Permis de détruire des multinationales
& rapports complaisants de Bureau d'Etudes
Permis de détruire des multinationales
& rapports complaisants de Bureau d'Etudes
Mediapart a eu accès à des documents confidentiels qui dévoilent comment les multinationales « blanchissent » leurs grands projets dans les pays du Sud en obtenant des rapports complaisants sur la biodiversité, rédigés par des bureaux d’études à l’instar de BIOTOPE.
[Extrait] : « Les grands bureaux d’études comme Biotope sont connus pour rédiger des rapports sans grande qualité écologique, mais avec une qualité réglementaire telle que l’entreprise sera quasiment sûre d’avoir son projet validé par les autorités et les bailleurs de fonds, réagit Stéphanie Barral, sociologue de l’économie à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), qui conduit une recherche sur le marché de l’évaluation environnementale. En faisant autant appel à Biotope, le but de TotalEnergies est de s’acheter une légitimité verte. » (…)
Un document interne de décembre 2019, consacré aux « retours d’expérience », révèle ainsi que la priorité de Biotope ne semble pas être la protection de la biodiversité, mais la satisfaction de ses clients. (…)
[Extrait] : [Totalenergie] peut en tout cas se féliciter du travail de Biotope : en cas d’incidence sur la biodiversité durant le chantier, le rapport ne mentionne que rarement la suspension des travaux.
Ce n’est pas vraiment un hasard. Biotope, censé travailler en toute indépendance, a en réalité prêté allégeance à TotalEnergies. Dans sa proposition commerciale que s’est procurée Mediapart, le cabinet a promis de « travailler étroitement avec Total ». « À la fin de chaque étape » de l’élaboration du rapport, « l’intégration des commentaires du client et sa validation sont attendues ». Dans la rubrique « Éthique de nos rapports », il n’y a pas un mot sur l’indépendance, seulement une obligation de « confidentialité ». (…)
EPISODE #4 En Guinée, un cabinet et des banques françaises au service de l’écocide minier
[Extrait] Malgré les promesses, des mines financées par des banques françaises (BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole et Natixis.) et une filiale de la Banque mondiale ravagent l’environnement en Guinée. Cette opération d’écoblanchiment a fait la fortune du cabinet français Biotope, qui conseille à la fois le gouvernement et les sociétés minières. (…)
C’est ainsi que le gouvernement guinéen a confié au cabinet français un rôle clé dans le comité chargé d’élaborer la stratégie nationale de compensation des impacts des mines sur la biodiversité. Sauf que Biotope a un gros conflit d’intérêts : il conseille en parallèle le Réseau Environnement Bauxite, un organisme créé par plusieurs sociétés minières censées financer la compensation, dont la CBG et la GAC. (…)
Biotope a pour sa part grandement bénéficié de son activisme auprès du gouvernement guinéen. À partir du printemps 2021, l’activité du cabinet dans le pays a explosé, avec plus de 2 millions d’euros de contrats en deux ans remportés auprès de nouvelles compagnies minières, selon des documents internes. (…)
Sollicité par Mediapart, à plusieurs reprises, par courriel et par téléphone, le Bureau d’Etudes Biotope n’a pas répondu.
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EPISODE #5 Après le Bureau d’étude BIOTOPE, c’est au tour de CREOCEAN d’être épinglé par Mediapart.
Si le cabinet d’audit Créocéan s’affiche comme engagé dans la préservation de la biodiversité marine, des documents internes que s’est procurés Mediapart dévoilent que son pôle international se plie aux desiderata des géants pétrogaziers afin d’écoblanchir leurs projets néfastes pour les océans.
[EXTRAIT] : Certains protocoles d’études marines du bureau d’études ont été en amont validés par les clients eux-mêmes. « Lors des réunions préliminaires, des pressions peuvent survenir lorsque le client tente d’imposer certains protocoles ou [de] supprimer certains objectifs », résume auprès de Mediapart un ancien salarié de Créocéan.
Ainsi, dans un rapport qui a suivi des pêches scientifiques en 2013 afin de déterminer la ressource en poissons sur une zone d’exploration pétrogazière de Shell dans les EAUX GUYANAISES, il y est précisé que « le protocole validé par le comité de pilotage », composé du pétrolier et de l’organisme professionnel local des pêcheurs « a été strictement respecté ».