout une barrière à l'entrée sans apporter réellement d'information utile. Ceci est particulièrement vrai pour les candidats étrangers opérant dans des univers académiques dans lesquels elle n'a pas d'équivalent (même si ces candidats peuvent demander à être dispensés de l'HDR lors de leur demande de qualification PR). L'exigence de l'HDR pour le recrutement en tant que professeur isole donc l'université française du monde académique international sans apporter de bénéfice venant compenser cet inconvénient majeur. Nous proposons donc de maintenir l'HDR, mais de ne plus en faire une condition d'accès au corps des professeurs.


Sur les comités de sélection (COS) :

Il ne nous semble pas y avoir de réel levier d'amélioration du recrutement des enseignants-chercheurs à ce niveau, même si une réflexion sur le partage des rôles entre membres extérieurs et membres locaux des COS serait à mener. A défaut d'une plus grande responsabilisation des établissements en matière de recrutements, seules des conditions sur le profil des candidats susceptibles d'être recrutés nous semblent porteuses d'amélioration. Ces conditions sont en particulier des conditions de mobilité.

En ce qui concerne le recrutement de candidats à profil pluridisciplinaire, nous constatons en effet une difficulté dans le traitement des demandes de qualification. Il serait souhaitable que chaque section soit en mesure de juger du lien entretenu par ces candidats avec les autres disciplines (section CNU) dans lesquels ils demandent leur qualification. Ceci pourrait être obtenu par des échanges entre sections sur les candidats demandant leur qualification dans plusieurs sections, le délai très court entre la disponibilité des dossiers et la tenue des sessions pouvant ici être un problème.

En ce qui concerne le recrutement de candidats en poste à l'étranger, nos propositions concernant l'HDR et la qualification PR sont de nature à faciliter le recrutement de ces candidats.


Sur le rôle du CNU :

Nous sommes attachés à l'ensemble des missions actuelles du CNU qui constituent des piliers majeurs du système universitaire français.

La procédure mise en oeuvre pour l'examen des demandes de PEDR est très insatisfaisante et doit être revue. Les quotas de notes A et B sont aujourd'hui calculés sur le nombre de candidatures déposées, ce qui a un fort effet décourageant pour les collègues, puisque la moitié des candidats obtient nécessairement la note C. Une autre base de calcul des quotas (effectifs du corps ?) doit être définie.

La composition et le mode de désignation actuels du CNU nous semblent adaptés à ses missions et par conséquent devoir être conservés en l'état.


Sur le recrutement hors qualification des MCF :

La section 05 n'est pas directement concernée par cette expérimentation mais sera bien entendu très attentive aux résultats auxquels elle conduira. A ce titre, il est nécessaire que les établissements qui souhaitent mettre en oeuvre cette procédure affichent clairement, en amont, leurs objectifs, la procédure et les critères de recrutement, ainsi que la procédure et les critères d'évaluation ex post.


Sur l'accès au corps des professeurs :

La LPR conduit à ce que les maîtres de conférences titulaires soient qualifiés automatiquement, alors que tous les autres candidats (chercheurs, candidats en poste à l'étranger,...) doivent obtenir leur qualification dans le cadre de la procédure CNU. Cette situation est profondément insatisfaisante, en particulier parce qu'elle maintien un obstacle sur la voie du recrutement de candidats en poste à l'étranger par rapports à des candidats en poste en France. Ceci est problématique dans un monde académique très international et dont l'université française ne doit pas s'isoler. Nous demandons à ce que les conditions d'accès au corps des professeurs soit le même pour tous les candidats. Ceci peut être obtenu soit en rétablissant la qualification par le CNU pour tous les candidats, soit en la supprimant pour tous les candidats. Dans cette seconde hypothèse, nous proposons de généraliser à tous les candidats à un poste de professeur, la procédure appliquée aux enseignants-chercheurs en poste à l'étranger pour la dispense de qualification (article 43 du décret de 1984), mais en l’adaptant. Chaque dossier doit faire l’objet d’une évaluation par trois rapporteurs dont au moins deux membres externes à l’établissement. La réputation scientifique de ces rapporteurs doit être attestée par des publications dans des revues internationales de qualité.