Lecture du Traité théologico-politique de Spinoza  

par Didier Carsin

1/ Enregistrement de la séance du 06 novembre 2025

Pour accéder à l'enregistrement audio, cliquer sur le lien ci-après:

        enregistrement séance du 25.11.2025

2/ Plan du cours de la séance du 06 novembre 2025

Traité théologico-politique traité écrit par le philosophe Spinoza en 1670.

1- Un éclairage historique nécessaire

a- Le passé familial de Spinoza (1632-1677) est marqué par le problème de l'intolérance religieuse. Quelques repères historiques utiles : l'expulsion des Juifs d'Espagne et du Portugal au cours du XVIème siècle ; la constitution des Provinces- Unies en 1579 (déclaration d'Utrecht) et leur indépendance en 1648 par le traité de Münster, au bout de 80 ans de combat pour se libérer de la tutelle de l'Espagne catholique.

b- La République d'Amsterdam : un modèle de prospérité et de tolérance religieuse, qui demeure toutefois fragile. Voir l'éloge de Spinoza dans la Préface et au chapitre 20 du TTP. 

c- La fin brutale de la République en 1672 et le retour de l'intolérance sous le joug de la monarchie et la férule de l'Eglise calviniste orthodoxe

2- Le projet et les raisons de la rédaction du Traité théologico-politique

a- Le projet du traité : se défendre des accusations d'athéisme portées contre lui et combattre les préjugés des théologiens qui empêchent les hommes d'exercer librement leur pensée (lettre à Oldenbourg de 1645)

b- L'objet du traité, voir le sous-titre de l'ouvrage : montrer que "la liberté de philosopher non seulement peut être accordée sans danger pour la piété et la paix de l'Etat, mais même qu'on ne peut la détruire sans détruire en même temps la paix de l'Etat et la piété elle-même."

c- Les raisons qui ont poussé Spinoza à écrire son traité : le spectacle de la dénaturation de la religion en enjeu de pouvoir et en instrument de haine (voir Préface et début du chapitre 7) 

d- Une réflexion sur les causes de l'intolérance religieuse : "l'ambition et l'avidité sordides" des théologiens qui s'appuient sur la superstition des hommes afin de faire passer leurs "inventions" pour la parole divine et exercer ainsi un pouvoir sur les consciences. Le lien entre la superstition, l'intolérance et le despotisme (préface). 

3- Qu'en est-il de la religion? La piété impose-t-elle des limites à la liberté de penser ?

C'est l'objet de la première partie du traité (chapitres 1 à 15)

a- Les religions de la coutume (ethniques) et les religions du Livre (judaïsme, christianisme, Islam). Spinoza restreint son étude au judaïsme et au christianisme

b- La place importante des prophètes dans la Bible juive (Ancien Testament pour les Chrétiens): c'est par eux que Dieu s'adresse aux hommes

c- La démarche des deux premiers chapitres (prophétie et prophètes)

4- Lecture du 1er chapitre: étude de la prophétie

a- Une prise de distance de Spinoza à l'égard de la définition de la prophétie qui la présente comme une connaissance certaine venant de Dieu (révélation surnaturelle) et transmise par un prophète

b- Pour étudier les prophéties, il faut s'appuyer sur le récit qu'en font les Ecritures

- les modalités sous lesquelles elles se présentent :  paroles et figures

- les figures rhétoriques qui accompagnent leur récit : l'examen de l'expression en hébreu "esprit de Dieu" permet de comprendre que la révélation (ou prophétie) est vécue par le prophète comme une force étrangère qui n'est pas autre chose que sa vive imagination

c- La prophétie est essentiellement une production de l'imagination des prophètes. Si elle ne peut pas être tenue pour une véritable connaissance, elle n'est pas pour autant une fiction arbitraire ou mensongère dénuée de valeur. Le 2ème chapitre, centré sur la personnalité des prophètes, montrera qu'elle a avant tout une fonction pratique visant la conduite des moeurs.