Premiers Doutes - Chapitre 3

Premiers Doutes - Chapitre 3

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Chapitre 3 : Dreamwar

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Dreamwar

Livret d’antécorrespondance

Histoire humaine :

La découverte de l’hyperespace (en l’an 5327 de l’ancien calendrier) a permis l’expansion massive de la civilisation humaine et son éclatement dans la voie lactée. Depuis cet événement, un nouveau calendrier a été établi : le calendrier d’Apomyr, du nom de l’inventeur du voyage dans l’hyperespace, celui qui permit aux hommes de voyager plus vite que la lumière. (Cf. Apomyr dans le mini lexique placé à la fin du livret.)

… De nombreux systèmes planétaires furent depuis ce jour découverts et colonisés. Une confédération de planètes terra-formées fut créée en l’an 5340 après Jésus Christ soit en l’an 13 Apomyr (noté 13 après v>c ou 13 Ap. (Apomyr) ou 13 Ap. Hy / A.H. (Après Hyperespace)).

Historique de la confédération des planètes terra-formées :

La confédération des planètes terra-formées comprend 42 planètes gaïennes et 22 planètes non gaïennes, exploitées ou non. Ses débuts, vingt-six planètes ou lunes seulement : Gaïa (ou Terre mère mais plus " la terre "), Lune (et non plus " la lune "), Mars, Venus, Io, Sylvae, Roche, Loch (prononcer " lok ")…

… La confédération n’est pas toujours très influente mais elle a permis de faire régner la paix dans la majorité de l’espace colonisé.

De nombreux systèmes et planètes sont indépendants de la confédération, la plupart néanmoins possèdent des relations cordiales avec les confédérés.

… Olga Stue Stevson, la plus remarquée des sages du conseil des confédérés, permit en 40 ans de service, l’adhésion de 34 autres planètes terra-formées, portant ainsi à 64 le nombre des membres de la C.P.T. Téléore et Rix furent les dernières en l’an 40 après v>c à rejoindre la C.P.T.

… Chaque système planétaire est défini par un nom et un numéro. On peut les décrire également par des lettres se rapportant à leur capacité à permettre la vie, l’activité humaine, etc.

… Les coordonnées des systèmes sont données dans l’ancien système, c’est à dire celui dont le centre du repère est le soleil de terre mère. Les auteurs ont préféré cette convention plutôt que d’utiliser le trop récent repère prenant comme centre celui de la voie lactée, tous les spatio-pilotes disposant de la table de conversion (voir extrait en annexe…)

Raphaël sauta quelques pages et jeta un oeil aux annexes. De nombreux tableaux et cartes y figuraient. D’abord désinvolte, il feuilleta rapidement le reste afin de vérifier sa première impression. Comme la première partie du livret qu’il avait survolé rapidement, ces autres pages avaient toutes été éditées selon une qualité photo !

- Si comme je le crois, elles ont toutes une palette de 16 millions de couleurs, il ne faut pas chercher ailleurs la raison à la taille gigantesque de ce document, estima-t-il avec une certaine satisfaction.

La plupart des documents mis en annexe étaient irréprochables sur le plan technique et finalement ce " livret " d’antécorrespondance ressortait plutôt comme un somptueux guide d’accueil dans la galaxie humaine édité en l’an de grâce 2074 après l’hyperespace.

Il avait été réalisé avec une grande minutie et cela enchantait Raphaël. Déjà " accroché " par la forme de celui-ci, il commença à s’identifier à un touriste visitant Thagama.

La suite du livret capta davantage son attention, encore plus richement complétée de cartes, de fiches techniques et de dessins/photos, elle avait l’allure d’une mini-encyclopédie de Thagama.

Module supplémentaire

Thagama, année 2074 après v>c.

Histoire du système thagaméen :

Thagama : planète type N.H.B.L. dans le système Janus du secteur 36 100 600 (coordonnées terriennes).

Cette planète a été découverte voici 309 ans en l’an 1765 après v>c (soit en 7092 après J.C.). Elle est la troisième planète des neuf qui gravitent autour d’Éluar A et d’Éluar B. Cette particularité la fait appartenir au sous groupe " étoile double " des planètes de catégorie " earth like ". (Voir saisons doubles dans le mini lexique.)

Histoire géologique de Thagama :

Histoire la biosphère thagaméenne, espèces animales et végétales thagaméennes et importées actuellement présentes

Historique humain :

Thagama fut découverte, dit on, par Romulsen H. Coogley qui…

… Ce n’est qu’en 1990 après v>c que commença la colonisation intensive de son seul continent ou plus exactement de ses trois plaques continentales : Guendjaal, Jaazlénia et Hypsopus.

Hypsopus et Guendjaal représentent à eux seuls 90 % de la surface des terres émergées et 97% des terres arables.

Jaazlénia, la plaque centrale, est faite de déserts froids ou chauds, de zones calcaires ou volcaniques peu productives en comparaison aux deux grandes plaques qui sont reliées entre elles par Jaazlénia.

Hypsopus, capitale souterraine de la plaque du Sud-Ouest du même nom fut bâtie dans un cratère qui semble avoir été creusé par la chute d’un météorite il y a environ 55 millions d’années.

Guendjaal, capitale de la plaque Est, se trouve agrippée sur les flans du mont Mordorf.

Jaazlénia n’a pas de capitale à proprement parler, il existe des capitales régionales qui tiennent un conseil dans une ville différente à chaque nouvelle réunion. La plus grande agglomération est Jaazlée et comme toutes les villes de Jaazlénia, elle présente la particularité d’être construite autour de grottes naturelles…

… Les thagaméens sont très différents selon qu’ils soient de Jaazlénia, d’Hypsopus ou de Guendjaal.

Les hypsopusiens sont surtout d’excellents mineurs, bien qu’on compte également parmi eux des chimistes, des biophysiciens, des mathématiciens ou encore des roboticiens.

La richesse des sols d’Hypsopus est notoire dans tout le secteur 36 100 600. La riche cité souterraine d’Hypsopus produit de nombreux métaux, des terres rares et des minéraux indispensables aux constructions, armes, robots, machines et engins intra et extra-planétaires.

… Les guendjaaliens sont de très bons agriculteurs et de très bons sylviculteurs, parfois ce sont de bons biologistes ou de bons pharmacognosiens. Leurs sources de profits sont essentiellement végétales et animales. Les guendjaaliens en tirent de nombreuses choses : nourritures, matières premières, drogues, médicaments, papiers, tissus, colorants, etc.

Mais en réalité, le peuple qui compte le plus de savants, de philosophes et de sages est celui de Jaazlénia. Ce fait est récent dans l’histoire thagaméenne. À l’origine, le petit continent de Jaazlénia était très peu peuplé (étant donné ses caractéristiques) mais depuis la guerre froide (voir historique de la crise), les choses ont beaucoup changé.

En Hypsopus et en Guendjaal, on fabrique, on traite, on transforme, on cultive, on extrait, on se bat même ; mais quand on naît jaazlénien, la seule richesse qu’on possède c’est son intelligence. Les connaissances scientifiques viennent donc pour la plupart de Jaazlénia, cette petite plaque continentale, où rien ne pousse vraiment et où rien n’est aussi productif qu’en Hypsopus et Guendjaal.

Parce que les trois plaques étaient fondamentalement différentes sur le plan des sols et des richesses souterraines, se sont ainsi développées au cours des années des différences profondes dans les moeurs et le savoir des trois pays.

(Nota bene : on aurait tort d’expliquer l’intelligence jaazlénienne uniquement par les différences géophysiques de Thagama. Pour mieux comprendre les particularités du peuple du " 3ème continent " voir le chapitre consacré spécifiquement à l’histoire de son peuplement et aux moeurs jaazléniennes qui en découlent.)

Le système Janus comme tous les systèmes d’étoile double présente la particularité d’offrir aux thagaméens deux fois plus de saisons que sur Gaïa. Tournant autour des deux soleils à la fois, la planète se retrouve donc périodiquement entre les deux soleils. Étant donnée la distance qui les sépare, Thagama connaît donc deux longs hivers rudes par cycle. Lorsqu’elle se rapproche d’un Éluar, elle est en été. (Voir les schémas en annexe.)

" Sous les soleils Éluars, il fait bon vivre,… " chantaient les agences pour la colonisation de Thagama pourtant depuis 154 ans les vaisseaux qui se posent sur Thagama n’apportent plus de nouveaux colons. Ce phénomène ne serait pas spécifique à la troisième planète du système solaire Janus mais généralisé à tous les secteurs voisins.

Les pionniers préférant sans doute se rendre sur une planète " agréée C.P.T. "…

Pour de plus amples informations sur la géologie et les différentes productions économiques, se reporter aux cartes en annexes.

Historique de la crise :

Il y a cent cinquante-quatre ans commença une crise économique sans précédent dans le secteur. Ses causes étaient nombreuses et complexes. Thagama fut la planète la plus touchée du secteur.

C’est vers cette époque qu’on observa l’émergence de mouvements nationalistes forts en Hypsopus et Guendjaal. Seuls, ces deux continents étaient touchés par la crise : Jaazlénia, du fait de son ancestrale tradition autonomiste, réchappait jusque-là à la crise interplanétaire du secteur.

Les relations diplomatiques entre les deux grands continents s’aggravèrent progressivement suite à des incidents fâcheux, aujourd’hui oubliés. Les relations hypso-guendjaaliennes s’interrompirent finalement à la suite d’une fausse manoeuvre d’un bâtiment de guerre guendjaalien qui fit accidentellement exploser un important satellite hypsopusien.

De nombreux historiens considèrent cet événement comme le début de la guerre froide entre les deux souverainetés majeures de Thagama.

Cet accident eut une conséquence rare : on accusa des deux côtés la science d’être la fautive du malheur de l’aggravation de la guerre. Le nationalisme déjà exacerbé par la crise bilatérale renversa de part et d’autre les pouvoirs en place. Accusant les scientifiques d’avoir provoqué par leurs inventions la fin de la paix, ils bannirent la science et mirent à mal de très nombreux scientifiques.

Nombre d’entre-eux s’exilèrent ainsi vers le continent central épargné par le conflit, augmentant par là la disparité de répartition de la connaissance scientifique sur Thagama.

D’Hypsopus vinrent des chimistes, des physiciens, des informaticiens, de Guendjaal des médecins, des pharmacologues, des biologistes,…

Jaazlénia devint alors la plus petite des nations du système Janus ayant autant de ressources humaines. La matière grise devint sa grande richesse.

La fuite des savants (et de leur savoir) vers Jaazlénia fut égale de part et d’autre des deux camps. Peu à peu, le patrimoine scientifique des deux " grands " s’appauvrit et le manque de matière grise se fit rapidement ressentir. Les deux grands renâclèrent longtemps avant de reconnaître leur erreur auprès des scientifiques.

Jaazlénia commençait à détenir le monopole du savoir et par là, devenait trop puissante à leurs yeux, aussi s’attira-t-elle la convoitise des deux grands qui comprenaient enfin l’enjeu qu’elle représentait. Sachant que celui qui posséderait Jaazlénia et son savoir serait le maître absolu de Thagama, les deux grands entrèrent alors en guerre sans merci pour la conquête de Jaazlénia. Dans cette nouvelle forme de confrontation, ils luttaient maintenant pour récupérer le maximum de " cerveaux ".

De toutes les guerres connues dans l’histoire humaine, on dit que la guerre qui commençait en était la plus étrange.

Dans leurs attaques, chacun des deux grands essayait de faire le maximum de prisonniers en faisant le minimum de blessés parmi les jaazléniens. Mais leur avance fut rapidement arrêtée de part et d’autre des frontières car chacun des deux grands envoyait des troupes armées aux frontières entre Jaazlénia et leur ennemi.

Les jaazléniens au centre du conflit voyaient les guendjaaliens traverser l’espace au-dessus de leur pays d’Est en Ouest pour aller lutter contre les hypsopusiens à leur frontière Sud-Ouest et inversement.

Très tôt, les jaazléniens tirèrent partie de leur supériorité en matière grise : ils fabriquèrent une barrière énergétique juste derrière la ligne du front à chacune de leurs frontières. Cette barrière permit de mettre un terme aux combats mais laissa de nouveau la place à une guerre froide. Elle avait de plus séparé de leur patrie de nombreux jaazléniens faits prisonniers dans les premiers mois du conflit thagaméen…

Cette barrière est encore en fonction actuellement car la guerre froide n’est toujours pas terminée.

Les guendjaaliens et les hypsopusiens semblent sur le point de pouvoir percer la barrière qui faiblit chaque jour davantage. Ils ont utilisé les prisonniers jaazléniens pour augmenter leur puissance respective. Pour l’instant, on ne sait pas comment ils ont fait pour retourner contre leur pays les prisonniers jaazléniens car la population jaazlénienne est connue partout dans le secteur pour sa loyauté envers son pays…

Les intervenants :

Vous êtes le commandant votre nom , soldat de l’" armée " jaazlénienne et vous êtes originaire des grottes de Far-Djaane. Vous êtes un " gris " (= jeune célibataire). Vos parents…

… Vous êtes actuellement posté avec votre unité de défense au niveau de la frontière Est qui sépare la plaque Jaazlénia de Guendjaal…

… Votre unité de combat n’est pas coupée de la " capitale ", en effet vous venez de recevoir la première lettre de votre marraine de guerre.

Il s’agit de mademoiselle Crystaléa Lowen-Soissanth.

Crystaléa Lowen-Soissanth :

Spécialiste en nutrition parentérale. Elle fait partie du corps de défense de Jaazlénia comme tous les jaazléniens naturellement. Elle est donc rattachée au service de santé du corps de défense de Jaazlée étant donnée sa spécialité…

Avant l’état de guerre total, cette scientifique travaillait comme chercheur aux côtés du professeur Sherell (mort au cours de l’attaque de la B.T.N.). Ses travaux de recherche étaient axés sur la nutrition parentérale des comateux. Tous deux étaient originaires de la communauté de la zone étrange et passaient pour les futurs prix Gdwell avant les événements qui suivirent…

Zone étrange, tiens ? Bon où est cet index ? Ah ! Zone étrange :

Zone étrange :

Zone Nord-Ouest de Jaazlée ainsi appelée parce que stérile et sans ressources pour l’homme. Géologiquement, cette zone est aride et calcaire.

La zone étrange est bien connue pour deux particularités : ses grottes et ses habitants.

    • Les nombreuses grottes de la zone étrange abritent en effet des biotopes uniques pour leur beauté. Malheureusement les végétaux qu’on y trrouve n’ont guère d’autres qualités que leur beauté et peu sont employés dans l’industrie textile, agro-alimentaire ou pharmaceutique.

  • Le peuple de la zone étrange est relativement plus intelligent et plus beau que la moyenne des thagaméens. Cette particularité est assez surprenante pour être soulignée. Néanmoins l’histoire et la société thagaméenne en ont fait des gens pauvres, méprisés et longtemps exploités.

L’origine des " Étranges " remonte avant la guerre des îles Salks, 1938 après v>c (avant la colonisation intensive de Thagama). Longtemps passés pour être une communauté de mutants aux yeux des thagaméens, les " Étranges " descendent en réalité des rescapés de colons, triés eugéniquement et envoyés là pour " colonisation pilote " lors du troisième septennat de l’empereur Oshigoshi le poilu (Empire Carthageen).

Ce peuple conserve une tradition scientifique très poussée, mais vénère néanmoins une sorte de divinité de la vie, mélange de religions et de philosophies terriennes très anciennes.

Ce monothéisme présente une composante rare à signaler : il n’y a pas à proprement parler de culte de cette divinité (au sens entendu dans la plupart des autres religions). Cette " divinité " pourrait en fait être réduite très schématiquement à l’" énergie " de cette " tribu " (à rapprocher plus de l’animisme, la sagesse nippo-chinoise et du credo des écommunistes de Terranova 9).

Notez qu’aux côtés des nombreuses légendes dont les ont affublés les " nouveaux colons " thagaméens, figure celle qui leur prête des pouvoirs de télépathie, de téléphilie et de télékinésie.

De nombreuses tentatives scientifiques ont essayé d’infirmer cette légende mais celle ci semblerait reposer sur une base de vérité (*).

(*) note n’engageant que les auteurs.

Empire :

Raphaël sourit en lisant cette tête de chapitre car il reconnaissait là le leitmotiv qu’il rencontrait trop souvent à son goût dans les scénarii de S.F.. Depuis la fameuse trilogie de La guerre des étoiles et bien qu’elle ne fût pas la première à en décrire, les empires spatiaux pullulaient dans les romans et les univers de jeux de rôles de science fiction.

L’empire s’apparentait à un triumvirat dont l’allure rappelait tout à fait à Raphaël l’aspect noir de l’empire de La guerre des étoiles, avec une touche d’américanisme salement capitaliste. Bref un univers plutôt cyber-punk mais ponctué ça et là d’un peu de paranormal.

L’horloge numérique affichée 1 par 1,80 sur le mur face à lui transforma son 23 : 48 en 23 : 49 alors qu’il aborda un nouveau long chapitre.

Celui-ci rompit la longue monotonie des historiques pour entamer des descriptifs de l’état des lieux scientifiques et techniques de l’univers de Thagama. Après une lecture particulièrement intéressante d’un tableau synchronoptique des inventions et découvertes du 2ème millénaire après Apomyr, Obéron étudia la partie qui concernait les unités physiques en cours.

Année, trécade, décade, période, heure standard, heure Éluar, dixième, centième, " repilage ", " se hanger " (planquer) et autres termes d’argots n’auraient plus de secret pour lui. Un lexique très didactique le familiarisa au Mémolé (de " mots mélés "), un des argots les plus utilisés du 21ème siècle après V<c. Ainsi Humain se disait " Cynober " (no Cyber), petite amie : ptatmie, ordinateur : hunoman, guerre : panox, etc. Une note allait même jusqu’à en indiquer l’origine : une épice locale dont l’un des effets secondaires était la dyslexie !

Raphaël allait refermer le livret lorsque quelque chose attira son attention, la dernière page du livret n’était remplie qu’à moitié par le texte et au milieu de la partie blanche restante figurait une note manuscrite minuscule.

Obéron sortit sa loupe et lut rapidement ce que sa correspondante avait sûrement écrit de sa propre main.

Note

Raphaël referma le livret intrigué, cette longue lecture l’avait épuisé et sa main lâcha le livret au pied de son lit.

Il était minuit vingt et le sommeil ne fut pas long à venir !

*

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