Colloque 2010

Le samedi 20 mars 2010, nous avons eu un colloque sur le thème

L’année du sacerdoce à la paroisse du Saint Curé d’Ars

Du curé résident au prêtre engagé aussi en paroisse

Le Pape Benoît XVI a proclamé une année du sacerdoce de juin 2009 à juin 2010.

Il a également proclamé Jean-Marie Vianney, le Saint Curé d’Ars, patron de tous les prêtres de l’univers.

Notre paroisse s’est donc sentie interpellée, d’autant plus qu’elle vit ces 10 dernières années l’expérience d’un autre rôle du prêtre en paroisse : «Du curé résident au prêtre engagé aussi en paroisse».

Elle souhaite apporter ainsi sa contribution à ce qu’on pourrait appeler «recherche et développement» en pastorale territoriale dans le Vicariat de Bruxelles.

Nous avons pensé qu’il serait intéressant :
- de partager notre expérience et nos perspectives dans les circonstances actuelles de la pastorale territoriale,
- de faire relire cette expérience par un théologien au fait de la situation.

L’Equipe pastorale du Saint Curé d’Ars

Le rapport de ce colloque se trouve ici.

En ce premier jour de printemps, après un long hiver, plus de 80 personnes se sont rassemblées à la paroisse du Saint Curé d’Ars qui fête 50 années de marche en Eglise, portée par ses pères fondateurs, les deux curés successifs, Pierre (de 1959 à 1990) et Henri, le successeur de Pierre (de 1990 à 1999), qui l’ont ancrée dans des valeurs inspirées des Ecritures (1er et 2nd Testaments) dont elle s’inspire pour inventer l’à-venir.

A travers les témoignages des acteurs représentatifs de son histoire passée et présente, le public a pu prendre la mesure de ce que peut réaliser une petite communauté paroissiale quand elle est attentive à lire les signes des temps et à vivre d’Evangile.

Les anciens curés résidents

Après un mot d’accueil de Jean Legein, nous entendons les témoignages des deux anciens curés résidents de la paroisse : Pierre Arnould et Henri Solé.

Henri nous invite ensuite à réfléchir, en petits groupes, à la question « Qu’est-ce qu’une communauté évangélisée et évangélisante ? »

Epinglons quelques réponses exprimées lors de la mise en commun :

- c’est une communauté qui vit l’Evangile plus que de l’annoncer.

- une communauté contagieuse de vie et qui éprouve du bonheur à se retrouver.

- une communauté catéchisante au sens qu’elle éveille chacun à l’écho de la parole évangélique dans sa vie.

- une triple rencontre, prêtre, paroissiens, monde, créatrice de vie.

Repas

Sous le soleil, nous rejoignons la salle Ars-Club où Ernesto et son équipe nous attendent avec un pique-nique royal, couronné de deux énormes et délicieux gâteaux d’anniversaire découpés symboliquement par le fondateur et son successeur.

Un moment de convivialité, d’échanges informels et de détente qui nous met en forme avant d’aborder les interventions et les échanges de l’après-midi.

Présent et avenir

L’après-midi fut consacrée à une réfexion sur :

- le fonctionnement de la paroisse (exposé de Raymonde, voir l'attache ci-dessous)

- le rôle du prêtre (exposé d’Antoine)

- la vision d’avenir (exposé de Muriel, voir l'attache ci-dessous)

Antoine

A côté de deux prêtres dont le profil répond au modèle sacerdotal classique, l’un en s’y sentant à l’aise, l’autre en le contestant violemment, Antoine, le troisième à prendre la parole voit sa prêtrise non comme une profession, mais comme un hobby, c'est-à-dire une passion. Antoine est en effet un passionné de l’Alliance (1ère et 2nde) tout comme Jésus. Son rêve est de rendre le chemin de l’Evangile accessible au plus grand nombre, sans rien se réserver de ses prérogatives de pasteur ou d’initié. Son ordination, il l’a reçue, à sa demande, non pas comme la suite de ses études mais en fidélité à ceux qu’il a rencontrés dans son travail. Il fait de son parcours une lecture spirituelle, notamment du cadeau de 27 ans de vie après un très grave accident. S’il ne veut rien garder pour lui, il dit aussi l’importance d’apprendre à recevoir. Il se dit plus pratique que spéculatif, « les quatre pieds sur terre et la tête dans les étoiles », bien ancré dans le concret, mais animé par les intuitions que Jésus traduisait en termes d’alliance, de grâce, …

Il se passionne de nous faire découvrir ce qui passionnait Jésus. Il ne cesse de nous encourager à risquer une parole sur Dieu, « nous sommes tous théologiens ». C’est dans ce sens qu’il rejoint d’autres communautés comme la nôtre, qui prennent en charge leur dimension célébrante. Pour lui, le rôle du prêtre est de nommer les ministères qui s’exercent de fait et de les faire reconnaître, si petits soient-ils.

Ce qui le nourrit et qu’il nous donne en nourriture, ce ne sont pas des dogmes, paroles datées, mais une révélation qui n’est pas finie. Il nous invite à rejoindre les intuitions de la Bible (1er et 2ème testaments) dans notre vécu afin d’écrire le 3ème avec nos vies. Il nous tourne résolument vers l’avenir et n’a pas peur de dire : « le passé ne reviendra plus, vouloir le retour du passé c’est mortifère, c’est être en état de péché mortel ». La tradition doit être source jaillissante d’avenir.

Pour terminer, il nous incite à ne pas essayer d’entrer dans la forteresse romaine par la porte d’entrée monumentale bien gardée, mais par les portes de service qui sont accessibles quoi qu’on en pense.

Paul Tihon

Pour ne pas tomber dans l’autosatisfaction, nous avons demandé à un théologien qui nous connaît d’apporter un regard extérieur sur notre expérience. Il s’agit de Paul Tihon s. j. qui s’est toujours préoccupé de la mission de l’Eglise, ce dont témoigne son dernier livre, « Pour libérer l’Evangile ».

Il résume son impression de ce que vit la paroisse en deux termes : cohérence et actualité.

Il trouve, présentes tout au long de l’histoire de la paroisse, les dimensions constitutives et indissociables pour « faire Eglise » : une Parole, une pratique, un engagement qui ne peuvent pas fonctionner les uns sans les autres.

Il se dit frappé par la forme que prend la présence du message évangélique lors des assemblées dominicales. La Parole non seulement lue, mais partagée s’actualise par la résonance qu’elle a dans la vie de ceux qui la reçoivent et y font écho dans leurs partages. Ainsi, la Parole s’enrichit, au fil du partage, de l’expérience vécue des croyants et chacun entend ce que l’Esprit dit à la communauté pour la faire vivre. Il nous encourage vivement à poursuivre dans cette voie.

Dans le processus de lente sortie du cléricalisme (on devrait bannir jusqu’au terme laïc) le prêtre doit trouver sa place qui n’est plus celle de « fonctionnaire du sacré ». La communauté du Saint Curé d’Ars évite ce risque en demandant aux prêtres de la tournante, en plus de la présidence de l’eucharistie, un autre engagement dans les activités de la paroisse. Selon Paul Tihon, la pénurie de prêtres – toute relative en regard du nombre réduit de pratiquants – est plutôt providentielle. Elle oblige les disciples du Christ à inventer de nouvelles pratiques pastorales. Un regard d’historien montre que les formes de présidence des assemblées ont varié dès les premiers siècles, parfois au point de décrocher de l’Evangile, mais que les disciples de Jésus ont toujours pu trouver des solutions adaptées. La solution adoptée par la communauté du Saint Curé d’Ars de faire appel à plusieurs prêtres connus pour leur sympathie et leur intérêt pour le projet pastoral n’a pas que des avantages. Elle répond au souci de concilier l’originalité de la paroisse et la volonté de rester Eglise à part entière. Mais ne risquons-nous pas, en jugeant de qui est digne de présider nos célébrations, de manquer d’ouverture et de passer à côté du cadeau d’un prêtre donné par l’Esprit Saint ?

L’Eglise n’est pas une institution qui pourrait subsister sans ses membres ; plus que jamais elle a besoin de chrétiens adhérant librement à leur communauté, non pas par un attachement purement affectif, ni en simples consommateurs, mais prêts à prendre leur part de la vie de la communauté. En multipliant les équipes chargées de diverses fonctions, elle permet à chacun de s’impliquer et à la communauté de vivre sans que le poids ne retombe toujours sur quelques-uns.

En conclusion, l’expérience tient la route grâce à un fonctionnement démocratique, une diversification des tâches, une ouverture à une solidarité locale et globale, une vigilance des prêtres comme des laïcs contre toute velléité de prendre le pouvoir et, last but not least, de faire vivre la parole évangélique au sein de la communauté.

Echange

La journée se termine par un échange très riche entre l’assemblée et le panel des intervenants. Aux questions portant sur la participation de la paroisse au nouveau regroupement en unités pastorales, l’Equipe pastorale a réaffirmé son souci de rester en lien avec l’Eglise, mais, en même temps, sa volonté de ne pas mettre la charrue avant les bœufs : avant de fusionner et d’être absorbés dans une unité avec d’autres paroisses de Forest, creusons ce que nous avons à apporter de spécifique les uns aux autres. C’est pourquoi l’équipe pastorale a voulu mettre dans une charte ce que nous voulons vivre en paroisse, ce document approuvé par l’assemblée paroissiale et distribué aux participants du colloque, sera revisité tous les deux ans en même temps que le projet pastoral. Il en ressort la volonté de tenir ensemble la singularité de notre expérience et un réel souci de communion avec l’Eglise dont nous nous sentons membres à part entière. Nous voulons poursuivre la dynamique ‘recherche et développement’ au service de l’Eglise sans nous marginaliser.

L’esprit de continuité dans le changement ressortait explicitement de la manière dont Muriel formulait le futur en cinq points commençant par le verbe Continuer.

Une question à Raymonde a permis de clarifier le statut d’exception provisoire qui est le sien (son mandat dure au-delà des 4 années renouvelables prévues dans les structures) elle est pour le moment pratiquement unique et irremplaçable !

Clairement nous refusons de prescrire notre modèle mais nous acceptons de fonctionner comme laboratoire du vivre-ensemble chrétien. Nous ne disons pas : faites comme nous mais ça a du sens d’essayer et nous sommes prêts à nous remettre en question, conscients de nos ressources limitées. Nous ne demandons qu’à nous laisser inspirer par ce qui se vit ailleurs. Le regroupement de paroisses ne doit pas se faire nécessairement et uniquement sur des bases géographiques. Nous avons déjà des liens avec des paroisses ou des communautés qui vivent des expériences stimulantes de vie chrétienne.

Nous ne nous laissons pas obnubiler par la question de la conformité de nos pratiques mais nous attachons de l’importance au fait qu’elles sont porteuses pour nous, aujourd’hui, de sens et de vie.

La question n’est pas non plus de nous démarquer par des jugements qui excluent des pratiques autres .Tout ce qui nous porte à approfondir les intuitions de Jésus mérite de vivre et nous libère de la tentation de juger et de condamner .Ce n’est pas à nous de juger de la valeur de ce que l’Esprit donne aux autres de vivre comme valeurs. Le récit des Actes montre à qui sait lire que le vent de l’Esprit souffle où il veut, parfois dans des directions inattendues. Aujourd’hui, comme alors, l’Esprit Saint fait fi des catégories. Choisir son lieu parmi les options d’Eglise (progressistes, charismatiques, classiques…) n’est pas synonyme de condamner ceux qui ont choisi d’autres lieux.

La journée s’est terminée vers 17h30, à la satisfaction générale, par de chaleureux remerciements aux intervenants et aux organisateurs.