1960, une nouvelle paroisse

Au cœur du quartier Saint-Denis

La chapelle du Curé d'Ars est l'œuvre des Forestois


La Cité, mardi 29 mars 1960

Dans nos éditions de samedi, nous avons relaté les cérémonies de la bénédiction de la chapelle du St Curé d'Ars, à Forest.

Comment cette paroisse a-t-elle vu le jour ?

Coup d'œil sur Forest Saint-Denis

La paroisse St-Denis située dans le centre de Forest, dans un milieu industriel, habité par une grande majorité d'ouvriers, d'employés et de petits commerçants, comporte plusieurs quartiers d'habitations sociales du Foyer forestois et la Cité-jardins Messidor.

On croit généralement qu'un tel milieu est relativement indifférent, sinon hostile, à la religion et à l'Eglise. Ce n'est pas le cas à St-Denis. Avec la grâce de Dieu, le clergé paroissial, à la tête duquel se trouve M. le curé Sirre, est parvenu à insuffler un courant très vif de christianisme actif. Les œuvres sociales y sont fécondes. A titre d'exemple, signalons que le premier home pour pensionnés de Forest, et peut-être même le premier de l'agglomération bruxelloise, fut celui de St-Denis, créé par le MOC local avec l'appui du clergé. M. l'abbé Arnould, notamment, sut multiplier les œuvres à caractère social.

C'est pour cette raison sans doute que l'archevêché le désigna pour créer une nouvelle paroisse, dans le secteur sud de St-Denis. Elle groupe le centre du Foyer forestois et Messidor, ainsi que le quartier qui les relie.

Pour établir le nouveau lieu du culte, l'archevêché acheta une propriété située le long de la ligne de chemin de fer Bruxelles-Charleroi. Cette propriété était riche en arbres. C'est pourquoi l'architecte André Millis décida d'exploiter cette richesse. Il fut décidé de construire la première aile d'un complexe scolaire, dont le premier étage servirait de chapelle paroissiale, en attendant la construction de l'église définitive.

La nouvelle église

D'une architecture sobre et dépouillée, le nouveau bâtiment mesure 8 x 30 m. Il est constitué par une ossature métallique apparente, fermée en largeur par deux murs de briques et en longueur par des panneaux transparents à double vitrage, prenant toute la hauteur de l'étage. Les arbres ayant été sauvegardés, les enfants qui fréquenteront plus tard cette école se trouveront en permanence dans un cadre de verdure. Cadre qui favorisera aussi les cérémonies religieuses, car les fidèles seront en contact immédiat avec la création.

Les panneaux de verre sont à châssis fixe. Une installation de conditionnement d'air assure une ventilation permanente sans courants d'air. Ce système d'aération évite également d'être troublé, dans la prière ou dans l'étude, par le passage des trains.

L'escalier d'accès à la chapelle est extérieur. Il est constitué de deux volées de marches et forme une ligne brisée. En gravissant la première volée, les yeux rencontrent immanquablement un grand montage photographique, occupant l'un des panneaux de verre voisin de la porte d'accès. Dans le coin supérieur gauche de ce montage on voit un bras tendant vers la terre une tranche de pain entamée. Des bras tendus, aux mains ouvertes sont avides de saisir ce pain. Dans le bas du panneau, une phrase : « Ainsi vous avez besoin du Christ ».

Le montage photographique sera renouvelé. Ses symboles s'inspireront du cycle de l'année liturgique.

Le plafond de la chapelle est peint en rouge. Il symbolise la charité qui, d'un bout à l'autre de l'Eglise, doit unir les hommes entre-eux et les rattacher au Christ.

L'aménagement intérieur de la chapelle s'inspire du même précepte que l'architecture générale : la simplicité, le dépouillement. Les fonts baptismaux situés à l'entrée ont été dessinés par l'architecte André Millis et réalisés par un ouvrier orfèvre de la paroisse Marcel Mathieu. Ils sont constitués par une cuve en cuivre dont le rebord en rigole forme un bénitier circulaire. La cuve est supportée par un trépied en tube de fer.

L'autel est surmonté d'une grande croix noire en tubes de fer, portant un Christ dessiné par l'artiste français Lambert Rucky.

Comme les bâtisseurs de cathédrales

Mais ce qui caractérise surtout cette chapelle, c'est la manière dont elle fut réalisée. Si l'armature métallique, les murs, les panneaux de verre et l'installation de conditionnement d'air sont l'œuvre d'entreprises spécialisées, les travaux d'aménagement intérieur, la décoration, les installations électriques, la plomberie, etc… sont l'œuvre exclusive de paroissiens bénévoles. Pendant des semaines ont vit s'affairer côte à côte des ouvriers, des employés, des fonctionnaires, des artisans, des ingénieurs, l'architecte et le chapelain. Consacrant leurs heures libres, le soir et le samedi, à l'édification de leur chapelle, ils ont renouvelé en 1960, le geste des bâtisseurs de cathédrales. Et pendant que les hommes s'affairaient au chantier, les femmes réalisaient les ornements et les vêtements liturgiques, conçus par l'artiste Marthe Wéry.

C'est cet enthousiasme dans la foi qui est le signe distinctif de la paroisse du St Curé d'Ars. Qu'il anime toujours la communauté nouvelle et son pasteur.



Bénédiction de notre église, le vendredi 25 mars 1960

La Cité, samedi 26 mars 1960

À Forest, bénédiction d'une chapelle dédiée au saint curé d'Ars

La chapelle du Saint Curé d'Ars, située dans le quartier de l'avenue de Haveskercke et du square Stuart Merril, a été bénie hier soir par Mgr. Schoenmaekers, évêque auxiliaire de Malines, en présence de MM. les chanoines Billiauw et de Locht; de MM. les curés Sirre (St-Denis), De Neyer (St-Augustin) et Callebaut (St-Paul); de M. l'abbé Dewil, secrétaire à l'Archevêché; de M. le chapelain Arnould, titulaire de la nouvelle paroisse, de MM. Wielemans, bourgmestre de Forest, Bartelous, sénateur et échevin, Jacobs, échevin; des conseillers communaux Decock et Merveille.

Les autorités religieuses et civiles se sont rendues en procession du « gardiennat » du Saint Curé d'Ars à la nouvelle chapelle. La haie d'honneur était composée des enfants des patronages St-Jean Berchmans, Ste-Jeanne d'Arc, du Giro St-Paulus et des scouts et louveteaux de la 101e troupe.

Mgr. Schoenmaekers procéda aux bénédictions extérieures et intérieures de la chapelle, ainsi que des fonts baptismaux et de la cloche, dont les parrains sont M. Vandevelde et Mme Millis. La cloche, qui s'appelle « Jean-Marie » (du nom du saint Curé d'Ars), porte l'inscription : « La patience de Dieu vous appelle ».

Après la cérémonie, Mgr. Schoenmaekers a prononcé une allocution au cours de laquelle il a fait apparaître la nécessité de multiplier les lieux du culte dans les grandes agglomérations. Ce besoin a d'ailleurs été confirmé, dit-il, par le grand nombre de fidèles (quelque 2.000) qui ont tenu à assister à cette bénédiction. Il remercia tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cette magnifique chapelle : les donateurs, l'architecte et tous ceux qui y ont consacré de nombreuses journées de travail bénévole.

Les photos se trouvent ici