Shinichi Suzuki

Père de la «méthode langue maternelle», Shinichi Suzuki naît à Nagoya au Japon en 1898. Son père possède une fabrique d’instruments traditionnels, qui sera reconvertie en fabrique de violons. A l’âge de 17 ans il commence l’étude du violon. Afin de se parfaire il décide de partir en Europe, et de 1920 à 1928 il est élève de Karl Klinger à Berlin. A l’époque la présence à Berlin d’un japonais, violoniste de surcroît, fait impression, ce qui lui permet de faire la connaissance de plusieurs personnalités éminentes, entre autre Albert Einstein, qui influenceront le développement de ses idées et leur caractère humaniste. Mais il fait surtout à l’époque une observation très simple : alors que lui-même, adulte et doué de raison, a les pires difficultés à apprendre à parler la langue allemande, les petits enfants Allemands, eux, semblent la maîtriser sans effort apparent.

Il en conclut que les enfants en bas âge ont des capacités d’apprentissage supérieures et que ces capacités sont universelles (autrement dit : tous les enfants sont doués pour apprendre), et il en vient à se demander pourquoi ces capacités étonnantes ne seraient pas applicables pour l’apprentissage d’autres connaissances que celles de la langue maternelle. Il observe que les méthodes généralement utilisées pour enseigner un art difficile tel que la pratique du violon, les mathématiques, ou une langue étrangère, n’ont en général rien à voir avec la « méthode » naturellement utilisée pour transmettre la connaissance de la langue maternelle aux enfants. De retour au Japon, il décide donc de se consacrer au développement de ce qu’il appellera quelquefois la « méthode langue maternelle », en appliquant à l’enseignement du violon des principes dérivés de ses observations concernant l’acquisition naturelle du langage. Le succès de son enseignement fut tel que sa méthode s’est diffusée depuis lors à travers le monde entier.

Les principes fondamentaux de la méthode semblent beaucoup moins révolutionnaires aujourd’hui qu’à l’époque. En effet les recherches scientifiques ont depuis largement confirmé ses thèses sur la psychologie des enfants et d’autres éducateurs ont défini et appliqué des méthodes d’enseignement aux principes similaires. Pourtant on ne voit pas encore ces principes généralement appliqués dans l’enseignement musical, d’où la demande actuelle pour les enseignements « alternatifs », Suzuki ou autre.

Dans le contexte social actuel, ce que nous apporte de plus riche la méthode Suzuki tient sans doute en deux aspects essentiels : elle ouvre les portes du royaume de la musique aux enfants, bien sûr, mais aussi et surtout elle le fait en revalorisant le rôle et la responsabilité des parents dans l’éducation de leurs enfants. La Méthode Suzuki, en fait, remet les parents au cœur du processus d’apprentissage de leurs enfants, place qu’ils ont toujours eu autrefois, mais que la société technologique d’aujourd’hui a tendance à leur enlever.