Nous sommes le 28 mars 2006 et je considère mon voyage à travers la Russie et mon retour par l'Ouest éventuellement, commencé depuis mon fameux week-end en Normandie entre février et mars il y a quatre semaines, voire depuis que je fais tout ce qui est à ma portée pour m'instruire et me conditionner sur ce périple, soit plus de un an...
Je rentre de Londres le dimanche 2 avril à 13 heure; déjeune avec mes parents, puis entrevues avec les vieux potes... enfin, lundi 3, rendez-vous chez les médecins, ordonnances, vaccins...Visa... Mardi 4, préparatifs des affaires et de l'Escort RS 2000, plein de nourriture (jambon de Bayonne entier, produits pasteurisés, pain longue conservation voire pains de campagne, conserves, packs d'eau, d'orange, visite à la banque et change..., départ le 5 de Paris : minuit, matin, après-midi ou soir, selon mes humeurs!...
De mon balcon à Courbevoie orienté plein ouest, j'imaginais souvent ma Normandie au loin, au delà d'un square d'Asnières, d'une banque, du clocher vert de Bois-Colombes... ; cela me réchauffait le cœur quand j'étais dans cet isolement citadin, au combien limité et sans investissement de réalisation personnelle libre louable à l'homme fort, que l'on exerce pleinement à la campagne...
En regardant côté sud, j'admirais La Défense dans son architecture largement à la hauteur de New-York, Los-Angeles, peut-être Damas, Tokyo et autres, ne serait-ce que par ses formes, ses couleurs, le positionnement des bâtiments les uns vis-à-vis des autres et somme toute le génie architectural français...
Puis me penchant en regardant vers l'est je contemplais malgré le torticolis Paris, dont le toit de la tour Eiffel, l'Arc de Triomphe, le Sacré Cœur etc. Il m'est arrivé une fois de m'imaginer au delà l'Alsace où je suis allé un Été très jeune en vacances, puis Cologne ou je tentai d'enfin apprendre l'allemand pendant un mois il y a quelques années.
Maintenant, je vais vous dire ce que je vois de Courbevoie dans un torticolis...
Le mercredi 05 avril 2006 :
14H45 : 237740 Km au compteur, 30 depuis Le Neubourg où je me suis approvisionné le matin.
Départ de H. (Haute-Normandie).
Deux ouvriers entrepreneurs seuls présents à la maison me souhaitent le meilleur, intrigués par ce que je leur dis.
15H30 :
Pose pression des pneus ; 2 euro 10 au péage de Mantes.
16H45 :
Aubervillier.
17H45 :
Val de Marne, pose, Marne la Vallée.
Indicateur de température moteur commence à déconner! (17H55)
Je vois une station de pompage de pétrole... (17H57)
237900 KM.
JOUANNE.
20H30 :
Ligne Maginot. (J'eus l'envie de m'arrêter, d'aller à pied arpenter ses vestiges puis me repris en me rappelant mon lointain but..).
21H00 :
Nuit air de repos aux environs de Metz. ( On m'indiqua qu'il n' y aurait pas encore de campings ouverts en cette saison ; premier dépaysement à l'écoute d'un accent alsacien).
06 avril 2006 :
08H00 :
Départ.
10H00 :
Sieste à Strasbourg. (Je me souviens de cette zone industrielle, il faisait chaud, des jeunes m'ont observé un long moment).
14H00 :
Départ. Montagne, neige.
17H00 :
Stuttgart.
07 avril 2006 :
04H00 :
Berlin. (Je pris la direction de Francfort hâtivement pour ne pas prendre je ne sais quel risque en m'attardant à entrer en ville pour voir l'emplacement du mur qui me tenait à cœur et je regrette.)
Regret de ne pas avoir fait le détour par Karl Marx Stadt également.
08H00 :
Départ. Directions Francfort, Ad Ada (N°58); POLOGNE (Poznan, Warsawa, Bialystok, Ostro Mazowevki...(19)...Augusta, Suwalki; LITUANIE (Kapsukas, A226, Kaunas); LETTONIE (Daugavpits..).
Marqué par la longueur des autoroutes toutes droites et bordées de sapins en Allemagne de l'est. J'ai vu la Lune coupée comme un gâteau deux soirs de suite!
10H00 :
POLOGNE.
Me voilà en Pologne. Je cherche une carte postale et un timbre pour envoyer mes impressions et faire rire Monika (la bar-lady polonaise du Château Napoléon, banlieue sud de Londres).
D'abord j'ai été intéressé par l'est de la France que je connais très mal; ces petits villages alsaciens si chauds et doux... puis l'Allemagne, riche, libre, parfaitement bien aménagée et dont l'Angleterre aurait beaucoup à apprendre...! Puis l'Allemagne de l'est qui m'émut subjectivement... Les gens souriants, agréables, accueillants.
Et maintenant la Pologne; libre et jolie, qui me fait penser au Portugal : des terrasses de cafés tout le long de la route, des boîtes de nuit, des maisons et des bâtiments très beaux; des ouvriers, des enfants, des mères de famille à la bouille rude et gentille... Des petits immeubles colorés, des hôtels en forme de château; une circulation routière complice et de bon sens, sans règles inutiles (...)
Le temps agréable, ensoleillé. La radio me motive de chansons si belles dans ce polonais qui est fait pour être chanté...
La vie semble quatre fois moins chère ici.
Avais-je vraiment besoin de faire 300 euros de courses avant de quitter la Normandie?
Pas encore vu d'ours mais des forêts de pins depuis avant Berlin ; route toute droite et maintenant marquée par les poids lourds et à l'instant lisse et serpentée.
Une seule chose m'attriste, c'est de voir tous ces merveilleux commerces qui attendent depuis 1989?... les touristes... Qu'est-ce que vous attendez?!
18H45 :
Je quitte Varsovie et j'en pleure de regrets. C'est Casablanca avec moins de pollution! Je suis littéralement amoureux de la Pologne!
08 avril 2006 :
07H30 :
Départ de la banlieue de Varsovie. J'avais dormi sur un parking d'hôtel! (Pas bien!)
09H35 :
Pris une belle fille en stop pour 5/10 Km seulement.
Directions : Biavistok / Augustow.
12H20 :
Je sors de Suwalki. Pose déjeuner. Envoyé texto à maman R.A.S.
13H45 :
LITUANIE.
14H25 :
Premières gouttes de pluie du voyage.
15H00 :
Je quitte Kaunas.
16H50 :
Première route sans bitume.
(Je m'étais égaré tout l'après-midi dans les terres; j'eus un coup de foudre apparemment réciproque sans suite avec une fille au bout de la route sans bitume...).
17H00 :
Ici, en Lituanie, me perdant dans la campagne je vois des petits corps de ferme comme des décors de théâtre. Il y a une odeur de cheval, de pluie, de terre. Des jeunes filles ravissantes, des champs brulés à perte de vue. Des gens qui font du stop partout. Ils ont l'air sévères ; ne semblent pas avoir beaucoup de temps pour l'humour ou la rêverie.
J'ai vu un champ de rouleaux de foin abandonnés depuis l'an dernier. Des symboles religieux comme en Pologne mais différents. Les Églises sont charmantes mais moins impressionnantes qu'en Pologne. Des sépultures représentant le travail telles des totems.
Avec la luminosité du temps pluvieux, je passe dans des vallées paradisiaques qui m'offrent un panel énorme de couleurs, aux arbres dont des bouleaux, à la verdure, aux étangs, collines et même la route.
Le soleil se couche tôt mais il continu de faire jour.
18H00 :
Un français fait sa loi sur la route dans sa classe E du 82...
Je comprends en voyant ce français (d'origine lituanienne) que la pire des races sont les rapatriés pleins-aux-as!
18H45 :
Le soleil est couché depuis deux heures et il fait grand jour!
J'ai été voir les militaires d'une caserne qui n'ont pas su m'indiquer la route qui était pourtant très simple!
21H45 :
LETTONIE.
Un camionneur m'a fortement aidé.
09 avril 2006 :
04H00 :
Le soleil se lève! Je suis à Daugavpits; emmitouflé dans la bagnole comme toutes les nuits dans une station service ; les véhicules défilent pour acheter des produits.
Moi entre demie-heure de sommeil et heure de réveil glacé, je pense à ma thérapie; donc à mon enfance; parcourue de changement de nourrisse et de vie de famille mouvementée... Je cherche inexorablement l'erreur. L'erreur qui fait que j'en suis là! Que je me sens si mal.
Ou peut-être que c'est d'avoir entendu la vie de Tony, rencontré à sept ans, qui débarquait de Paris, déjà en retard en CE1, et que j'ai voulu m'inventer moi aussi des problèmes.
Ce qui est dingue, c'est que je me souviens parfaitement avoir rêvé consciemment de lui la veille de son arrivée à l'école... J'étais dans mon lit, je ne dormais pas, un de ces fameux soirs où je ressentais la révolte, l'injustice, l'enfer et que j'espérais un copain fort et sûr (je l'imaginais même avec un blouson noir..) et le lendemain à l'école, je vis un grand type plus vieux que nous, brun, sec et beau, la démarche nonchalante et drôle dans toute son attitude débarquer avec un blouson en cuir. Il était accompagné par une mère mannequin en voiture rouge et d'un père poursuivit de temps à autre par un beau-père avec des fusils à pompe à travers les bois des alentours...
C'était la délivrance; moi qui aimais les filles, c'était lui dont j'avais alors besoin.
Bien-sûr je ne crois pas aux miracles, aux vœux, mais comment ne pas se sentir un petit peu responsable de ce qu'il est devenu, d'où il est... En prison..!
Il me racontait tantôt 'les chances' de sa famille qu'il croyait riche; père architecte qui changeait de voiture comme de chemise; une mère artiste-peintre, un demi-frère et une demi-sœur déjà pleins d'expérience et de leur père éloigné de ces derniers... Puis d'un beau-père au milieu de tout ça complètement fou, dangereux, sympa et fort comme un roque.
Dès l'arrivée de Tony, je ne me suis plus jamais senti une victime, mais un homme. Il était partagé entre moi et un autre petit blondinet (que je trouvais très attirant par ailleurs, aussi beau qu'une fille); puis il partit en fin de CM1, après trois ans d'amitié et d'aventure mémorable à travers notre campagne et nos villages : cabanes, arcs et flèches (que Tony appelait couteaux), voir arbalètes, pêche, vélo, forêt, jeux, bagarres, boums...
Je dois m'arrêter là, il fait trop froid pour écrire et j'ai faim.
05H40 :
Départ de Daugavpits.
Directions : Velikije Luky (Russia); A 116 Rézekne; RUSSIAN (209), Sebez, Pustoska, Velikije Luki, Zapadrajadvina, Nelidovo, Riev puis ou TVER et Kalinin ou Zubcov et Sycovka, V'az'ma, Kaluga.
06H30 :
Pris un jeune aux cheveux longs (environ 20 ans), bon anglais, très cool, pour dix kilomètres. Il dit que les gens seront plus amicaux en Russie mais les routes pires.
Erreur de parcours! Je dois revenir 45 Km en arrière vers Daugavpits et prendre Rezekne.
Premier chat vu à Kraslava. Nombreux nids de poule sur la route.
Il faudrait essayer de changer le roulement arrière à Moscou.
Finalement je coupe au Nord pour rejoindre Rezekne.
07H00 :
Je vois des jeunes qui pêchent au milieu d'étangs gelés par un trou tels des esquimaux dans les dessins animés!
08H00 :
Je suis vraiment sur la route de la Russie maintenant. Hier soir, là où les camionneurs m'ont expliqué la route dans une station perdue, le bar ressemblait à la fois à un cofee-shop hollandais et une réception d'hôtel américain avec des 'donnuts', les mêmes que là-bas et à tel point que je me suis demandé un instant s'ils ne vendaient pas du shit et de l'herbe!
Puis j'ai suivi le camionneur (qui me proposait) jusqu'à la frontière lettonienne; puis j'ai suivi le schéma qu'ils m'avaient dessiné...
09H00 :
Pris un gamin en stop pour une quinzaine de kilomètres.
09H25 :
Contrôle de police pas content des 5 euro dans le passeport (me disent de les retirer avant qu'ils ne le contrôlent), ils disent de mettre les phares et ça repart.
10H45 :
Je suis à la frontière russe depuis trois-quart d'heure; j'ai dépassé une file de poids lourds en attente de quinze kilomètres cul-à-culs!
J'ai donc eu le temps de faire du rangement...!
J'espère que.. et puis non, il ne faut rien espérer, j'entre en Russie voilà tout! J'ai parcouru plus de 3000 Km, je n'ai pas vraiment calculé.
La voiture est OK, sauf pour les roulements que j'entends mais impossible de déterminer lesquels exactement ; je crois que c'est l'arrière gauche ou l'avant droit! Il faudrait voir ça à Moscou. Il y a plus de 600 Km. J'hésitais à passer au nord ou au sud; finalement je vais pénétrer la ville...!
Ce qui est sûr c'est qu'ils semblent vouloir faire chier le monde vu le temps et la file incroyable!
Je ne laisse pas d'argent dans le passeport cette fois, ça pourrait être pire!
Je n'ai pris que trois ou quatre douches, soit tous les jours sauf depuis avant-hier et c'était sans savon ni shampoing!
11H45 :
Je ne suis plus qu'à 100 mètres à tout casser du barrage de frontière.
Phénomène étrange : les voyants d'indicateurs dans le bas de mon compteur qui ne marchaient plus depuis des années viennent de se remettre en marche comme neufs au moment de redémarrer pour avancer!
11H55 :
En attendant toujours à la frontière (plus que 75 mètres environ) ; j'ai tracé la route que j'ai faite et celle que je compte plus ou moins prendre...
C'est déjà formidable ce que j'ai fait! 3000 Km, presque! Mais il faut admettre que c'est seulement maintenant que le vrai voyage commence. Quand je pense à ces camionneurs qui attendent probablement plusieurs jours... Parfois quelques uns doublent la file et passent prioritaires, surtout certaines voitures. Ça me fait penser que j'ai un visa d'affaires moi et que j'aurais peut-être du faire pareil! D'ailleurs comme tout n'est que rapport de force ici, avec de l'effronterie et une attitude sûre et confiante, je passerais sûrement plus facilement. Mais ma culture de français réfléchi m'incite à ne pas prendre de risque. Ce qui est sûr, c'est que j'ai besoin d'une douche, voire d'un hôtel, ou camping...
En tout cas c'est sérieux la Russie; quand on voit cette file de véhicules, et probablement qu'elle a doublé maintenant; ça n'est pas descriptible. Imaginez la distance de Versailles à Paris de camions, parfois en double file sur des centaines de mètres qui attendent collés et avancent de trois camions par demie-heure! On se demande comment c'est possible mais c'est vrai. En voyant cela, attendre une demie-journée pour une voiture, c'est de la rigolade. Que dis-je, il est 12H07 et ça n'est pas fini pour moi.
12H12 :
Si tout se passe bien j'ai fait environ le cinquième du plus facile de ce périple, sans compter l'éventuel retour par le Japon et les U.S.A....!
Je me rends compte qu'il aurait fallu couper par la Belgique et passer par Cologne au moins...!
C'est stressant de se savoir si proche d'un lieu de contrôle (voire d'emmerdements). Heureusement que je ne fume pas!
Je repense à ce que j'ai écrit à l'aube; faut-il que je continue ce récit? Me fait-il du bien ou non? On dit qu'il ne faut pas se prendre la tête, remuer le passé etc mais aussi qu'une thérapie est nécessaire pour un malade alors... Et puis de toute façon, je le ressens, je le vis, il faut l'extraire, y remédier, me soigner, non?
Je n'en vois aucun qui pisse le long de cette queue! Quelle retenue! Moi j'ai pissé trois gouttes malgré mon envie à cause de tant de regards, c'est pas si facile!
14H30 :
J'ai passé trois contrôle, je crois qu'il en reste un. Ils ont abimé mon passeport. J'espère que ce sera un rayon X et non le déballage de tout. C'est infernal.
Les nanas ont rigolé en regardant mes papiers; surtout la plus mignonne... Elle riait, riait tout en me faisant chier.
Il semble que ça se termine. Il reste encore un poste...
17H55 :
Quitté le poste de frontière à 16H30! Emmerdements pas possibles à cause de l'assurance auto...
Arrivé au dernier contrôle, dernière barrière, le type me dit : "Non, vous n'avez pas déclaré votre voiture, vous devez repasser la déclaration de douane..." En me montrant la route inverse qui faisait ressortir de la Russie! Là j'ai bien failli commettre l'erreur de faire re-tamponner mon visa, ce qui m'aurait définitivement interdit le demi-tour à nouveau vers la Russie puisque c'était un Visa à une seule entrée... J'étais désespéré quelques secondes entre l'entrée et la sortie de la Russie (pour le coup dans une vraie transition!) et j'aperçois un homme qui semblait important sur une passerelle et qui m'observait; alors je le fixe comme pour dire "venez-faire quelque chose!" et il descend. Au premier abord énervé il me dit : "Pourquoi n'avez-vous pas déclaré votre voiture?". Moi embêté je réponds sans me rendre compte que je mentais que si, que j'avais passé suffisamment de temps comme ça dans ce lieu pour qu'ils eussent fait ce qu'ils avaient à faire etc. Puis se joint une jeune douanière parfaitement bilingue et pour qui j'eus un coup de foudre violent, déstabilisateur, qui resta aimable (c'est le mot digne d'un poème) jusqu'au bout et commença par calmer la situation qui s'envenimait parce que moi je comprenais qu'ils me cherchaient des poux dans la têtes ; j'ai même commencé à évoquer le consul, le prix de mon visa, le fait que je vienne dépenser mes salaires britanniques dans leur pays, puis à déballer doucement tout mon fourbi en cherchant les noms spécifiques dans le dictionnaire de chaque objet pour les noter dans leur formulaire de déclaration; somme toute je jouais au plus con! Jusqu'à ce qu'ils se lassent là où je commençais à m'amuser et qu'ils m'indiquent qu'il me fallait simplement prendre une assurance ici même pour la voiture (...)
Ils ne pouvaient me fournir qu'un mois d'assurance mais me donnèrent l'adresse à Moscou pour la prolonger.
Moi j'écrivis mon numéro de téléphone et mon nom sur un petit papier devant la douanière mais n'ai pas réussi à le lui tendre!
10 avril 2006 :
11H52 :
Je me suis arrêté à Velijke-Luki entre 20H30 et minuit pour chercher un garage pour mon roulement suite aux indications fournies par un pompiste à l'entrée de la Russie.
Je me souviens lui avoir tendu 10 roubles qu'il a pris d'un air abusé, je ne me rendais pas compte que ça n'était même pas le prix d'une bouteille d'eau et ça n'a été d'ailleurs que le début d'une confusion absurde de ma part jusqu'au dernier jour de mon passage sur ce territoire!
Quatre jeunes types m'ont accueilli, offert une cigarette et proposé de passer la nuit sur le parking de la station car en fait le garage semblait fermé définitivement. Mais je n'étais pas rassuré et je leur ai dit après le café à 30 roubles que je me sentais d'attaque pour Moscou!
Ils ont fait ma pression des pneus et je suis parti. Après qu'ils m'aient mis en garde sur la distance de 600 Km qui me séparait de Moscou...
Sur la route, je m'endormais au volant et roulais à 70 Km/h, quand je fut secoué violemment et presque retourné par l'état de la route...
J'eus beau voir que des véhicules arrivant en face roulaient au pas, avec la fatigue je n'ai pas réagi et risqué le pire; il y avait des trous énormes; le bas de caisse a claqué sur des butes de goudron, toute l'armature de la voiture et ses articulations ont subi un choc terrible en même temps que moi qui étais par contre réveillé et énervé de colère en retour.
...Ce qui a éclaté la pompe de direction et vrillé la caisse (...)
Là je suis à 400 Km à l'Ouest de Moscou dans le premier hôtel de ce voyage; c'est un hôtel routier à 300 roubles la nuit et 50 pour la voiture. Je repars.
14H10 :
Le garagiste là où j'ai dormi (Il y a des garagistes plus ou moins bien équipés partout.) n'a rien fait pour la voiture à part regarder et m'a taxé de 150 roubles!
Il a d'abord eu besoin de boire une petite bouteille de Vodka; il m'a montré sous la fosse ce qui était cassé puis m'a dit qu'il partait pour trois-quarts d'heure. Moi je croyais qu'il allait chercher un poste à souder alors j'ai attendu en appelant à la maison, en commandant un café qu'on ne m'a pas servi et quand il est revenu, m'a dit de sortir la voiture et de le payer... En fait comme il avait vu que j'avais des outils, il m'a simplement loué sa fosse pour que je fasse le nécessaire; et moi j'ai appelé ça de la psychologie de véhicule!
Je suis à 350 Km de Moscou.
22H00 :
Je suis à Moscou depuis 4 ou 5 heures sans trouver d'hôtels (ou un palace que je refuse) ni le garage FORD.
11 avril 2006 :
07H55 :
Je me réveille au pied d'un palace encore en vie..! Je cherche le garage FORD!
Les types du garage étaient en admiration devant la RS 2000 et mon parcours; ils m'ont fait de la psychologie de véhicule, en me vendant deux bidons d'huile de direction à 25 dollars chaque et m'ont encouragé à continuer comme ça!!
18H00 :
Passé deux heures avec Mieta entre Vladimir et une ville plus au nord (Ivanovo) où elle voulait que je la dépose.
J'ai bien des souvenirs de ce passage mais concerne t-il la littérature ? Quoique la poésie posthume de ce lundi 11 avril 2006 qui plana entre Vladimir et Ivanovo et dont un policier amusé et des camionneurs de chantier non moins dupes furent témoins était faite de complicité innocente que ni les barrages de langues, ni la loi, ni l'inconfort de la plaine boueuse, les histoires de sous et de boussoles ne pouvaient empêcher (...)
Mercredi 12 avril 2006 :
13H30 :
Je suis à Kazan.
13H55 :
Rectification : je suis encore à 370 Km à l'Ouest de Kazan!
15H50 :
Amande de 300 roubles pour dépassement non autorisé!
18H05 :
160 Km à l'Ouest de Kazan. Perdu et re-fixé pot d'échappement qui avait commencé à se décrocher à Moscou.
14 avril 2006 :
Je me suis réveillé le 13 au matin à 100 Km à l'est de Kazan vers Oufa et j'ai commencé à préparer un sac de tout ce que j'avais de plus précieux... puis j'ai repris la route de Kazan à 30 Km/h ; j'ai expliqué à un contrôle de police que la voiture était foutue et que je me rendais à l'aéroport pour rentrer à Paris! J'étais écroulé de chagrin... Mais arrivé à Kazan (donc à nouveau!), alors que je cherchais tout d'abord un garage où me débarrasser de la Ford, je sens tout à coup la voiture redemander à rouler; je la pousse alors façon "plus rien à perdre", je monte dans les tours, je fais hurler le moteur qui ronronnait agréablement et alors que je venais d'informer mes parents que j'abandonnais, je prends le téléphone et leur dis : "La voiture avait seulement bouffé son roulement... "
(Je passe au dessus d'une mer de glace; sur une digue!)
... Je stoppe alors devant le panneau qui indiquait l'aéroport à 5 Km à droite et ORENBURG tout droit... Je démonte la roue en question dont la rotule, le disque etc. C'était bouillant et sur le point de s'enflammer. Je constate qu'effectivement seul un roulement à bille est à remplacer.
J'abandonne l'auto après plusieurs précautions, une roue démontée et je pars en ville en autocar...
Là en cherchant un garage Ford je tombe sur Igor, informaticien à son compte...
15H10 :
Départ de Kazan. Direction Orenburg. Voiture réparée : 1500 roubles + 100 au mécano, payé la pièce 650 et laissé 20 euro à mon ami pour son accueil et son aide.
16 avril 2006 :
13 ou 14 heures!
... Igor m'aidera pendant une heure à chercher le roulement avec un entrain et une perspicacité phénoménale; puis il me retrouve une première fois à la sortie de la ville pour m'offrir un dictionnaire franco-russe! Puis revint en voiture avec sa bande dont sa fiancée qu'il était fier de me présenter là où j'étais garé (près de l'aéroport), pour m'inviter chez lui...
Je repars le lendemain midi propre, repu et heureux que mon voyage puisse continuer.
Le soir je me prends encore une amende pour dépassement : 500 roubles!
Puis pendant deux jours, routine, dont Oufa, changement d'argent, contrôles de police, nuits dans la voiture dont l'avant dernière fût exceptionnellement chaude... Là j'arrive à Ekaterinbourg; je me bats avec mes fusibles et mon petit compresseur (qui les fait sauter!)...
Maman vient de m'appeler; il y a papa en mer pour dix jours avec un pote à lui et mon tonton et ma tata du Maroc avec elle à la maison. Ils sont tous impressionnés par ce que je fais. Je commence l'Oural depuis hier (magnifique bien sûr). Je regrette de ne pas avoir le temps de prendre des photos ; de ne pas avoir écrit de carte postale de Pologne à ma polonaise bar-lady du Château Napoléon à Croydon, Londres... Il faut pourtant que j'en poste une là-bas, pour leur prouver que je réussi là où Napoléon a battu en retraite!
14H25 ou 15H25 :
Troisième P.V., 300 roubles... NAROUILLE!
17 avril 2006 :
10H45 :
Quatre heures de décalage avec Paris...
Donné 200 roubles à un patron et ses ouvriers pour me sortir du bas-côté où j'étais embourbé pour dormir (tout ça pour économiser 50 roubles de parking!).
La nuit en roulant, je vois des hérissons, des salamandres, le jour, des gros chiens écrasés!
Je vois beaucoup d'ouvriers qui refont ou entretiennent les routes.
14H25 :
Quatrième P.V. : radar, 150 roubles.
17H25 :
Je sors de Omsk! Cartouche de CAMELS à 230 roubles!
18 avril 2006 :
14H00 :
Amende radar 500 Roubles. J'ai appelé une dame du Consul pendant l’interaction pour qu'elle m'aide...
Il fallait alors montrer que j'avais des relations et dire le mot magique "amende" en russe pour continuer (...)
40 kilomètres avant Novosibirsk.
Écureuils roux, chevaux alezans, vaches beiges... (sans clôtures!).
Je cherche un filtre à huile et de l'aide pour retirer le bouchon de vidange...
Je pense beaucoup, doute de la littérature au profit de la science et de la politique (...!)
Appréhende la Sibérie. Excellente santé.
17H20 :
Vidange, filtre-à-huile faits (500 R pour filtre, 150 pour le garage, 100 de pourboire); 245930 au compteur.
20H00 :
Je quitte Novossibirsk avec l'aide d'un gars que j'ai suivi pour traverser la ville et à qui j'ai donné deux paquets de CAMELS; Je roule à 30 Km/h depuis plus d'une heure car j'ai de l'eau plein le carburateur ou la ligne d'échappement, car le pot d'échappement est "passager" dans la voiture pour ne pas avoir à courir sur la route pour le récupérer et le re-fixer deux fois par jour! Et que je suis passé en ville dans des marres d'eau...!
Mercredi 19 avril 2006 :
21H00 :
Je quitte l'hôtel (de jour) où j'étais arrivé à 09 h ce matin écroulé... Plus que 100 Km de Krasnoïarsk.
21H30 :
NEIGE...
23H30 :
Krasnoïarsk.
20 avril 2006 :
00H30 :
Je quitte Krasnoïarsk.
02H00 :
Je quitte la banlieue de Krasnoïarsk!
05H20 :
Le jour se lève sur la Sibérie...
05H45 :
Je passe Bratsk et prends la direction d'Irkutsk, Sud-Est DORÉNAVANT JUSQU’À VLADIVOSTOK...!
14H00 :
Mon téléphone indique le réseau : "Far-East-Russia"!!!
14H50 :
On me dit : "Pas d'essence" dans une station en marbre.
21 avril 2006 :
09H00 :
J'ai dormi dans un hôtel où le monsieur était tartare. Il n'y avait pas de douche.
Ce passage a été le seul où j'ai vraiment eu peur. J'ai bien cru être tombé dans "l'auberge rouge"!
C'était une aire de repos avec station, café-restaurant et ...hôtel ; On m'avait indiqué 5 kilomètres avant qu'il y aurait un hôtel à 30 Km; pourtant je m'arrête afin de vérifier si je n'avais pas mal compris la distance... L'endroit était comme abandonné ou plutôt fréquenté que par des habitués très liés et... si différents de vous et moi (...) De la musique disco dépassée de quinze ou vingt ans s'échappait du troisième bâtiment devant lequel je m'étais garé. J'aperçois des gens qui dansent par les carreaux, ils étaient trois. Je m'approche de l'entrée, la porte s'ouvre, un homme sort précipitamment en me fixant. J'entre, j'avais roulé une nuit et un jour. Une belle jeune femme à l'air sournois me considère pendant que les trois autres continuent de fêter visiblement un évènement en s'arrêtant de danser de temps à autres pour manger. Le bar-réception est quasi vide de quoi que ce soit. Elle sort un cahier et un crayon. Elle fait tout pour que de toute façon je reste avec eux. L'argent n'est pas la question. Elle me dit de la suivre derrière le bâtiment, nous montons un escalier si raide, si haut pour entrer dans un couloir large et sombre. Elle ouvre la première porte.
Il y avait deux grands lits dont l'un sous la fenêtre condamnée était somme toute fait et faisait face à l'entrée. Des tuyaux longeaient les murs, le parquet très poussiéreux, une commode et un bureau cassés. Je dis que ça ira. Elle dit que je peux m'enfermer en m'expliquant le fonctionnement du verrou mais ne me donne aucune clé... Nous redescendons, il y a son mari qui arrive. Il semble très gentil. Ils me font un café. Un garçon de treize ans peut-être apparait de la cour où il semble très actif. Il parait tout de même trop âgé pour être l'enfant de ce jeune couple. Le monsieur se met à cuisiner des tas de pâtisseries, de viandes et là je ne comprends pas si je suis invité ou convié à payer mon repas, la nourriture qui semble bonne ne me rassure pas pour autant. Je dis que j'ai suffisamment de nourriture dans ma voiture pour me débrouiller (erreur de savoir-vivre en Russie); la femme se promène avec un couteau pointé vers l'avant entre le bar et la cuisine où nous étions. De l'autre côté, les trois personnes continuaient de faire du bruit mais avec des concertations calmes. La femme me demande si je ne suis pas anglais... Le mari si je ne suis pas américain... Une discussion problématique éclate entre eux à mon sujet. Le café à un drôle de goût... J'explique que je veux ranger l'intérieur de ma voiture qu'ils m'ont fait rentrer dans la cour et cacher derrière le bâtiment ; le gosse à bloqué le haut portail en bois avec un tasseau. Je commence à avoir des vertiges. Une nuit et un jour de route, le dépaysement, les décalages horaires qui s'accentuent... ou ce drôle de café? J'entreprends de ranger un bazar de plusieurs jours calmement et déterminé à m'en sentir plus fort, plus confiant... Je sens une présence derrière moi. Je me retourne, c'est le gamin. Curieux? Méfiant de ce que je peux être? Une odeur épouvantable sort de la chaudière. Je vois un tas de bois énorme. Bon-sang, avec une telle réserve de bois, ils brulent pourtant du mazout... à moins que ce soit des objets. Du plastique. Pendant cette bonne heure où je clarifiais mes affaires tout en me sentant mal au moins cinq fois un individu est passé dans mon dos. Il y eu la femme, le jeune garçon et l'homme. Je sens carrément une odeur de... de crémation. Bon, on se calme, je n'ai rien d'important dans la chambre, je peux monter tout de suite dans la voiture après avoir ouvert le portail et filer. Mais je ne suis même pas en état de conduire dix kilomètres. J'ai une idée. Je leur dis que je vais téléphoner. Je sors par devant et me dirige vers le bar-restaurant. C'est comme dans un film d'horreur, le plancher qui grince, un coup de vent bref qui fait tinter la pancarte. J'ouvre la porte. Une fille, la tête penchée en arrière, le nez en sang se redresse. J'ai vu souvent des gens saigner du nez en Russie. Je lui dis que je veux téléphoner. Elle me dit d'une voix rauque que c'est à la station. Je ressors; j'avance vers la station. Je sens une agitation à l'intérieur du bureau dans lequel on ne peut pas souvent entrer par ici. Je parle par interphone à une personne que je ne peux pas voir ni identifier de timbre de voix. Mais il ou elle semble catégorique qu'on n'appelle pas de ces lieux. Esseulé, je plonge la main dans ma poche et en tire mon téléphone portable; et par je ne sais quel miracle je vois : Far-East-Russia avec ces petites barres de couleurs qui vous indiquent que vous n'êtes plus seul. J'appelle à la maison, ça ne marche pas. J'appelle au bureau de mon père et comme il me reviens au même instant qu'il est parti en mer, je suis sur le point de renoncer mais une voix répond; celle d'une dame du standard-répondeur qui gère quelques entreprises; quel réconfort, le contact de la France, d'un organisme "sérieux", dans un endroit où l'on peut m'épauler!(...); je lui explique que je ne suis pas rassuré par l'endroit où je me trouve et que je préfère donner ma position en France; j'indique les distances qui me séparent de la ville d'avant et de celle d'après; elle dit qu'elle transmettra.
En revenant dans le hall du troisième bâtiment, je montre bien que j'ai un téléphone dans la main, donc que je viens de donner ma position... Je pars me coucher. Je monte l'escalier de bois, redescends chercher de l'eau dans la voiture; j'aperçois que je suis garé sur une ouverture bouchée de cave; à nouveau, présence qui passe dans mon dos, c'est la femme mais je ne la vois pas. Je remonte. J'ai oublié de prendre un bout de pain et du fromage. Je redescends. Le jeune sort. On se fait peur. Il me surveille. Je remonte. J'avais une longue écharpe à capuche. Je ferme la porte. Je noue un bout de l'écharpe fermement à la poignée de la porte et je fais un nœud à l'autre bout de façon à glisser l'écharpe sous un montant du bureau, bloquée par le nœud; ce qui sécurise parfaitement le lieu. Je pose les clés de voiture sur la serrure et déplace le radiateur électrique qui n'avait aucune utilité en le soulevant sans faire de bruit devant la porte pour faire un obstacle supplémentaire.
Je décide de prendre le lit qui est prêt de la porte, donc je défais les sortes de couvertures de l'autre lit qui était sous la fenêtre et en face de la porte pour m'installer dans le lit à droite en entrant. J'entends du bruit dehors; On frappe dans quelque chose. Je regarde par la fenêtre qui donnait pile poil sur ma voiture. Rien. Au bout de plusieurs fois comme ça, je comprends que c'est le jeune qui coupe du bois. J'ai un très mauvais goût dans la bouche. Je retire mes chaussures mais je garde mes vêtements. Je commence à m'allonger. J'entends au moins un homme qui arrive en bas en plus. Je comprends que le mari tartare n'a pas fini de cuisiner. Il tape pour pétrir de la pâte. La tuyauterie fait un boucan d'enfer. J'entends des rires d'ivrognes. Ils sont visiblement tous complètement ivres la dessous. A partir de là je prends sur moi; je me dis que je me réveillerai en voyant les choses autrement et regretterai sûrement même d'avoir pu douter de ces braves gens. Je m'allonge et me détends. Quelqu'un monte l'escalier. La personne entre dans le couloir. Passe devant ma porte. J'entends une porte voisine qui s'ouvre et se referme. Quelqu'un vient de se coucher. Je m'endors.
La porte de ma chambre est sollicitée. Mon installation résiste. J'allume la lumière. J'enfile mes chaussure et serre les lacets. Il est 4h du matin. Je suis prêt à me battre. Je ne dis pas un mot mais ne cache pas le bruit de mes mouvements. Enfin j'entends la voix de la jeune femme qui apparemment tente de calmer son mari qui... peut-être par alcoolisme se mettait à douter de ce que j'étais et voulait me flanquer dehors? Ou juste m'impressionner? Je les entends qui vont se coucher. Là, j'ai quand même considéré que ma vie dépendait d'eux et de leur état. Car même dans le pire scénario, je ne pouvais que casser la fenêtre et sauter sur le toit de ma voiture; mais là il aurait encore fallu ouvrir le portail que je ne connaissait pas, s'installer dans la voiture, démarrer, quitter l'endroit du premier coup sans s'accrocher à quoi que ce soit autour ou tomber dans un trou, être pourchassé... J'avais aussi remarqué que le haut du bureau se disloquait et pouvait constituer une arme assez percutante en ses coins (...!) Donc ma vie dépendait pour le reste de la nuit d'inconnus accueillants, bizarres, alcooliques, fêtards, voire malveillants... Je retire mes chaussures et me rendors. A six heures du matin, je les entends qui se lèvent et s'activent à nouveau en bas. Moi, dans ce genre de fin de nuit, je n'ai que du courage pour dormir encore et je pense alors que s'il avait du se passer quelque chose ça se serait déjà passé. J'ouvre un œil vers 07H30, je prends mes affaires, je descends. Le jeune garçon est en train de couper du bois. J'entre dans le rez-de-chaussée, la jeune femme est là, souriante, seule avec une femme qui dansait la veille. Elle me propose un café que je refuse. Je dis au revoir et merci. Je ressors. Le portail est toujours fermé. Comme le jeune semble très concentré avec son bois, j'entreprends d'ouvrir moi même le portail et là je vois qu'il m'aurait fallu au moins cinq bonnes minutes pour le faire (...) Le jeune accourt, soulève le tasseau comme s'il s'agissait d'une brindille et ouvre les portes de la sortie de mon cauchemar d'aventurier fragile et peureux quoique, je voudrais vous y voir, tiens...
Problème : J'ai mis avant hier de l'octane 98 et c'est peut-être ici du SUPER, donc j'ai bouffé le catalyseur et je perds de l'essence.
Comme je suis à 130 Km de Irkutsk je vais voir ça là-bas. C'est sûrement l'occasion de faire poser mon filtre à carburant de rechange.
Hier, j'avais roulé toute la nuit, puis toute la journée; j'ai vraiment fait le parcours du combattant. J'ai parcouru à la suite des routes enneigées, puis défoncées, jonchées de trous et de buttes, de cailloux, de pierres et rochers; enfin de boue et ornières immobilisant des 4X4, des poids-lourds et je suis passé miraculeusement. J'ai vu des camions renversés à ce moment mais aussi tout au long du périple, des véhicules accidentés avec blessés et en retour des sourires de bienvenue et d'encouragement d'habitants de l'Oural, de Sibérie, du Far-East etc.
Cette nuit à l'hôtel j'ai eu la trouille...! (d'être tué et dévalisé). J'ai payé 150 roubles la chambre et laissé 50 au jeune.
14H00 :
C'était un trou dans le réservoir en fait. 50 R donné au gars qui me présenta au bon garage. 250 R pour la colle spéciale et 700 au garage. Ils ont posé le filtre à carburant et insisté pour re-fixer le pot.
Par contre on m'assure que la voiture est trop basse pour aller à Vladivostok... Ils m'ont indiqué où prendre le train...
22 avril 2006 :
17H00 :
Je suis en plein paradis du Far-Est... Collines, montagnes, pâturages où chevaux et vaches ont la même liberté que les énormes corbeaux et petits castors.
Beau soleil qui ne connait pas le zénith et vent violent.
Je roule plutôt la nuit, profitant de la chaleur pour dormir le jour.
Plus que 500 Km de Tchita.
Il y a des petits aigles blancs qui chassent. Des forêts de sapins, des herbes folles jaunes, plusieurs familles d'arbres.
Comme dans beaucoup d'endroits en Russie, je ne capte aucune station de radio (ou une seule quand ça marche) sur le poste. Mais le téléphone capte presque partout où je passe.
Je viens de recevoir un texto de bonne-fête de ma mère; je n'y songeais pas!
23 avril 2006 :
14H00 :
Je suis à Tchita; nom de ville qui me faisait rêver quand je scrutais la carte (ou plutôt Google hearth) de ma chambre du Château Napoléon. C'est au dessus de la Mongolie; j'ai passé le Kazakhstan! Je suis échoué dans le plus grand hôtel de la ville (sur la place interdite) par bêtise de ne pas avoir trouvé la force de me débrouiller autrement. 1950 roubles la chambre depuis 09H30 ce matin. Ma voiture est garée dans une station service en face du garage Ford. Vous l'aurez compris; j'ai un deuxième roulement à faire changer. Je me repose donc gracieusement et j'écris avec un crayon gris de couturière, c'est tout ce que j'ai trouvé, parce que j'ai oublié la boîte à stylos que j'avais préparé à H., ça n'est pas pratique du tout. J'ai fait quelques achats.
Malgré ce moment de réussite en quelque sorte, je ressens encore un peu de frustration vis à vis des femmes. Je ressens aussi le fabuleux, l'irrationnel de la réelle existence de la Russie, puisque je la vois, j'y suis, j'y évolue; comme l'été dernier aux États-Unis, mais avec l'atmosphère inverse, donc... Je vais me reposer un peu.
24 avril 2006 :
16H00 :
Je quitte Tchita.
Voiture réparée : 3000 Roubles! + 100 au petit mécano courageux qui devait montrer aux autres comment faire tout en étant chahuté. C'était au tour du roulement à bille avant droit.
100 R au taxi qui m'escorta au garage et 100 au gars qui m'emmena au palace. 50 à la station service qui garda ma voiture cette nuit.
Écrit lettre de remerciements au garage en français sous la demande du directeur (ou pour vérifier que j'étais bien français ou par gourmandise à se faire de la pub envers les autorités locales!). Ils ont prit des photos et sympathisé.
Les policiers de la sortie de la ville m'ont pris en photo avec mon téléphone devant leur véhicule.
Perdu une page de journal. J'avais fais l'erreur d'écrire sur des feuilles volantes dont le verso du plan du moyeux de roue sorti de l'imprimante du concessionnaire Ford de Kazan; plan que j'ai laissé dans les mains du responsable du garage Ford de Tchita, qui accumule ce que j'écris! Sur cette page de journal j'étais loquace je crois, je décrivais les commerçants; que j'avais été contrôlé à l'entrée de la ville, en traversant la "place interdite", sans suite; enfin que je me retrouva dans ce palace trop cher et où j'apprendrai plus tard qu'ils eussent du tamponner ma carte de séjour!
22H25 :
Dernière lueur de soleil.
25 avril 2006 :
13H20 :
Nuit dernière passée à la gare de Ceimiseisk. Impossible de faire charger la voiture sur un train. Pas non plus de camion de libre. Offert troisième petite bouteille de vin à un cheminot. Les deux premières ont été offerte à Igor et sa fiancée, qu'ils ont débouché pour le dîner même.
Moment très insolite dans cette gare. Je suis arrivé tard le soir. Une garde-barrière m'a envoyé au poste de gare. Un cheminot âgé m'a accueilli, offert de me laver, fait un lit de fortune sur une table. Nous avions auparavant été voir l'aiguilleur, muet de surprise! Je me suis réveillé au contact de toute l'équipe ferroviaire; des hommes de tout âge intrigués par ma présence, il y avait un chat parmi nous. Le chef d'entre eux a voulu que j'aille à l'école! Pour donner un cours de français avec la prof de français mais l'école était fermée... Le cheminot m'a aussi offert un bouddha et montré où je pourrai éventuellement me faire transporter par camion. A ce titre, je dois préciser que j'y avais pensé depuis longtemps, puisque à Kazan, en ayant parlé de ma crainte du mauvais état des routes à Igor, il m'avait imprimé une lettre de présentation de moi-même avec demande d'aide ferroviaire au recto et aide par camion au verso; ainsi que ses coordonnées pour qu'il puisse m'aider en cas de complication... je l'ai d'ailleurs appelé du garage Ford de Tchita et en moins de cinq minutes ils avaient la pièce qu'ils voulaient commander à Moscou juste avant. Mais Igor est un génie. C'est mon ami en Russie. Quand quelque chose se présente à lui, il considère le problème, il sort papier, crayon, téléphone ou "enfourche" un ordinateur et il résout la question.
Roulement de Kazan en train de lâcher. Plus de freins. Soigné un accidenté de la route : cinq jeunes bourrés. Depuis la Pologne j'ai vu une vingtaine de cas plus ou moins grave.
17H20 :
Plus de réseau à mon téléphone depuis Tchita. C'est à Tchita que je pouvais faire charger ma voiture sur un train...
20H00 :
Je crois que quelqu'un m'a dégonflé mon pneu arrière gauche (décidément!) pendant que je dormais, sur le bord de la route.
21H50 :
Première crevaison du voyage. Personne ne m'avait dégonflé de pneu en fait! 249620 Km.
Mercredi 26 avril 2006 :
03H00 :
Un météorite vient de tomber devant ma voiture!
07H00 :
Je reprends la route après avoir été aidé par six hommes qui conduisaient chacun une berline, pour passer la dernière butte, dernière épreuve de cette route noire, devant laquelle je m'étais endormi en renonçant. En se quittant, l'un d'entre eux m'a dit :"Si tu vas à Vladivostok, c'est que tu rentres en France..!" Il fût le premier et le seul à vraiment comprendre ce que je faisais spontanément. Vous ne pouvez pas vous imaginer ce que cela fait d'entendre ça...
13H00 :
400 Km au nord-est après Ceimiseisk. Le tuyau d'arrivée d'essence sous la voiture est sectionné. 249831 Km au compteur. J'essaie de réparer. J'ai préparer mon pacquage de survie.
28 avril 2006 :
14H30 :
Hier, fin de matinée, alors que j'étais stationné là où le tuyau d'arrivée d'essence était cassé, je me décide à pousser la voiture en demi-tour sachant une petite ville et un garage à quelques dizaines de Km en arrière... Pendant ce long demi-tour, un 4X4 avec deux militaires gradés, un civil et une femme s'arrête; puis après quelques considérations et concertations, ces gens m'aident à pousser la voiture sur le bas-côté dans la direction originelle de l'est, me disent d'attendre car ils reviennent...
5 heures après ils reviennent tels qu'ils étaient la première fois, me demandent si j'avais une corde (que j'avais) et me tractent (moment de sport et de sueur sur une route encombrée de trous et de cailloux à trop vive allure, et que le frein à main pour éviter le tamponnement...), non pas jusqu'où je l'espérais mais à 29 Km en arrière, dans un village de gens formidables à qui ils donnent l'ordre de m'aider...!
Ils parviennent à raccorder l'arrivée d'essence, bouchent un nouveau trou sous le réservoir. (me donnent le reste de pâte collante, moi je leur donne la colle PROXOL que je destinais à mon père et la dernière petite bouteille de vin rouge). Puis, ils entreprennent d'arranger la roue arrière gauche dont le roulement recommençait à prendre du jeu, en le calant avec du fil de fer et un bout de cannette de bière découpée!
Je repars vers 20 h après qu'ils m'aient offert un bon repas et un café (je regrette alors fortement de ne pas avoir eu d'argent à leur donner).
100 Km plus loin, c'est carrément le train arrière qui se décroche de la caisse.
Donc me voilà en train de songer à vendre ce qui est vendable (et/ou trop encombrant), puis regagner Ceimisesk pour sa gare à 475 Km vers l'ouest ou Tchita à 800 Km en arrière pour son aéroport, ou encore je préfèrerais Khabarovsk à 1350 Km vers l'est pour profiter tout de même des 2 mois qu'il me reste à mon visa. De toute façon j'ai besoin d'une banque car il me reste que 500 roubles (en liquide) ; en gros c'est la merde!
J'ai vu deux cars passer dans le sens inverse; je crois que le prochain sera mon salut...
29 avril 2006 :
12H00 :
Finalement, au bout d'une nuit et d'une demie-journée, un petit camion s'est arrêté avec deux hommes qui semblaient facilement faire des affaires; ils ont tenté de me tirer jusqu'à un prochain garage à 10 Km seulement devant la route d'une petite ville... mais la corde a cédé, puis c'est le camion qui dérapait de l'arrière, ma voiture restant bloquée par son train arrière décroché.
Je leur explique que je la vends; en passant de 30000 roubles à 25000 mais ils ne semblent pas confiants vu l'état de la caisse... Ils me demandent si j'ai bien les moyens de la faire enlever, je leur réponds que je n'ai que ma carte VISA et 500 R! Alors l'un d'entre eux sort 500 R de son porte-feuille et insiste pour me les donner! Ils s'en vont. Je croyais par ailleurs qu'ils allaient éventuellement prévenir le garage et après plusieurs heures d'attente, je me décide à faire signe à un tout petit camion-benne conduit par un homme accompagné de sa petite fille. L'homme constate le problème ; il était ennuyé pour moi, donc il me conduit au garage à 10 Km, qui, eux disent qu'ils n'ont pas de grue mais qu'à la ville en face (avec petite gare, banque, hôtel, hôpital, école) se sera possible... Là, effectivement on m'invite; je constate que j'ai ici de la réception à mon portable et préviens ma mère que je vais bien sauf la voiture... Je laisse mon sac de survie chez les gens qui récupèrent du métal en tout genre pour le fondre et le revendre. Nous allons avec un camion-grue jusqu'à la voiture (je leur explique que je leur en fait cadeau, pour ne pas avoir à payer le dépannage). Les jeunes sont ravis en la voyant. Arrivés à leur propriété, il fallait voir ça : j'étais en hauteur avec la voiture sur le camion, eux en bas autour (famille, proches, voisins) et je leur distribuais tout ce que j'abandonnais: vêtements, outils, tente, matelas pneumatique, matelas isolant, cerf-volant de compétition avec poignées, canne à pêche avec deux moulinets et matériel, une pelle toute neuve, quatre jerricanes neufs avec plus de vingt litres de carburant sans plomb 95, une glacière, des ustensiles de cuisine... et surtout une cagette pleine de boîtes de conserve de légumes en tout genre, plats préparés, un jambon cru de sous aisselle presque entier... ce qui à une valeur considérable en Russie (la nourriture); il y avait du lave-glace, de l'huile moteur, un entonnoir, des essuie-glaces de rechange, du liquide de refroidissement... Bref, des tas d'autres bricoles ; j'étais non pas le père-noël mais un messie!
Ils m'ont offert le repas du soir, avec vodka, café, thé; le repas du midi, deux paquets de Parlements (cigarettes blondes assez chères en Russie), un beau briquet tempête gravé; m'ont emmené à la nurserie me laver, l'un d'eux en me voyant me donner de la peine à laver mes chaussettes en gaspillant leur eau, m'offre toutes ses paires neuves. Je les ai pris en photo... Ils m'ont donné un stylo, j'ai retrouvé un sac de gâteaux secs fourrés dans mes affaires...
Et maintenant me voilà dans le train pour Blagoveschensk qu'ils m'ont payé aussi avec café service et couverture-couchettes.
Il y en a pour un jour...
Donc arrivée prévue à 13H00 demain. Je considère ma traversée de l'Europe et de la Russie comme une réussite et mon tour du monde comme un échec! Mais arrivé là où je suis arrivé avec une voiture de sport extra basse de 15 ans, c'est tout simplement un exploit.
Ils m'ont laissé leur adresse.
Je voudrais donner de mes nouvelles dans l'ordre à Igor (voire l'inviter en France), puis à ces villageois qui ont fait de la maintenance de pro sur la Ford en s'amusant que je parle d'un garage comme si ils ne pouvaient pas être à la hauteur et puis ces gens à qui j'ai offert tant de choses... mais qui m'ont permis de repartir différemment mais sûrement et encore et toujours vers l'est qui ne cesse de m'attirer... Je prendrai un avion pour la France à Khabarovsk après un moment de vacances..!
Ici les trains sont lents; j'aurais été plus vite en voiture, mais bon, il ne faut plus y penser.
Je ne verrai jamais Vladivostok, à quoi bon m'y rendre puisqu'il n'y a pas d'aéroport apparemment? A moins qu'il me prenne l'envie d'aller tout de même aux États-Unis (par bateau) ; étant pour le coup le vrai clochard américain d'une fameuse chanson de Graeme Allwright!
En tout cas je ne sais vraiment pas pourquoi il y a une telle mauvaise opinion de la Russie dans le monde et pourquoi tant de gens m'ont inquiété à tord de potentielle agression, dé-troussage là où je n'ai jamais vu le moindre individu dangereux...
J'imagine que c'est l'archaïsme, faute à la rudesse de dame nature qui crée la jalousie des pays trop développés envers la bravoure, l'entraide, le partage, la force russe. Oui, il est temps de vous expliquer les choses...: il n'est nulle affaire de politique ou d'hommes forts puissants présents ou passés, mais bien d'une culture qui se forme en conséquence de son environnement (naturel, climatique); par conséquent, vous trouverez en Lettonie, Lituanie et j'imagine bien-sûr Estonie et nord de la Russie, des caractères aux apparences froides mais pour donner aux personnalités de la franchise, un dédain du faux-espoir que l'on trouve tant aux pays idéaux en météorologie, climatiquement parlant, qui s'enlisent dans l'enfer de l'argent et du profit capitaliste qui ne génère que l'illusion...
Puis descendant vers le sud, vous trouverez tout le charme des pays, méditerranéens, orientaux, africains avec pourtant l'avance, une force inégalable (je pense à la conquête spatiale, leur grande part à la station spatiale internationale, leur puissance nucléaire et leur politique internationale et les centaines de millions d'exportation etc tant qu'à leur force psychologique et technique en chacun d'eux, leur capacité à comprendre et apprendre, utiliser et imiter les choses et les langues...)
Je me rends compte effectivement après coup que partout où j'étais en besoin de communiquer et que j'utilisais spontanément l'anglais devant des gens qui ne le parlaient pas; ils étaient capable au bout de quelques minutes de me comprendre et de réutiliser les mots qui sortaient de ma bouche pour se faire comprendre et cela avec l'allemand et le français également!
Et somme toute leur capacité à résoudre les problèmes, à faire front à tout et de leur puissance intellectuelle et relationnelle.
Je comprends à présent les erreurs d'illusions, de fausses allusions que tous les petits baveux torchés à la soie peuvent refouler en légitimant la misérable beauté d'un véhicule neuf, d'une maison en crépi, de rues goudronnées bordées de trottoirs pavés, léchés par des décrotteuses au combien insuffisantes à ses quantités de chiens toilettés et enchaînés à d'autres esclaves de la production artificielle et nauséabonde pullulante europano-américaine, dont la Russie s'allège en un frétillement souriant de grâce invincible...
A partir de là j'incorpore mes textes à mon journal, vous comprendrez bientôt pourquoi.
Au fond de la terre'
En haut des collines'
Par delà des mers
Bordées de résine'
Collant des fourrures'...
Il y a de la vie
Comme une espagnole', comme une espagnole'
Depuis Varsovie,
Une force qui dure'
Un peuple qui aime'
Un peuple que j'aime'
Chante son passé
Marche vers l'avant
Gueules' noires' de savants
Le slave' n'est chassé
Le slave est un sage'
A travers les âges'
N'est pas arrivé
N'est jamais parti
Un peu enivré
Sera jamais Harki
Arbres sont les mêmes
Animaux plus libres
Fait preuve' d'anarchie
Tout l'monde est plus fort (...)
L'amour est leur sort
Sans tauromachie
Connaissent pas le flegme'
La vodka, leur cidre'
Et puis les zenas
Zene'chinas , zenas
30 avril 2006 :
23H45 :
8 heures de décalage avec Paris. Je suis dans un appartement que je loue à la journée... à Blagoveschensk.
Dans le train, l'hôtesse m'a présenté à des convoyeurs de fonds dont l'un m'a envoyé à l'arrivée chez sa fiancée qui est professeur d'anglais et chinois à l'université à seulement 21 ans.
Elle m'offrit le petit déjeuner, puis se mit en quête de me trouver les différentes possibilités et tarifs pour regagner Paris.
Son ami rentra quelques heures après et tous les deux me rencardèrent sur cet appartement, moins cher qu'un grand hôtel et plus sûr qu'un petit.
Ils me promenèrent à travers la ville, me commentèrent les monuments, les mémoriaux de guerre avec la Chine, le Japon (la Grande Guerre). Nous avons fait des photos, ils m'ont gravé un CD de certaines avec leurs adresses. Je les ai invité au restaurant. Il y a déjà une forte complicité entre nous trois.
Dans cet appartement dont la pièce principale doit faire 35 mètres carrés avec télévision couleur, canapé-lit, deux fauteuils, meuble T.V., armoire, commode avec téléphone (gratuit localement), il y a une grande véranda, puis une cuisine spacieuse équipée dont table et banquettes, enfin une belle salle de bain et un gros couloir. (Draps et serviettes propres fournis). Je peux dire que je suis vraiment bien. C'est un peu comme chez moi à Courbevoie! Je suis chez moi en Russie! Je peux rendre visite à mes amis à pied, aller facilement au centre-ville; il y a beaucoup de mini-bus et de taxis. Pleins de boutiques, de bazars chinois, la ville touche la chine; nous avons marché sur la promenade qui longe la rivière, frontière de la chine... et surtout visité le musée de la ville : époustouflant! J'y ai laissé deux commentaires écrits positifs sur leurs registres en français je crois.
Je regarde la télé, une bande d'humoristes qui se produisent souvent et tous ensemble. Je bouquine lentement (et toujours depuis Londres!) "La Maîtresse de Brecht" de Jean-Pierre Amette (de son nom actuel!) que je trouve un tantinet maladroit pour un prix Goncourt malgré sa pertinence historique et d'intelligence (...)
J'ai communiqué mon téléphone fixe à mes parents qui sont époustouflés de ce que je fais et mon père trouve comme moi qu'il serait dommage de ne pas voir la mer du Japon au point où j'en suis...
Cela dit, le musée m'a quelque peu effrayé au niveau des animaux de la jungle... jusqu'à Vladivostok!
Je ne suis pas Heminguay! Je suis plus fragile concrètement et plus lourd littérairement!
Demain, il faudrait que j'achète à manger et que je me renseigne sur les possibilités d'aller au bord de la mer : Vladivostok est t-il incontournable? Je vois sur ma pauvre photocopie d'Atlas deux petite ville sur la côte, à l'est de Khabarovsk que je peux gagner en train en deux nuits; puis l'une de ces petites villes en autocars apparemment. Mais moi qui n'ai jamais vu la jungle, ne devrais-je pas essayer Vladivostok? Comment est-ce que les gens s'y rendent? Les voitures qui sont importées du Japon sont forcément chargées sur les trains ou sur des camions. L'air doit être suffoquant d'humidité. J'ai vu les animaux empaillés qui y vivent: des buffles, des élans énormes, des tigres, des lions, des chats sauvages, des loups, des ours et j'en passe... des papillons et des oiseaux de toutes les couleurs dont j'ignore les noms (puisque j'ai déjà du mal à retenir les noms des gens que je rencontre!), de la végétation luxuriante... non, il faut vraiment que je sente ça de près...
Allez salut.
1 er mai 2006 :
13H20 :
Je pars en courses. (Je me souviens avoir pensé à la foire à tout de mon village en écrivant la date).
14H15 :
Je suis déjà rentré depuis 30 minutes, les commerces ne sont pas loin. J'étais trop couvert pour me promener.
Donc j'ai cet appartement pour deux jours encore et j'ai dans l'idée de me rendre à Khabarovsk ensuite en train... puis de gagner la côte en autocar; enfin peut-être d'aller à Vladivostok (il semblerait qu'il y ait tout de même un aéroport qui me ramènerait sur Moscou; puis Paris...).
Je vais peut-être voir la jungle! Le temps aujourd'hui est paradisiaque, il fait vraiment bon. Dans l'appartement un petit air frais entre par la véranda et m'apaise dans un calme confortable. (seuls quelques bruits de travaux, car l'immeuble termine de se construire, me tire d'une atmosphère ré compensatoire).
Variant thé et café, cigarettes fortes et légères; je mange des fruits; j'ai de l'eau fraîche en bouteille ou que je fais bouillir du robinet, du jus d'orange, du saucisson (de cheval j'imagine), du pain, encore de la noix de jambon fumé de France, du beurre blanc et du beurre en barquette et du fromage (russe).
Il y a des filles et des femmes qui me regardent souvent; je me demande parfois si elles ont des passeports (...!).
19H25 :
J'ai encore dormi. Je vais faire un tour, compte revenir avant la nuit.
23H30 :
Je suis rentré vers 21H30 après une formidable ballade durant laquelle j'ai failli aller au cinéma voir un film d'horreur russe mais la séance semblait être commencée; j'ai mangé une glace, médité devant cette rivière qui me sépare de la Chine; il y avait tant de monde, détendu, agréable, de la musique, de la bière.
En rentrant, je reçois un coup de fil de mes parents, puis de ma sœur. Je me suis fait un plateau télé constitué de cervelas, fromage, pain, beurre blanc, thé, chocolat noir (français), raisin.
Je ressens un malaise en retapant ceci parce que je ne me rendais toujours pas compte à ce moment qu'il est fort inhabituel de manger seul en Russie. Mais c'est en commettant des erreurs qu'on apprend. D'ailleurs il faut dire que les russes ne savent pas parler d'eux ni de leurs règles de vie.
Tous les soirs il y a la bande d'humoristes russes incroyables de ressources, de chant, de gestuelles parodiques, de reprises, de dérision qui donnent vraiment du spectacle; il y a un gros (Alexandre MAROUAZOF), deux fausses vieilles dames et tout un tas de clowns...
Maintenant je pense qu'il va y avoir les informations. Demain je vais revoir mes amis. Après demain, c'est décidé, je pars pour Vladivostok!
Non, finalement c'est un film...
02 mai 2006 :
08H00 :
Je n'ai pas dormi quasiment à cause de ma sieste d'hier. Le soleil est levé depuis 4 h.
Les infos du matin sont intéressantes... ils ont parlé de De Villepin, Sarkozy et du Front-National, qui retardent à mon sens et prolongent la France dans le retard, dans l'erreur, en ne comprenant et n'admettant pas que les immigrés sont une source de richesses et de culture incontournables (dans le cas du Front-National), que de jouer sur les besoins, les rêves et avec les lois produit l'enfer (dans le cas des deux premiers); la critique, la remise en question est note d'intelligence et un signe de hauteur, alors "la France aimez-là où quittez-là!" : moi qui la quitte souvent et qui la critique beaucoup, je peux affirmer que je l'aime, comme disait Coluche "pour critiquer, il faut s'intéresser et pour s'intéresser, il faut aimer"; je crois que c'est à ces gens du Front-National de partir en Autriche, en Angleterre, en Israël, ou aux États-Unis! Je m'étais arrêté là mais il me démange d'ajouter au sujet de Pluto et Mickey qu'ils ne semblent pas savoir quel pays ils gouvernent; peut-être que là où ils posent leurs pieds entre deux jets ou Velsatis personne de mieux ne leur explique ce qu'est la France, soit un pays basé sur la Révolution, la rencontre, la Commune, la culture, l'Art et la raison. Mais vous pouvez y faire exploser mille bombes nucléaires, nous vendre à COLOMBIA PICTURE ou imposer la pauvreté; vous n'anéantirez pas le français.
09H25 :
J'attends avec impatience que Génia raccroche son téléphone depuis 25 minutes.
13H30 :
J'ai dormi tout le reste de la matinée; Génia à bien raccroché son téléphone mais n'est pas joignable! Je suis déçu. Alors j'attends. Il faut que je pense à prendre soit un billet de train pour Khabarovsk soit directement un billet d'avion pour Vladivostok.
13H35 :
BINGO! Je vois Génia (seule) à 18H30 après sa classe chez elle. Hihihi.
21H45 :
Je rentre à l'instant. Cet après-midi, je me suis d'abord renseigné sur les conditions et les tarifs pour Vladivostok. Je devrais quitter l'appartement vers 16H00; le train sera à 21H00 et son parcours durera 2 jours... Puis je regagnerai Khabarovsk pour rejoindre Moscou. Il ne me manque que le tarif Moscou/Paris qui semble très élevé.
Je devrai donc aller chez Génia pendant ces quelques heures d'attente et aller avec elle chercher le billet puis au train.
Donc, je voulais dire aussi que cet après-midi, je suis allé voir le film dont l'affiche m'attirait depuis mon arrivée; il s'agissait de VENDETTA; un film russe (que je croyais...) que malgré mon ignorance du russe j'ai trouvé sensationnel, blablabla; vous savez bien que ce n'est pas de ça que je voudrais parler (...) mais bel et bien de Génia!
Vous êtes témoin que jusqu'ici j'ai caché héroïquement mes sentiments et ne me suis pas étalé comme à mon habitude précipitamment sur elle... Bon sang, moi l'ami des couples, le plus grand teneur de chandelle de l'époque... et sans ce maudit cannabis qui parait-il me descend... J'ai aidé ce couple (Génia et Alexis) à se reconstruire là où il s'était brisé avant mon débarquement; je les ai respecté, j'ai dit la première heure passée avec Génia, quand Alexis lui-même venait de m'envoyer chez celle qu'il aime, par confiance en elle, qu'il était un type bien, un héros etc., qu'elle ne pouvait pas tout avoir et lui reprocher son manque de romantisme etc... Quand nous étions au restaurant tous les trois, j'ai redit qu'il l'aimait, qu'il était fier d'elle etc...
Finalement ce soir elle m'invite en me précisant qu'elle sera seule; m'ouvre la porte en tenue de gymnastique; moi j'avais un pantalon blanc, tee-shirt beige, veste bordeaux, coiffé, rasé, parfumé, petite chaîne autour du coup, bref, ce que j'avais pu faire de mieux avec ce que j'avais...
Nous sortons faire des courses, comme par hasard Alexis est là pour son travail (il est convoyeur de fonds et lourdement armé); il sourit, en vrai gentleman parle gentiment avec nous. Elle me glisse qu'il n'y a toujours rien de remis entre eux. Alors je plaisante. Il repart. Nous finissons les courses, remontons à l'appartement. Moi qui accusais le cannabis de mes échecs sentimentaux, voire de mon incapacité à commencer une quelconque romance; là je vous prends à témoin, qu'est ce qu'il manquait? Qu'est ce qu'il fallait? Je me suis toujours dit qu'à force de former et de rabibocher des couples, je finirai par devoir en détruire un ne serait-ce que pour ma descendance (légitime?). Bon-sang, je vous emmerde? Moi je me barbe d'écrire cela mais je continue : nous dinâmes dans une conversation riche, drôle, sympathique. Nous dérivâmes vers les intérêts nécessaires envers chacun pour bien commencer, puis vers le "hot"... peut-être ai-je commis l'erreur de lui fournir mes coordonnées trop précipitamment et somme toute une invitation en France, de lui parler d'Igor (ce type qui lui aurait fort correspondu); oui, je comprends en écrivant cela, pire je lui ai parlé de politique, de cannabis, de ma maladie, je suis si con!
Elle m'a pourtant dit de rester, non pas chez elle ce soir mais à Blagoveschensk... Je lui ai répondu que je ne changerai pas mes plans mais que je pourrai revenir après Vladivostok; elle m'a dit de revenir.
Bordel, n'y a t-il que l'humoriste Dany Boon pour me comprendre? Parce que là je suis à court de solution! OK, c'est une fille bien, patati, patata, Pascale à New-York était une fille bien... et c'est vrai que l'affaire de sexe, de concrétisation n'aurait été en rien plus positif pour nos futurs... je raisonne bien tout à coup... elle avait raison Pascale, et Génia ce soir; je crois que je lui plait en fait. Et elle a fait ce qu'elle pouvait de mieux pour m'attirer encore à elle de façon logique et longiligne. C'est formidable en fait. C'est peut-être ma femme, ma vraie femme.
Je lui ai dit en partant (nous étions fumants sur le balcon, sans allusions comiques!) après qu'elle me répéta : "voir Paris et puis mourir" et je lui dis : "non, tu mourras en vieille dame entourée de ta famille et dans ton lit; si tu meurs à Paris c'est que nous serons mariés!" C'était censé être beau, ça l'a fait sourire. Avant nous avions beaucoup parlé d'amour, je lui ai parlé d'Audrey, mon tout premier amour ; elle, de son premier baiser et de sa découverte du regard des garçons sur elle...
Nous avons parlé du lait obligatoire à l'école qui nous révulsait alors réciproquement. Nous avons beaucoup parlé de nourriture, de cuisine, de voyage... Puis quand j'ai proposé de la laisser où elle venait de faire allusion au fait qu'elle se levait tôt, elle ne m'a pas retenu...
A un moment donné, j'ai retenu un geste vers elle, à un autre, d'avoir les yeux dans les yeux avec elle... j'ai juste laissé partir un "chérie" (facile en anglais) et puis que je l'aimais déjà beaucoup...
Voilà, je ne sais pas ce que vous en pensez; moi, si j'avais du cannabis ce soir, je fumerais en regardant les étoiles et en pleurant comme c'est arrivé des centaines de fois déjà, réconforté par tout un tas de jaillissement d'idées, de concepts pour lesquels on ne me demande aucun rôle.
Je crois que j'ai des fruits, un bout de chocolat noir, un reste de noix de jambon qui s'avarie, un fond de chips, du beurre et du pain, des cigarettes, une chaîne de télé qui gronde et un lit mal-odorant pour patienter avant nos retrouvailles et nos au revoir, qui de sa part, seraient gentils avec un point d'éclaircissement. (22H40).
Mercredi 3 mai 2006 :
12H55 :
J'ai très bien dormi. Je termine de préparer mes affaires. Génia finit son cours particulier à 14H00. Je compte quitter l'appartement et téléphoner au propriétaire vers cet horaire; il pourrait me déposer ainsi chez Génia qui habite à un kilomètre à peine.
Le bureau d'aéroport et de gare pour les tickets se trouve à 500 mètres de chez elle. Pour la gare, ce sera le bus ou le taxi. Il faut que je retire de l'argent.
Est-ce que les choses pressent?
D'attendre que des chaussettes' sèchent'
Qu'un propriétaire arrive
Après douze' mille' kilomètres
De quête d'essence, en mal d'un logis
Cette jeune' femme est là où l'on se prive'
On m'avait menti de danger au mètre'
Là où personne gît
Et je souffre d'amour
L'effort vous emmène
Les trains vous transitent
Et vous faîtes un tour
Confiant en l'avion
Même sans être pion
Des questions d'amour, d'argent
De visas, visages ou ménages'
Feront Elvira
Elle verra des gens
Tous plus ou moins sages'
Laissés, elle ira
Comme son papa
Sera fille de Génia
Une zenechina
Vit dors et déjà
Dort dans mon aventure'
Sans plus de voiture'
Où le temps m'accepte
Moi et mes chaussettes
Blagoveschensk 3/05/06
20H30 :
Je suis sur le quai... J'ai été interviewé et filmé par la télé locale, traduit par Génia qui a été filmée aussi...!
Elle fêtait sa crémaillère ce soir (suite à sa séparation d'avec Alexis), j'ai rencontré ses amis (dont un américain du Nouveau-Mexique et d'origine mexicaine qui voyage beaucoup seul aussi et très intéressant et drôle). Il y avait ses copines dont elle est là mieux...! Je lui ai écrit un poème en russe ! Je l'ai demandé en mariage de façon comique puisqu'il nous fallait parler pour ne rien dire en marchant pour la caméra (...)
Voilà, donc je vais à Vladivostok que l'on me déconseille comme d'habitude et je ne crois pas revenir à Blagoveschensk. J'irai à Khabarovsk pour rentrer.
4 mai 2006 :
11H20 : (encore une heure de plus)
J'ai très peu dormi; pensant trop à Génia et à la littérature. Je suis dans une cabine avec trois flics qui m'ont beaucoup questionné sur mon voyage, sur mes intentions. Ils sont bien-élevés, gentils; l'un peut-être trop... il voudrait que je m'arrête à khabarovsk là où eux descendent, pour me présenter sa femme qui parle anglais..! Mais ça commence déjà à me lasser! D'ailleurs, après un bon dîner bien arrosé de vodka, je me suis risqué à lui dire "mais garde ta femme!, le dernier qui m'a présenté sa femme, j'ai bien failli lui prendre!"
Le groupe d'amis de Génia voulaient que je retarde, voire que j'annule mon départ pour rester avec eux...
Suis-je si attirant? Si passionnant? Alors que je déplais ou du moins ne conviens jamais à aucune jeune-femme!
"Je f'rai le tour du monde
Pour voir à chaque étape,
Si tous les gars du monde
Veulent' bien m' lâcher la grappe'!" (RENAUD).
En tout cas au réveil, j'ai manqué des photos; des arbres variés avec des feuilles, de l'herbe, des touffes de mousse qui part en l'air, des collines, de l'eau...
Mais non, je ne descendrai pas à Kkabarovsk; j'ai un billet pour Vladivostok, je vais au bout du monde; alors que je me souviens de Brest, du moins du Guelvinec où j'ai été invité par un cher ami agrégé de mathématiques et recyclé dans les massages spirituels de je ne sais quoi...
Nous allons déjeuner un repas chaud et il nous a été distribué un sac de pique-nique qu'il vaut mieux gardé précieusement pour le reste du voyage.
Moi je suis heureux, fier et fâché en même temps. D'abord, parce que je vois que si j'avais renforcé les points de corrosion sous la voiture à temps voire avant de quitter la France avec un mastic spécial, je serais déjà à Vladivostok... par mes propres moyens... et puis je n'aurais pas Génia en tête qui m'a envouté... et j'aurais été meilleur dans une autre interview plus loin!
"L'effet papillon" n'a rien d'un hasard idéal ou engendrant le meilleur pour chacun. Seule la persévérance, la lutte, la volonté mènent au mieux et pour ça je suis plutôt moyen; 'courageux mais pas téméraire', une poule mouillée qui saute de la falaise parce qu'une autre poule lui a dit : "regardes, on a des ailes comme cet aigle!"; alors évidement la poule que je suis peut arriver en bas indemne, arriver en bas indemne... l'image est bonne!
Parfois, je crois que j'aurais pu faire un aussi beau voyage en restant dans mon village ou à Courbevoie. Je pense à Euryale, qui va avoir son bébé; c'est mon pote qui arrive! Je serai rentré pour lui. Je ne sais toujours pas comment elle veut l'appeler. Moi je l'appellerai Bernard, Joseph ou Marcel et par tous les prénoms que je trouve amusants et qui me passent par la tête (...)
18H30 :
Nous avons passé Khabarovsk depuis plus de trois heures; les trois policiers sont partis, l'un m'a laissé ses numéros de téléphone pour que je drague sa femme quand je repasserai dans cette ville.
J'ai re-dormi un peu. Il y a maintenant un couple d'une quarantaine d'années avec moi.
19H00 :
Je viens de relire tout le cahier principal et de repasser au stylo sur ce qui s'effaçait. D'ailleurs le stylo offert par les gens à qui j'ai tout laissé commence à faiblir.
Il y avait deux cahiers au début : l'un "journal de bord" et l'autre "intime"; et puis comme d'habitude, j'ai fini par tout mélanger!
5 mai 2006 :
09H45 :
Je suis arrivé à 7h en fait. J'avais compris 12 h de trop! Le couple était en fait des jeunes mariés de 24 ans! (en lune de miel) (Je dois vraiment vous paraitre immature!)
Il y eut aussi une jeune femme de mon âge économiste, à l'avenir politique d'après elle.
Là je paye 2000 roubles une chambre à l'hôtel PRIMORYE jusqu'à demain matin. Aujourd'hui, je vais me renseigner à l'hôtel MARIAC qui est moins cher à 10 min à pied.
J'ai appelé mes parents à 7h en arrivant, il était 22H d'hier là-bas.
Je vais appeler Génia pour lui dire que je l'aime en russe devant la mer du Japon et si je ne sens pas la ville plus que ça et qu'elle souhaite que je revienne, je prendrai directement un ticket de retour pour Blagoveschensk; sinon pour khabarovsk pour la fin du week-end mettons.
Voilà, j'y vais.
Écoutez ça les amis : je ne sais pas si cela vous concerne mais je n'ai pas vraiment le choix puisque j'ai décidé de publier ma vie... JE SUIS AVEC GENIA! De Vladivostok à Blagoveschensk, vole un amour tout neuf par ondes téléphoniques! Elles ne veut plus d'Alexis et veut vraiment que je revienne en fin de semaine pour me laisser le temps de voir Khabarovsk entre deux.
Moi je mange des sandwichs chauds dans mon palace, j'ai acheté une bonne bière.
J'ai reçu un appel de Peter et Marc du Château Napoléon pendant que j'écrivais un poème devant la mer du Japon et que j'eus une première fois Génia, lui dis que je l'aimais en russe puis à cet instant de ma chambre encore et je la rappelle ce soir...
Le gaillard loin de son château
Devant cette mer du Japon
Il y a des îles basses embrumées
Des gens se baignent par cinq degrés
Attirés par l'horizon
On rêvasse sur galets de toutes couleurs
Comme à Brest une mouette gueule'
La falaise ardoise,
Turquoise, elle médite
On m'appelle' du Château Napoléon
...De Londres'; je réponds que j'ai réussi
Que je suis allé bien bien plus loin que lui!
Entre Chine et Japon c'est encore' la Russie
Et un jeune' poète' gaillard sans château
Vient de déclarer sa flamme
Dans une langue étrangère
Dans cette langue slave', Génia sait qu'il l'aime
Vladivostok, 5/5/6
23H25 :
J'essaie de joindre ou plutôt j'ai essayé de joindre Génia depuis 19H30 et à l'instant son téléphone sonnait occupé, puis à nouveau dans le vide : voilà, c'est le vide.
L'amour est un choix
Plus ou moins bien fait
Conséquence' d'effets
Tout glamour je chois
6 mai 2006 :
13H55 :
Je quitte Vladivostok à 19H30 ce soir furieux et déçu...
Alors que j'étais au poste de police et d'administration pour obtenir un tampon nécessaire pour l'hôtel qui m'avait "toléré" une nuit on me reproche de ne pas l'avoir fait plus tôt! Il fallait le faire trois jours après l'entrée sur le territoire, mais où? J'étais alors en pleine campagne entre Moscou et Kazan; comme partout, il n'y avait que des stations services et des cafés (...)
Je me suis plaint très expressivement à une responsable des autorités de la région Amour qu'on me passa au téléphone car elle parlait anglais. J'ai laissé un message vocal équivoque au consul de Russie à Paris et puis une remarque écrite pertinente sur le formulaire en indiquant que je payais l'amende de 1000 roubles par obligation (car sinon je ne pouvais plus quitter Vladivostok soit-disant; j'aurais volontiers à ce propos pris le risque quitte à faire de la prison si je ne "vous" avez pas laissé à l'hôtel, vous dans mon journal, bande de fripouilles, par peur de perdre mon travail) car j'avais un sac en dépôt (la moitié de mes affaires) à l'hôtel Mariac où je comptais me rendre et l'autre sac à l'hôtel PRIMORYE... duquel il fallait que je rende la chambre à midi et il était 11 h en pleine polémique à ce bureau d'administration de merde.
Je n'ai qu'une chose en tête; m'installer à mon retour à La Pointe (en Bretagne) le temps nécessaire à la rédaction d'un poème violent contre Vladivostok et cette région Amour qui porte mal son nom; qui n'est pas la Russie car la Russie va de la Pologne, ou de la Norvège à l'Alaska, elle est rude et honnête, pleine de spiritualité et de savoir-vivre non pas comme cette partie "commerciale" et gangrenée par l'Asie, par l'import-export et l'intolérance (...)
Ce matin, je les ai insulté et leur ai exprimé ma désolation envers leur accords économiques et diplomatiques avec l'Angleterre qui je me cite ;"va les baiser jusqu'au bout, au détriment d'une amitié saine avec la France et l'Allemagne!" (J'aurais du ajouter la Pologne!)
J'ai acheté un billet pour Khabarovsk et Génia est toujours abonnée chez S.O.S. Fantômes. J'aurais tant eu besoin d'elle, de l'entendre tout en sachant, tout en continuant de croire à nos liens qui semblaient si confortables.
Je bois une cannette de Coca-Cola devant tout le monde par révolte.
Mais je ne veux pas ressentir ce qu'à pu ressentir RENAUD il y a 20 ans environ à Moscou. Non, je suis définitivement marié à la Russie pour le meilleur et pour le pire... Ça n'est qu'une scène de ménage loué à une région qui à trop à faire avec des intrus. (Je me comprends)
Comme je regrette Kazan, Omsk, Oufa, Tchita et surtout Blagoveschensk... Merde! Génia si tu savais comme j'ai souffert avec les filles; ça a toujours été merveilleux les premières heures, la première semaine et puis c'était des mois de calvaire à vouloir souder, réparer, raccommoder une liaison qui ne se construisait pas. Et toi tu fais déjà comme les autres (dont la deuxième avait disparu une journée dès le lendemain de notre liaison), comme les trois réunies, tu dois vraiment être ma femme pour être aussi puissante!
"Ne laisse pas passer ta chance, partir ton dernier soûl, ne laisse pas passer ta chance, bas-toi jusqu'au bout..." (Graeme Allwright).
Nous verrons bien. J'ai encore de la force, peut-être plus que jamais. Je crois que le voyage est loin d'être fini (...) Car maintenant, dans ce présent, c'est Génia mon soucis. Un jour j'emmènerai Génia à Paris; je serai tellement fort qu'elle sera à Paris, à la hauteur d'une française et à Brest une reine (...)
J'ai laissé à la patronne de l'hôtel PRIMORYE un marque-page avec un dessin de La Pointe, qui porte le nom d'un écrivain français. Voilà un symbole!
Je ne cherche pas à être vague, approximatif, mais que voulez-vous? J'ai dit à cette responsable des autorités :"Si vous connaissiez vôtre pays (...) vous sauriez qu'on ne le traverse pas en se faisant enregistrer dans des hôtels reconnus et en des lieux de torche-papiers tous les soirs!"
Quand je m'énerve mon anglais devient bon et quand j'aime, je peux m'essayer au russe..!
Je me souviens de ce poème :
...Monde, joue-t-on à Jacques à dit?
Monde, je t'aime car tu es mon soucis...
Monde, connais-tu meilleure galaxie?
Monde, ne me laisse pas ici...
Ah! si j'avais su! "Ce monde que je croyais mon ami, ce monde que je croyais plein d'amis..."
J'étais devant le port commercial, complétement déboussolé, d'avoir rencontré tant d'amis si loin des miens, puis les problèmes administratifs, si loin des miens et devant ces bateaux qui partaient chargés de véhicules venus en train, bref devant mon éternel échec...
Oh Génia tu es mon soucis
Comme' toute femme pour tout homme'
De ce monde pas si énorme'
Un vent léger, puis un monstre, tu es Nessie!
Moi je rêve de nos gosses
Et t'emmener en Écosse
A travers l'Ouest de la terre
Crois-tu que c'est la France, ton réel rêve?
Vladivostok, 06/05/2006
Oh Génia you are' my problem
Like any woman for all men
Of this world whose not so big
A light wind, then a monster, you are' Nessie!
And i dream about our kids
To take you up to Scotland
Or accross west of the hearth
Is that your real plan, to come visiting France?
Donné tel-quel à Génia (habituellement, je ne mélange pas les poèmes que j'offre à ceux que je publie)
15H30 :
Je suis devant le port de commerce, je vois les bateaux charger les voitures... Il fait beau, je viens d'avoir Génia au téléphone pour qui je me suis vraiment enflammé une fois de plus.
Peut-être que c'est ce journal qui dure depuis tant d'années qui m'handicape à force. Je l'arrêterai sûrement à la fin de ce deuxième manuscrit pour passer à un travail plus "sérieux" (quoique je doute que quelque chose soit plus sérieux).
Voilà, Vladivostok n'était pas la fin du monde pour moi, si c'est le bout du monde, c'est surtout une sacrée désillusion, aujourd'hui je vois que j'ai manqué mon rêve de faire le tour de notre boule avec ma voiture et de surcroît l'alternative d'amour qui me hante depuis l'enfance (lire Une Vie d'Amour Perdu) a échoué aussi à Vladivostok.
Je vous jure qu'aussi loin que j'irai dans le futur et si je suis un jour vieux; un papier de chocolat de distributeur glissera sous mes yeux, enfoncés dans le noir du bitume d'une station de R.E.R. Où je serai assis, ayant raté mon dernier train exprès et un sourire sarcastique apparaîtra sur ma bouche, de satisfaction de ma ténacité.
18H00 :
J'attends dans la gare. Ma mère est vraiment embêtée pour Génia et moi, pour moi... J'ai un cadeau (des poupées russes, plus rondes et empâtées que les classiques, marron-foncées, avec des bâtiments asiatiques dessinés) pour elle et un autre pour Génia, au cas où je la reverrais : c'est un couteau en pierre, mauve et turquoise. Je lui dirais en lui offrant :"tiens, c'est si tu as besoin de me tuer!"
Si je ne la revois pas, ça sera un beau coupe-papier pour mon père!
Je me suis tout de même renseigné au port; il semble que je fusses le premier de l'histoire à avoir demandé si il était possible d'aller directement aux États-Unis en bateau de Vladivostok! (...)
(On a le droit d'être jeune et innocent, non?)
Pour le Japon, un piéton seul doit débourser 200 dollars. Du Japon, il semble que l'on puisse rejoindre l'Alaska par voie maritime. Et tout cela aurait été possible avec ma voiture. J'avais aussi recueilli l'information qu'en arrivant en été, il était également possible de passer par le détroit de Béring...
(Quoiqu'il aurait fallu 2 visas de plus, pour l'Alaska et le Canada; voire un troisième et un quatrième pour le Groenland et l'Islande..!).
J'ai l'étrange sensation de passer à côté de quelque chose... en remontant vers le nord; tant de jeunes femmes splendides me regardent... d'autres même, plus communes mais aux airs sereins, doux...
Mais il faut comprendre que ça n'est pas tout de taper dans l’œil si loin de chez soi : qu'est-ce qu'il se passe après? C'est vrai que quand on veut, on peut... Mais... Mais merde, poule mouillée, réveille-toi! Vends ce ticket de train et vas au Japon, reste ici, jette-toi à l'eau!
A 45 min de monter dans le train, je sens que le moindre détail peut faire tout basculer... Je vais abandonner mes affaires 5 min pour aller fumer une clope dehors... chiche!
5 minutes plus tard :
A part deux gamines dont je n'ai plus l'âge qui viennent de m'accoster, rien de spécial! Il y en avait une troisième, plus de mon âge mais qui pleurait.
Quand j'ai rencontré Pascale (la top modèle) à New-York, j'étais en short et tee-shirt dans le métro.
Il faut savoir que physiquement, je suis un mélange de Sim et de Michel Blanc, coiffé d'un air de James Dean! Bon, j'exagère... Bhou! Si vous voyiez ce qui vient de passer (...)
Il y a de quoi devenir fou, sexuellement en Russie. Je recommande à toute âme esseulée qui n'a plus rien à perdre, de prendre un visa, monter dans sa voiture et suivre la boussole droit vers l'est! Vous verrez, c'est une aventure surmontable.
Tiens voilà les deux gamines qui reviennent à la charge; elles doivent avoir treize ans! Bhou! L'ouragan vient de repasser!
J'espère que vous ne vous méprenez pas et que vous avez confiance en moi, au sujet du détail précédent!
Bon Alex, il est 18H30, il faut que tu sois heureux et sûr de ce que tu fais maintenant! Après tout, on m'a dit que khabarovsk était pas mal aussi de ce côté là...
Les deux gamines m'ont fixé; l'une était en mini-jupe et semblait déterminée à détourner un homme de son chemin..!
Bon j'ai la tête froide, bien qu'échaudée, je vais monter dans ce train. Je descends sur le quai.
07 mai 2006 :
10H00 :
Je suis à khabarovsk depuis 7h30 et à l'hôtel Amour (c'est un comble!) depuis deux heures. Dans le train j'étais avec deux femmes amies qui m'ont aidé à trouver l'hôtel à l'arrivée; il y eut aussi une femme dans la cabine de 44 ans dont la fille de 24 ans est à l'université de Saint-Pétersbourg. Toutes les trois très gentilles. Le mari de l'une d'elles était à l'arrivée et m'a aidé pour porter un sac, m'a offert le bus (il est directeur de la sécurité d'une banque).
Ils m'ont laissé leurs coordonnées.
Je pars en promenade.
16H00 :
Belle promenade sur la baie, la rue principale; les deux églises. Je me suis déjà renseigné pour un ticket de train pour Blagoveschensk..! Et oui, j'ai eu Génia au téléphone et elle me fait perdre mon anglais.. Elle veut que je revienne mais insiste pour qu'on prenne notre temps. C'est à dire qu'elle va me trouver un logement près de chez elle à bas prix, pour que je puisse rester le plus longtemps possible. Elle m'assure que ses amis seront contents que je fasse parti d'eux, etc.
La ville est agréable; le temps est splendide. J'ai vu le défilé pour la commémoration de la fin de la Grande Guerre (7 mai 44).
Je suis content mais je ne me fais plus d'illusions. Effectivement, je peux lier une relation solide avec Génia. Je peux rester en Russie avec l'aide financier de mes parents jusqu'en juillet. Puis revenir travailler en France et/ou en Angleterre; et puis "m'abonner" à l'aéroport et au consulat pour la voir régulièrement...
Voilà, j'espère que vous êtes contents pour moi.
Ce journal de ma vie depuis octobre 98 (si je ne m'abuse) m'a épaulé, mes poèmes m'ont rendu plus forts et mes nouvelles m'ont fait rêver. Je compte désormais écrire un roman d'intrigue qui se déroulera au Château Napoléon et dont un serveur sera le héros.
Je vais essayer de faire éditer mes deux manuscrits, de "Poèmes, Journaux et Nouvelles du Petit Alexandre" chez un même éditeur. Si je n'y arrive pas, je n'aurai de cesse de monter ma propre maison d'édition et de distribuer mes livres n'importe où et partout, loin des librairies...
Une larme coule avant un sanglot
J'abandonne mon arme au vent d'Habarovsk
J'ai noté "Pouchkine" qu'Anthès fît enveloppe
Pour enfin aller dans la réalité des flots
Je n'ai plus froid d'étroitesse
Plus faim de solitude
Vie n'est plus étude
Elle défit la vieillesse
Khabarovsk, le 07 mai 2006
08 mai 2006 :
23H58 :
Dernière minute, premier jour de chute
D'un journal intime, public d'une république
Je suis si doux gâchis alors je vous confie
Ici tout à un sens et réciproquement
Moi si fort (...) est-ce que je comprends vraiment ?
Pense à mon retour déjà avant mon amour...
Où je baiserai le sol d'un aéroport!
Me délaisserai seul de mes rêves du port
Où je ne débarquerai d'un Ouest calembour!
Khabarovsk, 00H32
Un bien être est décidé
Se méconnaître et s'exciter
Des autres et puis de décéder
Autour de cultures' limitées
Mais l'imbécile est malheureux
Même s'il est mieux encore
Que cette foule de peureux
Il veut repartir en renfort
Il sait que sa main est douce
Sa maladresse bienfaitrice'
Et dans sa tête' câline épouse'
Beaucoup moins bête' libératrice'
Blagoveschensk, 13/05/06
Faudrait-il aimer sans se donner?
Donner des baiser sans aimer?
Voyager sans critiquer?
Et rentrer sans changer d'idées?
Il faut admettre l'inimitié
Affable d'émettre aucune' moitié
Seule une mélodie chinoise,
Traverse' pour moi frontière', courtoise
Rien de neutre à part cette musique
Parce qu'elle s'échappe par hasard
M'apporte sans que je m'implique'
Diplomatie, amour bizarres
Blagoveschensk, 13/05/06
L'argent du confort
Fort et con
Un art pour les gens
Les jeunes l'appellent "gen-ar"
Et moi je pars pour la France
Demain
La Russie compte casinos
Big-Brother
Malgré tout le reste
Of course we must advance
Donc demain je rentre
Patibulaire
Camembère,
Le vin et Jacques Chirac
Dites-moi si je vais bien (...)
Blagoveschensk, 13/05/06
J'ai quitté Génia en ami
L'ai aimée et haïe
Il va faire' jour pendant deux jours
Paris, c'est l'heure de mon retour
Acheter du caviar à Moscou
Et du hasch, chiche à Nanterre
Étudier à Caen du Proudhon
Ça vaut un demi-tour de terre'
Aéroport de Blagoveschensk, 14/05/06
A l'espace Duty free
De l'aéroport de Moscou
(Où Lénine s'arracherait les cheveux)
Puisqu'il faut attendre j'écris
J'ai traversé la ville pour deux-mille roubles
Et trinqué sans faire de vœux
Moscou, 15/05/06
PARIS 21H00 15/05/06 Temps maussade_ 23 H45 : arrivée à Courbevoie
Évreux, le retour sent l'herbe
Mes lèvres embrassent l'air
J'oubliai l'odeur fleurie, les couleurs vertes
Ces arbres de Normandie, le toit de St-François
Comme le printemps est calme (...)
L'ambiance douce de charme
Mes projets sont courtois
Maman, arrive, je reviens au village
Louviers sera la prochaine plage
Évreux, 16/05/06
Choisir entre gloire et bien-être
D'envoyer ses espoirs paitre
Loisir à choir dans l'angoisse
Sans loyer dans l'antre soif
Courbevoie, mercredi 17 mai 2006
Voilà ce que je vous dis, voilà ce que je vous raconte; un métier sans rémunération que celui de poète, penseur, vagabond! Mais croyez-moi, pour voir ce que je vois en regardant vers l'est; pour intriguer les autres; je peux être serveur, je peux être clodo, mangé n'importe quoi, aimer n'importe qui... Je me sens plus pieux et plus ouvert qu'un témoin de Jéhovah, qu'un pape ou un gangster...
Ma vie au-jour-le-jour pourrait certes faire sourire pour quelque temps; mais sans être gagnée, elle gagne au contraire contre l'obscure absurdité.
C'est vous nôtre lune
Que je voudrais gravir
Sans plus être menhir
Monter sur vos dunes
Plonger dans vos trous
Jusqu'à votre atout
Nous pourrions jouir ensemble
Non platoniquement
En nous enfuyant
Les laisser sans exemple
Affrontant le temps
Est-on plumes ou support?
Port de l'homme-extra
Il faut qu'on se tutoie
De femme infinie
Dans des trans-ovnis
Viendras-tu avec nous?
Bécon-les-Bruyères, 31 juin 2006
Mardi 24 octobre 2006 :
01H55 : TRIBULATIONS PHILOSOPHIQUES, TRIBULATIONS INTIMES
Je n'ai pas ré-écrit en datant depuis l'abandon de mon journal à Khabarovsk fin avril...
Mais j'ai envie de dire que je « travaille » toujours mon écriture et essaie bien des formes d'expressions : romans, essais et poèmes (encore et toujours).
Et tout à coup il me saute aux yeux que je ne peux que réussir à force d'y travailler. On me rabâche sans-cesse qu'il me faut au moins un job alimentaire, moi je crois que ma prochaine rémunération alimentaire viendra d'un texte conçu et modifié de mes réelles envies... En gros, je travaille à écrire plus en direction du publiable que de ma poésie, que de ma philosophie, quoique...
Réponse ou absence de questionnements? Je crois parfois que ma psychose peut faire une intrigue suffisamment haletante dans mon journal pour le faire paraître.
Peut-être que si nous avions la réponse absolue, elle nous conduirait à notre perte. Moi, ma quête fait ma perte. La philosophie, si elle n'est pas pratiquée en lieux appropriés désocialise et surtout empêche de se battre suffisamment pour se nourrir et vivre libre. Il est question que je sois déclaré « inapte » et touche une pension de travailleur handicapé qui me maintiendrait définitivement ou presque (selon mes forces et mon ressenti) dans l' hors-norme et en gros à l'état de malade mental.
Si encore j'avais publié de nombreux ouvrages, mes forces et mon ressenti n'en seraient pas altérés mais là... c'est flippant!
Mais il faut se rendre à l'évidence, je ne vis pas dans une tribu qui s'enhardit d'un savant fou mais dans une société qui n'a que faire de névrosés frustrés et feignant de tâches d'employé..!
Si trop de cerveaux ont tendance à généraliser leurs domaines de réflexion, la science stagne. C'est pour cela qu'on spécialise les cerveaux, afin que chacun en améliorant un domaine contribue à faire avancer la civilisation.
C'est pour cette raison que la philosophie m'est si chère. Parce qu'elle englobe un maximum de résultats scientifiques quoique l'on spécialise aussi les penseurs, les philosophes, dans des thèmes.
Il faudrait sans doute que je me mette ou me remette à niveau, maintenant que je suis déterminé; puisque après tout ma réflexion est capable de souplesse, mon esprit capable de trouvailles, mes envies capables de recherches et d'études; il n'y a aucune raison pour que je ne réussisse pas à une reconnaissance suffisante à me faire gagner ma vie. J'ai cru il y à peine deux jours encore que j'avais définitivement perdu le goût de l'application, et je m'aperçois avec joie qu'elle était capable de revenir, certes non pas sans manque de pratique, mais pouvant à ce titre se re développer.
Je me souviens de l'obstination des filles à l'école à comparer leur écriture et à s'appliquer de plus belle. C'est vingt ans plus tard, il faut croire, que je rattrape ces fillettes que je trouvais puériles et futiles alors!
Je me demande pourquoi mon écriture s'est découpée vers la fin du collège et pourquoi aujourd'hui elles sont trois ou quatre! Voilà en tout cas je me rends compte que si des changements d'écriture dans un même devoir indique que l'élève à plusieurs personnalités, cela expliquerait mon échec scolaire.
Jeudi 8 novembre 2007:
17H05:
Nouméa. Deuxième jour de merde à Nouméa sur cette île du fascisme! Je suis à l'auberge de jeunesse. Il y a plein de jeunes. Des hippies propres, pleins d'optimisme! Heureusement je n'ai pas oublié d'amener avec moi mon bon vieux François BERANGER... Je lis aussi Alain JUGNON, seul essayiste respectable avec Michel Onfray.
Les Kanakes sont marrants, je les adore. Mais les blancs, « les Zoreils » sont à leur image; toujours belliqueux, extrémistes, sans logique.
J'ai des R.V. avec des restaurateurs pour être serveur mais franchement je ne me presse pas, car il paraît que c'est payé au lance-pierre et je ne vois pas encore comment m'y rendre.
Il fait 35°c.
Mais le pire, c'est qu'il y a de l'herbe partout, mais je n'arrive pas à m'en procurer! Forcément, le fait est que je passe pour un « Zore » avec ma tronche de blanc et les rasta-mans se méfient de moi. Entre « caldoches » et « Kanakes » il n'y en a pas un pour relever l'autre (au sens littéral du terme parce que les Kanakes sont tout de même chez eux)...
04/12/07:
14H20:
Fin du premier mois en Nouvelle-Calédonie. Sans doute un des mois les mieux rempli de ma vie. L'auberge et son divertissement relationnel après un long voyage en avion; un essai éreintant et comique en restaurant “Cacaosambaka” de bord de mer (Baie des Citrons), puis ma “semaine en brousse” ou j'ai vécu la survie, l'aventure, rencontré Alice, donc l'amour, puis le retour à Nouméa, retrouvailles, re train-train, rencontres, flirts, je me fait draguer..!
Puis trois jours de travail chez TRANSAM; Je suis depuis hier au camping de Dumbéa-Rivière. La nuit dernière j'ai dormi dans la Kia de location que j'ai fait remplacer après un week-end chez Alice. La semaine d'avant c'est elle qui était venue me voir à Nouméa et m'avait emmené au cinéma où l'on ne s'est pas trop attardé devant “les portes du temps” puis l'hôtel.. d'où je suis parti vers 23H00..! ...Pour des raisons de choc thérapeutique..!
J'ai fait la rencontre de Christine de Toulouse qui rêve que j'ai les cheveux mouillés et j'ai écrit un poème spontanément à Cindy qui me faisait penser à Audrey Tautou dans Amélie Poulain!
J'en ai écrit un aussi pour Alice: “Le Pays Des Merveilles”.
Il y a du boulot aux Nouvelles-Calédoniennes et à l'O.P.T.; Je suis à moitié fâché avec ADECCO (Intérim) mais je continue avec Atout Plus. J'ai aussi donné une copie de la quasi totalité de mes poèmes à Erwan, un malouin machiniste qui tente d'aménager un camping-car...
15H30:
Alice est mon quatrième ou sixième grand amour en comptant Audrey et Pascale... Malgré son foutu côté japonaise, sa culture caldoche et qu'elle pourrait presqu'être ma grand-mère (...)!
Je l'aime. C'est justement sa maturité qui me fait du bien. J'ai redécouvert mon véritable malheur et je suis en position de l'atténuer (grâce à elle entre-autre). Je suis son amant, son ami, son garçon, son gigolo... Elle est ma maîtresse, mon amie, ma gonzesse, ma nounou... Je veux racheter le voilier de Léon (un de ses amis) 300 000 Fcfp (2400 Euro).
Je fais une grosse journée chez TRANSAM (Ils ne m'avaient pas prévenu et j'ai perdu deux autres grosses journées de travail, parce que je n'avais pas pu prévenir l'intérim de chez Alice en plein week-end; deux autres intérimaires m'ont coupé l'herbe sous le pied).
Hier, fin d'après-midi au camping, une jeune sache-femme (il y a beaucoup de personnel hospitalier et de fonctionnaires en N.C.) s'est baignée devant moi... Elle était magnifique (trop fraîche, ce genre de beauté qui cache un trop grand besoin d'argent et de concessions, pour être poli!) Ce qui est drôle c'est que je lui parlais du destin des êtres avant qu'elle ne m'apprenne qu'elle était sache-femme!
Samedi 12 janvier 2008:
01H35: Tao.
Des jours commencent des soirs comme ça... Car le sommeil impossible à celui qui souffre de ses propres remises en question alors et quand on le maltraite... en fête!
Marie-Astrid n'était pas unique! Et moi inexorablement lâche; simple ou exploitant, brave par hypocrisie. Cette Normandie ou bien la France ne sont finalement pas plus loin maintenant. Le bon m'en coûte et je manque à chacun, si ça fait bien moi je connais le mal. Quand le blessé geint il y en a toujours pour le plaindre, l'encourager et d'autres pour être déçus et lui remuer le couteau dans la plaie. On a abîmé ma plume ce soir, vous le voyez, mais il faut croire que le cahier veut toutes les vérités, leur auteur récompensé.
Mardi 22 janvier 2008:
10H00:
Mont Dore, Nouvelle-Calédonie.
Je suis dans un salon de coiffure avec Alice qui fait sa Poupette. J'ai été viré de Goro; j'ai fait un faux départ pour la Nouvelle-Zélande et là je repars avec Alice dans le nord après avoir refait une journée pour TRANSAM et ne pas avoir réussi à embarquer sur un cargo.
J'ai passé une mauvaise semaine à l'auberge. Grandir, évoluer, certes; après tout c'est en Europe pour ne pas dire en France que je verrai le résultat.
Je rêve d'Amsterdam, de cyclone, d'ordinateur-téléphone et d'explosions. Boule attend dans la voiture et Phoebus à la maison de Tao... Je sais à peu près quoi faire en Nouvelle-Zélande et j'ai hâte d'y être quand la banque arrêtera son délire.
Je ne manque pas de cannabis, bien que...
Samedi 26 janvier 2008:
7H00:
Au bord de l'océan je repense à L.A., S.F. Puisque je suis grossièrement en face... Nous avons été réveillé par Nenes, un Kanake de tribu qui voulait qu'Alice l'emmène demain à Hienghen je crois...
Alice était couchée dans le lit simple de sa chambre et moi dans notre grand lit... Mais elle m'a calinné cette nuit comme s'excusant... Je vois combien l'amour est dur déjà../... Comment prétendre à une équité de justice ou d'égalité de paix et de bonheur autour d'un noyau si fissuré... Non le plaisir et le bonheur, le bon dans le vrai, sont à prendre, à squatter, à jouir là où ils dépassent; quand et où l'on en vole ou en fabrique.
Mardi 29 janvier 2008:
16H00:
Je suis avec Alice au Tontoutel de l'aéroport de Tontouta. Nous avons failli nous installer au camping de Dumbéa Rivière où j'avais passé 3 nuit il y a environ 2 mois, mais n'avons fait que pique-niquer et nous sommes baignés séparément pour des raisons “poupetteuses”! Nous sommes passés récupérer ma valise à la consigne de l'auberge de jeunesse et j'ai pu faire passer mes au revoir à mes complices en oubliant Guillaume le Conquérant que je dis JAKROC (Jacques de Mesrine et Roc de Rocquencourt!). Bref depuis qu'il rassemble sa bande à Bonnot je ne l'ai pas revu. Dommage pour les soirées son qu'il comptait organiser, en plus de toutes les combines confortables dont je n'ai pas assez profité.
Mercredi 30/01/08:
Graeme Allwright ou sa terre originelle s'approche à 900 Km/h... J'ai survécu et je reviens ou plutôt pars des routes bordées de cannabis en fleur; François Béranger en moi mais si mal aimé par les gens de peu d'intérêts qui m'auront entouré. J'ai acheté une cartouche de Gitanes en pensant à Gainsbourg et j'ai téléphoné à Hondouville (...)
Alice est restée avec moi jusqu'au bout et et m'aura épaulé toujours, elle a une bonne partie de mes affaires et ce malgré un comportement parfois amer, ingrat, dur... qui me tord et m'assouplit, m'enfonce et me grandit... Bref, elle me donne tant finalement, voire me guérit.
Le vol dure 2H20 mn. J'arriverai vers 13H (locale). Je constate que je serai encore plus près du pôle sud à Auckland et chaque fois que je descendrai vers Hasting ou autre, que je ne l'était à Sidney en transit. Il est prévu 20°c à l'arrivée. Il y aura encore 2H de plus soit 12 de décalage avec Paris.
J'ai encore lamentablement trop peu écrit sur le territoire calédonien comme toujours et partout... Il y aurait eu “une femme que l'on vouvoie” à écrire ou encore “Parano légitime en Kanakie” etc. Par-contre j'ai fait de la métaphysique chez Alice à Tao sur papier (C.V. De Dieu avec Lettre de Motivation!); j'ai écrit des poèmes, en ai offert, légué mon œuvre à Erwan le malouin. J'ai tenu un petit peu de journal, et surtout rédigé ce fameux article agricole/laitier en qualité de nègre pour J L et son projet : B pour lequel il me doit encore 4000F cfp. Mais c'est tout de même ce dernier qui m'a donné les meilleurs conseils et directions pour la N.Z et même le territoire calédonien ou de carrière et de leçon de vie...
Même Boule (le petit chihuahua d'Alice) ne voulait plus me voir partir. Normalement Alice retourne immédiatement à Hienghen sans retourner voir sa fille Sonia qui a trente huit ans et dont le mari est hospitalisé en Australie pour une tumeur au cerveau.
L'avion est clairsemé pourtant j'ai payé mon billet une fortune: 73 000 Fcfp. Donc je compte travailler au noir, dans le manuel j'imagine.
Il faut que je parle de mes énormes crises de paranoïa et de psychotisme; Il m'arrive le soir surtout de m'imaginer qu'Alice est diabolique à plusieurs niveaux... D'abord qu'elle chercherait à me dévaliser, complice des habitants de Tao et des environs! J'ai alors peur qu'elle attende mon sommeil ou que sa maison et ses affaires ne soient qu'un décor d'une abominable machination... que des kanakes soient sur le point de s'introduire chez elle pour me kidnapper, me torturer, faire chanter ma famille et me liquider!!.. Dans ces moments je l'imagine complice et machiavélique (d'ailleurs elle l'est quand même un peu!), vicieuse, perverse (idem!) ou pire, quand mes symptômes s'amplifient, j'ai carrément la trouille qu'elle soit psychopathe car je sais qu'elle prend des neuroleptiques, anxiolytiques, somnifères... Quand elle jouit parfois ses yeux basculent vers le haut et laissent apparaître ses blancs d'yeux! Car son comportement, son attitude tantôt douce, calme réfléchie, complice, solide, intellectuelle, cultivée, érudite, sage, tempérée vire en d'autres termes à l'autre extrême...rebelle, effrontée, coléreuse, rancunière, énervée, dyslexique, bête, têtue, obsédée, désinvolte, prétentieuse, capricieuse, déconcertante, décevante...
Mais elle est solitaire, autonome, indépendante, courageuse, téméraire, entreprenante, sévère et juste, romantique, considérative...
En fait, le reproche objectif à lui faire (vis à vis de moi), c'est de ne pas m'avoir mis à l'aise (je lui ai dit, écrit). Pour avoir ce genre de crise suspicieuse, parano, psychotique; il y a en premier lieu un malaise, un symptôme, bref un manque de soin de moi-même envers moi, une maladie dont je ne daigne réellement guérir d'une part et qui peut être mal vécue par mon entourage soit, mais aussi un maque de savoir vivre des gens que j'aime pour me rassurer...
Il y a aussi des problèmes de réelle paranoïa: j'entends ou crois entendre des conversations qui me concerne. Dès que je perçois des bribes d'une quelconque conversation, je crois comprendre être au centre du sujet, comme si les gens me connaissaient plus ou moins de réputation et commenteraient mon histoire, mon présent et mes intentions. Parfois je crois même que ces gens travaillent sur moi, qu'ils sont agents de renseignements etc. et que je jouerais un rôle politique, d'espion-pion contre mon gré.. Je prends parfois Alice pour “La Maîtresse De Brecht”... ou d'Alex!
Il y a sur mon écran inaltérable une émission sur le Vanouatou, Alice m'en parlait beaucoup. Il y a quatre jours, j'ai fait tout le jardin d'Alice. Débroussaillage, plate-bande, taille, élagage des bananiers en deux fois... J'ai des blessures partout aux deux mains. Mais elle semblait contente. J'ai souvent participé aux tâches ménagères par moi-même. Je mettais la table et la servais, débarrassais et faisais la vaisselle, ballet, lit, ordures etc. J'étais doux, gentil, attentionné, drôle, respectueux, galant du plus que je le pouvais. Alice aussi était romantique mais ne me rendait qu'assez mal la pareille.
Mais plus sérieusement le Monde m'inquiète! Je sais qu'il traverse des mauvaises périodes sans-cesse et qu'à chaque creux de vague ou de décadence, une houille d'espoir et de lumière, une clairvoyance et un bon-sens fouette en apparence (au moins!). Mais pour le moment la clairvoyance et le bons sens sont autorisés comme à rebrousse-poils et somme toute détournés de leur réelle logique ou toujours est-il de celle qui m'est propre..!
Mon chapitre sera très long et interminable à ce propos. Les religions et le capitalisme en sont leur principaux maux (je ne suis déjà plus d'accord sur le fond des choses en retapant un jeudi pluvieux tenace à Tao, 28 février 08, Alice malade, l'eau coupée, je ferais mieux d'aller dans le creek la remettre, et les hommes d'abandonner la pierre posée sur leur coeur, religion ou parti, et sans intérêts conviés...). A tel point que le terme “arien” m'est pour la première fois utile concrètement pour qualifier mes entourages. La plupart des classes (Dieu sait combien je déteste ce terme!) dites moyennes ou supérieurs et mêmes prolétaires sont purulentes et pullulantes d'ariens à 90% au moins et là je dévalorise les sociétés, les individus, mon berceau, mes frères... malheureusement! Ils sont vérolés.
Une conviction primaire redondante est germée en eux qui les autorise à croire que leur culture est bonne, à vouloir être respectable sans que les autres puissent l'être à ce point, à ce que les choses soient clairement identifiées, que leur acquis les transportera en les protégeant et surtout qu'ils ne sont en rien responsables ni coupables de l'état du monde mais qu'au contraire leur mode de vie va dans le sens de la résolution* (j'aimerais y consacrer un chapitre) et leur activité professionnelle salutaire à tout point de vue. Évidement toute cette population est dans l'erreur et vit dans le mal.
C'est presque une affaire de physionomie. Et si le mot m'en coute, c'est que son double tranchant fait qu'Eux sont autorisés à juger, rejeter, se moquer, bannir et spolier sur le champ, d'un seul coup d'oeil l'individu qui est en extrême minorité et surtout incomparablement plus intelligent et les frustrant ( dans la lignée des athées immolés, des homosexuels prisonniers, des savants médecins laminés, des vagabonds exécutés etc.).
31/01/2008:
Auckland, N.Z.
Je bois de la bière pasteurisée après avoir acheté un C.D. De Joan Baez et prêché au disquaire qui est Graeme Allwright(...) Je suis convaincu que la N.Z. Avec l'Australie et le Japon sont pires que les États-Unis dans le sens où ils ne remettent même pas en question ce qu'ils sont, ce qu'ils font ni se qu'ils deviennent et font du Monde.
01/02/08:
11H00:
Je suis révolté à un point de non-retour. Je constate non seulement que le monde est perdu, engendré dans les systèmes anglo-saxons mais que l'humanité s'en contente, voire s'en réjouit...
06/02/2008:
20H10:
J'attends les résultats du Loto! Je ne peux pas obtenir de permis de travail; cela prendrait quarante-cinq jours et me couterait 200$, autant dire qu'il ne me resterait qu'une semaine effective..
Alice n'était pas à notre R.V. téléphonique du mercredi 16H00...
Je commence un roman que je compte finir sur le sol néo-zélandais et faire publier en N.C.
Vendredi 08 février 2008:
11H00:
Je suis entre Napier et Wellington dans le car. Je pense à Alice. A force de n'avoir vécu que des liaisons de six mois, je me suis à nouveau engagé pour une même durée finalement.
Le 8/02/2008:
vers 23H00:
Alice,
Je me rends comte que je suis resté stupide, tel je le suis en France et partout avec toi. J'ai fumé tant et si bêtement que tu dois te dire que tu ne méritais pas un fantôme de plus! Finalement je suis aussi maladroit que ma famille... Je perds ou je casse tout ce que je touche et les autres... J'arrête ce que tu sais car j'ai aussi compris qu'il ne me réussissait pas beaucoup! Alex.
Je comprends tout de ma psychose: Je me suis imaginé étant petit que mon entourage m'avait rétréci; m'ayant senti un sur-égo et ayant surement une santé fragile, une structure un petit peu plus frêle que les autres enfants; mes parents ayant eux mêmes été chétifs étant jeunes.. J'ai du ressentir néanmoins une supériorité vis à vis de mon entourage intellectuel (à l'école et chez moi). Si bien que dans ma fragilité (ma dépression nerveuse) je développe des angoisses de souvenirs déformés ou très mal vécus jusqu'à la cruauté, le vis, la torture, l'humiliation etc. quand j'entre dans une introspection par habitude d'aimer me réfugier dans mon imaginaire. Je le regrette sous cette forme car il s'agit d'une qualité d'analyse que j'ai au départ. Seulement ce don fait mon malheur dans ma maladie.
Je redécouvre de tant à autre l'existence de l'autre monde... Celui de ceux qui ne rêvent plus. Et qui passe pour des perdants.. puis, lasse de ne pas arriver à concilier leur monde secondaire, souterrain, affranchi, avec celui des naïfs qui optimisent sagement et sûrement le monde, leur prochain, et eux avant cela... (J'avais mieux détaillé dans mon carnet mais de toute manière, je cherche à rédiger dans mon essai une analyse de contradictions et d'y proposer des conciliations; comme de vivre en harmonie avec la nature en étant jugé marginal et son inverse de vivre citadin modèle en rêvant de toujours plus... D'être un homme ou une femme... Ces bases religieuses qu'on ne peut pas respecter tout en entreprenant...)
Mercredi 13 février 2008:
05H30: Wellington.
Je m'en vais à Picton en Ferry dans deux heures. Je pense “quel malheur!” en constatant le Monde et ses bêtises! Partout je suis heureux. Comme tous les mercredi, je devrais avoir Alice au téléphone à 18H00; 16 pour elle. Il est grand temps. Je ne peux faire les cadeaux ni les marques de pensée à ceux que j'aimerais honorer. Voire pis encore, je ne sais montrer ni satisfaire une réelle joie ou relation amicale, sentimentale, amoureuse, sexuelle... Ici depuis la rencontre de Gabriel, photographe militaire suisse-allemand de 19 ans qui détestait les prénoms et remettait en question les orientations indiquées, essentiellement celles des parents!
Mais c'est partout me semble t-il que j'arbore ce malaise et depuis toujours. Même si j'ai l'impression que je suis ici celui que je devrais être en France! Il est plutôt question d'une hors-norme à peine distinguable et encore moins appréciable.
Puisque les avis contredisent les conseils de dictons démentant des expressions en indications qui fomentent des ordres; le tout dans des structures critiquées par des sociétés qui manipulent des mœurs qui elles-mêmes combattent des cultures qui haïssent d'autres sociétés combattant d'autres systèmes engendrés par des arts engagés que des dirigeants génèrent où méprisent, qui subissent les influences de mouvements contestataires face à des organisations politiques qui surveillent des entrepreneurs qui exploitent des civiles soulagés par des syndicats mais qu'on montent contre les services publiques pour que même les solidarités rivalisent avec les rentabilités, exploitant les maladies; résultat de maltraitances qui rapportent à des gens de loi horripilant d'honnêtes âmes qui préfèrent les dieux, eux-mêmes respectés des délinquants qui embêtent des athées qui cherchent des vérités vérifiant ce tintamarre en soulignant l'intérêt des systèmes et sociétés, cultes tous manipulés avec les armées pour quelques privilégiés à qui échappe la poésie que j'ai de vivre malgré leur despotisme.
Lundi 18/02/2008:
11H30:
Je quitte Invercargill qui se trouve tout en bas de l'Ile du sud de N.Z., bien qu'il y ait encore une petite île tout au sud, je ne me donne pas les moyens de la visiter. Hier, j'étais au bord du lagon en pensant à Amsterdam, la Lune est la même. Je n'ai pas encore assez observé les étoiles puisque le ciel est couvert. Mais le temps est supportable même s'il est parfois tempétueux. Je pense beaucoup à Alice (Poupette), Rodolphe, Hofmman, Angie, Sophie, Vincent, J.F., Nico et Marie, ju, jo, Jhon et Auré, Vinz, ceux qui sont morts, ceux en prison, Charles-Alexandre, Yann, Alex, Jacky, Flavie, Tinguette, mes ex et même les plus anciens Stéphane, Grego, Tony... Et puis Benoit D., Karl N., ....
Donc je suis dans un mini-bus très cher en direction de Queenstown où j'espère trouver de l'herbe. J'espère pouvoir profiter un peu de la nature de la côte ouest (Rain-Forests).
20/02/2008:
10H00:
Me voilà à l'aéroport de Queenstown! Je ne verrai pas les Rain-Forests... J'ai fait la rencontre d'Angélique, une réunionnaise de 23 ans étudiante en littéraire pour qui je me suis fourvoyer une fois de plus...Je pars pour Auckland à 13H00, espérant pouvoir rejoindre Nouméa dans la foulée... puis Hienguen... Je déteste vraiment ce pays qui serait un paradis sans les Kiwis! Mes meilleurs contacts ont été ceux avec les maoris. Les Kiwis sont des donneurs de leçon, ils s'imaginent être écolos, bienfaiteurs mais roulent dans des voitures américaines ultra-polluantes et ont fait de ce paradis un parc d'attraction pour gogos sportifs dévastant l'environnement de loisirs couteux nautiques, terrestres, aériens, sans parler de leur protestantisme “arien” intolérant. Ils s'imaginent être les meilleurs alors qu'ils sont coupés du Monde, élitistes au possible, leurs enfants sont programmés dans des écoles privées pour êtres des “gagnants”; comme ils le disent eux-mêmes: “Nous ne faisons qu'un!”... n'ont aucune idée de ce qu'est la philosophie et encore moins la poésie... Tous les touristes « beaufement » sportifs ou d'extrême droite trouvent la culture formidable, n'ayant pas d'esprit comment pourrait-il manquer de sens ou de culture?
On ne peut pas joindre la N.C. Qui se trouve à moins de 2000 Km!
Je sais que les calédoniens sont stupides mais pas au point des Kiwis, du fait d'être français! Je suis pressé d'être dans les bras d'Alice. Je n'ai que deux cadeaux: une petite casquette pour ma petite nièce Choupette... et qui se prénomme aussi Alice! Et une parure pour ma Poupette!
Jeudi 21 février 2008:
23H59:
A l'hôtel KIWI, Queen Street, Auckland. Je tente de mettre au point une ligne d'assurance de moi-même au travers d'essais encore et toujours. J'hésite à continuer mon roman “Alex Au Pays d'Outre Mer” à l'origine destiné à plaire aux Calédoniens pour gagner de l'argent! Je rentre en première classe samedi matin de vouloir fuir si vite ce pays... Je viens pourtant d'apprendre qu'un retour à Nouméa en bateau de croisière aurait été possible. Voilà où je voudrais en venir: En voyant aussi à quai le Queen Elyzabeth II et me rappelant mon manque d'aplomb à Los-Angeles pour embarquer sur le Queen Mary en 2005 je crois; repensant évidement à Vladivostok et mon fameux retour en arrière vers Génia au lieu d'aller au Japon... Me considérant obligé de rentrer le 4 avril prochain (ce un mois plus tôt que ce que je croyais) car mon père et ma cousine Sylvie s'entendent à merveille pour dérouter là où leur métier devrait les faire mener au mieux (car mon père est spécialiste en conseils et ma cousine vendeuse de billets de voyages!)... Bref, je cherche à sortir de la faille sociale dans laquelle je me trouve et ce sera le titre de cet essai (ou paragraphe d'essai!)...
Mercredi 05 mars 2008:
15H00:
Alice part voir Léon pour lui demander une poutre et une échelle afin de réparer le toit du couloir extérieur qui va de la réserve de la cuisine à la salle d'eau qui abrite aussi le groupe électrogène qui suppléé au panneau solaire.
Je me trouve tout autant dans la faille sociale chez Alice que partout ailleurs! Alice endosse très bien son rôle de prochain persécuteur ou moralisateur, bref de cohabitante chiante, voire ennemie. Vous me direz: il suffit de partir! Mais je n'ai pas d'argent et la seule sortie possible est le retour en France qui est couteux (à ravancer) et puis qui ressemble à une forme d'ingratitude vis à vis d'elle. Elle ayant projeté encore quelques divertissements à mes côtés comme l'hôtel-restaurant à Nouméa que je me propose également d'offrir avec mes économies de travail sur mon compte à l'O.P.T. . Je ne vais pas avec elle chez Léon pour annoncer à ce dernier que je n'ai pas réussi à économiser de quoi le débarrasser de son voilier... car j'ai senti qu'une fois de plus c'est une occasion pour Poupette de se changer les idées de moi!
D'ailleurs, c'est mon plus grand échec dans ce voyage comme d'habitude; ne pas avoir soudé de liens plus forts que ca avec aucune femme (et elle dans le cas présent); et encore moins professionnels ou artistiques, ou scientifiques.. à part quelques touches. Si je devais retracer mentalement mon voyage depuis mon départ d'H. en car C.N.A. (pour laisser ma voiture chez mes parents) pour Louviers... puis d'attendre le “bus rouge” qui emmène à V-d-R mais qui ne semblait pas vouloir passer “Portes de l'Eau” malgré les rumeurs... Ce quadragénaire fumeur qui s'arrête pour me proposer de n'emmener comme il a l'habitude de faire... passionné de trains mais ouvrier... (je crois avoir déjà parlé de ca dans mon journal mais en avoir perdu la trace... puis mon départ pour Saint-Lazare... J'étais triste d'avoir abandonné la minette Nefertiti aux soins d'une voisine et de la femme de ménage chez mes parents en voyage et ne rentrant qu'une semaine plus tard... A Saint-Lazare, j'ai pris un de ces trains de banlieue que je connais bien pour Bécon-Les-Bruyères avec ma valise vide empruntée dans le grenier du bureau de mon père... Arrivé chez moi, je savais que j'avais deux nuits dernières et seul de conditionnement. Je me souviens être allé à Nanterre faire une course... en train! J'ai poireauté toute la matinée à Nanterre Université et fait la rencontre d'un jeune qui attendait aussi. On a fumé ensemble dans la fac. Ils avait roulé sa bosse partout en France et savais se démerder. Nous avons échangé nos numéros et je suis rentré. Une barrette pour deux nuits? J'en avais surement encore de la région... Nous étions dans le même train pour Paris... Je crois que Jacqrok m'a fait penser à lui (du fait de vendre sur les marchés et manifestations et de savoir vraiment parler le langage des affranchis). Je suis allé chercher mes médicaments à la pharmacie. Je n'avais plus internet, plus de téléphone, plus de courrier, tout étant résilié, suspendu ou réexpédié. Je n'avais plus de télé non plus d'ailleurs puisque ma vieille Haïka avait rendu l'âme et celle prêté par des amis de Nico et Marie rappelée vers les siens... Je n'avais que la musique et mes rêves, juste ce qu'il faut pour manger et je crois avoir été manger dans Paris... à ma cantine Quick de la Défense! Et je me rends compte à cet instant de ce que je vais retrouver si précipitation, ayant vécu tout cela si indifféremment, ou si gravement par rapport à l'improbabilité et la chance que ceci a.
Je reviens sans avoir fondé de cercle, réalisé de bénéfices, avoir appris de métier, ni sans coeur pris... C'est tellement dommage mais si fort tout de même que je saurai tirer profit et saurai vivre en rentrant.
Dimanche 9 mars 2008:
10H25:
Encore et toujours à Tao... mon petit paradis sait aussi être son contraire..! Je vis des moments effroyables de par l'imbuvable âme sœur..!
J'ai une fois de plus avancé mon billet d'avion au jeudi 20 mars au matin. Mais je ne peux plus vivre, ni même cohabiter, ni rien partager avec Alice. Je saurai ce soir en appelant si je peux séjourner une dernière fois à l'auberge de jeunesse mais cela paraît compromis étant donné le peu de considération qu'A (la responsable) à pour moi, malgré qu'elle m'ait surnommer “poète” en me disant au revoir.
Je devrais tirer de grandes leçons de ma relation conflictuelle d'avec Alice; Je comprends que de se sentir incompris revient en fait à trop être compris! N'en faire qu'à sa tête et vouloir que le monde s'adapte... je vois que la naïveté faisant l'innocence ou cette dernière dévoilant la naïveté réveille chez l'autre l'instinct d'exploitation et de maltraitances... même si celui ou celle ci semble le plus doux félin du monde...
Alice semble bien vouloir m'emmener à Hienghen pour le bus de 6H30... en fonction de la réponse de l'auberge...
Elle est partagée entre l'envie qu'on fasse encore des sorties ensemble, voire que l'on s'écrive et s'appelle puis se revoit et même aurait aimé que les choses soient différentes et que l'on reste ensemble; et puis l'envie qu'on se quitte sur une engueulade, au combien triste et déroutante, et dangereuse à tout point de vue pour moi directement ou indirectement, bref que mon départ soit expéditif et pour elle une histoire courte... A SUIVRE!
Mardi 18 mars 2008:
12H30:
Confortablement installé à l'hôtel Lutecia car je n'avais pas envie de m'essayer une troisième fois au Laperouse..! Ils repassent “De Nueremberg à Nueremberg” à la T.V... en plus de tous ces films documentaires historiques coutumiers habituels...
Je suis toléré à nouveau demain soir (mon dernier à l'autre bout du Monde) à l'auberge. Je dois encore réserver ma navette pour l'aéroport. J'ai passé trois nuits à la plage payante de Païta (Ongoué) où j'ai abandonné ma tente et mon duvet fabriqués en Chine que j'avais acheté à Poindimié pour la tente et Bourail pour le duvet... ma fameuse seconde semaine que je nommais alors “ma semaine de brousse” et durant laquelle je rencontrais Poupette...
J'ai deux mauvais D.V.D. d'horreur à regarder dans les aéroports en transit ou avant..! Je viens d'acheter un petit livre “l'Évangile de Nietzsche” de Philippe Sollers (entretien avec Vincent Roy), Le Cherche Midi. Dont je suis déjà septique!
J'ai payé mille cfp pour le nettoyage de la Twingo de location de Loca Choc! Rapport à mon passage vengeur à Goro nickel! Vengeur poétiquement-parlant malheureusement! Je prends un maximum de bon temps avant le retour, bien que je ne me baigne pas à cause de plaies et de mille détails qui je le sais pourraient dans ma situation que se terminer dangereusement.
Je vais aller manger un bon sandwich en ville, puis revenir, peut-être me re procurer un peu de “cigarettes” comme disait P le passeur de bac de la Ouaième... je n'ai plus qu'un joint de “fluo” (achetée 3000 cfp aux jeunes du village de Païta qui étaient avec un vieux cul-de-jatte fait comme un Mickey!)
Je dois revoir Mat Coif demain soir à l'auberge et c'est à peu près ma seule satisfaction à venir. J'ai revu Jacky et Pierre et aperçu l'autre Jean-Marc le nîmois (oiseau de malheur); Jacky m'a donné les 4000 cfp qu'il m'avait promis pour mon article sur l'élevage laitier et annoncé qu'il en avait tiré 300 pages avec Denise (son espoir et muse!) la kanake dont il m'avait tant parlé et qui était à ses côtés.
J'ai aperçu une raie là où le long du port de Port-Plaisance j'hésitais à sauter pour me relaxer!
Voilà, j'appréhende déjà la France et mon “éternel retour” au pareil; je veux que cette fois pourtant il soit si victorieux d'un point de vue de la réalisation tant je sais celle de la poésie acquise et ma philosophie in-ébranlée.
Vendredi 4 avril 2008: COURBEVOIE
17H35:
Alice m'a écrit. Au moment où la vie redevient dure pour moi (démarches sociales etc.) elle est arrivée dans ma boîte aux lettres... Elle l'a écrite avant de recevoir la mienne. Et demain j'ai les résultats d'analyses V.I.H...
Je lui manque. Elle n'a pas du tout apprécié que je lui réponde qu'elle était dans “sa petite condition humaine” quand elle trouvait “qu'après avoir traversé la Russie et les États-Unis... je ne sois pas toujours à l'aise dans le Pacifique!”; mais à part ca elle semble nostalgique de tout ce qu'on à vécu d'évasion.
Toujours est-il qu'elle aimerait qu'on ait une correspondance. Et ca semble bien parti.
La France n'est pas à feu et à sang. Les journalistes comme d'habitude dégradent l'ambiance. Ils ressemblent en fait aux hooligans des supporters de stade qu'ils font pourtant mine de condamner...
On me pousse parfois à me lancer dans le journalisme (je ne sais pas dans ces moments si les conseils sont construits de sentiments positifs innocemment ou laconiques) mais comme je dis chaque fois: le journalisme est au philosophe ce que serait un gant de boxe à un poète donc poète aussi, je préfère rester client pour que mes coups soient moins incisifs de par le conformisme de leur présence ./... Je suis le fou du roi.
Bref, je manque d'activité physique; je compte aller à la piscine ce soir. Mais je pèse bien toute l'importance de structurer ses besoins et d'agir avec décontraction. J'abandonne le regard que j'ai sur moi-même qui est un piège à se mélanger son bien-être avec le faire-bien. Je privilégie d'apprécier plutôt que de me faire apprécier soudain. Et c'est sûrement la meilleure façon d'être appréciable! J'en reviens à moi littérairement. Maintenant parler de moi c'est de mes actions ou de ma volonté de faire... Mais je pourrais tout aussi bien chercher perpétuellement l'acte nihiliste dans chacun de mes sens et n'en avoir que plus de gloire postérieurement... Je vais concilier vivre et survivre encore un peu. Mais je finirai par vivre et ne faire que vivre même un court instant et puisque c'est inexorable.
J'hésite à appeler Cécilia la taïwanaise. Elle préfère qu'on la joigne sur internet. Mais j'y vais pas assez depuis que je fréquente deux cybercafés. Mais une sortie dans Paris serait pas mal. Je vais déjà aller à la piscine, quoique je me sens faible déjà... J'ai tant de chose à dire que je ne trouve que des banalités et c'est bon signe.
Lundi 7 avril 2008:
18H35:
Une semaine de chien commence... Ce matin je ne me réveille pas et descend à 11h seulement pour me soucier de ma voiture stationnée dans une rue étroite perpendiculaire à la voie ferrée... Je me suis levé d'ailleurs à cause des klaxons de la dame qui sous-loue mon box jusqu'à la fin du mois qui était gênée par une Twingo stationnée devant! J'en profite pour la saluer et me présenter, elle était énervée. Ensuite j'arrive dans la rue et sans surprise je vois qu'ils n'ont pas laisser la mienne de voiture faire tâche le long de la file de droite. Je fais alors le tour de mon pâté de maisons et j'achète des pains au chocolat industriels sans stresser. Je vois que la dame de mon box a suivi mon conseil en se décidant à prendre les transports en commun en apparence car la fourrière est là sans la Twingo donc signifiant que l'heureux propriétaire avait échappé au pire... et mon box fermé.
Moi j'ai passé ma journée à récupérer ma bagnole en passant deux fois par le commissariat de Courbevoie et la Fourrière de Gennevilliers! D'avoir laissé le contrat d'assurance que je venais de placer la veille dans la boîte à gants... et de ne pas m'être écouté en ne laissant pas la voiture chez mes parents (ce qui m'aurait aussi permi de ne pas “congédier” Rodolphe et Sophie d'un thé où ils étaient conviés -comme il m'a glissé- à H. leur permettant ainsi de me déposer à la gare..!)... décidément, en plus de l'amende et de la fourrière et du fait que je rate une journée pour mon inscription à la C.A.F. et en Intérim... En rentrant j'ai foutu un album de François Béranger et j'ai fumer deux pétards avec une bonne douche.
Demain j'ai R.V. avec la dame du service-emploi à l'hôtel de ville à 15H30. Je ferai en même temps le R.M.I... Moi qui voulais être inscrit en intérim et travailler avant pour ne pas y avoir droit! A moins que par miracle en m'inscrivant à la première heure dans la bonne agence ils me trouvent du travail pour l'après midi même... tout est possible dans ce monde absurde.
Il y a vraiment de quoi se sentir sale et désabusé d'une journée de bus de banlieue. A la limite c'est une petite aventure qui vaudrait d'être vécue de temps en temps mais en y gagnant financièrement au moins! Pas comme là! Mais j'ai l'impression que ca fait du bien. Ça conforte dans l'idée que l'on ne sera jamais grand chose et que le bonheur ne dépend toujours que de notre imaginaire. De notre imaginaire, seul l'aspect présent peut sembler agréable même si on partage à plusieurs une joie puisque c'est les neurones qui sont conditionnés à faire en sorte que nous ayons des moments de détente. Alors que nous constatons en permanence la déroute face à un univers gâché.
J'ai hâte de consulter mes mails quand j'en aurai le temps dans un cybercafé. Mes plaisirs sont simples et j'ai l'impression d'être encore un privilégié. Hier je suis allé à la piscine avec J.F. a Louviers puis j'ai revu Nico et Marie (malgré que j'en voulais à Nico de m'avoir entrainé à m'engager dans un chemin dont je voyais bien pourtant qu'il était engorgé de remblais... la veille; ca m'a rappelé la Russie! Il a fallu qu'ils descendent pour que je monte une côte en première comme en rallye; je devais foncer sur un poteau E.D.F. a plus de trois mille tour minute à peine à deux mètres de ce dernier pour être sûr d'accrocher le long du chemin, des beugs de fumeurs!) puis j'ai repris la route pour Paris et n'ai trouvé que cette place de malheur. Dans deux semaines c'est l'anniversaire de Ju, on ira au resto et il y a un concert des SVINKELS pour lequel je ne me précipite pas (à prendre une place)...
Je compte aller voir ma soeur à Dreux le week-end prochain; chose que j'aurais pu faire en train... sans plus de commentaires!
En tout cas je retrouve de la réactivité dans tout ca.
Lundi 14 avril 2008:
16H10:
Je suis toujours dynamique. J'ai été réveillé par un appel de l'entreprise Auto Consulting Distribution qui veulent me rencontrer demain matin à 10H00 à Clichy...
J'ai aussi consulté mes mails au cyber de la rue des Bourguignons et seule Sylvie S (la tahitienne de l'auberge qui s'était faite virée et que je défendais) m'a répondu un long mail dans lequel elle établit clairement qu'elle ne s'est pas du tout entendue avec le grand type que je croyais australien et qui s'avère être néo-zélandais... Et qu'elle avait bien quitté l'auberge avec une amie comme me l'avait indiqué une connaissance en commun. Par contre elle avait un copain néo-zélandais depuis trois ans avec qui elle est toujours. Elle semble rouler sa bosse en Calédonie mais rêve de la métropole. Je lui ai répondu. J'ai envoyé un mail à la dame du service emploi. J'ai aussi écrit à Karl et à Florent et à Cécilia.
Je suis allé chercher une place pour le concert de Hugues Aufray le 30 mai au palais des sport Porte de Versailles... J'en ai profité pour m'acheter un livre de Philonenko sur Nietzsche, Onfray n'ayant pas encore sorti à cette date son cinquième tome de “Contre-Histoire de la Philosophie”!
J'ai parlé avec Philippe l'architecte d'en bas un moment. Il manque d'activité physique aussi!
Il va falloir que je mette le paquet à l'entretien de demain... sinon j'ai plus qu'à faire le plus long rapprochement bancaire de ma vie avec tous mes relevés de compte et tickets bancaires pour m'entrainer à l'évaluation de vendredi matin pour devenir... aide-comptable! A moins que mon père se décide à me téléphoner pour un petit briefing... mais bon. Je n'ai pas encore de nouvelles de la boîte au cousin de Charles à Nanterre.
Sinon ce wek-end, il faut que je commence par prendre un ticket de train pour Rouen, pour manger au resto avec Julien et ses amis (il faudrait aussi que j'ai quelque chose à lui offrir pour une fois dans tous ses anniversaires!); et puis il y a Euryale à qui j'ai dit que je serai à Rouen...
Mercredi 16 avril 2008:
11H52:
J'ai reçu un appel de Karl hier soir. J'ai reçu un mail de Cécilia ce matin au cyber café. Je lui ai répondu et envoyé un mail à Francis. Mon cousin Frédéric aussi m'écrit souvent mais il est porté sur les clubs d'internautes qui vivent dans le virtuel...
J'ai été à l'entretien d'A.C.D., je dois les rappeler en début d'après midi; mais je sens l'arnaque à plein nez...
12H18:
Je ne fais que penser à ce boulot de technico-commercial. Serait-ce un attrape-paumés qui les utilisent deux jours au titre de formation mais à des fins de main-d'œuvre pour rénover des véhicules d'origines douteuses et puis basta? Quand on sait que la dite formation sera en Belgique et que cet après-midi; le premier contact professionnel est annoncé comme un premier briefing sur les techniques et la manipulation des produits... Il faut de mon côté que je parle de contrat bien en premier. Si je vois que les contrats peuvent attendre et qu'on m'entraine vers la formation trop vite, je laisse tomber.
Dimanche 27 avril 2008:
15H10:
L'entreprise avait l'air sérieuse au contraire... A tel point qu'ils préfèrent tester d'autres candidats, du moins un autre. Pendant ce temps l'entreprise du cousin de Charles m'a rappelé et me propose un entretien le 5 mai pour être télé-conseiller en dépannage informatique je crois. Il faut que je fonce, il n'y a que ca. Sinon c'est les intérims avec l'angoisse de jamais savoir comment se rendre à différents endroits et surtout de savoir assurer son job (qui le plus souvent consiste à se sentir à l'aise coute que coute pour que le reste suive). Il y aura la fameuse réunion des copropriétaires le soir du 5... ca promet d'être mouvementé. J'ai aussi rendez-vous le 30 avec mon ancienne assistante sociale... pour être à nouveau RMISTE pour le cas où ca tourne mal... et c'est déjà le cas. Après plus d'un mois de retour, c'est le néant!
En plus je m'inquiète pour Alice en Calédonie, sa messagerie est saturée et je n'ai pas de nouvelle depuis son coup de fil dimanche dernier où elle m'annonçait que je lui manquais et qu'elle était riche...! Pas de nouvelle lettre. Je voudrais retrouver le numéro de Léon pour l'appeler et lui demander des nouvelles mais je n'ai pas de chargeur pour allumer mon ancien téléphone sur lequel il est enregistré! Je n'ai pas non plus les coordonnées de sa fille et son gendre à Nouméa mais de toute façon je ne l'aurais jamais appelé (j'ai toujours été gêné à l'idée de la rencontrer sachant qu'elle a elle-même dix ans de plus que moi..).
Je me suis bêtement inscrit au vidéo-club à l'autre bout du quartier de Bécon depuis que celui de ma rue a fait faillite de l'autre côté de la gare... Je loue surtout des sciences-fictions mais là j'en ai fait le tour. Choisir des bons films que je n'ai pas encore vu me demanderait plus de temps et d'argent. C'est comme pour les livres.
J'ai défait le rideau de faux bambou en plastique vert le long de ma balustrade pour le rattacher bientôt du côté intérieur, comme a si gentiment insisté G. un voisin d'en bas qui s'est beaucoup investi dans la gestion de l'immeuble. Pour l'instant je profite de la profondeur de la vue qui m'était cachée avant. Le square Thomain, le clocher vert de Bois-Colombes.
Il fait un beau soleil depuis hier matin et moi je ne bouge presque pas. Faute d'avoir une réelle opportunité de profiter d'un espace vert, ou de détente en compagnie. D'ailleurs si j'avais ma voiture je crois que j'aurais fuie en attendant le rendez-vous du 30.
Je vais n'avoir qu'à consulter internet demain et faire tourner une lessive... Je n'ai plus rien à fumer et n'ai pas d'argent pour m'en re- procurer. Alors j'économise ce qui me reste et je continue mon roman d'Alex au Pays d'Outre-Mer...
Je ne voudrais que me dépenser physiquement et au lieu de ca je végète dans mon studio. J'en veux tant à la région parisienne de ne pas être plus conviviale et plus adéquate à une vie aérée comme en Nouvelle-Zélande étrangement.
Lundi 28 avril 2008:
21H00:
J'ai galéré pour récupérer le numéro de Léon dans mon ancien téléphone portable en le raccordant à une prise murale avec un câble d'une autre marque! Mais le numéro n'est plus bon. Connaissant Léon il s'est peut-être trompé en me le donnant ou bien il n'a pas renouvelé son abonnement, ou encore dès le début comme me l'avait évoqué Alice il me prenait pour un petit merdeux qui n'avait pas besoin de son réel numéro...
Par contre la messagerie d'Alice est de nouveau opérationnelle, ce qui signifie qu'elle est toujours en vie à priori. Donc je lui ai laissé un court message vocal.
Je suis si nostalgique. C'est à cause de mon roman “Alex au Pays d'Outre-Mer” que je m'efforce de continuer. Mais je ne sais plus comment alimenter le scénario sérieusement ni comment tourner le réel en fiction.
Il y a un si grand vide. Je n'ai absolument pas l'énergie de me mettre à positiver. Demain à 14H00 j'ai un rendez-vous pour Bat-Car. Il y aura le grand patron. Je m'en fous. Qu'est ce que cela peut me faire d'avoir un job de VRP ou cela serait même PDG, ca ne me correspond pas. Ce qui me correspond? Ça serait une rencontre tout d'abord et puis une bataille à deux contre tous. Et puis notre éternelle complicité, patati patata!
Mardi 29 avril 2008:
17H43:
Alice m'a encore écrit, je lui ai répondu.
Par contre le rendez-vous de Bat-Car est reporté à demain matin Porte de la Muette que je ne connais pas. Nous sommes deux candidats en concurrence pour le poste. Donc je dois décaler mon R.V. avec l'assistance sociale.
Je suis pressé de rentrer demain soir en Normandie. Il faudra que je prévois mon billet de train.
Au sujet d'Alice, il faut savoir que j'avais oublié une clé USB chez elle avec tous mes textes et ceux en cours. Je lui ai conseillé ou de faire imprimer pour elle mes textes ou de détruire la clé. Mais en fait j'espère qu'elle va faire imprimer mes écrits pour qu'ils se répandent.
Je suis si touché par ses mots où elle m'imagine encore là chez elle quand elle remonte du bord de mer où elle est comme une gamine à pêcher des dizaines de poissons avec sa senne.
Mercredi 30 avril 2008:
17H30:
Je suis dans le train pour le V.D.R. Où Nico et Jonas viennent me chercher. J'ai reçu une nouvelle lettre d'Alice: 2 en deux jours! Et pour cause l'une est datée du 20 avril et les cachets des deux enveloppes sont du 22...
Le R.V. Porte de la Muette était pas mal; dans le sens où ça m'a permis de découvrir ce quartier ou cette porte de Paris. J'ai tout d'abord repéré le grand patron en quelque sorte grâce à sa plaque d'immatriculation belge sur un pick-up Dodge de 7 ou 8 L de moteur. Puis est arrivé mon rival ou plutôt l'autre candidat au poste. Il était plus commercial que moi dans l'âme. Je lui ai dit d'ailleurs. Je lui ai signifié et même à notre patron mais nos essais en peinture et en application se valaient largement. J'ai failli repartir en BMW Z3 3L mais le siège n'était pas sec!
En tout cas moi je sens l'arnaque à plein nez. J'ai dit au patron: “moi je ne vous suis pas en Belgique sans contrat!” (pour la formation). En plus j'ai du annuler le R.V. avec l'assistante sociale de ce matin, la circonscription de la vie sociale étant fermée le mercredi après-midi, je n'ai pas d'autre R.V. de prévu... comme pour l'A.N.P.E..
Mardi 6 mai 2008:
02H44:
Je ne suis pas couché. Et quelle chance ce fut d'être si près du téléphone portable qui sonnait un appel d'Alice vers 2H10... Elle était stationnée dans le virage de la gendarmerie de Hienghène pour m'appeler! J'entendais Boule derrière qui m'aboyait ses reproches chroniques! Non, j'allais écrire: qui m'aboyait de revenir! Mais j'ai eu l'impression qu'elle était un peu pressée de raccrocher après 20 minutes de communication... peut-être parce que je faisais allusion maladroitement à ses origines mélanésiennes... Je suis si bête!
Je suis blasé de ma journée néanmoins. Je n'aurais jamais cru ca possible. Un appel de 20 minutes d'Alice à l'autre bout du monde n'arrivant pas à me requinquer plus que ca. Peut-être que c'est qu'elle m'expliquait qu'elle faisait des “orgies” (mot qu'elle m'emprunte pour marquer le coup) de cocos sans moi(...)
Aujourd'hui j'ai essuyer une réponse négative pour le poste de technico-commercial chez Bat-Car et j'ai très mal réussi mon entretien et mon test pour le poste de télé-conseiller à Nanterre... Le bouquet final était la réunion des copropriétaires pour laquelle je m'étais engagé à venir vis-à-vis des voisins et à laquelle pourtant mes parents ne m'avaient pas obligé. Et là où c'est de moins en moins drôle c'est que les dépenses sont de plus en plus importantes à cause d'une gestion aussi désuète que l'immeuble. Et moi malheureusement, je n'avais plus du tout la force de défendre un quelconque intérêt ni avis! J'ai laissé ces cafards s'agglutiner autour de leur pauvre verve méchante et craintive.
Alice à viré sa fille et son gendre quand ils sont venus en vacances chez elle! Ça confirme quand même que cohabiter avec elle est chose dure... C'est idiot comme la maladresse est toujours auto-punitive...
Jeudi 15 mai 2008:
00H40:
Je viens de regarder le film “Into the Wild” que Philippe le mettre d'oeuvre d'en bas m'a prêté. C'est toujours chouette ces aventures qui ne mènent qu'à la nostalgie! Moi je la vis par épisode ma petite aventure. Ma grande aventure c'est celle qui me porte près des miens, de ma famille, de mon entourage... Ici. Je ne me risque pas tant. Sinon je réussirais mieux l'une ou l'autre. “bientôt c'est ton âme que tu ne pourras plus contrôler...” dit Graeme Allwright. Moi j'ai pété deux fois les plombs dangereusement: la première fois à Rouen dans ma piaule de 17m² et la deuxième içi même à Courbevoie... Avant j'avais fait le tour de l'Irlande et m'étais souvent engagé dans des périples (en scooter, en stop, en stage à l'étranger...), entre deux je m'étais encore aventuré (tout autour de la Grande-Bretagne, ou pour y travailler etc) puis après l'autre dépression (États-Unis, Russie, Maroc...) mais ce genre d'histoire vécue me rappellent combien Graeme Allwright tente de nous prévenir dans cette chanson Les Sœurs de la Miséricorde. Et pourtant l'on connait mon dégout presque inculqué de la religion. Je saisi pourtant bien toute la question de l'âme ou de Dieu. Je sais depuis bien longtemps que Dieu n'est qu'un ressenti. Et ce ressenti est notre plénitude mentale. Toute personne se sentant en pleine capacité mentale peut dire qu'entre elle est le Saint-Esprit il est un lien que l'on renie ou délaisse. Mais je crois que ce lien que l'on ressent et qui nous prouve pour ainsi dire l'existence du tout puissant est tout à fait subjectif et commun. Ce n'est que la prise de conscience de notre singulière toute puissance à nous les humains. Un cerveau si capable dans un monde si splendide. Dans un univers si gigantesque et si plein de créations. Nous sommes à la hauteur évidement. Un sentiment d'impuissance ou de fainéantise nous préfère invoquant celui qui se trouverait si extérieurement puissant que sa pitié toute réceptive nous faciliterait une vie toute petitement humble et champêtre...! NON! Perdre le contrôle de son âme, donc perdre sa raison a beau nous attendre au tournant, ce tournant vaut la peine d'être pris. D'autres appellent ca le destin et refusent le mot “hasard”... Nous tournons autour du pot. Quel délire! A moins que quelqu'un ici-bas se sente celui qu'il à toujours rêvé d'être et sans jamais n'avoir joué avec le hasard. Personnellement je n'y crois pas. Je m'en tiens pour preuve. Si vite étant petit mes idéaux étaient bousculés. A tel point qu'aujourd'hui je les bouscule à mon tour. Si je me voyais avec mes yeux d'enfant, ceux-là auraient si honte. Et j'ai honte devant l'enfant qui reste en moi. Trop souvent c'est lui qui me sauve la face. Au moins moi je sais que je ne suis pas à la hauteur de mon rêve de gosse. Celui d'être en phase avec les éléments. Le sur-homme de Nietzsche! J'étais si grand de l'âme que Dieu n'était pas à la hauteur de m'apporter un chemin équivoque... je plaisante. Pour moi, le bonheur serait de ne pas avoir subit le moindre choc, le moindre frein à son épanouissement... c'est à dire arriver sur son lit de mort avec le même engouement que l'on a de gambader pour les premières fois des après-midi sans fin d'été étant gamin. Comme si tout avait semblé facile. Non pas parce que le monde serait parfait mais parce que l'attitude se serait spontanément adaptée à tirer le meilleur profit de tout. Et comme j'en suis loin! Je ne risque pas de re- gouter au bonheur tant que je ne serais pas à nouveau fier de moi. Oui je peux dire tout comme Graeme: “Je suis passé par là et je sais qu'on est vite épinglé...” “La solitude qui reconnait toujours le pêché” est partout... Certains ont un curé, un pasteur, un vénérable, d'autres un psy à qui ils confient ce qui les réconforte ou les libère. Les bons-vivants ont leurs amis ou leurs amours... Ils jouent tous sur les mots Graeme, toi qui sait comme tous les marginaux du Pacifique à quel point Dieu c'est la force, c'est le sur-homme de Friedrich, que plus le concept est grand et beau plus sa manipulation s'en trouve inabordable sagement. Je suis convaincu que Nietzsche a délibérément choisi la folie. Il s'était peut-être aperçu qu'il était passé à côté de quelque chose. Forcément quand il songeait au confort de vie de ses prédécesseurs et de ses contemporains tandis que lui n'étais même pas convié aux meilleures réunions mondaines du moments. Je ne lui arrive surement pas à la cheville, mais je trouve que ca ne vaut pas la peine de sacrifier sa vie à la raison jusqu'à la perdre sans en avoir de réels retours matériel ou social. Et j'ai l'impression que je pourrais analyser bien des choses, les mettre par écrit et puis mourir dans l'indifférence générale comme lui. Déjà que mes journaux et tout le reste au fond sont pure innocence, celle d'un débile si jeune pourtant... quand il fallut à Nietzsche la vieillesse pour affirmer qu'il était un noble polonais qui n'avait aucun lien de sang avec ses propres mère et sœur...! Détail que j'admire innocemment puisque le grand esprit était piégé de ne pas s'être réalisé à travers une famille et un groupe d'amis et se retrouvait livré à sa source la plus étouffante possible et sans visiblement qu'il ne sache l'éduquer ou lui inculquer sa réelle pensée... Mais j'aime l'entêtement chez bien des hommes. Cet entêtement signifie que le sujet a forcément eu raison quelque part dans le passé en vain et qu'il s'acharne à compenser sa frustration par une volonté d'atteindre un but même absurde comme dernière volonté. Peut-être que Friedrich ne se souvenait dans ses dernières lucidités que justement il n'avait jamais réussi à influencer suffisamment ses deux parentes mais sa folie traduisait directement une volonté de ne pas être parent de ces supposées “oies”! Ce que je lui reproche moi c'est ses limites à se borner à l'esthétique ou aux peuples anciens ou ses têtes de lard de Socrate et Platon voire Kant ou Voltaire qu'il ne parvenait pas à placer dans leur contexte tout comme Onfray aujourd'hui... C'est trop facile messieurs de s'émousser sur le prodigieux, le beau... pour tout dire c'est facho! J'ai une psychose des ariens et des nazis! Je les vois partout. Et surtout maniant l'esthétique! Voyons, où le glauque est-il laid si ce n'est dans l'utopie de faire d'un parasite un bourgeon avec des étincelles?
Maintenant je constate qu'il n'y a rien d'équivoque entre un confort moral et un plaisir visuel ou auditif. Encore l'équivalence réside dans un acte. Le confort moral passe par l'acte d'une sociabilité. Même si pour réaliser une grande œuvre toute une équipe sympathise forcément! L'œuvre elle même n'est qu'un résidu comme une suée de leur fratrie. Ça n'est pas un résultat esthétique qui doit attirer l'attention mais tous les moyens associés pour sa réalisation donc la chose en question se doit aussi d'être utile où signifiante. Et le plus souvent elle n'est que signifiante. L'esthétisme est partout par compensation. Si encore il avait été plus directement associé à la nature mais il nous en a éloigné en plus du pratique et du productif. Il n'a fait que combler notre décalage avec l'inaccessible tout en aggravant notre singularité.
Je dois dormir parce que mon téléphone peut très bien sonner dans quelques heures pour du travail mais je préfèrerais approfondir la question. Il est 4H00 du matin.
18H00:
J'ai dormi toute la journée! J'ai si honte pourtant d'être dans cette situation. C'est un cauchemar sans fin... Sentir la vie, ses propres capacités comme derrière une barrière infranchissable. Je suis malade. Il n'y a pas de finalité à mes envies. Ni aucun moyen accessible à l'élaboration de mes actes. C'est dégueulasse pour moi, c'est dégueulasse pour ma famille et pour ceux qui voudraient me voir heureux. C'est le gâchis de la vie humaine. Nous avons bridé notre propre monture qui est nous-même. Bon sang, partout mon énergie ne vaut rien! Il semble même qu'elle ne soit bonne qu'à s'autodétruire.
A cette heure çi, je peux tout juste espérer aller consulter mes mails au cybercafé et qu'il y aura du nouveau... du nouveau pour tenir en haleine mon espérance d'être socialisé quelque part.
Vendredi 16 mai 2008:
02H55:
Des jours finissent des matins comme ca..! Je suis allé consulter mes mails en vélo! J'ai constaté une réponse défavorables pour Help-Line à Nanterre... et j'ai envoyé un mail au cousin de Charles, Cédric pour l'en informer... Ensuite je voulais appeler Flavie et au même moment c'est Antony de Choisy-le-Roi qui m'appelle et m'invite à venir... Et voilà en rentrant j'ai regardé Snatch qu'il m'a copié sur ma USB en échange de Into The Wild...
C'est nul en ce moment à la télé ils ne repassent que des rediffusions surtout d'émissions et parlent des juifs et de la conquête d'Israël en boucle.
Je pense évidement toujours à Alice. Mais je préfère ne pas l'appeler ni lui écrire. Je pense qu'il vaut mieux qu'on s'oublie. Bien que la revoir serait forcément une bonne chose. Quoique. Je lui répondrai si elle m'écrit et je l'appellerai si j'ai du neuf. Pour l'instant c'est l'improvisation. Jouer avec le feu jusqu'au bout pour être certain de vraiment tout avoir essayé. Honnêtement je ne vois pas comment finir un manuscrit correctement. Je vais dormir.
Lundi 26 mai 2008:
15H00:
Mon père va arriver ce soir chez moi! J'ai fait du rangement et la poussière... il restera jusqu'à la fin de la semaine pour son travail du côté de l'Opéra.
Moi je pense plus que je ne réfléchie convenablement. D'ailleurs je pense convenablement. Mais ca tout le monde s'en fout. Même moi quand je tente d'être objectif et me décris ou me présente comme perdu, non intégré. Et l'ambiance s'ensuit. Partout. Je passe pour introverti ou complexé, timide ou réservé, parce que je fais littéralement l'autiste. Par moment je sombre, broie du noir et manque tant de confiance... je montre si peu d'entrain... si peu de vie. Je n'aurais jamais voulu admettre avant que cette situation pouvait me guetter. Je croyais tout au plus que même la pire des situations sociale et financière n'ôterait pas la fleur en moi. Je dois admettre maintenant que cette force, cette confiance n'est qu'une santé courtisée par les maladies. Et j'ai délibérément opté trop frivole pour la voie des souffrances. Avec cette saloperie de tabac empoisonné qui nous cache et nous gâte la vraie valeur originelle de ce dernier et tant que ces économies faites mesquinement sur la coupe du cannabis notre bonheur est saccagé que l'on fume ou pas puisque les non-fumeurs sont également privés de la valeur spirituelle que leur procurerait une relation avec un de ces savants-penseurs que seraient les consommateurs de fumées vierges.
Mardi 27 mai 2008:
14H15:
Alice vient de m'appeler. Elle avait senti dans mes derniers messages dont celui de samedi soir dernier que j'avais le blues. Elle me parle de mon R.M.I., d'argent... de revenir chez elle..! J'imagine le topo: 48h de voyage après de lourdes explications incompréhensibles envers ma famille pour me retrouver coincé à Tao... dans ce paradis infernale! Non, la Nouvelle-Calédonie est merveilleuse, Alice est une rencontre insolite, une amie de toujours mais moi je suis trop fragile, trop incertain pour ne pas me chercher un peu plus longuement là où la vie prend sa forme finale ou accomplie. Je veux encore batailler dans cette promiscuité qui ressemble tout aussi grandement à la vie de Robinson Crusoé puisqu'elle est « relationnelement » plus sauvage que jamais.
D'ailleurs, j'ai eu un coup de foudre ce matin. Le genre de rappel à l'ordre de la société... comme obligeant à te faire accepter que tu dois flirter et te sentir bien pour être bien avec la société. La société c'est le sexe opposé; ou celui ou ceux que l'on convoite. Ma frustration si récurrente envers l'amour n'est qu'un symptôme de ma dépression chronique à m'enfoncer continuellement dans le rejet des consensus conformistes. Une sorte de haine des groupes au profit du couple, amical ou amoureux. Mais une femme qui devrait me convenir est trop souvent associée dans mon esprit au moment où je la découvre à une ennemie sociale. Elle m'apparait en premier lieu comme étant d'une autre mentalité, si précipitamment, si bêtement. Mais d'un autre côté je ressens souvent des attirances tout aussi précipitées (physiques et humaines). Je crois quand même être sur la voie de la norme, en affinant progressivement ma libido, ou plutôt ma quête. Je comprends bien qu'il faut doser l'ouverture de soi et l'obsession. Je passe des moments de fragilité psychique mais j'ai l'impression d'aller doucement vers l'équilibre total. Les vingt-neuf ans qui approchent. Je pèse bien toute la chance d'être en vie et surtout toutes les situations possibles, qu'elles soient pires ou meilleures... J'ai en ce moment plus envie d'être en accord avec mes rêves de gosse que ceux d'ados. Je me fais honte en écrivant ceci car je suis fier de mon adolescence. Je voulais dire que j'adhèrerais volontiers à l'amour et la réussite que la promiscuité qui depuis quelque temps n'encourage pas une révolte positive en moi ni même un travail efficace ni en écriture ni en rien.
Mardi 3 juin 2008:
17H00:
Je ne meurs pas! Une force immuable me parcourt. Peut-être est-ce simplement les reportages de France 5, Arte et autres!! Où mes quelques plantes: capucines en-puçeronnées qui tendent à me cacher de l'oppression d'en face le long de la balustrade du balcon... et ma plante de Calédonie qui grandit dans le froid de la salle de bain.. ou tout autrement mon espoir de partir cueillir des melons ou autres agrumes dans une France que je convoite de tout côté. Je l'aime ma France toute paumée. J'attends avec impatience ma prochaine écoute d'un sermon arrêté aux frustrations de petits génies du désespoir matérialisé à mort. La main tendue toute dorée d'un revêtement suave par le convive méconnu qui à affaire à son rival philosophique. Ils disent souvent qu'il n'y a pas de hasard! La définition ne sait que renvoyer au verbe. Le verbe prévoir. Un des verbes les plus sonnant avec le commercial, la consommation. Ainsi leurs Dieux les poussent à n'être que des fourmis de ce développement économique suicidaire. Voyez comme nous sommes ridiculement inadaptés à nos structures physiques citadines. Qu'importe, leurs Dieux les éblouit par delà. Mettez-les dans des tunnels enfumés, dans des capsules éjectées, des décharges pullulantes facturées; ils sont touchés par la grâce. En tant que philosophe je le déplore. Mais le poète en moi est subjugué! A moins qu'il ne s'agisse que d'un handicap de leur part. Que l'Homme se soit accaparé du plus haut poids par humilité. Et là franchement Bravo! C'est penser que l'on vaut tellement mieux qu'il n'est nul besoin de combattre l'offensive. Que l'on reste devant la postérité le méritant de n'être que victime. Et j'en viens à moi: je suis dans la même position qu'eux (...) Eux que je plains! Bon sang! Je ne me suis pas battu. Jamais. Je me suis rappelé hier, que j'avais pris goût très jeune aux rhétoriques vives en partie grâce à ma soeur Charlotte qui m'avait inculqué l'arrogance publique! Je me souviens de tant d'échanges verbaux brutaux qui nous « charismatisaient » en apparence... Et pourtant j'ai constaté hier aussi que je n'ai pas tiré les ficelles de l'ora ou du dynamisme de réalisation. Maintenant je ne suis même plus réactif. Je cherche un mot qui définit mieux ce que je veux dire et ne voit que celui de JCVD: awear! Ou réactivité. Je ne sais pas. Mais il y a d'autre choses quand on n'est plus réactifs; notamment de mauvaises... Comme une ombre envahissante. Je la ressent partout où j'évolue surtout dans la rue.
20H00:
L'ombrage, il m'est plus évident le soir tombé. J'ai écrit une lettre courte et moche à Alice. C'était plus histoire de. Il faut que j'aille la poster. D'ailleurs j'ai utilisé un vieux timbre bleu de 75 cents d'euro que j'avais acheté quand j'écrivais à Igor, mon ami en Russie. Je pense beaucoup à lui en ce moment. Elle est donc sous-affranchie, à sa juste valeur!
Mais revenons à l'ombrage. A moins que je n'y arrive pas tout de suite. Déjà que mon paragraphe de “la résolution” n'est pas à la hauteur. J'ai bien peur de m'enfoncer encore à critiquer mon prochain en dénonçant une ombre dans le cerveau de mes congénères.
C'était une idée sur l'impression projetée bien qu'elle soit plutôt puisée. Oui, j'ai déjà aimé ou détesté bien des êtres de par leur apparence mais rarement au point de faire partagé mon emportement maladroitement comme je le constate tellement partout où je passe. Le milieu rejette si promptement l'intrus.
Mardi 10 juin 2008:
17H21:
Je renoue l'amour de moi en ayant passé dans la honte si récemment jusqu'à la minute précédente. L'amour de la quête encore et toujours, le soin de la poésie et l'ouverture à la minute suivante comme paix de vie intense et réussie. Le soleil est revenu, mon air grinçant et suave me ré-emplit, prêt à intégrer toutes les voies de garage, toutes les absurdités avec la vision de tout ce qui est beau, le goût de tout ce qui est bon dans les recoins de ce marasme superficiellement apocalyptique.
Samedi 14 juin 2008:
17H02:
J'ai fini de toucher le fond et commence la flexion du salut. Elle est douloureuse et inconfortable à première vue. Mais c'est extrêmement bon de ressentir la vertigineuse poussée qui déjà me soulève et ce pour le reste de la vie. Je suis comme en retour avec moi-même lorsque l'on rompt avec quelqu'un. Cette nuit j'ai rompu avec le perdant, le frustré qui m'emportait trop. J'ai soigné le mal par le mal rien que par hasard. Certains en ont fait les frais comme d'habitude... mais je ne constate que trop qu'ils ont les mêmes fautes et défauts pour eux. J'ai des regrets mais ne me rongerai plus l'esprit d'avantage avec aucun d'eux. Je passe à ma vie. Ma vie c'est celle de mes engagements spontanés, volontaires, pleins de coeur. Et je sens qu'elle va passer par un certain isolement, jusqu'à mettre autour de moi assez de confort pour me sentir à l'aise dans mes jours.
Lundi 16 juin 2008:
16H00:
Après m'être vraiment senti mal à plusieurs reprises ces derniers temps, je sens qu'effectivement je rebondis. J'ai reçu une lettre d'Alice. Elle est malade et n'a pas le moral. En plus il y a eu des évènements encore qu'elle dit “pénibles” avec les indépendantistes et j'imagine un petit peu tous les jeunes sur le territoire. Elle est fragile et moi elle me sent heureux et avec la vie qui s'ouvre à moi... C'est ce qui me fait du bien. Pourtant il faut que je commence à m'organiser, ou que je persévère sérieusement. Quand je relis et tente une mise en forme de mon essai de 34 pages, je me rends compte qu'il faudrait ou tout garder et l'associer même à mon journal comme une ébauche artistique, poétique et sociale ou bien repartir de quelques idées seulement et tout ré-écrire de façon plus ciblée, pour faire un réel travail de publication. Mais la première idée aussi mérite le coup d’œil...
En fait je n'arrive pas à croire en moi, je bidouille tout seul dans mon coin. Même seul, il faut absolument hiérarchiser un plan d'actions...
Je continue.
Mercredi 18 juin 2008:
16H46:
Je sais depuis hier que la CAF m'a versé environ 800 euro par leur site au cyber de bécon. Je suis donc allé dans la foulée porter mon dossier de réinscription pour la CMU et j'ai appelé la STIF qui m'envoie un premier coupon d'un mois gratuit, puis un pass navigo.
J'ai décidé de rester à Courbevoie pour la ramdam du 21, enfin à Paris... J'ai eu le temps de signifier que comme Brel j'aspirais plus à me sentir parfaitement en forme pour dorénavant sortir avec ceux qui m'attirent... Mais je crois plus objectivement que vouloir écrire et chercher ne fait pas bon ménage avec les sorties et la fête. C'est pourquoi je me sens si souvent mal à l'aise avec ceux que pourtant j'apprécie. Mais ca ils ne le comprendront jamais. Alice me dit dans sa lettre: “La philosophie et la révolte ne vont pas ensemble” (...) Elle a mis le pied dans le plat. En tout cas beaucoup de jeunes ressentent les deux, c'est flagrant.
J'ai un film à rapporter. Des cigarettes à acheter, ou du tabac. De la nourriture. A moins que je ne sorte plus loin pour manger. Hier soir c'était bien de manger avec Ant et son pote à Thiais... Il faut que je côtoie du monde pour me sentir bien ici. Et pour en rencontrer il faut que je m'investisse. De toute façon je ne produis rien par moi même. Ou trop. Trop d'aberrations. La science infuse. Je fais honte et je me retranche encore plus honteusement. Je ne suis pas sain d'esprit et m'en défends en contestant l'esprit commun. Le malade malheureux. Tandis que la norme et d'être bienheureux. Même un petit peu gâté par l'absence de passerelles entre le monde qu'on s'imaginait et celui qu'on affronte. Les anciens en Europe sont beaucoup moins adulés qu'ailleurs... Ils ont maladroitement transmis la culture. Si pleine de controverses. Du moins dans sa digestion. Car la culture tout comme sa propre enfance s'analyse et se vainc par des constats courts et motivants. Mais on peut plonger dans tous ses fonds avec passion sans pour autant s'introduire inopinément comme avec la psychologie voire la philosophie. Je devrais m'enfoncer dans la culture. Je suis sûr qu'elle me réserve bien d'agréables surprises. Il n'y a pas que les relations que je perçois. D'autant que je perçois mal! C'est clair, je me suis endormi dans un nuage mauvais. Je vais souffler définitivement ce qui me ronge; et comme je crois avoir fait le tour de ma psychothérapie, je suis libéré contrairement à ce que voient mes proches... eux qui y étaient pour beaucoup dans mon mal-être. C'est normal de leur part de combler leur sentiment de culpabilité par des intentions exagérées de préoccupations.
Non, la confiance que j'ai est inébranlable. Je sais maintenant que les autres doutent en permanence, qu'ils s'en veulent tous, se sentent traitres, coupables, mesquins, envieux, sournois... il faut saisir le moment où dans leur geste, dans leur parole, ils démasquent la toute minuscule personne qu'il reste d'eux. Et lui en foutre plein la vue à cette créature vivante que de tant d'obscures méandres se veut pousser vers la lumière, vous. Je suis revenu. Je sais ma force entre mes mains. Je peux décrocher ce que je veux. Et je sais ce qu'il faut vouloir. Je veux continuer à fouler le Monde tout en sachant ce que j'y viens faire ou que ma non participation me soit bienfaitrice. Mais pour l'heure je m'engage à affronter ma situation jusqu'au bout. Je vais me tailler un édifice, un royaume à travers ma vie. Je vais foncer, brutaliser, tout chambouler. Je pars sur le champs. Ou dès que la machine à laver aura finit d'essorer le linge pour l'étendre avant!
Lundi 23 juin 2008:
17H13:
Après un faux départ pour Vienne, je tente de ne plus subir. Mais les ficelles se font fragiles et si rares... Je suis enfin à jour au niveau de mes démarches sociales. Je ne trouve pas néanmoins de pistes intéressantes ni en matière d'avenir ni en ce qui concerne le présent. Je voudrais parfois me baigner dans de l'eau, courir, arpenter... Et il n'y a que la ville, les villes petites, moyennes et grandes... Les bourgs, mon bourg en Normandie... Tous, je ne sais réellement les utiliser ou encore moins en jouir. Malgré ma carte de solidarité transport! Je voudrais ne plus croupir! Pour ca il y aurait tant à posséder ou tout simplement l'envie. Mon envie se tarit à la moindre buttée. Je dois me reconstruire une santé physique et mentale. C'est toujours le même discours je sais. Trouver un job qui m'entraine vers la santé. Ou trouver une activité qui m'emballe sans plus douter.
Là par exemple j'ai faim. Et j'espère aller manger tout en trouvant ma voie! En fait ca va se résumer à traîner ou dans le meilleurs cas à téléphoner à Ant de Choisy pour aller manger avec lui et son pote. Comme personne ne m'appelle et encore moins ne me visite, c'est difficile de se projeter dans quoi que ce soit. J'en ai marre de faire le premier pas et de subir. Au moins si je continue de subir que je ne me casse plus les dents sur des illusions...
Mardi 24 juin 2008:
01H42:
Je suis savant! J'ai acheté un livre de poche de Daniel Colson: Petit Lexique Philosophique de L'anarchisme... Je n'avais pas remarqué que Karl Löwith mettait Nietzsche en cause, en particulier sa théorie de l'éternel retour. Moi c'est plutôt la volonté de puissance que je placerais au second degré, quoique, finalement c'est l'histoire de la poule et de l'œuf! C'est bel et bien Nietzsche qui à clôturé tous les débats. Ceux de nos contemporains ne sont que des gagne-croûtes. Trop peu de savants à ma connaissance discutent de l'avancée technologique. Même Nietzsche en son temps aurait du parler déjà du modernisme plus que ca. Moi je ne veux plus me casser la tête tout seul dans mon coin. Bien qu'il faille que je fasse mes preuves.
En tout cas je ne me suis pas pris en main. Tout aussi savant que je me crois. D'ailleurs ce doit être un cliché. Ma mère ne peut pas être celle qui croit en moi comme ca pour m'encourager. C'est déjà bien remarque! Non je dois réellement m'organiser pour me sentir fort dans mes engagements.
Je rêve trop!
Pourquoi je ne me suis pas entretenu une forme physique? Pourquoi je n'ai pas organisé soigneusement d'activités, thèmes d'écriture, d'appropriation sociale et matérielle? Maintenant je le veux mais trop peu. Je me suicide au tabac et au shit. Pauvre type que je suis.
03H51:
Je pense, j'ai des bouffées délirantes à cause de la frustration d'être un RMISTE paumé qui réfléchi à tout ce qui est si in-acquis...
Dimanche 29 juin 2008:
19H15:
J'ai manqué deux appels d'Alice hier matin; parce que j'avais laissé mon téléphone dans la voiture de Jonas... j'ai eu un week-end absurde! Plus le temps passe et plus mon existence est absurde. Jusqu'ici j'avais encore des actes, des discours, des envies réfléchis ou positifs... mais là, maintenant... je suis trépassé!
La France, l'Europe entière s'amusent, mais pas moi. J'accumule les étés mornes. Le temps lui pourtant est splendide. Ça a rarement été la météo ma muse. Ou celle de la Grande-Bretagne!
La vie me tend encore des perches, mais je me crois en retraite; il faut dire que j'avais oublié mon Zyprexa ici à Bécon! Foutu Bécon! Je n'ai même plus envie d'être explicite. Peut-être que c'est par là que je vais m'en sortir. Par l'absurde.
20H30:
Je feins de m'occuper, mais c'est désespérément navrant. Comment ai-je pu passer à côté de toutes les activités nobles ou enrichissantes? Je vais devoir ressortir pour manger... c'est une corvée! Non, j'ai avalé deux tranches de mie de pain avec des rillettes et des cornichons... je devrais tenir jusqu'à ce soir, avant que l'épicier ne ferme!
J'ai tenté encore en début d'après midi de ré-écouter le court message d'Alice... mais je ne peux même pas distinguer sa voix... de quoi m'inquiéter. Je rate mes jours autour de grandes envies.
Mardi 8 juillet 2008:
11H30:
J'ai été réveillé par un long coup de fil d'Alice... cela m'a permis de prendre R.V. avec la banquière, le médecin et... le plombier! Ma carte vitale est à jour aussi, enfin! Bref, encore le genre de journée qui me donne l'impression d'être faussement actif... par contre avec la pauvre Alice, j'étais pas très causant. En ré écoutant l'album Da Capo de F.B. Je remarque à quel point il redoutait la colonisation toujours plus vraie qu'avant quand à la fin d'une description magnifique de vie tribale dans des terres sacrées il dit: “demain un avion migrateur viendra pour nous déverser un message...” sur le ton innocent d'un aborigène (...)
Je garde un semblant d'espoir et de forces. Je sais très bien qu'il n'y pas de gènes ou de honte à exercer quel que poste que ce soit... pourtant les conseils que je reçois dans ce sens me démotivent.
Et je dirais même que je suis ingrat à force, vis à vis de tous ces gens qui viennent vers moi. Je suis si mal dans ma peau, timide, aigris... comme me l'a fait constater une jeune fille à un feu de camp sur la plage de Ouistreham ce week-end; j'étais avec des amis du frère de la copine de Nico de Louviers (eux sont d'Évreux). Donc ils étaient quatre couples dont les hommes étaient sensiblement de mon âge et leur copines plus jeunes. Je n'étais pas du tout à ma place. Mais j'avais bien compris que je rendais surtout service à Nico et Marie qui sont très présents pour moi depuis tout ce temps de chômage et de déprime. Mais la jeune fille en question n'avait sans doute pas remarqué que je ne venais pas “squatter” mais leur permettre d'être ensemble, alors quand elle a commencé à vouloir refaire ma vie, je l'ai un petit peu prise de haut... bien que je regrette parce que sa grand-mère est auteur: Colette, comme la grande (Sidonie Gabrielle).
Jeudi 10 juillet 2008:
18H41:
La semaine à repris un grand souffle. J'ai reçu un appel de Dédé le directeur du club de tennis... d'ailleurs il était visiblement au poste de Marie-Laure P, ma conseillère du service emploi de l'hôtel de ville! J'ai repris R.V. chez le coiffeur... je suis à nouveau demandé pour le mois d'aout au tennis... j'ai bien l'impression que mes parents y sont pour quelque chose! Ça me fout un coup parce que j'ai repris un semblant d'énergie, pour si peu... au lieu que ce soit pour une grande chose. Comme une parution. Il aurait fallut juste un peu de courage. Il va quand même falloir montrer de l'entrain!
Il y a autre chose, le centre Epsylone... le même directeur qu'à Colombes où j'ai tant perdu mon temps en ré-insertion! Mais là c'est un suivi psychologique gratuit (normalement), donc c'est le compromis idéal par rapport à la disparition de mon psychiatre à Évreux. D'autant que le généraliste me connaîtra mieux en me voyant régulièrement pour mon traitement et prévenir...
J'aimerais tout simplement retrouver pleinement la niaque en ce qui concerne mes capacités ou talents vers “la grande vie”. Je sais que je peux présenter un ouvrage, un essai. Je dois réussir à trouver ma détermination. Je suis capable d'être déterminé. Il est 19H13. Je suis si lent. Je ne crois pas qu'une femme soit à venir.
Jeudi 17 juillet 2008:
16H08:
J'ai reçu un mail de Genia! Juste pour me donner son adresse ICQ... Il m'a d'abord fallu trouver ce que c'était (le deuxième gérant du cyber ne savait pas) puis je m'en suis créé une.
J'ai fêté mon anniv en famille avec Charlotte et Willy et vite fait avec les potes de Louviers. Mais je leur tire une gueule pas possible à tous; comme ci je les accablais de ma situation.
Demain je vais rencontrer la psy d'Epsylon, ce qui m'enchante presque puisque c'était inévitable ou plutôt logique. J'ai aussi l'intention de me rendre lundi pour la première fois à Ingeus qui me harcèle de courrier pour m'insérer dans ce que je crois trop souvent inaccessible: les domaines qui embauchent en tout secteur qui me répugne par frustration de mes ambitions. Plus clairement, admettant que je n'ai pas réussi à allier convictions et indépendance sociale-économique puisque je suis tombé malade, je dois m'en remettre à tenter de me rallier à la norme sociale. Ce qui est pratiquement impossible car non souhaité par moi-même. Me convaincre serait m'apporter sur un plateau un job excitant avec beaucoup d'avantages réjouissants en perspective. Alors que j'ai l'air si ridicule.
Ce soir je vais voir Anthony à Choisy juste comme ca. J'ai la flemme et surtout le manque d'idées pour faire des courses. Je désespère de trouver jamais le rythme qui me plaise. Mon ventre gargouille sérieusement; le mieux est que j'aille sur Paris, en profiter pour chercher le resto que ma indiqué Sophie, la fiancée de Rodolphe.
Mardi 22 juillet 2008:
18H55:
Je n'ai pas trouvé la tour Litwin avec les bureaux d'Ingeus hier matin! Il me reste un R.V. avec l'ANPE demain... Ensuite il y aura le commencement d'Epsylon vendredi matin; avant mon dernier week-end en Normandie précédent le début à Borotra. Je suis tout juste volontaire pour ce programme, en tout cas au pied du mur, c'est tout ce que je me reconnais affronter. Parce que j'affronte aussi tout le reste, le réel de tous, qui se fait chaos autour de moi. Là je dois sortir pour prendre un repas et acheter de quoi en prendre un autre car je suis réveillé depuis trois heures seulement et n'ai pris qu'un maigre petit dèj. Il me faudra aussi du tabac. Ce poison réparateur. Je n'ai aucune envie de sortir; car je m'identifie à ce que je suis: un clochard ambulant! Je ne sais plus me dire artiste ou philosophe, tant je fais pitié dans ma situation sociale. Aujourd'hui, on respecte que ce qui perçoit un salaire.
Vendredi 1 aout 2008:
17H10:
Je rentre de Normandie, j'allais dire “la région” pour être frais et dispo demain matin entre guillemets pour Borotra. Je me suis bien remué cette fois dans la région; sauf envers mes parents où j'ai pris sur moi de révéler une parfaite platitude face à leur détresse et aucune chaleur particulière pour ne pas envenimer la situation et je crois que j'ai bien fait. Je suis tout simplement entrer dans la construction de ma réalisation. Et pour ca j'avais encore des bases, des bases que je voulais anéanties. Bien entendu que mon départ est accidenté. Dans mon mauvais départ, j'ai percuté des obstacles (qui n'en n'étaient que pour le chauffard que j'étais) et je reprends la course un petit peu cabossé et les pneus plein de boue!
J'ai commencé des inscriptions dans les boîtes d'intérim de Louviers et sur Internet. Je dois fournir encore des certificats de travail et diplômes. Mais il m'a sauté aux yeux que “l'office” comme on appel ce domaine qui comporte plus d'informatique que tout et pour lequel je m'oriente chaque fois que j'essaie de mettre en place une stratégie de carrière n'a rien de plus convenable que le milieu d'usine ou de chantier! Surtout c'est la confiance en soit qui me manque puisque je ne suis formé à rien.
Vendredi 8 aout 2008:
21H38:
Je suis rentré hier de ST-LO où j'avais rejoint Jonas qui est là-bas pour son travail. Mais j'ai écourté sa proposition de lui tenir compagnie jusqu'à ce soir car je voulais me reposer plus convenablement chez moi qu'au formule 1... Il y a une grande nouvelle que je m'efforce de prendre en juste considération: je suis pris par Help-Line selon un coup de fil d'une chasseuse de tête: j'aurais trois jours de formation du 22 au 24 septembre et commencerais début octobre en tant que stagiaire rémunéré au SMIC. C'est une entreprise de support informatique. Je n'en sais pas beaucoup plus si ce n'est qu'ils semblent plus déterminés à former pour le dépannage que de recruter pour le télé-conseil. Les inscriptions dans les intérims de Louviers ne donnent pas grand chose pour l'instant; je devrais réorienter mes recherches par ici où ailleurs. Je n'ai pas osé rappeler la fille de Help-Line sachant qu'elle avait ses vacances à prendre... Je me laisse aller à nouveau. Alice m'a écrit une carte et je lui ai répondu en lui annonçant la bonne nouvelle. Je vais essayer d'aller dormir bien que j'ai déjà dormi 18 h la nuit dernière et ce en fumant de la weed de B. du plateau.
Samedi 23 aout 2008:
18H38:
J'avance « catastrophiquement » mais j'avance!
Vendredi 12 septembre 2008:
17H11:
J'ai revu la psy pour la dernière fois ce matin finalement; elle m'a donné son rapport et je lui ai posté le mien en quelque sorte puisqu'elle m'a demandé un commentaire pour “les expériences”, “les vécus”...
Pas de quoi s'inquiéter au sujet de ma santé mentale tant que je continue dans la direction de gagner un salaire... et à ce propos Help-Line semble encore un petit peu comme une carotte qui recule pendant que j'avance. Mais je vais être fixé la semaine prochaine. Il faudrait que je me renseigne sur le métier... Vous me direz que j'ai eu le temps déjà mais je me suis franchement consacré au tennis et à la psy. Maintenant c'est Help-Line. En gros s'il n'y a rien dans la boîte aux lettres demain ni de mail, ce sera mon dernier week-end possible... et rien de prévu. A part une soirée possible chez A. à Gaillon mais je n'ai aucune motivation précise à y aller. Je crois d'ailleurs l'avoir déjà fait. Parce qu'on ne se souvenais pas la dernière fois que je l'ai vu à Choisy si j'y étais déjà allé. Lui avait l'air de penser que oui et moi que non. Mais je ne suis pas à l'aise avec eux, d'abord parce qu'ils sont plus jeunes, et pour l'histoire de Tony qui s'emmêle légèrement peut-être dans mes doutes.
Je m'étonne qu'il n'y ait pas plus de pages que ca dans mon journal ces derniers temps. Et puis je me souviens que j'ai répondu à une lettre d'Alice sous forme d'un petit journal sur quelques jours et qu'avec la psy, j'ai préféré noircir des pages d'un bloc-note qui me sert à vider mon désoeuvrement plus qu'autre chose (ca n'était pas quelque chose qui m'avait été indiqué, quoique d'une certaine manière avec les “pensées automatiques” et leur système d'y remédier, toute ma philosophie serait une œuvre d'art et moi le pitoyable artisan méritant) et je me réjouis de constater qu'il est considéré un monde dans lequel ma place aussi m'attend avec ou sans bloc-note, avec ou sans des tas de choses...
Vendredi 19 septembre 2008:
07H32:
Je pars dans une heure à peine pour Clichy à l'ANPE... pour une réunion d'information concernant deux à trois jours de formation la semaine prochaine (ou peut-être dès demain!) pour Help-Line. J'avais très peur qu'il s'agisse d'une sélection et n'ai pas fermé l’œil. Mais même dans le pire des cas c'est enfin une chose positive. Je suis pressé d'y être et pressé d'être fixé. Six ans de galère... depuis la fac... et ma première “vraie” proposition d'embauche aujourd'hui! Il se peut encore que je rate la formation ou mon intégration au boulot... mais je n'y crois même pas; je suis confiant. Ce genre de confiance à la noix qui me fait fatalement honneur pour l'à peu près concevable... ou convenable! J'arrête ici avant de tourner vinaigre.
Mardi 23 septembre 2008: AUTOMNE!
07H50:
Je m'apprête à partir pour ma première demie journée de tests pour HELP-LINE... à l'ANPE de Clichy La Garenne. Le temps est sec. Je me suis réveillé à 02H30 du matin... malheureusement! Je ne sais pas si ca change quoi que ce soit à ma forme ou mes performances, voire mes aptitudes comme ils disent.
12H00:
J'ai passé mes tests. Ils appellent les gagnants demain entre 9H et 17H... pour éventuellement continuer les tests dans la journée ou jeudi. Voilà. Donc si le téléphone ne sonne pas... c'est le statu quo! Je mérite une bonne sieste pour l'instant.
Jeudi 25 septembre 2008:
09H00:
Ils m'ont rappelé mardi à 12H25 pour me dire que j'avais réussi les tests et que je devais revenir le lendemain après midi pour les suivants; et j'ai à nouveau réussi le lendemain... J'ai donc maintenant au moins une séance d'atelier lundi 29 de préparation à l'entretien de motivation et de formation... Mon travail commencerait le 13 octobre.
Ça fait drôle de dire tout ca. J'ai joué à l'Euro Million comme presque à chaque fois qu'il y a des grosses cagnottes à la clé! J'ai du mal à croire que bientôt ma vie pourrait ressembler à celle des autres et ne plus laisser place à la philo, à la poésie et au voyage... Je l'ai voulu mais la réalisation passe par des tours de passe-passe incommodants et surtout tellement longs. Là j'ai R.V. avec mon généraliste M. pour une visite de routine, ensuite je rentre en Normandie.
Dimanche 28 septembre 2008:
17H15:
J'appréhende ma matinée de demain. Pourtant j'ai une autre tête! La coiffeuse en a fait à sa tête et me voilà avec mes cheveux envolés... il ne reste plus de l'intellectuel chevelu qu'un garçonnet tout... tout je sais pas quoi. Je n'ai rien à manger en tout cas pour ce soir... je vais aller à Paris. Sinon je me suis endormi hier soir sans prendre mon Zyprexa et sans dîner et sans sauter du lit avant 8h00! Ça ne m'était pas arrivé depuis je ne sais combien de temps; peut-être la dernière fois était-ce chez Alice où à l'Auberge...
Alice m'a envoyé ma petite clé USB bleue! Et... il n'y avait pas mes fichiers de “Livres” dessus... Je crois les avoir par moi-même supprimés dans un moment de paranoïa ou de panique, à moins que ca ne soit une main autrement intentionnée... Il y avait une gentille carte d'Alice avec. Je lui ai laissé un message sur son téléphone que je ne suis pas sûr qu'elle reçoive.
Malgré les réussites et les encouragements, et surtout la fin de mes problèmes psychologiques, sociaux, financiers je ne vois pas la vie d'un oeil plus rose. Il me reste à tenir au courant pas mal de gens de ma progression professionnelle tels que: médecin, psy, aides sociales et professionnelles, entourage... On m'a dit: “c'est le début d'une nouvelle galère...” L'avantage c'est qu'elle m'est encore inconnue. Comme l'aventure que je ne cesse d'attendre.
Lundi 29 septembre 2008:
16H15:
C'est probablement la première fois que je mêle à ce point ma fleur à la trahison. Pour ne pas parler de travestissement. Car j'écris pour la première fois dans la peau du repenti. Aujourd'hui j'ai obtenu mon “ticket” pour l'entretien d'embauche chez Help-Line jeudi matin... et j'ai aussi fait valoir mes droits aux services des sports!... Pour les heures dues; j'ai récupéré 25h sur 38 que l'on me devrait... en évoquant la Pologne à la responsable qui tentait de me désappointer. Il faut dire que le Maire s'appelle Kosowsky! Toujours est-il que je me sens vilain vis à vis d'André, le responsable du club de tennis car j'ai bien compris que lui qui se trouve sur la sellette n'a pas besoin de ca de plus... mais je l'ai un petit peu fait de cette façon par l'éducation de mes parents et leur suggestion; plus qu'avec le cœur qui aurait préférer ne pas bénéficier d'étrennes quant à l'enfoncement de quelqu'un qui ma tendu la main. Ça en plus de ma gueule de puceau ahuri qui se profile en un lèche cols blancs dans l'autre secteur où les perspectives sont à l'opposé de ce qui me préoccupe! Je voudrais ne jamais m'avoir connu sous cet angle. Pour un anarchiste, c'est un viol. C'est ca ou la criminalité. La criminalité me conviendrait s'il n'y avait ma famille. J'ai acheté de quoi me faire des hamburgers! Je sais, à la limite le mieux serait de vous épargner à présent... Finalement, quand j'étais à la gare de Vladivostok, même la pire des idées saugrenues valait son pesant d'or! Mais j'ai suivit les pointillées. Vous, ne cherchez jamais à vous convaincre, c'est que votre conviction aurait toutes les personnalités.
Vendredi 3 octobre 2008:
13H35:
J'ai passé mon entretien d'embauche hier matin chez Help-Line qui s'est à peu près bien passé... car il y a toujours mille raisons de douter comme le fait qu'il y avait une dizaine de candidats d'une autre provenance et que c'était encore une jeune qui faisait un entretien-type exactement tel que celui que j'avais fait en direct il y a trois mois je crois; je n'étais pas forcément mieux...
Par ailleurs, j'ai passé dans la foulée un test d'anglais ce matin au CTI de ASNIERS-GENNEVILLIER pour faire une formation d' ACHETEUR INTERNATIONAL dans l'exportation! Mais le dossier à monter pour ca me semble au dessus de mon profil; d'ailleurs j'ai été assez mal reçu mais j'ai fait un sans-faute au QCM... comme d'hab!
Voilà je vais faire une sieste.
Mardi 7 octobre 2008:
15H20:
Me voilà demandeur d'emploi encore et toujours! J'ai été recalé pour Help-Line; le sachant depuis 16H45 hier parce que j'ai pris sur moi de les appeler... Voilà, je n'ai que mon dossier de candidature pour le CTI dans lequel je ne crois pas du tout. Je suis si libre à nouveau, dans un espace tellement improbable.
Jeudi 9 octobre 2008:
16H05:
Je suis avec Marie la copine de Nico; on l'attend qui revient plus tôt que prévu du boulot rapport au whisky d'hier soir... Marie a lu tous mes poèmes du troisième manuscrit! Je risque de rentrer à Courbevoie ce soir, dès que j'aurai trouvé un peu de cigarette... (Pensée pour P. le passeur de la Ouaïème...)
Vendredi 17 octobre 2008:
06H10:
Je suis réveillé depuis une heure et demie à peu près... j'ai déjà pris mon petit déjeuner. Je n'ai pourtant rien de particulier à faire; à part trouver des éditeurs car je recommence à le vouloir...
J'ai envoyé un manuscrit de mon essai “Philosophie de Poète” à L'Aube du Seuil, un manuscrit de mes nouvelles pour Le Livre de Poche et ai échoué l'envoie du manuscrit de mes poèmes au Journal Aujourd'hui Poèmes car leur adresse de site est obsolète. J'ai remis en forme la plupart de mes textes mais les fautes d'orthographe sont un sacerdos dans le journal, l'essai tout au moins car ils sont enregistrés en plusieurs fichiers, parfois même en “lecture seule” etc. Ce qui fait que les éditeurs se retrouvent avec des textes entachés qui doivent dérouter en plus de déconcerter!
Hier, j'ai fait un aller-retour en Normandie (je ne pensais pas revenir le jour même)!
Samedi 18 octobre 2008:
08H40:
A nouveau réveillé très tôt (6H) je vaque à de petits travaux de ré-écriture... je repense à l'instant où J. L. m'a donné 4000 cfp, ce qui n'était rien mais tellement précieux pour ce qu'ils représentaient ma toute première commande d'écriture. Et depuis... rien! C'est affreux comme je suis désœuvré. Je n'attends avec impatience que l'heure d'ouverture de “deal” à Nanterre pour mon shit! A 12H30... Bien que les prix ont doublé, je n'en mange que moins pour un budget plus serré que jamais. Je suis aussi encore un petit peu frustré sentimentalement et sexuellement, mais j'ai l'impression d'être beaucoup plus solide qu'avant. Je m'en rends compte dans mes relations sociales avec mes proches et même les autres, je suis presque systématiquement “meneur” dans la rhétorique ou la force d'esprit. Je ne sais toujours pas si Aujourd'hui Poèmes ont bien reçu mon manuscrit.
Mardi 28 octobre 2008:
12H10:
Pas de bonne nouvelle! A part que la réponse pour le CTI (Centre de Techniques Internationales) à Asnières - Gennevilliers ne m'a pas encore confirmé son refus suite à mon coup de fil d'hier à leur session du 5 novembre dans l'exportation (formation qui pourrait être rémunérée par le Conseil Général et déboucher sur une embauche...).
Sinon je fait des expériences à coût faible vers les clubs de rencontres sur ROUEN et Ile de France... sans grande confiance.
Je suis allé à l'anniversaire de Samuel et Angelina L. à ROUEN. Il y avait pas mal d'anciens et de nouveaux. C'était bon. Je vais sûrement retourner à un apéro suivi d'un concert de Hofmann le 8 novembre prochain... Il y a surtout le concert de Graeme Allwright le 11 novembre où je vais en famille vers Houdan.
J'ai pris R.V. chez dentiste et ophtalmo, histoire de rester en bonnes conditions et profiter de la C.M.U. Tant que possible!
Je n'ose pas prévenir la psy et Mme P. du service emploi que ca n'a pas marché pour Help-Line. Je n'ai toujours pas été viré pour les heures dues ni n'ai reçu de bulletin de salaire supplémentaire... et là c'est la banque-route totale! Je dois tenir une semaine en attendant le versement du R.M.I. Et il me reste 86 euro sur mon compte et 9 euro en liquide..!
Je n'ai plus de gasoil dans mon réservoir de voiture et plus de shit. Par contre j'ai suffisamment de tabac.
Je ne rentre plus en Normandie autant, où quand c'est le cas je ne vais plus forcément à Louviers; plus de Nico et Marie, plus de Jonas, de Yann (depuis longtemps), de Yoan... Mais des sorties plus ciblées, plus structurées à nouveau.
Je me lève tôt, me couche tôt et organise mes journées le mieux du Monde. Mais j'espère voir venir quelque chose du côté des trucs de rencontres (Annonces et Internet ou présentation par hasard)...
J'ai essayé de rappeler Geneviève mais rien.
Je vais peut-être refaire une analyse gratuite V.I.H. Au centre hospitalier de Colombes un de ces matins...
Vendredi 31 octobre 2008:
14H55:
J'ai téléphoné au C.T.I en début d'après-midi et... toujours pas de réponse! Ce qui reste positif. J'ai mis à jour ma situation aux assedics comme je devrais le faire en chaque fin de mois (comme avant!). J'ai du teush jusqu'à dimanche midi en étant raisonnable. Je n'ai pas de raison de rentrer en Normandie avant le 8 pour l'apéro chez Juju à Rouen, puis le concert de Jean-Marc (Hofmman); enfin je resterai jusqu'au concert à Houdan le 11 et retournerai la fois suivante pour les anniversaires de ma soeur et de mon père bien que je ne connaisse pas encore la date puisque personne ne m'a parlé encore de l'organisation annuelle habituelle. Je ne sais pas non plus ce qu'ils projettent pour Noël et n'ai rien de prévu pour le réveillon du nouvel-an... je suis peut-être bien un des premiers à déjà y penser! Le gars du C.T.I m'a dit qu'il m'appellerai dès qu'il aura la réponse pour moi... C'est le genre de centre qui attend (j'avais déjà fait l'expérience dans le passé avec le même type de structure; un homme m'avait reçu dans des locaux à moitiés en travaux pour m'annoncer qu'il n'avait ni encore les profs, ni les élèves mais qu'il me plaçait sur sa liste d'attente...) d'avoir animateurs (fournisseurs), élèves (matières premières), entreprises (clients) et aides de l'État pour démarrer en laissant sur le carreau tous les mecs qui croient encore à la société!
Mes recherches vers l'âme soeur ne donnent absolument rien! Hier dans l'après-midi j'ai bien raté un appel sans message et sans numéro... mais à part l'annonce sur Rouen d'une soit disant jeune femme de 28 ans qui rechercherait un homme sérieusement je dois dire qu'il ne risque pas d'y avoir de grands changements pour moi... Et j'ai pourtant dépassé le cap désespoir, celui de la désespérance, celui de la fascination. Je dérive survivant des naufrages terrestres sur un océan salvateur.
Igor de Kazan m'a répondu un coucou sur internet. Plus de nouvelles d'Alice par contre. Génia à Blago n'a peut-être pas apprécié ma dernière réponse il y a environ 2 mois au fait qu'elle vivait à nouveau seule avec le bébé du caméraman-journaliste: “que je ne viendrai sûrement pas la chercher si loin”!
J'ai pleuré il y a deux ou trois jours en pensant à Igor, à ce qu'il a spontanément décidé de faire pour moi le jour où je l'ai rencontré... Pour une fois que ce n'est pas à propos d'Alice.
Voilà, il n'y a plus que Graeme Allwright de bon à venir... je voudrais juste sortir et rencontrer celle que j'attends depuis un quart de siècle. Mais ne serait-ce pas féérique au point que l'on peut dire de moi que je suis le genre d'individu de trop dans tout ce travail qui m'entretient, qui entretient le cinéma de l'existence.
Samedi 8 novembre 2008:
18H45:
Alléluia! Je suis en formation depuis avant-hier après-midi au C.T.I d'Asnières - Gennevilliers (Gabriel-Péri)!!! Et cette formation doit déboucher sur une embauche dans l'exportation en y mettant du mien... Ce soir il y a une grosse bringue à Rouen chez Juju avec Alex H. et tous les anciens... mais je reste chez moi pour me réserver à mes cours de lundi (nous ne faisons pas le pont)! J'ai prévenu Julien (kiki) qui est drôlement content pour moi néanmoins. Si encore j'étais sûr de rencontrer une jeune femme dans leur soirée; mais en quinze ans avec eux, à part Marie-Astrid... (...)
Alors je m'organise pour changer et réussir. J'ai écrit à Alice évidement. Sandrine est au courant et mes parents ravis. En plus je touche bel et bien un bourse.
Il y a un autre écrivain dans ma classe (Arnaud, 44 ans), romancier. Je suis probablement le plus avancé en anglais mais le prof et moi sommes un petit peu en froid, j'ai l'impression. Parce qu'il se targuait ou plutôt excusait son accent “écossais” et moi de l'entreprendre sur l'indépendance et l'anti-anglettarisme!
Jeudi 13 novembre 2008:
20H57:
La poursuite de la formation se déroule formidablement bien. Je suis non seulement parfaitement intégré mais je suis le programme sans faille. Moi qui ai le plus faible niveau d'études et de surcroît la plus bénigne expérience professionnelle et loin du commerce! Il y a dans mon sous-groupe (de projet) Marc qui possède une solide expérience de terrain, il est pragmatique et surtout il n'hésite pas à me transmettre sa connaissance. Il y a aussi Arnaud le romancier qui se serait fait voler son ouvrage (je compte bien en savoir plus) et enfin Philippe, cerveau à lui tout seul, c'est un noir d'une cinquantaine d'années qui prépare un DEA de droit, qui est chef d'entreprise et qui a le don de nous toiser par ses analyses pertinentes dans les grandes lignes et perspectives.
Mais les autres groupes ne sont pas dénués de talent... En fait chacun dans cette formation a de grandes capacités; c'est un peu la face oubliée de la banlieue. Je dois même dire que je me suis trompé sur le compte de la plupart... Car tous étant entre deux eaux, le chômage ou la précarité nous a diminués, pas au point des stagiaires de réinsertion comme l'A.I.F que j'ai connu mais nos compétences et notre motivation avaient besoin d'un coup de pouce, d'un encadrement. Et pour ça il faut dire que nos animateurs sont excellents. Tous ont de solide parcours professionnels voire aussi publient des ouvrages spécialisés.
C'est donc une nouvelle chance vers un appui encombrant certes, car être cadre ne doit pas laisser beaucoup de place à ce que vous savez. Mais il y a des voyages à la clé, de l'argent et surtout les moyens de devenir réellement sûr de moi.
J'ai retrouvé aussi mes cartons scolaires et... mes écrits. Il y a quelques notes de journal de la période que je croyais avoir chômée; de 2001 à 2005 avec des tas de poèmes plus ou moins convenables que j'avais grosso modo tapés puis effacés, puis enterrés. J'ai donc fait du tri et j'ai du pain sur la planche à retaper! Je dirais plus d'une cinquantaine de pages dactylographiées en tout...
Et je dois reconnaître que je n'ai toujours pas amélioré mon rythme de frappe. Je suis aussi long à progresser en dactylo qu'au crawl!
J'aurai aussi une semaine de vacances pour les fêtes. Ce que j'ignorais jusqu'à aujourd'hui. Par contre la bourse ne va être que de deux cent et quelques euro à cause du R.M.I, le revenu ne devant pas dépasser 600 E aux goût du Conseil Général. Si j'avais réussi à fournir un certificat de non droit au R.M.I., j'aurais donc touché 600 E.
Je commence à avoir une vue d'ensemble du métier et des finalités de la formation. J'ai un semblant de directive déjà par rapport à ma spécialisation et mon futur stage en service achats afin de pourvoir à un poste d'Assistant Acheteur dans l'industrie ou tout ce qui me parlera car pour l'instant mon sous-groupe lui fonce vers la sous-traitance auto!
Samedi 29 novembre 2008:
21H26:
Je suis chez moi avec un seul joint à me mettre sous la dent avant de dormir! Hier soir, j'ai été voir le spectacle de Rachid qui est un élève de ma classe. C'était “Capitaines des cabarets” au théâtre de La Reine Blanche”. Il y avait Samia et trois de ses amis et anciens collègues, avec qui j'ai passé la soirée. Parmi eux une jeune métisse chinoise-guadeloupéenne mais qui était accompagnée... Bernard l'ancien mannequin et Arnaud le romancier sont venus également.
Donc le master continu. Il y a même des polémiques dans la classe à savoir s'il s'agit d'un niveau 2 ou d'un niveau 1... A vrai dire je m'en balance pas mal! Ça fait déjà drôle de s'annoncer bac +4!
J'ai commencé doucement ma recherche de stage... dont la Mairie de Courbevoie! (Lettre au Maire, KOSSOWSKI)... J'ai revu toute l'équipe de Borotra, plus faux jeton que jamais!
Mais tout ça ne devrait rien avoir à faire dans mon journal. En effet si je dois sacrifier une grande partie de ma carrière dans une voie qui m'a toujours rebuté pourquoi donc gâter ce qui me reste de bonheur en le mêlant à mon fardeau?
La littérature commerciale ou des affaires n'a rien de bon pour vous entretenir une érudition performante. Il va me falloir une bonne dose de pragmatisme pour sauver le primordial: La poésie!
Lundi 12 janvier 2009:
18H40:
Je ne pensais pas vous avoir abandonné un mois et demi! Je tiens le coup. J'ai même peut-être déjà un stage... grâce à la providence: mon père! Ça se passerait chez KME à Courbevoie. Aujourd'hui le cours de logistique était infernal; ça m'a démoralisé, endormi et même faillit me faire tout lâcher. Mais les autres; Sylvie entre autre m'ont encouragé comme on sait bien le faire entre nous (dans la promo).
J'ai tout le bazar Internet, fixe, T.V., et abonnement mobile... Je suis content des fêtes. Charlotte et Willy ont eu Olivier, leur troisième enfant vivant. Il “ressemble a Pierre” se félicitent-ils tous d'ailleurs, qui était décédé à trois semaines après une opération à cœur ouvert et qui était leur premier.
Je voudrais m'enfoncer avec vous, avec toi, sans limite mais j'ai un pied engagé très loin de tout ça.
Je compte quand même répondre à l'invitation de Patrick CENDRIER au cercle des poètes de Courbevoie pour le concours de poésie début avril... Ainsi que retenter la publication de mon essai: “Philosophie du poète” au Grand Souffle (il a été refusé chez l'Aube dernièrement).
Je dois préparer mon entretien mercredi matin avec le directeur des achats de KME.
Mardi 20 janvier 2009:
20H35:
Je reviens de chez Patrick C., où j'ai porté 154 pages de quelques cinq cent poèmes. En double exemplaires!
Barack OBAMA a pris la maison blanche! Il n'y avait absolument rien de dit à propos de son court discours... qui promettait la vie dure au terrorisme comme son prédécesseur.
L'entretien avec M. O. s'est relativement bien passé. Je dis ça parce que sur le moment j'étais plutôt à l'aise car je n'avais pas fumé. Mais grosso modo, quand il m'a demandé mon âge vers la fin de l'entretien, cela voulait dire qu'il ne voyait pas en moi beaucoup d'expérience. J'ai aussi trois contacts intéressants qui persistent. Yabon, Georgia-Pacific et Europe-Airpost.
Mais j'ai passé ces derniers jours à douter beaucoup. Un peu de remise en question ne fait pas de mal! Mais en fait il faut vivre l'expérience avec en tête la surprise qui se prépare là où tout métamorphosé je ne songerai plus que je vivais pour cette dernière.
Mercredi 4 février 2009:
17H22:
Rien ne va plus! Les examens en début de semaine prochaine ne sont absolument pas assurés en ce qui me concerne. Par contre j'ai le meilleur stage de la promo: Au siège de KME avec des déplacements dans l'Orne chez TREFIMETAUX... et c'est bien encore du souci!
Je commence à avoir mal à la gorge. Maman m'a sûrement refilé sa crève.. Je suis complètement à bout.
Il est retombé quelques flocons tout à l'heure.
Lundi 9 février 2009:
19H55:
Je viens d'envoyer un mail avec en pièce jointe de mon essai “Philosophie du Poète” à Marie, l'espagnole de ma classe.
Les examens se passent durement. Je ne suis pas tout à fait en phase avec le groupe et ce depuis les problèmes de Charles revenu sur le tapis, avec la lettre officielle que je lui ai écrite et puis ce nouvel échec le même week-end avec Mona du V-d-R et tous ces détails qui m'échappent, comme le téléphone portable (I Phone) de Lætitia de mon groupe que Olfa a retrouvé caché dans la poche de veste de la femme de ménage qui se trouvait dans les W.-C. où j'ai succédé Lætitia (justement!); ce qui m'a mis très mal à l'aise.. En fait je n'interviens pas. Je n'agis pas. Alors je me retrouve dans ma psychose bêtement.
C'est la mauvaise auto-dérision qui me fige. L'ahuri content et malheureux. Non, je m'enfonce. La paranoïa est un symptôme.
Je crois que c'est la dernière fois que je fais lire quelque chose d'approximatif. Je vais devenir vraiment sérieux si ça continue. Je ne vois plus de raison de traîner. C'est dommage.
Jeudi 11 février 2009:
19H50:
Voilà, maintenant c'est le stage.
Mercredi 18 février 2009 :
21H00 :
Le temps de m’y mettre et je n’ai déjà plus envie. D’écrire à l’instant, d’être acheteur en ce moment…
J’ai écrit un mail de secours à Léandra, notre professeur de marketing achat. Elle m’a répondu de lui téléphoner demain. Demain je rencontre L’ACHETEUSE… et elle risque de se bidonner, ou peut-être que c’est le contraire ; finalement je manque d’expérience mais les cours de l’école s’avèrent utiles et précurseurs.
Mais la philosophie si loin ! D’ailleurs malgré des petits bafouillages, je me modère bien. Je fume le soir en rentrant et c’est de trop. J’ai une toux perpétuelle qui me rabaisse.
Le soir, parler avec mes parents à table tantôt me motive, tantôt me désespère. Non je crois que je n’ai pas la volonté de progresser pour la raison la plus poétique du monde : gagner ma vie avec ce qui m’en prive n’aurait qu’un sens de mélancolie ! Ce mot voyez-vous m’était égal avant que vaincu encore je m’en laisse influencé par leur radio "culturalisante" des ondes de France (…)
Voilà je vais devenir très bête maintenant. J’avais déjà parlé de vous épargner il y a quelque temps ; à moins que je puisse m’entretenir grâce à mon génie. Je me vois bien super homme d’affaires, bien organisé, avec plein de luxe et de… de tout ce qui me manque dans ma vie de poète ! Même de reconnaissance finalement, au moins des femmes. Parce que l’amitié des hommes ça, je l’ai facilement.
J’oubliais, Charles a été jugé coupable aux pénales… mais n’a aucune peine.
Bonne nuit.
Lundi 23 février 2009:
20H55:
Je décroche! Pas officiellement mais j'ai du mal à assurer! J'ai écrit sur l'ordi du bureau il faudra que je récupère.
Le pire c'est de se taper la honte et de mettre tout le monde dans l'embarra avec ma non motivation...
Pourtant j'ai tout entre les mains; jusqu'à des responsables qui me forment et m'encouragent. Je ne dois pas rester navrant de la sorte.
J'ai eu un réconfort tout à l'heure assis devant ma porte-fenêtre en me disant: “j'en ai des hivers biens remplis” mais à part ça, la montagne ACHAT devant moi s'avèrent bien trop pénible d'ascension.
Sans ce maudit shit aussi et il compte si peu maintenant, j'aurais bien plus de vitalité.
Sur ce je vais faire une longue nuit sans me mettre à jour dans mon travail tant je le fuis dans tous mes gestes.
Mardi 24 février 2009:
19H25:
Je suis occupé dans le flou.
24 avril 2009: Suspendu à ses actes.
Elle s’est approchée si prêt alors que j’allais retirer de l’argent au distributeur automatique. Moi je l’ai regardé avant de faire mon code secret. Elle s’est alors reculé d’un pas en s’excusant. J’ai dit : « C’est pas grave ». En libérant la place je lui ai esquissé un sourire. C’était une belle jeune femme aux cheveux blonds coiffés en arrière, attachés.
Quand je suis rentré chez moi j’ai pensé à une arnaque. Qu’elle avait peut-être une de ces cartes truquées lui permettant, en ayant mon code de retirer de l’argent sur mon compte. Ou qu’elle appartienne à un gang qui cherche à me braquer ma carte…
Mais quand je suis redescendu de chez moi, elle était là, dans ma rue, devant la boutique du primeur asiatique et me tournait le dos au moment ou je la dépassait en parlant à quelqu’un avec son téléphone mobile.
Dans le métro, une jeune femme est venue s’installer en face de moi. Elle lisait une revue « Europe » d’un faux air décontracté. Elle a pris le temps que l’on dépasse au moins sept stations (avec un air gêné quand le joueur de clarinette fit son entrée et joua) avant de me faire du pied délibérément ! Celle-ci avait les cheveux châtains ondulés. Des cuisses légèrement fortes. Un visage tacheté et imparfait ; mais elle était attirante dans sa nature. Elle a fait exactement le même parcours que moi sur la ligne Saint-Lazare _ Convention…
Dans le quinzième arrondissement une troisième jeune femme typée donc brune m’a demandé où se trouvait le Monoprix. Je lui ai répondu que je ne connaissais pas le quartier et elle a eu l’air d’analyser ma réponse comme une remarque pertinente pour une enquête…
En revenant dans ma rue, je suis passé chez l’épicier. Au moment ou j’allais prendre congé de ce dernier une étudiante métisse est entrée et avait visiblement besoin d’un appoint de monnaie pour s’offrir un paquet de cigarettes que même dans un bureau de tabac elle n’aurait pu se payer… J’ai donc participé à hauteur d’un tiers du prix avec un léger pincement du fait d’être à l’origine déjà rationné avec mon budget.
En arrivant au pied de mon immeuble je constate qu’une voiture est garée devant le box que je loue et qui renferme précieusement ma bagnole… Cette voiture, je ne l’ai jamais vu jusqu’ici et elle n’est pas rangée proprement le long du caniveau mais à cheval sur mon bateau comme pour franchement… m’empêcher de sortir (…)
Il faut noter que j’ai reçu un coup de fil anonyme pendant ma promenade ; un appel sans numéro et sans message que j’ai manqué.
Les évènements à dormir debout s’enchaînent. La femme-chat qui perturbe le bon fonctionnement police-trafic aux Halles. La tante qui joue l’autorité. Marie Talban. Le soleil qui recommence son cycle. Et toute leur actualité machiavélique. Il faut dire que les plus grands étaient perdus ! La masse est folle, elle. La minorité voluptueusement intelligente et cruellement victime…
Mardi 10 mars 2009:
20H10:
Je ne gère rien. Tout, absolument tout m'échappe. Je suis littéralement out. Le pire est que je perds ce que j'étais. Et surtout que ça va durer. Je dois avoir choppé la gastro, vu qu'elle traîne et que je ne suis toujours pas vigilant.
Le problème c'est que j'ai en toute logique une vision de l'homme qu'il faudrait être, et je reste piégé par celui que j'ai voulu être. En fait je ne m'y mets pas. Je n'ai qu'à m'y mettre! Reculer n'est même pas possible.
C'était comme l'écriture... Déjà... Je sais quoi faire, comment le faire, il faut que je le fasse... et rien!
Je connais mon ennemi: la fumée...
Moi qui ai su si souvent faire précoce ne sait refaire à point.
Mercredi 11 mars 2009:
21H43:
Alice m'a ré écrit. Je lui ai répondu sur l'autre partie de cette copie.
Comme disait Jacquy L. il y a ceux qui “ont un poil dans la main”; il disait ça en mimant le poil de ses bouts de doigts qui venaient frapper le creux de son autre main, avec sa tête expressive, convainquant au possible.
Je suis piégé par tout ce que je croyais avoir de rassurant à mes côtés. La philo, la poésie, la fumée, la mélancolie.
J'ai pourtant une grande partie de la recette entre les mains. La recette d'enfin une vie professionnelle.
Avec la mondialisation, le monde est capable de baisser les bras de concert.
Bref le fait est que la mise en œuvre de cette recette m'inspire l'enfer plus que la sérénité. Je parle de stress, de piétinement; je veux dire que rien dans un parcours comme celui là ne m'attire vraiment.
Tous ces renoncements m'enlisent dans des souvenirs.
Quand une personne âgée dit à un jeune: “tu es jeune, profite de la vie”, elle veut dire qu'il doit croire à tout prix à sa vie active...
Tout à l'heure j'ai remonté les escaliers avec M. CHAMEN qui a connu dans l'immeuble mes grands-parents. Je lui expliquais que j'étais “acheteur” et je me suis inconsciemment mis deux marches au dessus de lui, au niveau de son pallier pour lui dire au revoir sachant qu'il était représentant...
Dimanche 22 mars 2009:
20H15:
Je me rends compte que j'ai tant voulu rattraper à côté de mon état engourdi que j'en ai oublié mes envies.
Mercredi 25 mars 2009:
22H00:
Fin de mon stage en entreprise (KME FRANCE). Je n'ai pas réussi à convaincre le directeur des achats de prendre la place du responsable administratif Transport. Encore moins celle de l'acheteur administratif!
Même mon master est fortement compromis. Demain ce sont les retrouvailles du groupe du CTI.
Hofmann est à Paris et nous devrions nous voir demain matin.
Lundi 6 avril 2009:
20H32 :
Je chôme depuis la fin du stage. L’actualité est stupéfiante. Nous allons droit dans le mur. L’humanité régresse.
Mardi 7 avril 2009:
13H30:
Le cannabis arrêté depuis au moins deux semaines, j'ai au début apprécié de retrouver le calme dans mon esprit. Et c'est encore le cas. Mais ma psychose est bien là... d'ailleurs ça n'est pas qu'une psychose. Je me souviens de maltraitance. J'ai belle et bien eu une petite enfance anormale. Ce qui est « médical » c'est d'en être handicapé aujourd'hui. Handicapé pour trouver du travail ou pas d'activité donc psychose? Si le docteur H à la clinique d'Y avait tendu une perche dès mon premier entretien en 1998 vis à vis de ma mère, c'était stratégique. Il l'avait tout simplement catalogué dès le départ de folle. Et moi par respect, j'avais fui, délaissé sa perche. Aujourd'hui ce qui est inextirpable c'est qu'empêché dans mes réalisations je ne fais qu'approfondir la brèche de ma psychose. Je suis né gâché.
Au meilleur de mon analyse, je dirais que j'ai du être retiré quelques temps à ma famille sans quelconque souvenir de cela, ou ce pu être une somation de l'extérieur... Puis les choses se seraient arrangées.
Ce qui est certain c’est que j’aille à nouveau droit dans le mur. Comme le reste du monde ! A rester là dans mon studio, je vais redevenir dingue ! Il faut dire que la situation économique n’aide en rien!
Ce qui est absurde avec cette psychose c’est que les professionnels de santés (psychiatres) considèrent les ressentis, les souvenirs comme faussés et concluent à une psychose alors qu’il s’agit de traumatismes légitimes après une enfance martyre… ! Et allez trouver un psychothérapeute qui sache guérir des traumatismes ! J’en ai eu au moins cinq. Et je n’ai pas les moyens financiers d’en trouver un nouveau.
Je sais qu’avec un travail, tout irait beaucoup mieux.
Quand je pense qu’il y a des lieux d’élites, de privilégiés qui bénéficient de tout ce qui me manque.
Je suis condamné à vivre dans la populace.
Je me souviens que j’avais fait parler ma mère tout petit pour la libérer et qu’elle s’était mise à pleurer, à me demander pardon. Je lui avais fait prendre conscience de sa maladie et elle a suivit par la suite une psychothérapie qui a duré sept à huit ans.
Au moment de m’en souvenir, après une adolescence renversante et oublieuse, les éléments se sont mélangés et j’ai cru à ma propre mise en cause, ma propre défaillance ; parfois mélangées à des relents d’estime de moi (qui n’avait pas complètement oublié mon génie de docteur pour me sortir du cauchemar et me fabriquer un semblant de parents plus parents) qui se sont transformées en psychose.
Mon père dans tout cela ? Un malade lui aussi. Mais exploité par ma mère. A moins qu’il cru ma mère si fragile qu’il eut enfin une femme à marier.
Dans tout cela, moi, j’ai pris un coup sur la tête à ma sortie de maternité (qu’on a attribué à ma sœur Charlotte) ; les médecins auraient remodelé mon crâne de nourrisson… puis ce fut une multitude de coups, de chahut que les visites de famille (grands-parents, oncles et tantes) interrompaient ou si peu car à la fois des gens farfelus.
J’ai déjà dit avoir tout donné étant petit et je n’exagérais rien. Il me semble même que c’est moi qui aurais incité mes parents à créer leur entreprise.
Et après tout cela, je me suis reposé et j’ai bêtement accepté leur éducation tout le restant me confortant définitivement loin de mon talent originel, de mes capacités d’accès à tout ce qui m’était destiné.
Vendredi 10 avril 2009:
06H08:
Je suis réveillé depuis trois heures et levé depuis une heure et demie. Il y a une pleine lune au dessus de la Défense assombrie. Je devrais passer ma journée à organiser ma semaine prochaine…
J’ai reçu un message d’Euryale qui m’indique qu’elle est en détresse. Elle n’a pas suivi mes conseils…
J’apprécie avoir les idées nettes et être frais. Frais et dispo… mais pour quoi ? J’ai repassé l’examen de paiements internationaux hier après notre première séance d’atelier de recherche d’emploi à laquelle nous étions huit du groupe. J’ai été ridicule.
C’est comme la piscine qui me fait du bien mais qui est trop fréquentée… je ne peux pas y nager correctement ni suffisamment.
J’ai l’impression que je vais passer la journée à glander.
Samedi 11 avril 2009 :
18H07 :
Je suis resté à Courbevoie pour ce week-end de Pâques ! D’ailleurs la semaine prochaine est occupée dès mardi par le généraliste à 9H00 ; je compte lui demander de passer une IRM du cerveau. Ce qu’il y a de crucial c’est que j’ai repris contact avec un centre psychiatrique à Courbevoie, indiqué par mon assistante sociale à qui j’ai soumis l’hypothèse de constituer un dossier COTOREP…
Aujourd’hui, je suis allé dans le 3ème arrondissement au hasard de mes pas après une flânerie aux tuileries et j’ai visité le musée des arts et métiers gratuitement. Le guichetier à dit : « Moi je trouve que ça devrait être gratuit pour les rmistes » et m’a donné une invitation. C’était un petit peu comme dimanche dernier quand j’ai visité gratuitement le Palais de la découverte grâce à un accompagnateur qui a eu pitié en m’entendant demander si je pouvais entrer gratuitement et me donnant une invitation… Tout cela m’a rappelé les visites scolaires où nous faisions les idiots !
J’ai été un petit peu ferme avec Euryale qui m’envoyait des SMS de gamine se disant seule au monde alors qu’elle abandonne mari et enfants… Je ne risquais pas de la rejoindre à Rouen avec les bouchons sur la route et dans cette ville qui me répugne.
Je deviens un véritable je ne sais quoi de Paris (tant d’appellations me colleraient à la peau) marchant et me déplaçant comme chez moi sans pourtant convenir à la moindre jeune femme.
Au téléphone, en appelant le centre psychiatrique, j’ai eu droit à un interrogatoire psychologique et je pense n’avoir montré aucune détresse particulière. Sinon que je les sollicite… et je risque de m’enfoncer dans la marginalité jusqu’au bout.
J’ai envie de ressortir manger des fruits de mer.
Dimanche 12 avril 2009 :
13H48 :
J’hésite à prendre la route pour la Normandie… Je pourrais y laver ma voiture. Je crois qu’il y a les enfants de Sandrine. A moins qu’ils n’arrivent en même temps qu’elle le 17 ou le 16 ; je n’y comprends jamais rien dans leur organisation. Rien que rouler me fera du bien. C’est si bon quand la région parisienne se vide de la sorte !
J’ai eu ma douzaine d’huîtres hier soir au « Pied de Porc » dans le premier. Le serveur italien m’a d’abord dit : « Je ne sert pas de limonade ! » _ « Pour manger c’est bon… »… J’étais fustigé. Les gens m’observaient manger seul. Je me faisais penser à ce gros renvoyé des cours ENTRACT' où je fis du théâtre en 2003.
J’aimerais n’avoir que des centaines de millions comme amis. Vivre de palace en palace avec ma carte de crédit. Sur les plus beaux navires ou dans les plus beaux trains, à bord des jets privés et ne plus jamais avoir à côtoyer la médiocrité.
Mais pour l’instant j’ai des diarrhées à force de bouffer la merde des supérettes et me lasse de faire le ménage dans mes trente trois mètres carrés…
Il y a autre chose : l’arrêt du cannabis me laisse sans leitmotiv. Je perds mes habitudes les plus « vivantes » comme écouter de la musique ou retourner avec plaisir en Normandie ; il faut dire que je n’ai pas d’amis de mon espèce, des amis qui manieraient la rhétorique en y mêlant des activités fraîches. Justement le grand Nico m’appelle à l’instant tout étonné que je sois resté seul ici. Ils profitent du soleil avec le frère et la belle sœur de Marie.
Je me sens obligé dans ces cas là de les rejoindre. C’est idiot, car il n’y a rien qui presse. En plus je constate qu’il est mauvais de manger des saloperies après des huîtres. Non je n’ai pas envie de les rejoindre ; même si le soleil et la nature m’apaiseraient. Je devrais quand même. Bon j’y vais. Non j’ai envie de me re promener dans Paris. Si je rentre en Normandie, je vais dépenser des sous en essence. Si je me promène dans Paris, je vais en dépenser en nourriture. Si je reste ici, à écrire je vais regretter de ne pas avoir bougé.
Mardi 21 avril 2009:
22H40:
J'essaie d'écrire quelque chose de si brutal. En réaction à l'apologie arienne qui nous immerge. Je vais bien alors que tout va si mal. Je n’ai plus aucun style. Ils détournent le discours de Ahmadinejad en propos antisémite… Parce que seul ce président se bat contre l’impérialisme planétaire des capitalistes, des libéraux. Avec KIM IL JONG bien sûr.
Demain je vais au CTI à 13H30 pour un 2d atelier de recherche d’emploi dans les ACHATS. Je n’ai guère vraiment avancé de mon côté. Charlotte m’a appelé tout à l’heure pour me parler de faire brancardier dans les hôpitaux… !
Que dire ? On dit parfois qu’il faut se battre, que tant que l’on ne nous fait pas un deuxième trou au cul il n’est pas nécessaire de s’inquiéter… Si ma vie doit continuer dans ce marasme je préfèrerai avoir deux trous du cul pour évacuer plus rapidement les poisons qu’ils nous font avaler à la sueur de l’"écervelisation" humaine constante et universalisée.
Vendredi 1er mai 2009:
16H42:
A Courbevoie, je jouis de ma solitude... Ma soutenance de stage s'est vraiment bien passée. Il fait beau. Ce soir je vais sortir pour manger. Je lis NIETZSCHE (Considérations inactuelles) et voudrais (re)commencer à écrire.
Je tente d’organiser une quelconque plage pour m’y mettre et retombe systématiquement dans l’oisiveté. Je veux écrire un essai, comme d’habitude ! L’actualité, la situation qui devrait se trouver sous un angle intéressant du fait de la crise est pourtant embourbée dans la continuité de la décadence. A part « le grand Paris » ; challenge de stratégie visant l’accomplissement de la productivité encore et toujours plus aliénante _et c’est déjà beaucoup_ aucun indice ne permet de croire à un renouveau logique ou agréable.
Il y a la grippe porcine (grippe mexicaine) annoncée comme une pandémie qui nous couve et que j’imagine stratégiquement diffusée pour éliminer une bonne partie d’entre nous.
Je vous laisse pour écrire mon essai.
Mercredi 6 mai 2009 :
20H40 :
Je remarque que j’écris dans mon journal chaque fois qu’Euryale m’appelle ! Elle me raconte qu’elle écrit SON livre et qu’elle bloque sur le passage où son père tenta de la tuer. Moi qui connais son père ; j’ai peine à croire ses dires car il s’agit d’un petit boulanger qui mourrait pour ses gosses et je crois qu’elle est en pleine crise de psychose !
Ce soir je me suis fait un festin après avoir postulé dans tous les sens à l’international avec Internet.
Le cannabis me manque un petit peu en ce moment. On verra samedi soir chez JU à Rouen… Sa fête annuelle comme il dit… Je voulais quand même lui rapporter un cadeau même si ça n’est pas son anniversaire. Après deux verres de vin blanc je revois les choses un petit peu comme je les perds de vue depuis mes pertes de confiance ; pour lesquelles je n’avais pas grand chemin à faire depuis que je m’étais trompé de direction (…)
Il me reste la fin des considérations inactuelles de Friedrich N. à bouquiner. Après quoi je n’aurais qu’à sauter par-dessus la balustrade ! Non je plaisante. Mais me promener dans le quartier latin que j’ai cerné rapidement hier, n’est-ce pas déjà tenté ? Réunir autour de moi les plus intéressantes personnes pour un moment savoureux ne m’a jamais même récompensé plus loin… En cherchant encore et toujours à gagner ma vie, je me rends compte que… que merde. J’ai mon Zyprexa à prendre et mon reste de vie de miséreux à continuer, tiens c’est tout ! Je suis empli de mes souvenirs de voyages, de vie, et pourtant rien ne me dit que les choses s’amélioreront.
J’ai joué à l’Euro-million. Il y a cent vingt trois millions d’euro à gagner vendredi soir et j’ai déjà pu constater dans les statistiques du jeu que dans les numéros que j’ai joué, trois sont déjà sortis en 2007 ou autre…
Ça y est j’ai mal à la tête. Je n’écrirai rien dans mon essai qui stagne après une page et demie ! De toute façon il n’y a plus rien à leur dire…
Lundi 11 mai 2009 :
21H00 :
Je sors de la réunion des copropriétaires… Mme Boani a vendu son appartement. C’était l’appartement de mes grands-parents au dessous du mien. Je n’ai même pas pris la peine de dévisager l’heureux élu mais sa voix est celle d’un pauvre type. Je suis chaque fois un petit peu plus consterné par la mentalité de la populace. Et la fortune qui ne me sourit pas… J’ai porté dans l’après midi une lettre ridicule (dans des vêtements décontractés) au siège de Philip Morris ! Cette lettre disait que j’avais un projet pour leur service Recherche et Développement et que je souhaitais leur exposer en échange d’un retour financier ou d’une embauche ! Maintenant je crains de lourdes représailles… J’ai tenté juste avant (depuis la semaine dernière) de faire naître un brevet de mon idée mais l’INPI qui conseille de faire un devis avant de déposer le brevet s’est trompé en me répondant et ma dévoilé le projet d’une autre personne ; ainsi j’ai pu me rendre à l’évidence que ma demande devait déjà être dispersée ! Toujours est-il que je me suis douté que même brevet en main, et le devis de recherche d’existence du brevet déjà onéreux (150 €), me présenter à Philip Morris n’aurait pour effet que de me rendre ridicule. C’est pourquoi je me suis rendu au siège si décontracté avec une simple proposition d’interview qui je l’espère ne sera pas interprétée comme du chantage ou quoique ce soit qui puisse provoquer leur foudre.
G., l’architecte d’en bas m’a lancé un affront en pleine réunion ; au moment où je critiquais l’installation de détecteurs d’incendie, sachant que je fume (ou croyant que je fume toujours) a dit « oui surtout quand on fume » ; ce qui en fait définitivement un ennemi.
Il faut que je remange (bien que j’avais dîné avant la réunion à 17H00…).
Lundi 18 mai 2009 :
21H00 :
Je pense que j’ai arrêté si miraculeusement le cannabis (bien que ça n’est pas la première fois) et que les choses ne sont guère plus simples. Sauf que je vais mieux. Sauf que je ne m’emporte plus aussi facilement dans mes sentiments… Je suis moins stupide ! Je sais mieux prendre le temps… Je vais écrire à Alice.
Mercredi 10 juin 2009 :
00H03 :
Une rancœur continue de m’envahir vis-à-vis de mes parents. Je me contiens néanmoins maintenant dans ce sentiment. Je me souviens bien que mon père demandait à être écouté « au doit et à l’oeil ».
Je suis bien mais dans un grand vide que seule ma confiance emplit. J’apprécie de ne pas avoir fait de démarche pour un statut de travailleur handicapé (plus exactement COTOREP, la « H ») car si quelque chose m’invalide c’est bien ma famille d’une part et d’autre part l’horreur de l’organisation du Monde et de la vie (…) Ce qui excuse ma famille, nous sommes d’accord ! Je me souviens qu’il fallut attendrir dès le plus jeune âge les tortionnaires. Et j’ai bien conscience qu’aujourd’hui l’activité toute entière fonctionne ainsi. Le cannabis m’a tant écarté de toute cette rancœur. Je souhaite pouvoir m’affranchir de la nonchalance appropriée que j’ai su arborer si tôt quand « victime » je su me défendre. Il ne faut pas s’attendre à quelque soutien que ce soit !
Jeudi 18 juin 2009 :
06H30 :
Nuit blanche. J’ai à nouveau réduit ou plutôt divisé le Zyp par 2 : en le coupant en 2.
Je suis bien. Mais l’avenir ne me promet rien.
C’est parce que le crépuscule ne dure qu’un peu que je dois me plaire toute une vie (…)
Il me faudrait plusieurs dizaines de millions d’euro.
Du calme je ferai mon luxe ; sans modernisme, avec patience, avec goût.
Seulement là c’est de marginalité dont il est question.
Il me faut gratter des lignes ainsi pendant des heures si je veux retrouver et rattraper ma voie.
Mais je vais ne faire que dormir et la nuit prochaine sera à nouveau oisiveté ; une vie qui passe, un être qui attend… L’activité "ravageante" semble plus légitime ! Une beauté inutile, un talent gâché et l’on ne s’inquiète que de bonheur.
Samedi 20 juin 2009 :
02H00 :
Tout à l’heure je vais à la remise des prix de poésie…
Vendredi 10 juillet 2009 :
13H30 :
J’ai bien cru ne plus vouloir écrire ! J’étais à La Haie mardi et mercredi. Ce dimanche nous fêtons mes trente ans avec la famille de Charlotte à H… Samedi soir, Yoann fait un petit apéro de crémaillère dans l’ancien appartement de Ju qu’il habite désormais. Samedi soir dernier je suis allé à la soirée de Fifou (Alexis) qu'il faisait pour l’anniversaire de sa copine Méla une fête sur les hauteurs de Louviers, dans un terrain de famille et surtout en famille d’ailleurs. Fifou comme l’année précédente semble t-il a tiré un feu d’artifice dans le champ surplombant son terrain et les bleus sont passés avec le gyrophare sans faire d’histoires étrangement.
Les cousins et frères disaient : « bah oui, ils ont d’autres chats à fouetter (…) » en pensant aux arabes j’imagine ! Il y avait une bombonne d’hélium avec laquelle ils remplissaient des ballons de baudruche pour en aspirer le contenu et parler avec une voie distordue comme dans les dessins animés.
La Haie m’a littéralement dégoutté. Avant je me disais que c’était forcément mieux d’aller seul dans ce genre de pays pour s’intéresser à eux, à la culture mais en fait j’avais l’air d’un Kanak, d’un marginal !
Le monde est définitivement dégénéré. Les gens sont cinglés et le système plus machiavélique que jamais. L’ambiance prend une tournure morbide de consommation de poison et d’enchaînement au cycle toujours plus élancé de dévastation avec pour seule distraction une aliénation assurée dans tout ce qui paralyse la réflexion et la remise en question.
Ils nous fournissent de l’argent (RSA) pour ne pas que l’on soit suffisamment affamé pour se mettre à enrailler leur circuit d’exploitation. Lorsque l’on consomme, ce sont des glucides et du gras à tout va, des énergisants pour que l’on soit malade et dépendant (c’est flagrant en Hollande, en Nouvelle-Zélande, aux États-Unis mais la contamination commence à altérer sérieusement nos pays latins).
Les villes et les communes sont finalement des camps de concentrations, les hébergements des asiles, les gens sont des zombies en sursis.
Moi qui m’apprête à recevoir en cadeau des livres de Schopenhauer et peut-être Paul Rée ; il s’agit bien là de paradis perdu ! Aucun des hommes de bon sens n’a su empêcher les hommes de tomber dans la déconfiture.
Paul-Éric BLANRUE essaie de raisonner ces fous, mais son dernier livre est censuré ! Il y a l’humoriste Dieudonné aussi… mais les combats qu’ils mènent sont voués à la haine malheureusement. Se révolter contre notre état amène systématiquement à une posture de fautif car la société se veut pragmatique, huilée pour perdurer et surtout canalisant l’énergie et la force dans des effets pervers de domination ou d’égoïsme.
Je prends un malin plaisir à me calfeutrer chez moi. Bien que je trouve cela lâche et que cette situation me désespère. Blanrue nous dit de savoir ouvrir notre bouche, d’oser dire ce que l’on pense (pour les derniers qui pensent encore) mais les retombées peuvent être très violentes. Les vieux regardent quelqu’un comme moi avec crainte, les jeunes avec haine et incompréhension. Les actifs et les foyers ne voient rien, ils sont aveuglés par leur nécessité de s’affairer et se détendre.
Le système façonne la vie comme on dirige un cheval.
Mercredi 29 juillet 2009 :
21H20 :
Pierre B. est mort. Je me demande à l’instant d’ailleurs… comment ? Car il s’accrochait (…)
J’ai replongé dans le cannabis ! J’ai vraiment intérêt à trouver mon gagne-pain malgré toute aversion envers ce monde "activisé"… Je n’ai pas cru plus que ça à mes possibilités de repasser un BAC S… et pourtant…
L’idée des ateliers ANPE est comme un piège dans lequel je suis encouragé et si je l’évite je gagne !
Il n’est pas terrible mon journal, maintenant ! Je reprends pourtant du poil de la bête. Navré que les jours raccourcissent à ce point.
Je m’apprêtais à écrire du mieux que je ne le puisse et c’est raté ! Je perdure dans les ratés sans cesse.
Mardi 11 août 2009 :
11H00 :
Les parents sont à New-York. Je colle Nico un peu dans le vent, parce que sa compagnie ne me correspond pas du tout ; et c’est le cas de la compagnie de tant de gens qui sont gentiment seuls à vouloir/pouvoir avoir avec moi. Je dois retrouver la force de me retrouver avec mes aptitudes en mains. Mon ventre est gros. J’analyse tout à l’horreur. On m’a répondu sur le site du Zyprexa mais je ne sais pas qui est l’auteur du message. Mes analyses me font du mal parce que je manque de réalisation. C’est catastrophique de ne pas être dans un train de vie en mesure avec moi. C'était la bonne météo pour aller courir ; de la petite pluie fine et un air frais. Je dois voir les choses de l’avant pour ne pas sombrer dans la mélancolie la plus éloignée de la société.
17H20 :
Patricia et sa fille sont venues. Je les ai laissées faire le minimum qui rassurent chacun dans sa duplicité… également Pierre dans les mêmes subjectivités. C’est à cause de toutes ses subjectivités que cherchant la réalité je perçois des natures et des pensées et accède à des souvenirs ou sensations antérieures (qui m’ont été propres en tout cas).
Je tombe dans l’imaginaire à bras raccourcis par manque d’accroche dans le réel.
Mercredi 26 août 2009 :
17H10 :
Chez moi à Bécon, je fais un tout petit peu de sport depuis lundi. J’ai laissé les enfants de Sandrine et les parents au lieu d’en profiter… surtout qu’ils n’ont pas l’air si emballés à l’idée de partir en mer dans un an ! En plus je suis en voie d’être radié du pôle emploi cadres où j’avais quand même mis le pied. Et moi je me tourmente, m’apitoie tout seul alors que la force me tend ses bras. J’allais redevenir vraiment frais et plein de vie et… non, je fume et renvoie les problèmes sans ni les encaisser…
Mardi 1er septembre 2009 :
20H35 :
J’ai un bon moral mais ma nuque me pèse depuis vendredi. Rentré à H. alors que j’ai tout à faire à Courbevoie (…)
20H50 :
En cherchant encore mon destin, je concilie les pires hypothèses envisageables avec toujours ce bout de confiance qui me dicte tout ce que je porte d’acquis, de vécu et de pensées. Je regardais hier les annonces comme celles de scénariste pour des émissions TV. et je me disais que je pourrais largement gagner ma croûte en utilisant mes capacités et mes envies. Comme l’analyse, la rédaction, les rencontres, les déplacements, les recherches…
21H10 :
…et tout ce qu’en moi que je mésestime comme points de réussite. J’en ai fini avec l’oisiveté. Au moment même où je dis ça j’ai pourtant la posture d’un gars qui profite sournoisement de la fin de l’été !
21H20 :
Je me fais penser à celui que j’étais à Y. en écrivant à intervalle régulier ! D’ailleurs n’ai-je pas repris la route de la vie un peu trop à ma manière ? Et à l’anglaise !
Je n’ai pas appelé Patricia qui risque de me réveiller de bonne heure pour nourrir la minette en ne me croyant pas là (les parents sont à Nice, ils ont ramené Antoine et Marie au passage).
J’ai besoin de me remettre à écrire. Je voudrais mettre un grand pied dans le plat…
Lundi 7 septembre 2009 :
19H10 :
Je m’en veux un peu parce que mon père qui était en déplacement à La Courneuve m’avait demandé si cela me « faisait plaisir » qu’il dorme chez moi pour assurer ses deux jours de formation ; ce que j’ai sans humour rejeté comme trop souvent en ce moment… je m’irrite de toutes mes relations à cause de mon torticolis et du traitement au lactose qui me fout la chiasse !
Je suis allé nager six malheureuses longueurs à la piscine où j’avais une ligne pour moi seul et une bouteille d’eau pleine et fraîche : cette fois c’est la douleur au cou qui m’a découragé !
C’est impitoyable comme mon sort est gâché par un dysfonctionnement entre ma volonté et mes possibilités. Ou devrais-je dire l’incohérence générale de la vie quand elle filtre d’un cerveau trop grand et trop capable ? Je cherche comment étudier le dysfonctionnement d’une chose dont je sais qu’elle n’a pas de forme ni de nom : le système. Avec un grand S, il n’a pas sa place dans aucun dictionnaire mais toujours suivi d’un nom comme social, budgétaire, éducatif… qui bénéficie d’un domaine scientifique et d’un ministère avec tous les emplois et professionnels que cela comporte. Mais il est pourtant au fond de notre coeur plus ancré que Dieu ou tout autant (…) et fait office de conscience collective expérimentée dans la sécurité de tous et le bien universel en principe.
Or je dénote qu’un grand nombre d’entre nous vit une injustice en contraste certain avec ce dogme dans leur accessibilité à occuper des fonctions en adéquation avec leurs talents par exemple en ce qui me concerne ! La consommation et l’étendue des domaines qui forment notre paysage, notre environnement nous place dans une situation maladive de pulsions pour ainsi dire entre positivisme et pessimisme, ou mélancolie. La médiation, la législation, la fluidité de la vie ont tant de ratés pour entretenir une société fortement décriée d’elle-même pour son impacte sur son berceau d’environnement.
20H16 :
Je ne retrouve pas un terme de Schopenhauer ou Kant qui désigne la fluidité de Bergson en quelque sorte. Il faut que je mange, j’aurais voulu sortir dans Paris mais j’ai trop peur de ne pas trouver de quoi me changer vraiment.
21H06 :
Mon père m’a envoyé un mail-blague qui informe qu’il a des symptômes de grippe A avec une photo d’un porc humanisé (lui) ; les destinataires habituellement nombreux pour ce genre de mailing n’apparaissaient pas… j’en conclue qu’il m’en veux de ne pas l’avoir accueilli ce soir contrairement à ce que pouvait me signifier ma mère au téléphone tout à l’heure, ce dont je n’étais pas dupe. Mon père croit fermement que je ne suis pas conscient de ma situation et ne manifeste aucune aide à mon égard. Ma mère elle malgré tout son talent reste anormale !
Ce qui est très troublant c’est que ce cauchemar dans lequel je vis ne dépend que d’un détail : un point de départ ! Il est évident que si j’avais une vie entre les mains, une situation, mes relations seraient très différentes avec tout le monde.
Il est sûrement temps pour ce soir de me mettre à écrire sérieusement plutôt que de prendre mes repères ici.
Mardi 10 novembre 2009 :
16H43 :
J’ai relu en partie poèmes et essais de moi. Mes parents sont aux Châteaux de la Loire pour leur anniversaire de rencontre annuel!
Néfertiti est donc seule à H. Je me suis fâché avec Nico H… Pas de boulot en vue ; seule l’envie de quitter Bécon-les-Bruyères!
Je fume de l’herbe depuis quelques temps. C’était tant attendu. Elle n’est pas forte pourtant. C’est très difficile de vivre comme ça. Je risque de perdre encore et à petit feu toute vie. Le temps, la météo ne fait rein à l’affaire. Les hivers vont me paraître de plus en plus insurmontables!
Moi qui comptais sur un grand bouleversement ! Le bouleversement est bien réel mais dans le sens dérapant!
Donc l’idée, la seule c’est de m’établir quelque part.
1er octobre 2010:
Deuxième semaine écoulée. J’écris comme au début. Les femmes sont dehors, ou seulement devant. Il est 16H30 et le soleil essaye de traverser la brume. La colline ouest se dégage et se recharge chaque fois moins comme une berge à marrée descendante. Les meubles d’ici sont là ; grosso modo
(Bribes de Bécon? 1Er octobre 2010, deuxième femme c'est Blanche!)
Samedi 22 janvier 2011 :
Nous sommes dans notre gîte Le M. à Prats du Périgord depuis mercredi. Nous avons visité 3 maisons par l’agence Gp puis furtivement celle de Les F. à Montignac et nous y retournons demain à 14 heures en compagnie du propriétaire (qui possède quarante hectares tout autour! C’est celle-ci qui nous emballe… Après de multiples tentatives échouées de lui faire parvenir les documents nécessaires (fautes de connexions internet et de scan ou encore de fax et d’imprimante, les téléphones portables ne reçoivent pas non plus vraiment de réception d’appel), il nous sera possible de reconstituer le dossier à notre retour à C. mercredi prochain.
Aujourd’hui, je suis allé seul à Villefranche où j’ai été le dernier client du petit marché (dorade, haricots plats, chou-fleur, bananes, citron) et épicerie, boulangerie… ensuite j’ai lavé la voiture (utilisant l’abord de notre gîte et ses ustensiles) puis j’ai voulu partir à la pêche avec le matériel de la cabane dans la cours; je n’ai pas trouvé de rivière, alors j’ai tenté de pêcher dans la marre à côté mais l’eau était gelée ; après avoir lancé une pierre, j’ai essayé à la sibérienne cinq minutes sans casser la ligne (miracle !) ; enfin j’ai voulu rendre visite au voisin de la grande ferme en face sans qu’il y soit (parce qu’il nous avait été dit qu’on pourrait utiliser sa connexion internet); finalement j’ai pu joindre le propriétaire de la maison des F. qui nous confirme la visite de demain…
Pendant ce temps, Élisabeth a fait du ménage et le repas de midi (la dorade avec les haricots) ; elle est heureuse comme tout que notre rêve prenne vie ; elle s’est maquillée, croyant que nous aurions à sortir en ville pour constituer ce fameux dossier de location…
Les jours précédents ont été un petit peu ternis par le manque de chauffage dans le gîte mais comme Élisabeth dit : Avant, il était tout à fait banal d’avoir des maisons fraîches en hiver, surtout la nuit.
Elle regarde les prospectus touristiques et me commente tout ce que nous pouvons encore faire.
Nous avions tant besoins d’être enfin dans un cadre qui nous unisse de découverte et d’espérance, à cause des soucis de santé et la monotonie de notre vie francilienne pour ne pas dire animosité…
Bref, je retrouve ma « Poupereine » telle que j’aime l’avoir ; douce, enjouée, positive…
Blanche revit également mais nous avons du l’emmener chez le vétérinaire à cause d’un eczéma purulent, elle a été revaccinée, purgée, aérée des fesses à la tondeuse (moment pénible) ; ses croquettes de voyage ne lui conviennent pas beaucoup mais elle joue, se dépense, même si la nuit elle doit porter un carcan pour ne pas s’irriter en se lavant…
Nous sommes au calme et satisfaits, parés pour notre destin.
J’ai envoyé une carte postale ancienne aux parents hier de Montignac où les sites paléontologiques sont fermés hors saison mais qui demeure une petite ville fabuleuse, d’où notre entrain à vouloir y demeurer. J’ai également laissé un message sur leur répondeur en revenant des courses mais n’ai pas eu le temps de joindre Vincent dont c’est la fête et qui souhaitait nous voir venir avant qu’il ne déménage dans sa réserve en dessous de Bordeaux. Je vais essayer depuis la mezzanine qui a plus de réception d’appel tout de suite ; je serai ravi d’annoncer notre installation lors d’un passage chez lui et Élodie dès mercredi soir... Je viens de lui laisser un message (en lui souhaitant sa fête !).
Nous écoutons un peu de musique, j’essaie de me remettre à écrire, souvent cela commence par une page de journal ou un poème ; ma philosophie étant encore très noire et ma pratique imaginaire sans assez de conviction. La femme du propriétaire écrit de la poésie semble t-il.
J’espère trouver du travail à Montignac, pourquoi pas au niveau des sites de l’homme de Croc-Magnon, Néandertal etc.