Lecture du Traité théologico-politique de Spinoza (1670)
Comme l'explique Spinoza dans sa préface, c’est l’intolérance religieuse opposant les chrétiens de son temps (catholiques, calvinistes...), qui l’incite à entreprendre la rédaction du Traité théologico- politique en 1670. Loin de pratiquer l’amour du prochain qu’ils professent si volontiers, ces hommes se vouent les uns aux autres la haine la plus violente. Invoquant chacun pour leur compte l’autorité de la Bible, ils affirment détenir la vraie religion et s’efforcent de l’imposer à tous par les moyens de l’État.
Contre les théologiens qui se prétendent les gardiens du dogme et veulent contrôler les consciences, Spinoza entend montrer, par la mise en œuvre d'une méthode de lecture, que la Bible a un contenu essentiellement moral et nullement dogmatique (elle ne se prononce pas sur la nature de Dieu), et il établit que, loin d'être dangereuse, la liberté de penser est indispensable à la piété de chacun comme à la paix de l’État.
Réflexion sur la religion :
Réfléchir sur la religion, ce n'est pas se limiter à une religion mais c’est prétendre rechercher un fond commun à toutes les religions. Cependant, la diversité des croyances et des cultes est telle qu'il peut paraître illusoire d’y parvenir : qu'y a-t-il de commun entre les religions monothéistes comme le judaïsme, le christianisme et l’islam, les religions polythéistes, ou encore les religions sans dieu comme le bouddhisme ?
Décrire les religions comme un ensemble de croyances, de pratiques et d’attitudes collectives, ne suffit pas, non plus, à nous éclairer sur leur spécificité proprement religieuse ni sur leur raison d’être. Ont-elles une autre origine que notre humanité, comme elles le déclarent, ou expriment-elles seulement un besoin humain ? Enfin, une société peut-elle se passer de toute religion ?