Dimanche 19 juillet 98 :
Drôle de voyage, merci Air France! Le vol direct Roissy _ Édimbourg était complet. J'ai été sur-booké. Heureusement, à Roissy, j'ai rencontré Jonathan, 15 ans, un peu gros, venant passer deux semaines à Édimbourg, dans un autre centre d'apprentissage de la langue. Bref nous sommes deux sur-bookés, ça rassure. Petit scandale à Roissy, nous voilà remboursés de cent livres chacun avec restaurant offert en attendant. Nos bagages sont quand même enregistrés : "Ne vous inquiétez pas, vous les récupérerez à Édimbourg". Mon cul !
L'avion d'après était à quinze heures avec un changement à Londres. Seulement voilà, un con à fait enregistré son bagage et s'est cassé. Donc ils ont vérifié tout, par peur d'un attentat et l'avion a été tellement en retard que John et moi avons raté notre correspondance à Londres. Là bas, une hôtesse blonde s'est occupée de nous en nous remettant sur le prochain vol ; entre autre l'hôtesse ma fait part qu'elle jouait une comédie musicale le six août à Édimbourg. On verra.
Donc, nous sommes arrivé à vingt heures au lieu de quatorze heures! Et en plus... plus de bagages. Nous nous sommes plaint, nos familles sont venues nous chercher. C'est ici que John et moi nous sommes quittés.
Ma famille d'accueil est bien. Au moment de me coucher, quelqu'un de l'aéroport est venu me rapporter mon bagage ; j'imagine qu'il a fait de même pour John.
La dame de ma famille doit avoir la cinquantaine, séparée de son mari, elle vit avec son fils de vingt ans. Elle a aussi une fille de dix huit ans.
Il y a un autre étudiant qu'ils accueillent, un italien de vingt-quatre ans qui est là pour deux semaines.
Demain, mon séjour commence...
Mardi 21 juillet 98 :
Il n'y a pas beaucoup de jeunes au centre, je suis dans une classe de niveau moyen, heureusement il y a Massimo avec moi l'Italien de ma famille d'accueil. Hier nous avons fait une excursion : la visite d'Édimbourg en car ; je n'ai jamais rien vu d'aussi beau et de si triste, peut-être que c'est moi. Il y a quelques suisses et des français, je ne leur parle pas pour mieux parler anglais. Le soir on fait les pubs avec mon petit groupe d'amis italiens... Il y a aussi des espagnols, des allemands, des hongrois, des brésiliens, des polonais, des japonais etc.
Maintenant passons aux choses sérieuses :
J'ai rencontré une italienne de dix huit ans aux cheveux longs, ses yeux sont bleus. Elle est venue avec un ami italien du même âge, très sympa, il cherche une copine aussi. Le bouquet a été quand elle m'a adressé la parole :
- Where do you come from ?
- From France, and you ?
- I come from Italy, well what' s your name ?
- Alexander and you ?
- Maria !
- Euh...euh... Sorry, I can't find my words!
Et je croyais bien que c'était fini, elle est partie et j'avais l'air con !
Mais en fait, je crois qu'elle m'aime bien...
Sinon j'ai trouvé une brosse à dent aujourd'hui, je suis content.
L'argent part très vite.
Jeudi 23 juillet 98 :
Avant-hier soir on était dans un pub irlandais avec un groupe de musique traditionnelle (flûte, violon, guitare), c'était fantastique.
Aujourd'hui on nous a passé Trainspotting à l'école. Je crois que personne n'a aimé!
Ce soir, Massimo est parti jouer au foot avec Charles, le fils de la maison. Je n'ai pas réussi à trouver les autres alors je me suis amusé tout seul. Dans ma famille d'accueil, nous avons eu notre dîner à seize heures quarante cinq. Après je suis parti ; j'ai visité toute la ville à l'aide de ma carte de bus. Je me suis retrouvé dans un pub de punks avec une trop bonne ambiance, je me suis soûlé à la pinte, sur le retour j'ai compris que j'étais désormais écossais...!
Mardi 28 juillet 98 :
Désolé de ne pas avoir écrit plus tôt. Je ne pouvais pas et d'ailleurs, peut-être que je ne le pourrai plus...
Vendredi j'ai commencé à ne plus aimé le centre, j'ai trouvé la liqueur dont je parle depuis si longtemps aux autres. Il s'agit d'une crème délicieuse.
Samedi je suis parti en excursion à Inverness avec Dario et Maria :
Quatre heures trente de bus. C'était pas mal, le soir on a dormi tous les trois dans un superbe "bed and breakfast", en tout j'ai dû dépenser soixante livres sterling, je vais devoir supplier mes parents de m'envoyer de l'argent ou alors je rentrerai plus tôt. Bon je dois jouer aux cartes avec Massimo, à plus tard.
J'ai perdu! Donc je disais que nous étions à Inverness : je n'ai jamais autant ri avec une fille qu'avec Maria... Elle est géniale, pas du tout fière et il lui arrive toujours des couilles comme à moi... Je suis tombé littéralement amoureux d'elle. Dimanche nous avons visité le Loch-Ness et on a vu le monstre : l'arnaque! Le soir nous devions prendre le bus à vingt deux heures pour revenir. Le problème c'est qu'on a confondu les horaires du soir avec ceux du matin, donc il n'y avait pas de bus ; nous étions donc coincés en haut de l'Écosse sans beaucoup d'argent. Heureusement, on a fait la rencontre de Tim, un américain de vingt ans qui nous a trouvé une auberge de jeunesse à vingt livres pour trois. Nous étions douze dans la même chambre, impossible de dormir, Dario avait un matelas plein de vin!
Le lendemain, nous avons pu reprendre le bus (quatre heures trente). Tim va venir à Édimbourg à partir de mercredi, il bosse dans un restaurant Français prêt du port.
Nous sommes donc arrivés à treize heures au centre, à l'heure où finissent les cours et c'était l'heure du repas. Quand on est arrivé dans le self, tout le monde nous a applaudi parce qu'ils croyaient qu'on était mort! On leur a raconté tout et ils ont bien ri.
Le soir même nous avons fait le tour des pubs d'Édimbourg et c'est là que commença ma dépression...
Un play-boy d'italien, super beau gosse et un peu plus vieux, bientôt anesthésiste, a commencé à allumer Maria. Ça m'a fait rire au début, je me suis dit qu'elle ne tomberait jamais dans le panneau :
Et bien il faut croire que si! J'en deviens fou, écœuré, écroulé.
Bon, on va aller se saouler avec Massimo car je crois que lui aussi est déçu de ses vacances ; il part après demain.
Jeudi 05 août 98 :
00H25 :
Tout va bien!
Je suis dans ma chambre, j'ai beaucoup lu Nietzsche et j'y vois plus clair... En fait je passe des vacances... des vacances intéressantes. Les deux premières semaines se sont passées tranquillement; Massimo et Dario sont partis (c'est ma deuxième déception). Beaucoup d'autres du centre s'en vont aussi pour être remplacés par des pires (je sais je suis négatif), c'est ma troisième déception. Ma première déception n'avait nul point d'être, Maria est belle et bien géniale, elle a rejeté l'anesthésiste...
C'est vraiment une fille formidable, si je n'arrive pas à mes fins avec, elle restera tout de même ma meilleure amie étrangère. On peut tout se dire avec le peu d'anglais que l'on connaît et on se moque beaucoup des autres. Maintenant il y a trois autres bonnes nouvelles ; le fils de ma famille est génial, son surnom est "Chaz". Je passe deux soirs par semaine avec lui et ses potes. On boit énormément et je me suis même laissé aller à jouer au foot. Ce sont d'ailleurs des vraies bêtes et ils ont des superbes terrains synthétiques. Un des potes de Chaz à quarante ans, il est divorcé, a deux enfants et est ancien chauffeur de train, probablement viré car il est pickpocket, parieur, joueur, arnaqueur, vendeur de tout ce que tu veux...
Un soir, Dario, Chaz, lui et moi sommes allé en disco et là Oley (le mec) à tiré un larfeuil comme à sa vieille habitude et il s'est cassé à l'anglaise.
Chaz, Dario et moi nous amusions bien jusqu'à ce que les videurs et les flics viennent nous chercher! Dario et moi avons juste eu à attendre Chaz qui se faisait questionner dans le bureau des videurs par les flics. Au bout d'une heure il est ressorti, il avait donné des descriptions bidons et a baratiné puis nous sommes partis.
Dehors nous avons immédiatement rencontré deux américaines de dix huit et vingt cinq ans, canons...
Chaz assure trop dans ces cas là, nous sommes restés une heure ou une heure trente avec elles, puis on les a raccompagné à leur hôtel en liquidant ma petite bouteille de crème écossaise.
Quand nous sommes rentrés chacun chez nous, on avait des traces de rouge à lèvre partout...!
Chaz m'a dit plus tard que Oleg s'est fait arrêté pour pleins de délits et qu'on le recherchait depuis longtemps. Au bout de trois jours il est quand même sorti en attendant son jugement, et manque de pot il s'est fait tabasser à mort par des collègues ; bilan : les deux jambes et les deux bras cassés.
A part ça, j'en étais à ma deuxième bonne nouvelle ; Tim est arrivé à Édimbourg, j'ai déjà mangé dans son restaurant et j'ai repassé une troisième soirée avec lui et Maria. Il a pu rencontré les nouveaux de mon centre et les a qualifiés de "dork", je crois que cela signifie que ces derniers veulent paraître cool alors qu'ils sont snobs. Je ne connais pas de mot français qui le qualifie si bien!
Demain soir, Tim est invité par ma famille d'accueil. C'est génial, après nous irons voir Maria.
La troisième bonne nouvelle, c'est que ce week-end, j'étais légèrement en état d'ébriété dans la rue et un type m'a tendu son joint d'herbe. J'ai eu l'air si content qu'il m'en a donné un peu! J'ai fumé tout avec Maria et Ans, un allemand a peu près fréquentable ; Maria ne l'aime pas, elle a raison ; d'ailleurs elle a toujours raison...
Aujourd'hui j'ai retrouvé encore un morceau de haschich à dix livres. Ans, Maria et moi initions désormais un japonais au haschich européen. Les conséquences sont hilarantes : il ressemble à un lapin fou, avec Maria on ri beaucoup!
Voilà, c'est à peu près tout si ce n'est que maintenant je suis vraiment un touriste au centre et aussi avec Maria ; nous allons partir en week-end (en semaine) tous les deux, assez loin... j'essaie de ne pas me faire trop d'illusions, mais c'est déjà si bien d'être avec elle...
Vendredi 06 août 98 :
22H00 :
JE PARS AVEC MARIA !!!
Dimanche 08 août 98 :
Je suis seul dans la maison de ma famille d'accueil. J'attends un coup de fil de Maria. J'ai passé avec elle la journée la plus intéressante de ma vie hier, je ne sors pas avec, je n'y ai jamais fait allusion chaque fois que j'étais avec elle pour ne surtout pas l'ennuyer, et puis de toute façon c'est ... il n'y a pas de mots pour exprimer ma joie, mon bien être en étant avec elle dans la rue, je n'ai jamais été aussi fier, c'est plus qu'une petite copine, ici, c'est ma deuxième moitié.
Avec un an de plus qu'elle, je me sens encore trop jeune pour elle ; hier, nous avons philosophé toute la journée devant un paradis naturel, le soir on a revu par coïncidence le type qui m'avais refilé de l'herbe et on a fumé devant le plus beau et le plus long feu d'artifice jamais vu au dessus du château d'Édimbourg, c'était comme un rêve. On a déjà plus besoin de se parler pour se comprendre. Elle ne crois pas en Dieu, elle est juste un peu sérieuse, un peu lunatique, un peu cool, un peu bonne, très spontanée et en plus cultivée.
Elle part vendredi, un jour avant moi. Cela n'est qu'un vase d'eau de plus dans l'océan de tout ce que je perds au long de ma vie.
Je me suis enivré de tristesse et de joie, je trouve tout pourri, mais grâce à tout ce qu'elle m'a dit, je sais maintenant tirer profit de la vie.
Je me sens tellement plus fort qu'avant, psychologiquement et physiquement, j'ai l'impression d'avoir juste ce qu'il faut de passion et de haine.
C'est drôle, mais je suis sûr à au moins cinquante pour-cent, que si elle éprouve la même chose pour moi, et bien nous n'arriverons même pas à plus car on se respecte trop et ne voulons pas nous perdre. Enfin, c'est comme ça que je me rassure. Ce qui m'enrage, c'est de la savoir bientôt livrée aux italiens et à elle-même alors qu'ici, avec moi il n'aurait jamais rien pu lui arriver tellement je l'aime.
Nous fûmes ensemble jusqu'au dernier moment, jusqu'à l'aéroport où je vis son avion décoller pour "sa petite Italie de chaleur"; le mien décolla quelques minutes plus tard pour "mon pays du froid".
Ce genre de voyage est excellent pour apprendre à mieux se connaître, je suis de mieux en mieux dans ma peau même si je me déteste encore un peu.
..Nuit du 23 au 24 novembre 1998 :
Je connais encore la date, c’est un bon point !
Je n’ai pas écrit plus tôt car j’ai du prendre une mauvaise décision : celle de ne plus aller au lycée. Je suis resté deux jours seul dans ma petite chambre à Rouen où j’ai lu du Freud. Je crois que je perds le raison. C’est triste à mon âge. Je repense à une chanson de Renaud qui dit : « on m’a jamais dit je t’aime et bien tant pis ! ». Je ne me souviens pas l’avoir dit non plus.
Je n’ai jamais réussi à participer comme il l’aurait fallu à l’école, timide ou réservé le cannabis m’a beaucoup aidé pendant trois ou quatre ans et maintenant j’attends qu’une place se libère à la clinique psychiatrique d’Y à P d A. Motif : dépression nerveuse.
Je ne sais pas quand j’ai craqué. Je me souviens avoir souvent pleuré étant petit dans ma chambre par frustration peut-être, car tout le monde s’amusait en bas.
Depuis que j’ai arrêté le cannabis je me sens bête. Peut-être que je cherchais trop à comprendre des détails sans importance en cours alors je me perdais et n’avais pas le courage de poser des questions. Il faut dire que ceux qui en posent ont souvent l’air bête. Le dernier cours dont je me souvienne est celui du professeur de français ; Elle critiquait Rousseau qui fit une autobiographie : Elle nous expliquait qu'en son siècle (18 ème), Rousseau aurait du s’intéresser à la révolution par exemple et que pourtant il préféra parler de lui.
Je suis sur un point de non retour, j’irai à la clinique quand ils m’appelleront, je les laisserai faire leurs expériences sur moi car de toute façon ils ne pourront pas me voler mes souvenirs, mes projets, mon idéal.
Mercredi 25 novembre 1998 :
Aujourd’hui, un bon ami futur gendarme est venu me trouver et m’a sorti, il m’a dit de reprendre le dessus, de redevenir comme j’étais avant. Je resterai en contact avec lui pendant mon hospitalisation comme il est sérieux.
J’appellerai aussi mes sœurs et mes parents qui pourront venir.
J’aimerais qu’une jeune fille douce au traits fins avec de grands yeux marrons et de longs cheveux bruns vienne à moi pour me dire « tout est pourri » d’un air triste. Alors je lui sourirais, l’inviterais à s’asseoir près du bar, je commanderais deux portos avec tact et lui demanderais :
-Si la vie est pourrie, si l’amour est pourri, c’est parce que les rencontres prometteuses sont si artificielles qu’elles semblent souvent éphémères. Serais-je plus pessimiste à la clinique ?
Jeudi 26 novembre 1998 :
J’écris en somnolent à cause des dizaines de médicaments que j’avale par jour. Malgré leurs airs d’adultes sages et responsables je dois leur faire confiance...
Les programmes télévisés sont de plus en plus idiots car moi j’ai la chance d’avoir une chambre seule avec douche et lavabo.
Vendredi 27 novembre 1998 :
Je suis maintenant à la clinique psychiatrique d’Y depuis deux jours. Le personnel est charmant.
Les dizaines de médicaments que j’ingurgite par jour me rendent légume alors que je suis déjà un navet dans la vie.
Samedi 28 novembre 1998 :
Je me sens beaucoup mieux mais de plus en plus confus. Par exemple, si j’appelle une de mes sœurs je la prends pour l’autre ! Je confonds aussi le personnel. Mon problème avec le temps ne s’arrange pas, je crois que je n’aime pas l’heure.
Dimanche 29 novembre 1998 :
03H00 :
Le Tertian ne me fait plus effet. Mes notes ne sont pas lisibles cette nuit là (le samedi 30 janvier 1999) à part ceci : cela ne m’étonne pas, d’où vient le vent? l’homme joue toujours aux petites voitures et la femme (...), hier soir quand une infirmière et un psychiatre sont entrés (...), je suis intrigué depuis parce que personne (...), bon à plus tard il faut bien que je dorme un peu. Les calmants sont chiants parce qu’on en devient accroc.
Hier soir, j’ai écrit des choses bourrées de fautes d’orthographe, j’ai appelé successivement mes deux sœurs qui m’ont dit que je reprendrai goût à la vie. Puis, j’ai écrit et ne me souviens plus de rien! Si ce n’est que j’ai arraché les pages du programme télé pour donner les commentaires, les articles et les pubs à une infirmière qui m’avait dit : « tiens un Télérama! Il y a longtemps que j’en ai pas vu ». Peut-être qu’en fait elle voulait simplement dire que la personne qui était là avant n’avait pas le même programme. De toute façon je ne me souviens plus de qui il s’agissait.
Il est maintenant 10H00 du matin, je fixe une toile d’araignée et suis une émission de télé qui critique Hitler. C’est incroyable comme je deviens avide de culture.
Je n’ai aucune notion du temps qui passe, j’ai des troubles visuels et des déséquilibres.
Dehors, l’automne est magnifique, les arbres sont éclairés sur leur droite et l’ombre se perpétue à gauche et au fond (je suis plein ouest).
Une infirmière vient de rentrer dans ma chambre, elle a pris ma température, ma tension, et dit que tout va bien. Et c’est vrai, tout va bien ici ; j’ai le choix des menus : crudités, soupe, brocolis, épinards, steak, fromage, salade de fruits, banane avec crème au chocolat...
C’est tout de même mieux que d’entendre : « est ce que vous avez fait vos devoirs, montrez moi ça, vous n’avez rien compris, arrêtez de bavarder, travaillez individuellement, vous viendrez en retenue... »
Mais le plus répugnant avec les enseignants, c’est qu’à cause de leurs stages pédagogiques ils croient bien cerner les élèves et les frustrent. J’espère qu’on pourra me relire car j’ai moi même du mal. ça va merci. A bon de rien! J’ai des troubles visuels; je ne vois bien que d’un œil, si j’ouvre les deux c’est le bordel! Je n’arrive plus à lire correctement, j’ai des troubles de la mémoire ; je dis souvent bonjour et au revoir aux mêmes infirmières dans la même journée!
Je suis fatigué, je ne vois plus les lignes, ne tiens plus debout mais ai du mal à dormir. Comme je suis sur mon lit je vais m’endormir en regardant une émission sur Antoine.
Les cachets m’anesthésient complètement, je ne sens ni chaud ni froid.
Ce soir s’il y a des étoiles je ne fermerai pas le store.
Ce qui me marque le plus, c’est qu’il y a un règlement intérieur, comme à l’école, comme en entreprise et comme les lois de la vie en société. Je crois qu’on devrait revivre en communauté, chacun aurait une tâche qui lui semblerait nécessaire à accomplir. Ce qu’il y a de bien dans cette clinique, c’est qu’il n’y a pas de contraintes.
Grâce à Freud, je ne suis pas sûr mais je crois que j’arrive à comprendre une partie de mes rêves. Par exemple, le premier soir une infirmière m'a fait visiter la clinique et on est passé devant une table de ping-pong, un tableau d’affichage avec les différentes activités sportives proposées (squash, tennis, gym, randonnées à pied, randonnées à V.T.T., piscine et groupe de paroles) et un petit salon bar près d’un atelier de peinture, poterie etc. et là, j’ai laissé l’infirmière pour discuter avec une patiente qui m’avait accueilli à mon arrivée. Et bien la même nuit, j’ai rêvé que c’était moi qui faisait visiter la clinique à mon père, et on jouait au ping-pong (d’ailleurs, je me prenais une raclée).
Il est 21H30, décidément, j’ai beaucoup écrit aujourd’hui. J’attends mes calmants, mes somnifères, mes antidépresseurs, ensuite je lirai la fin de Freud sur les rêves et quand je me réveillerai ça fera : « bonjour, votre petit déjeuner, bon appétit ». Et moi, une fois la porte refermée je dirai : « euh...merci » et je me rendrai compte que quelqu’un aura éteint la lumière à ma place la veille.
Je me rends compte qu’à force d’écrire, je me fais du bien à moi même, qui pourrait être intéressé par de telles conneries ? Peut-être de la famille, des amis ou moi car j’aime bien me relire! Je voudrais donner à ce journal un sens. Enfin on verra.
Lundi 30 novembre 1998 :
08H30 : Dans ma chambre, tout est aménagé de sorte que l’on ne puisse pas se suicider. Mais c’est illusoire car il y a des prises de courant, des antennes sur la télé, un verre et une baignoire. Les fenêtres sont bloquées ; elles coulisses soit l’une soit l’autre de cinq centimètres sur les cotés.
12H00 : Je reviens de chez le cardiologue, mon cœur va bien, j’y ai été conduit dans un beau taxi avec une infirmière et une autre patiente en plus du chauffeur qui roulait très vite.
Je viens d’apprendre en téléphonant chez moi que j’avais belle et bien fait visiter la clinique à mon père et que nous avions joué au ping-pong. Suis-je schizophrène? Idiot? Je ne sais pas.
17H30 : Ma mère est venue me voir, nous avons parlé de mon avenir, de mon séjour ici, à un moment donné une infirmière est entrée et ma dit qu’il fallait changer mon lit. Pendant ce temps j’ai fait visiter la clinique à ma mère cette fois et nous avons discuté avec l’animateur en bas. Quand on est revenu dans ma chambre, j’avais un beau lit et une belle table de nuit. Nous avons re-philosophé avec ma mère puis je l’ai raccompagné jusqu’à la porte et suis redescendu au petit bar dans l’espoir de discuter, mais je m’y suis mal pris ; il y avait un petit groupe de personnes autour d’une table avec un siège vide. J’ai demandé si je pouvais m’asseoir, je m’y suis assis mais n’ai pas parlé. Là, une dame d’une quarantaine d’années qui portait des lunettes de soleil est venu, les autres se sont dispersés, elle s’est assise à coté de moi en me collant et m’a dit : « vous n’êtes qu’un petit croissant qui sera mangé tout chaud! ». Je regrette d’être parti sans rien dire, j’aurais du lui demander pourquoi elle portait des lunettes de soleil et pourquoi elle me prenait pour un croissant... Bref, je suis allé ensuite dans une salle de visionnage où il y avait deux filles côte à côte, un vieux sur la même rangée mais à droite et un type au fond. Je me suis approché de lui et lui ai demandé si c’était en direct ou bien si c’était une cassette. Il ma répondu que c’était une cassette et il est parti. Je suis parti quelques minutes plus tard car il s’agissait d’images psychédéliques avec des paroles étranges. Je suis revenu dans ma chambre triste de ne pas avoir fait de connaissances.
Une infirmière psy vient d’entrer dans ma chambre pour me donner des pilules comme d’habitude, elle ma demandé si ça c’était bien passé avec ma mère, je lui ai répondu qu’on avait parlé de la clinique. Je crois que je vais arrêter de détailler autant ma vie pour mieux comprendre ma dépression.
Mardi 1er décembre 1998 :
Ce matin je suis en pleine forme, je le serai moins tout à l’heure quand je reviendrai de la gym. Il faut vraiment que je trouve quelque chose d’intéressant à écrire.
La gym c’était nul!
Dans la vie, il n’y a que la nature, les animaux et la musique que je trouve agréable. J’ai sûrement été trop gâté.
J’ai quatre fois par jour des médicaments : à 8H00, 12H00, 18H00, 21H00 OU 22H30.
17H30 : Mon père vient de passer me voir ; il m’a expliqué de ne pas faire attention aux autres, que pour réussir il faut avant tout penser à soi. Je pense qu’il a raison mais je suis trop attentif à ce que les gens disent autour de moi. Ma mère ne va pas tarder à arriver. (Ils travaillent tous deux dans des endroits assez éloignés).
Je crois que je ne me suicide pas pour ne pas faire de peine à mon entourage et en plus ça choquerait le personnel !
19H00 : Ma mère vient de partir, cette fois je ne l’ai pas raccompagné jusqu’à la sortie parce qu’il aurait fallut que je me promène dans la clinique et je n’aurais pas su vers qui aller.
Je viens d’appeler une de mes meilleures amies qui bossait pendant que les autres étaient partis s’amuser. Je lui ai raconté ma vie à la clinique et on a ri beaucoup.
Il est un peu plus de 21H00, j’attends avec impatience que l’infirmière me donne mes pilules. Je n’arrive pas à lire longtemps et les programmes télé sont toujours aussi nuls.
La liberté est dans nos têtes, l’égalité dans nos cœur et la fraternité dans nos gestes.
Mercredi 2 décembre 1998 :
D’où me vient cette timidité ? Je ne trouve jamais rien à dire et mes gestes sont désordonnés. Je suis niais et inintéressant et en plus je n’ai pas de conversation et un humour bête.
Le psychiatre va venir me voir tout à l’heure. Qu’est ce que je vais lui raconter ? J’ai l’impression d’être dangereux.
Jeudi 3 décembre 1998 :
05H40 : J’ai rêvé que ... Et merde, le temps de me lever, de prendre mon stylo et mon carnet et j’ai oublié. Je vais me rendormir et faire un nouveau rêve, c’est dommage l’autre me plaisait.
06H00 : Je n’arrive pas à me rendormir, je ne trouve pas le mot thérapie dans mon petit dictionnaire.
06H20 : Je me demande si être normal, c’est rester chez soi à regarder la télé ou être dans la rue à chercher un interlocuteur.
Une infirmière vient de rentrer dans ma chambre, elle m'a dit : "Ça va ?"
En fait je ne sais jamais ce que je dois faire, j’agis souvent faisant l’opposé de ce que l’on me demande. Cette conduite me perdra, je le sais.
Mon père m’a aussi ramené un dictionnaire et un livre de grammaire ainsi qu’une lettre de soutien de deux filles de la classe avec un petit mot du prof principale, elle dit : « recevez tous mes mots de prompt rétablissement, bon courage à vous. »
J’ai écrit plus haut que je ne savais pas qui j’étais, et bien, je suis tout simplement Alexandre H.
Je vais appeler une fille de ma classe.
Il est évident que je veux voir le soleil se lever et se coucher tous les jours.
Pourquoi ai-je commencé à fumer ? Parce que j’en avais envie. Je suis curieux. Qu’est ce qu’il se passe dans mon inconscient ? Un besoin d’écrire, de me poser des questions, de fuir... J’ai déjà trop souvent changé de coupe et de couleur de cheveux, de style de vêtements et par conséquent de comportement.
Une chanson d’Hubert-Félix THIEFAINE dit qu’il se sent coupable d’avoir méprisé tous les petits barbares qui courraient en culotte courte derrière un ballon dans les cours de récréation, et d’avoir continué à les mépriser beaucoup plus tard encore alors qu’ils étaient devenus des banquiers, des juges, des dealers, des fonctionnaires, des proxénètes...
J’adore la fin des B.D. d’Astérix et Obélix quand tout un village se réuni autour d’une grande tablée pour faire la fête.
Je viens de voir une émission où un prêtre disait qu’il y avait Satan, le mal et Dieu, le bien. Il n’était pas capable de dire où était la barrière. Est-ce qu’une conscience peut la trouver ?
21H00 : Il y a une émission sur l’exclusion. Je ne comprends pas bien le système de la bourse mais si je le pouvais je donnerais de l’argent aux pauvres en leur demandant ce qu’il compte en faire. Je me souviens d’un allemand que j’ai rencontré un soir dans Rouen ; il voulait de l’argent pour manger, je lui ai tendu mon kebab que je venais à peine de commencer et il l’a refusé en disant "fucking right class"!
A DEMAIN.
Vendredi 4 décembre 1998 :
Il est deux heures du matin et je n’arrive pas à dormir parce que la vie et belle et moi je suis moche. Pourquoi je ne dors pas, qu’est ce qui me tracasse ? L’infirmière de nuit vient de me donner du Proleptant, il parait que c’est très efficace mais je reste excité. Jusqu’à présent je croyais que c’était les autres qui étaient fous, maintenant je sais que c’est moi. Je viens de manger un petit chocolat d’un calendrier de l'avent qui va du 1er au 24 décembre ; chaque jour on ouvre une petite fenêtre et on trouve un petit chocolat qui nous fait patienter jusqu’à Noël. On a tous besoin de vieilles traditions pour oublier notre misérable quotidien.
Mes parents sont des parisiens venus s’installer en Normandie. Ils ont réussi leur vie, réalisé leurs rêves sauf qu’ils s’inquiètent pour moi maintenant. Moi je me sens mal à l’aise, je comprends les fils d’immigrés, on ne se sent à notre place nul part.
09H30 : Ce matin j’ai la pêche mais je tremble. Cette fois quand mon petit déjeuner est arrivé je l’ai pris et me suis recouché. Mais je n’ai pas refermé l'œil. L’animateur est venu pour me proposer d’aller participer aux activités. Je le ferai et posterai la lettre à M. après qu’on est pris ma tension. Je crois que je suis vraiment bien ici, je fais ce que je veux, le personnel m’apporte de l’attention et c’est relativement confortable.
10H00 : Le psychiatre sort à peine de ma chambre, il me donne rendez-vous à 11H00 et modifie un peu mon traitement.
12H00 : Je ne me suis jamais senti aussi crispé en sortant du cabinet ; mes membres s’étriquaient, mon coup et ma mâchoire se tordaient un peu plus à chaque mot que je disais. J’ai dû demander un calment aux infirmières.
Il faudrait que j’explose un bon coup, que je casse quelque chose.
18H00 : Ma mère vient de me rendre visite pendant trois heures. La plupart du temps j’ai dormi. Je viens d’appeler mon lycée pour les remercier de m’avoir envoyé mes cours. Le soleil se couche à travers les arbres devant ma fenêtre. Les nuages avancent doucement pendant qu’à la télé les bruitages et les voix des dessins animés attirent mon attention.
Il n’y a plus de nuages, je vais pouvoir contempler les étoiles cette nuit.
Je suis à la clinique pour suivre une thérapie ou un sevrage. J’espère être d’un mental équilibré. J’éprouve de l’hystérie. Je suis souvent en désaccord avec moi même. J’envie les gens croyants, car ils n’ont pas peur de mourir, ils doivent vivre heureux.
L’infirmière de nuit va m’apporter mes médicaments à 22H30. J’ai réussi à joindre M. par téléphone, elle est vraiment gentille.
J’aimerais m’exiler, mais être étranger, n’est-ce pas insurmontable ? Je crois que je suis vraiment fermé à ma culture. J’étais si bien l’été dernier en Écosse, j’étais si triste de revoir les français.
Pourquoi j’écris tout ça ; de toute façon même si ça intéressait quelqu’un il faudrait tout retaper !
Et si j’essayais de parler de mon passé. Je suis d’une des plus belles familles possibles, je ne parlerai pas d’elle ; Je regrette simplement de ne pas avoir pris part plus souvent dans les discutions. Je ne disais que oui, non, bof, ou critiquais ce qu’on mangeait ou bien l’école.
23H50: Malgré les calmants et les somnifères je ne dors pas. Je ne peux pas lire et je tombe de fatigue.
Samedi 5 décembre 1998 :
06H00 : Je viens d’être réveillé brusquement par la pleine lune, très en hauteur, éclairée de manière à voir les cratères et son contour bleuté qui lui donne l’allure d’être habitable. J’aimerai la regardé jusqu’à ne plus pouvoir la voir. Il va faire beau aujourd’hui. Avec son spectre, la lune semble se moquer des nuages qui passent avec leurs formes mystérieuses, ils doivent avoir différents poids dessinés par le vent. Le vent doit venir des vagues de la mer qui est attirée par la lune. Tout vit. Un avion est en train de troubler ma contemplation.
Tout à l’heure, l’infirmière est rentrée et m'a dit : « déjà debout », je lui ai répondu : « regardez cette belle lune! », elle a fait quelque chose comme « oui c’est sûr! », pour ne pas me contrarier et elle est partie. C’est drôle comme on peut avoir des intérêts différents dans la vie !
Maintenant, la forêt s’éclaircit, les oiseaux chantent ; en fait, ils doivent s’engueuler comme nous!
Ce qu’il y a de bien aussi c’est qu’il n’y a pas de jardinier pour ramasser les feuilles mortes. Je me sentais bien jusqu’à ce qu’on me donne mes médicaments et maintenant ça ne va plus. Je suis fier de mon père, il m’épate; il a un entrain incroyable, ne renonce jamais à un problème, il semble toujours heureux, il doit seulement être triste que son seul fils ne soit capable de rien.
Je vais essayer de faire des maths maintenant. Comment travailler en ayant de si beaux arbres illuminés à sa fenêtre? Pourquoi travaille-t-on? Une émission à la télé vente les mérites du Général De Gaule.
Cette nuit en regardant la lune j’ai remarqué que quand on ferme un oeil, on voit les rayons de la lumière arrivés jusqu’à soit. Je viens de voir un truc révoltant à la télé qui vente Internet, quoique cela puisse en motiver certains de communiquer après le boulot. De toute façon la génération future de ceux qui « surfent sur le Web » fera une autre génération qui préfèrera faire des petits feux de camps dans les bois en jouant du jumbe !
10H30 : Je viens de voir un petit écureuil roux sautiller d’arbre en arbre. Ma tension a augmenté et je vais manger pour la première fois avec les autres dans la salle, je suis un petit peu stressé, j’ai demandé mon traitement en avance. Je suis de plus en plus mou, je n’aide plus la femme de ménage à pousser les objets. Je ne me rappelle pas pourquoi on change le nombre de jours dans les mois. Ma mère est d’une intelligence peu commune et mon père est un acharné du travail. Mes parents viennent de passer me voir, ils m’ont regardé dormir puis nous avons discuté de mes idées noires. Deux copains vont passer me voir de 17H00 à 18H00, car les visites sont réglementées. J’appréhende leur visite.
19H10 : Je crois que je suis raisonnable. Je veux être écrivain mais ne sais pas quoi écrire!
Peut-être que ce qui me plaît est de rester devant la machine, passer mon temps chez des éditeurs etc... Et puis que ceux qui m'ont connu à tel ou tel endroit puissent dire : "Je vous jure que je l'ai vu"!
Je viens de sortir de ma chambre pour demander quelque chose à l'infirmière et ne la voyant pas à son poste, j'attendais et là, au bout du long couloir, j'entrevis une jeune fille toujours habillée en noir.
Elle m'a regardé, je lui ai fait signe de la main, elle a fait de même, a dit salut, j'ai fait de même, enfin elle me fait signe de venir, je suis venu lentement à elle (le couloir est très long). Elle m'a demandé mon prénom, Je lui dit : "Moi c'est Alexandre, et toi (...)", elle m'a dit « viens, on va faire la fête dans ma chambre! », alors je suis entré et j'y ai vu, affalée sur le lit, une autre jeune fille et une dame âgée assise dans le fauteuil à côté. Il y avait un poste de musique avec des disques.
La fille en noir m'a dit de m'asseoir sur le lit. Elle racontait que son ex-petit ami voudrait bien ressortir avec elle, si elle sortait de la clinique. Moi, je ne parlais pas, alors elle m'a dit : « si je te fais chier, va t'en! » Alors je suis parti.
21H00 : L'infirmière vient de me donner plein de pilules, je vais bientôt m'effondrer et je me réveillerai sûrement dans la nuit.
Dimanche 6 décembre 98 :
08H45 : J'ai été réveillé en sursaut par l'infirmière qui donne les cachets en même temps que le petit déjeuner, c'est bien énervant ce mélange enrobé d'un grand "Bonjour".
J'ai pris ma douche. Je viens de vérifier l'exactitude de la date en allumant la télé cinq minutes. A partir d'un certain moment on voit de moins en moins la lune.
Je viens de refaire mon lit.
Je n'ai aucun raisonnement logique et je ne fais rien pour m'en sortir !
Dehors, il y a un woody-woodpecker qui chante; le spectacle est le même tous les matins. Ça commence à m'énerver.
Vu que je tiens mon journal d'un côté du calepin et que de l'autre, j'écris mes pensées, il va arriver un moment où les deux vont fusionner...
Le soleil éblouit les arbres tandis que l'on voit encore la lune.
Je vais me brosser les dents.
10H00 : Je me demande comment on fait pour devenir écrivain.
Il y a quand même un progrès puisque maintenant je parle avec les gens.
Je m'ennuie aujourd'hui et je n'arrive pas à me relire. Je vais dormir un petit peu.
Je pense que je vais continuer ce journal et le faire éditer; je suis sûr qu'il peut aider des gens.
J'ai dix-sept bouquins à lire, une télévision et une bibliothèque en bas. Bref, je ne peux pas m'ennuyer.
Lundi 7 décembre 98 :
Il est cinq heures du mat.
Je vais écrire plus gros maintenant pour pouvoir me relire.
Je me vois bien dans une chambre de bonne à écrire avec un meilleur moyen que le stylo.
13H35 : J'ai bien mangé ce midi. Le restaurant de la clinique se trouve au rez-de-chaussée. Au sous-sol se trouve une cafétéria, un espace ping-pong, une salle de télévision, la partie consultation des psychiatres et un atelier d'art plastique.
J'ai fait la connaissance d'un nouveau et je viens de manger chez moi.
15H40 : Je reviens de l'atelier d'arts, j'ai essayé de reproduire un tableau : un chevalet portant une toile vide devant une fenêtre. J'ai choisi ce tableau parce qu'il représente l'absence de l'artiste ...
La France est la poubelle de l'Europe, quoique je n’ai pas encore vu l'Allemagne.
J'ai l'impression que la Terre tourne plus vite que d'habitude, j'ai le tournis
15H55 : Ma mère est là, elle est partie régler un truc à l'accueil.
Ma mère vient de repartir, je suis comme un petit garçon qui devant son carnet cherche une réponse ... En fait, quoi écrire ?
20H30 :
J'ai vu des infirmières bricoler des liquides.
21H10 :
Un reportage à la télé sur les mines antipersonnel me fait me sentir mieux, moi qui suis à peu près entier !
Je viens de comprendre que ma dépression venait d'une paranoïa provoquée par l'arrêt du cannabis...
Maintenant je vais faire en sorte de ne plus écouter ce qui se passe autour de moi et je vais faire ce que j'ai toujours voulu faire; écrire.
Bon je viens de prendre mes pilules, je dois donc aller me coucher, sinon je vais passer la nuit sur mon coin de lit.
Mardi 8 décembre 98 :
Je ne dors plus depuis cinq heures du mat. à peu près.
Comment travailler quand on vit sur une si belle planète ?
Le soleil est rouge, de sorte qu'il éclaire une partie des nuages bas et plus haut, au dessus de ma tête, le ciel est bleu.
J'entends une conversation dans le couloir entre deux femmes. Le nouveau médicament que je prends est parfait, je n'ai plus mal à la tête. Je me demande si les infirmières parlent de moi ; sûrement que oui, pour me soigner ...
Cela peut paraître idiot mais je viens de faire chanter un oiseau en battant son rythme à l'aide de mes cinq doigts.
Je ne sais plus me servir de mon dictionnaire. Du coup je regarde la télé, une émission.
Le ciel est bleu pastel derrière les arbres et bleu nuit en hauteur.
J'entends un homme dehors avec son chien ; il dit : "viens ici" comme tous ceux qui ont un chien. Quelque part il doit prendre du plaisir à se faire mener par son chien ... Il dit encore : "viens là" mais son chien est moins bête, il préfère aboyer pour communiquer avec les autres chiens du voisinage.
Mes parents m'ont apporté une loupe pour y voir plus clair quand je lis, mais c'est fatiguant.
Mon père m'a proposé de jouer au ping-pong mais j'ai refusé.
J'ai des sauts d'humeur, j'ai peur d'être psychopathe !
J'ai vu une dame de service donner une taloche derrière la tête d'une patiente désagréable et qui gueulait dans toute la salle à manger.
On vient de frapper à ma porte et un homme avec des classeurs à la main me demanda si j'avais bien dormi.
Je lui ai dit que oui. Le monsieur est un psychiatre. Il vît le livre de Claude Allègre "Dieu face à la science" et dit : cela doit être intéressant. Je lui ai répondu que j'aimais lire.
Je dois être prêt pour aller manger en salle à 12H30.
Je repense à la patiente qui demandait tout haut plein de choses et qui se faisait engueuler par l'infirmière ; consciemment ou inconsciemment, elle cherchait sa taloche !
16H40 :
Mes parents viennent de partir. Je me suis un peu accroché avec ma mère parce qu'elle veut toujours avoir raison.
J'aimerais avoir conscience de mon inconscience.
18H00 :
Je vais aller manger en bas avec les autres dans la salle à manger.
19H20 :
Je viens d'essayer de me regarder dans la glace avec la loupe de mes parents et je me voyais à l'endroit. Et c'est bien ce que je pensais ; je ne suis pas beau !
Cher journal, je vais te laisser un peu pour philosopher un peu plus.
Je n'ai pas d'idées ça m'énerve.
Il est 21H00, l'infirmière ne va pas tarder à me donner mon traitement, ça y est, le temps de l'écrire et elle est arrivée. Elle me propose de les prendre quand je le souhaite, c'est à dire un peu plus tard si je veux, mais dans ce cas, il faudra que j'aille la voir.
J'y suis allé mais elle n'était pas à son poste alors je l'ai attendue.
Mercredi 9 Décembre 1998 :
Je suis en pleine forme ; mais il faut que j'arrive à soigner ma paranoïa. L'infirmière est passée me demander si j'avais bien dormi et m'a parlé de ma main tout rouge. Je dors beaucoup mieux depuis que j'ai compris d'où venait mon problème ; la paranoïa. Maintenant je n'ai plus qu'à m'en guérir.
Selon mon petit dictionnaire, paranoïaque comprend que je suis probablement maniaque, orgueilleux et susceptible.
Dans l'ordre : Pourquoi suis-je maniaque ? Sans doute suis-je trop confus et cela m'aide de façon concrète à ne pas l'être.
Pourquoi je suis orgueilleux ? Peut-être que j'ai été trop gâté et que je suis fier de mes parents.
Pourquoi suis-je susceptible ? Sûrement parce que je suis mal dans ma peau.
16H00 :
Ma mère me dit que je ne suis pas paranoïaque. Quand elle est partie, je l'ai raccompagné jusqu'à la sortie.
Elle s'inquiète beaucoup pour moi. Mon père aussi, mais cela se voit moins.
21H45 :
Je cherche à rassembler mes idées, à me rafraîchir la mémoire.
Jeudi 10 décembre 98 :
J'ai dormi d'un trait.
Les gens qui fument ou qui boivent disent qu'ils préfèrent ça plutôt que de finir vieux et grabataires alors qu'ils le sont déjà.
Une infirmière est venue me chercher; je bégayais en lui parlant.
Je n'ai rien à faire alors je fais mon lit.
Je suis allé à la piscine ce midi, j'ai beaucoup nagé. Je suis entrain de reclasser tout mon ouvrage qui est tombé par terre.
Je me souviens avoir écrit sous l'effet du Haschich que l'homme se suicidait quand il avait fini de savoir qui il était.
Je regrette d'avoir brûlé tout ce qui me passait par la tête ; J'ai voulu tirer un trait trop vite sur mon passé.
Je vais regarder une émission sur le PACS (grande polémique sociale d'actualité). Le débat n'a abouti à rien.
Une infirmière de nuit m'a dit d'aller la voir quand je voudrai dormir (pour le traitement), et comme elle n'est pas là j'ai sonné l'alarme au dessus de mon lit, si bien qu'on entend cette alarme dans tout l'étage à cause de moi. Ça y est, j'ai fini par me déplacer, ma voisine du couloir s'inquiétait de ce bruit.
En revenant dans ma chambre, j'ai la désagréable impression d'avoir besoin d'être guidé dans la vie, alors qu'il est tellement plus agréable de prendre ses propres décisions et ainsi de savoir où on va.
Vendredi 11 Décembre 98 :
16H15 :
J'entends les hirondelles qui se préparent à partir vers des pays chauds.
Samedi 12 Décembre 98 :
Je viens d'être réveillé par le chant des oiseaux, il est six heures vingt minutes, il fait toujours noir.
10H35 :
J'ai pris la décision de me faire enlever la télévision. Grâce à ça je vais être moins fou !
Je suis entrain de classer mon journal et mes idées ; c'est un sacré merdier.
14H35 :
J'attends mes parents et de la famille. Il y a de moins en moins de feuilles aux arbres mais c'est toujours aussi beau.
Dimanche 13 décembre 98 :
15H00 :
Je classe mes papiers, tandis que j'entends jacter dans le couloir.
Je viens de voir mes parents. Il y a un superbe soleil qui se fond dans le petit bois.
Lundi 14 décembre 98 :
08H40 :
Je classe mes papiers avant d'aller à la gym.
09H10 :
Une infirmière vient d'entrer dans ma chambre sans mot dire à une vitesse incroyable pour récupérer mon plateau de petit déjeuner.
11H30 :
Je reviens de la gym ; Je me sens poussière sur une grosse poussière.
Mardi 15 décembre 98 :
Je pars à la piscine dans vingt minutes. Je ne ferai pas mes abdos les jours de piscine. L'infirmière me bricole une dose moins stressante.
17H40 :
Je rentre à peine du cinéma, nous avons discuté du film avec le petit groupe qui y est allé (tous patients de la clinique). Je retourne en rond dans ma chambre comme je le faisais à Rouen.
En fait j'ai du mal à supporter le fait que mes parents et maintenant mes deux sœurs réussissent dans la vie et pas moi.
Aujourd'hui, j'ai fais dans l'ordre : Gym, piscine, cinéma, ping-pong. Je constate qu'être actif rend heureux.
Mercredi 16 décembre 98 :
08H00 :
Aujourd'hui, j'ai un emploi du temps chargé, je vais à la gym, puis je ferai des abdos, ensuite j'irai manger et pour finir je retournerai au cinéma. Mais pour l'instant, j'attends mon petit déjeuner.
J'attends Noël avec impatience pour avoir la collection des livres de Nietzsche.
08H30 :
Je termine mon petit déjeuner, à la fenêtre, j'ai un paysage paradisiaque : la forêt dans la brume. Qu'est-ce qu'on peu espérer de plus?
J'irai à la gym pour faire surtout des abdos à dix heures moins le quart.
La brume commence à devenir rose, on dirait qu'il y a quelque chose de mystérieux ; on a presque envie de le chercher, d'avancer dans le bois... Il y a de surcroît quelques petits lampadaires qui font toute la splendeur de ce décor.
09H30 :
Il y a une promenade d'organisée justement, aujourd'hui. Il faut que je trouve J (l'animatrice) avant dix minutes alors que je ne sais pas qui elle est.
11H25 :
Je reviens de la promenade dans les bois :
C'est plus beau à décrire qu'à faire!... J'exagère.
Mon psychiatre sort à peine de ma chambre, il me donne rendez-vous dans dix minutes en bas, aux consultations.
17H15 :
Je crois que je vais arrêter mon journal, car il faut le classer.
15H00 :
Je reviens d'un groupe de paroles où j'ai observé, été attentif, mais n'ai pas dit mot.
Jeudi 17 décembre 98 :
Les branches des arbres se balancent dans un bleu pastel.
Je suis fermement décidé à sortir où à me faire parvenir mes cours pour reprendre le lycée début janvier. (Fin des vacances de Noël).
La vie est tellement triste qu'elle en est belle.
11H11 :
Je m'apprête à aller à la piscine à contre cœur alors que lorsque je serai dedans je serai heureux.
Je ne me supporte plus.
Notre société française va atteindre le summum du fascisme car elle range toute personne dans une catégorie.
17H00 :
Je vais me remettre dans mes cours avec l'autorisation de mon docteur.
Vendredi 18 décembre 98 :
Pourquoi suis-je si distrait ? Cela doit venir du peu d'intérêt que j'ai à faire ce que je fais. Pourtant je veux mon bac pour être libre de faire différents métiers et voyager ; surtout voyager ; voir si les suédoises sont vraiment si belles ou bien les japonais si pressés...
J'aime lire et je pète sur Internet!
Il va falloir que je fasse l'intello en cours pour rattraper. Je me demande si c'est moi qui aime tout le monde ou si c'est moi qui m'aime ; pourtant devant une glace je me déteste, quoi que ...!
Samedi 19 décembre :
05H10 :
Je suis en pleine forme. Je voudrais m'avancer dans mon programme scolaire mais j'ai peur de faire trop de bruit si tôt. Je me demande si je vais rester à la clinique pour suivre mes cours par correspondance où si je vais quitter la clinique dans deux semaines, à la fin des vacances scolaires pour reprendre les cours.
07H00 :
Chaque chose en son temps ou chaque temps à sa chose !?
08H40 :
Par ma fenêtre, j'aperçois qu'un arbre est tombé pendant la nuit et il coupe la petite route.
17H50 :
J'ai beaucoup tourné en rond cet après-midi, jusqu'à ce qu'une psychiatre vienne me poser des questions. Ensuite, j'ai rangé mes affaires de classe.
21H40 :
Bonne nuit !
Dimanche 20 décembre 98 :
08H10 :
Je suis en pleine forme.
10H10 :
Je constate que plus on pense, moins on est intelligent.
11H30 :
Je me lamente sur mon sort depuis quelques minutes.
18H00 :
J'ai eu les visites successives de mes parents puis de quatre amis.
Lundi 21 décembre 98 :
10H45 :
Je reviens de la gym.
Je suis dans un paradoxe infernal : je n'aime pas les cours que je suis au lycée mais j'ai un petit studio idéal à dix minutes à pied.
12H12 :
Mon psychiatre vient de passer. J'ai réussi à lui dire exactement ce que je ressentais (enfance parisienne en Normandie)
17H38 :
La vie est trop belle pour moi...
Mardi 22 décembre 98 :
06H00 :
Je n'ose pas appeler l'infirmière pour lui dire que je ne peux plus dormir, sinon elle va me redonner du Valium.
10H45 :
Je reviens de la gym et je vais à la piscine à 11H30.
J'ai écris une lettre à un de mes amis, lui proposant de faire le tour du monde à pied en étant sponsorisé mais je crois qu'il ne sera pas aussi motivé que moi.
18H00 :
Je commence mon premier roman. (Chris)
20H37 :
Je viens de me souvenir pourquoi j'avais commencé à fumer ; c'était pour mes insomnies.
Mercredi 23 décembre 98 :
07H30 :
Bonjour !
08H00 :
Je viens de prendre ma douche, mon petit déjeuner va arriver : Vingt centimètre de pain, un échantillon de beurre et un de confiture avec du chocolat chaud.
Je ne me souviens pas de mes rêves.
Je vais aller faire la promenade tout à l'heure, à dix heures, avec l'animatrice, J.
11H15 :
Je reviens de la promenade.
12H45 :
Je reviens de déjeuner.
14H55 :
Je reviens du groupe de paroles.
19H35 :
Je me prépare pour ma permission de demain, chez mes parents, pour le réveillon de Noël.
Une infirmière de nuit vient d'entrer dans ma chambre et a dit : "Alors Alexandre, on prépare ses affaires, c'est bien !"
J'allais lui dire que j'emporterai une bonne partie de mes affaires mais elle est trop vite partie en ricanant.
21H11 :
Bonne nuit !
Jeudi 24 décembre 98 :
07H12 :
Je pars tout à l'heure dans ma famille pour fêter Noël.
08H40
Je te laisse, journal, dans vingt minutes mes parents viennent me chercher.
A demain soir.
Vendredi 25 décembre 98 :
20H25 :
Salut ! Me revoilà.
Ma famille vient de me raccompagner, c'est très dur.
J'ai envie d'écrire des chansons, je vais essayer.
22H00
Mon roman avance bien.
Samedi 26 décembre 98 :
08H40 :
Salut !
10H35 :
Je viens de me réveiller, je n'ai pas d'inspiration pour mon roman.
11H50 :
Mon psychiatre vient de passer, il m'a angoissé.
17H25 :
Je viens de faire une partie d'échec avec l'infirmière. Je continue de classer mon journal, il prend forme.
Dimanche 27 décembre 98 :
08H40 :
Je ne sais pas quoi écrire.
09H45 :
Une infirmière vient de prendre ma tension et m'a demandé de choisir mon menu de demain midi et de demain soir, comme d'habitude.
11H20 :
Ça me gratte l'oreille gauche...
11H40 :
Je vais me gratter l'oreille droite !
12H45 :
J'ai mangé, j'ai croisé le psy; tout va bien.
14H00 :
Un de mes meilleurs amis vient de me téléphoner, on a bien ri.
17H00 :
Mes parents viennent de partir.
19H25 :
Juste après mes parents, quatre de mes amis sont venus me voir, c'était sympa.
21H25 :
Je vais prendre mes médicaments plus tard, pour ne pas être réveillé trop tôt.
21H35 :
Finalement je les prends quand même, je suis trop fatigué.
Lundi 28 décembre 98 :
07H15 :
Hello! How are you ? Fine thank you !
07H25 :
J'entends une femme chanter.
09H50 :
Je descends à la gym.
11H45 :
La femme de ménage fait ma salle de bain, elle me perturbe dans l'écriture de mon roman.
14H40 :
La plus âgée de mes grandes sœurs vient de me téléphoner.
16H50 :
Je reviens d'une activité V.T.T. et à ma grande surprise, M, une fille de ma classe que j'ai à peine reconnue est venue me rendre visite.
18H10 :
Je viens de téléphoner à mes parents pour leur demander de ne plus venir me voir.
18H25 :
Je vais aller dîner en larmes.
19H00 :
Je viens de manger, je vais parler avec l'infirmière.
Mardi 29 décembre 98 :
08H25 :
Aujourd'hui, je vais faire de la gym, de la piscine, puis je mangerai à treize heure ; et puis je re-broierai du noir etc.
Jusqu'à ce que je n’aie plus envie d'écrire. Je suis angoissé.
10H50 :
Je reviens de la gym, il n'y a pas piscine. Je vais prendre ma douche. J'irai aux courses à treize heures avec l'animateur.
12H02 :
Je viens de prendre mon traitement, je vais aller manger, mon humour revient.
L'animateur vient de me dire que le centre commercial était fermé pour inventaire; donc pas de courses non plus.
Il y aura V.T.T. à quatorze heures trente.
15H50 :
Je reviens de la promenade de V.T.T., ma mère vient de m'appeler. J'ai demandé à l'animateur de me prévenir chaque fois qu'il y en aurait.
16H15 :
Je vais jouer aux échecs avec une infirmière.
16H40 :
J'ai encore perdu !
Mercredi 30 décembre 98 :
07H30 :
Aujourd'hui, un copain doit passer me voir à partir de quinze heures.
12H00 :
Je suis perdu dans mes notes.
19H20 :
Cher journal, je vais tellement mieux que je n'éprouve plus le besoin de te continuer!
22H30 :
Je te laisse jusqu'à vendredi soir.
Jeudi 31 décembre 98 :
07H00 :
Je pars de la clinique dans deux heures pour retrouver mes parents.
08H45 :
Hier soir, l'infirmière m'a dit que j'étais normal ; elle disait : " vous venez de recevoir de la visite, quand ils partent vous êtes triste, c'est normal, vous êtes normal, vous êtes normal..."
Bon allez, à demain soir.
Vendredi 1er janvier 1999 :
20H20 :
Me revoilà !
La solitude est dure.
22H15 :
Je regarde la télé, je m'embête, je vais aller prendre mon traitement.
22H30 :
Combien de temps encore vais-je rester dans cette P..... de clinique!
J'ai l'impression d'en être qu'à la moitié de ma guérison.
Samedi 2 janvier 1999 :
09H50 :
Je vais essayer de lire une B.D.
11H55 :
Je reviens de la cafétéria où j'ai discuté avec un type dont la mère et la sœur sont décédées et dont le père remarié ne voulait plus. Et qui reçoit des lettres de menaces et dont le chien vient d'être assassiné.
C'est peut-être ignoble mais ça me réconforte, de voir à quel point, en fait je n'ai pas de problèmes.
12H40 :
Je suis guéri.
J'ai écrit tout cela pour me battre, dès le début je savais que je m'en sortirai.
Je dédie ce journal à tous les dépressifs du monde entier.
HIVER 99
Vendredi 05 février 99 :
22H45 :
Sophie, Mélanie, Émilie, julien, Vincent et moi sommes dans le train, gare de Lyon. On attend le départ sur nos couchettes.
Rigolade ; Julien fait de l'acrobatie, Vincent me dit d'écrire qu'il est chiant.
00H00 :
Vincent joue avec la lumière. On entend souvent rire des pétasses dans la cabine d'à côté.
00H35 :
On s'endort avec de la musique de notre petit poste branché aux frais du train. Une coche de bonne femme vient d'arracher le fil de notre poste. Nous l'avons immédiatement remis.
Samedi 06 février 99 :
06H10 :
On se réveille, on vient de passer Albertville.
16H00 :
Nous avons attendu toute la journée pour que notre appartement se libère ; il n'est pas mal surtout pour six.
Nous avons pu skier, nous sommes crevés, mais heureux.
Mélanie semble être la meilleure au ski ; Sophie est moi sommes les plus nuls. Julien n'a pas voulu faire comme les autres, il s'est loué une planche de surf, il est d'ailleurs en train d'en faire tout seul pendant qu'on se repose. Il est fou!
Mélanie bricole. On a un balcon avec vue sur les pistes. La Savoie, c'est beau mais il y a trop de brume quoique ça donne à nos descentes quelque chose de mystérieux. Sophie vient de prendre julien en photo à poils dans la salle de bain!
18H40 :
C'est l'heure de l'apéro, on s'amuse bien.
Dimanche 07 février 99 :
13H15 :
C'est le midi me dit Vincent, on attend Sophie et Émilie pour manger. Vincent dit aussi que je suis maniaque ; on parle de ski.
Vincent, Mélanie et Julien jouent aux cartes. Cet après-midi, ils annoncent une tempête. On va peut-être ne pas pouvoir skier.
On rigole en regardant les gens qui tombent par notre fenêtre.
Pour une fois Julien se rend utile pour faire à manger ce midi, enfin quatorze heures... ; il a aidé Sophie à sortir la pizza et l'a mise sur la table. Émilie ne parle pas beaucoup, elle est bien sage!
18H00 :
J'ai failli faire une hypothermie. J'ai décroché en tire-fesses, le plus long de la station. J'ai dû remonter la pente sans échappatoire possible à cause des sapins.
Heureusement, des jeunes m'ont crié de leur confier mon matériel pour me faciliter la tâche. Quand je suis parvenu en haut, mes battons et mes skis m'attendaient plantés. J'ai pu prendre une piste plus facile et rentrer au chalet. Apparemment il est arrivé quelque chose de similaire à Julien.
A ma grande surprise, Sophie ne roule pas. La théorie du "roulé-boulé" ne marche pas dans ce phénomène si j'ose dire!!
Julien à des problèmes avec son surf.
19H00 :
Apéro!
On a un gros problème de lave vaisselle, il ne s'arrête pas de fuir et fait sauter le compteur. Le réparateur, après plainte de notre part n'est toujours pas là ; tant pis pour leur appartement!
Sophie a acheté un gros paquet de cartes postales. Maintenant elle s'amuse à les remplir.
Lundi 08 février 99 :
Premier jours de soleil. Il ne neige plus. C'est plus reposant pour skier. Enfin pour moi, ça reste une lutte. Je m'entête à ne pas prendre de leçon.
Il y a une équipe de feignants ; Sophie, Émilie et Vincent ; ils se lèvent à midi puis vont skier. Une équipe de fous ; Julien et Mélanie ; ils partent le plus tôt possible et vont le plus haut qu'ils le peuvent pour avoir le plus de descentes toutes couleurs confondues. Et il y a moi, équipe à moi tout seul, prudent et peureux.
Mélanie veut voir ce que j'écris. A plus tard.
Julien a changé son surf, il est content. Sophie et Émilie reviennent sans Vincent. Apparemment il se serait engagé sur une piste noire.
D'après Sophie, Émilie skie mieux qu'elle.
14H30 :
Vincent est revenu vivant. Il reneige. Ce midi, j'ai acheté une brioche cinquante francs... je sais, je sais!
On s'amuse à découvrir des pistes avec notre carte. Cet après-midi, Julien et moi avons fait du ski ensemble. J'ai un petit peu progressé.
Émilie est malade, elle ne parle plus. Si elle vient de dire "ça crève trop le ski"!
Vincent est bizarre. Sophie va encore faire notre dîner.
23H00 :
Nous venons de nous faire un goûté.
Mardi 09 février 99 :
10H30 :
Il neige beaucoup. Mélanie, Vincent, Julien et moi partons à l'aventure. Sophie et Émilie dorment toujours. On est en route.
13H00 :
Nous venons de manger, on fait les comptes de ce que chacun doit à chacun.
15H45 :
Vincent et Julien échangent leur matériel. Vincent va donc faire du surf et Julien du ski ; je crois qu'on va se marrer. Mélanie reste à l'appart, elle est fatiguée. Vincent et moi nous accoutumons à prendre un petit apéro au bar avant l'autre, tous ensemble dans l'appart. Je re-fume la cigarette momentanément et je fais des maths.
Mercredi 10 février 99 :
10H30 :
Il fait soleil. Mélanie, Vincent, Julien et moi partons skier ensemble. Sophie et Émilie dorment toujours.
13H30 :
On s'active pour partir tous ensemble manger un sandwich et re-skier.
17H30 :
Nous devenons des bêtes du ski, dommage que les pistes ferment à cinq heures. Ils ne nous restent que deux jours.
Sophie et Émilie jouent aux cartes, Vincent et Mélanie sont partis faire les courses, Julien est dans son bain.
Jeudi 11 février 99 :
10H00 :
Julien et moi partons skier.
19H00 :
Tout va bien, on a réservé le bus du retour.
Nous sommes tous dégoûtés d'être déjà en fin de semaine. Sophie a eu le malheur d'acheter une main collante gadget à Julien. Maintenant il est décidé à nous emmerder.
Sophie, Julien et Vincent boivent des bols de whisky - coca comme apéro!
Vendredi 12 février 99 :
10H00 :
Julien et moi sommes encore debout les premiers. Nous allons acheter les forfaits de la dernière journée pour tout le monde.
12H30 :
Julien et moi revenons de la piste noire la plus haute. Julien a descendu sans trop de problèmes, moi j'ai crû mourir une dizaine de fois! J'ai perdu mes skis en pleine piste! Cet après-midi, Julien y retourne avec Mélanie et Vincent. La boulangère est amoureuse de moi. Vincent s'en est sorti comme un chef. Il est dix-huit heures trente ; c'est fini, nous partons demain.
ÉTÉ 99
JUILLET
Jeudi 1er juillet 99 :
11H40 :
Louviers : j'ai fais le plein _ 67853 Km _ Je pars avec ma 2 C.V.
12H50 :
Le Havre : J'ai parcouru quatre vingt dix sept kilomètres. J'ai dépensé cinquante huit francs dans les péages, plus un sandwich à quinze francs.
J'attends le bateau, enfin son départ. Il me reste une bonne heure avant d'embarquer. Il n'est pas possible de se promener. Il faut attendre dans la voiture, dans la file d'attente. Je suis sixième de ma file. Il n'y a que des anglais.
20H45 _ heure locale :
Arrivée à Portsmouth. Direction Eastleigh _ Swindon
J'ai dépensé environ trois cent francs sur le bateau et j'ai changé trois mille francs en deux cent soixante quinze livres sterling.
21H25 :
J'ai le plein _ 67966 Km
Je cherche un endroit où dormir.
Vendredi 02 juillet 99 :
09H15 :
J'ai dormi dans un bed and breakfast à vingt deux livres. Mon conteur est à soixante huit mille onze kilomètres.
12H35 :
Soixante huit mille cent cinquante deux Km.
Je fais une pause.
17H15 :
Soixante huit mille deux cent soixante dix Km. J'ai dépensé dix livres d'essence et quinze livres dans des courses.
J'ai planté la tente entre Portsmouth et Bredon, dans un terrain privé au hasard. J'ai mis de la musique un peu fort et fait un gros tas de bois, et là un type est arrivé ; il m'a demandé si j'avais la permission de lady quelque chose et il m'a indiqué où était son château.
Je m'y suis donc rendu, la porte d'entrée était grande ouverte mais il n'y avait personne, alors j'ai piqué un peu d'argenterie et je suis vite parti ! Non, je rigole. J'y retournerai plus tard peut-être. Parce qu'après tout, si c'est pour qu'elle refuse, il vaut mieux attendre de se faire virer. Tout est génial pour l'instant. Je vais me faire rôtir des cuisses de poulet et des brochettes...
Samedi 03 juillet 99 :
10H00 :
Je repars. J'ai dépensé cinq livres dans des sandwichs et douze livres dans le carburant.
13H20 :
J'ai le plein. Je suis à soixante huit mille quatre cent vingt six Km.
17H40 :
Nouveau plein ; soixante huit mille six cent vingt huit Km.
Je me sens très seul. C'est ma troisième soirée en Grande Bretagne. Ce soir pas de feu ; il n'y a pas de bois! Pourtant, ça aurait été super. J'ai pris quelqu'un en stop qui m'a remis sur la bonne route, j'étais un petit peu paumé. Je rencontre beaucoup de gens sympa au pays de Galle.
Bientôt l'Irlande...
Ma 2 C.V. tient le choc et rouler à gauche c'est bien marrant et pas si dur. J'ai quand même évité de justesse un face à face alors que je me croyais en France!
Ce qu'il y a de bien quand on campe, c'est que l'on peut orienter la tente vers la vue qui nous plaît. Ce soir c'est vue sur la mer avec un joli petit bateau.
Je suis paisiblement installé, j'écoute de la bonne musique avec mon gros poste que je ne regrette pas d'avoir emporté.
C'est con parfois ce que j'écris. Mais peut-être que je suis con après tout! Enfin je ne peux pas me juger ; moi je m'aime bien. Enfin je ne me dérange pas!
Aujourd'hui, j'ai fait du cerf-volant et j'ai pêché ; enfin je devrais dire : j'ai trempé mon hameçon...!
Un type vient de me parler. Tout le monde est sympa. Mais il m'a dit de me méfier du vol. Enfin, si on me tire la 2 C.V., je l'entendrais!
Deux gosses curieux sont venus me voir à mon bivouaque. Je n'ai pas trop bien compris ce qu'ils m'ont raconté mais ils avaient l'air content de passer un moment avec moi.
Je suis tellement bien dans ma tente, qu'il ne faudrait vraiment qu'un con aigris pour me déranger!...
Dimanche 04 juillet 99 :
12H15 :
J'ai réussi à avancer mon bateau pour l'Irlande, je le prends à quatorze heures. J'ai discuté avec un couple de français. Il est artiste peintre et elle est institutrice. Je sais, on s'en fout!
Bon, je pars pour l'Irlande. J'attends de nouveau le départ d'un bateau.
Me voilà arrivé. Je suis dans un B and B que j'ai négocié à vingt livres au lieu de vingt quatre.
La dame m'a préparé des sandwichs et j'ai beaucoup discuté avec le mari. Je sais, je sais...! Dans ma chambre, il y a une lampe de chevet qu'on allume en la touchant, je n'avais jamais vu ça.
Lundi 05 juillet 99 :
10H00 :
Soixante huit mille sept cent trente cinq Km.
12H25 :
Plein ; dix livres ; soixante huit mille huit cent quatre vingt treize Km.
Je me suis posé dans un camping à quatre livres la nuit. J'ai pu y faire de la lessive, mais comme il est tard, je ne sais pas si cela va avoir le temps de sécher. La dame m'a proposé son fil à linge mais je n'ai pas assez de pinces.
Je vais préparer mon circuit avec la carte.
Ça devrait me faire traverser plus de cent villes en un mois.
J'ai remis de l'huile dans le moteur, ma pauvre petite mère écarquille grand ses phares en entendant ce chiffre!!
C'est ma cinquième soirée tout seul. J'ai failli casser ma 2cv aujourd'hui ; dans un petit chemin, un virage serré, je n'avais qu'une main sur le volant, j'ai pilé et évité le pire à deux doigts du talus.
Je rentre mon linge, encore un peu humide.
Mardi 06 juillet 99 :
12H15 :
Soixante neuf mille soixante dix neuf Km. J'ai le plein : huit livres trente.
Ma jauge d'essence est cassée.
Rien ne va plus ; aujourd'hui, énervé par le soleil, j'ai failli tuer la voiture au moins dix fois. Finalement, je l'ai un peu vrillé en me prenant une crevasse. Bilan : l'amortisseur avant gauche est foutu. A chaque bosse, le dessous de la voiture touche la route. Ma jauge d'essence remarche.
Je n'avais pas mangé de la journée, quand à quatorze heures je me suis arrêté dans une espèce de kebab. Ils mon servit du poulet trempé dans du ketchup dans du pain mou. Je ne sais pas si c'est ça ou la voiture, mais j'ai soudain eu l'appétit coupé net. Il m'a fallu jeter ce sandwich à cinq livres après l'avoir proposé sans qu'on l'accepte.
Je suis dans un camping à six livres, je suis malade : diarrhée, mal au cœur, j'ai chaud, j'ai froid. Ça ira mieux demain. Je ne mange rien.
Je pense que si l'homme est le seul animal qui se détruise la santé c'est qu'il y a une raison : c'est bon pour son moral ; le tabac, l'alcool, la drogue sont des antidépresseurs.
Par exemple, aujourd'hui, je sens qu'il faut que je jeûne. C'est que ce doit être bon pour moi. La preuve en est que je ne vomis pas, alors que depuis que je suis arrivé en Grande Bretagne, je vomis tous les jours à cause de la route. Au début, j'adorais les bosses avec la 2cv ; ça faisait un balancement de haut en bas pendant plusieurs secondes, mais depuis aujourd'hui j'en suis écœuré.
Un mot quand même sur les Irlandaises : grosses!
Depuis que je fais les campings j'ai des vues pourries. Ça me manque de faire des petits feus, de me laver dans les rivières...
Ce soir je vais aller me promener en ville. Je bois beaucoup de Coca, quand ce n'est pas la bière. Allé, à tard!
Mercredi 07 juillet 99 :
Il est midi et j'ai déjà bien roulé. Je fais une pause pour me dégourdir les jambes, et la cervelle.
14H25 :
Plein. Soixante neuf mille trois cent quatre vingt Km.
Plus tard
Soixante neuf mille quatre cent soixante dix sept Km. J'ai fais donc environ deux mille cinq cent kilomètres déjà. Pas mal pour une vieille 2cv!
J'ai trouvé un camping à trois livres la nuit avec douches gratuites.
Je me fais toujours quelques frayeurs au volant.
Le soir je ne fous rien, je suis raisonnable, je dors à dix heures. Cela me permet de faire surtout de la route le matin, quand le soleil ne tape pas encore trop fort. Je n'arrive pas à écrire, pourtant c'est pas l'inspiration qui manque ; rien que moi, ce que je fais tout seul, à mon âge, c'est inspirant non?
Jeudi 08 juillet 99 :
Ma jauge ne remarche plus, ni les essuie-glaces. Il vient de m'arriver un truc hallucinant. Je me gare, j'entends un drôle de bruit, ça me freine, j'arrête la voiture, et là, plus de point mort, plus de première, plus de marche arrière. Je part en seconde, je vais dans un garage et là le gars s'assoie dedans le moteur arrêté, il débraye et passe les vitesses une à une, puis me dit de faire un essai ; ça remarchait!
Je n'ai donc plus d'amortisseur et bientôt plus de boîte de vitesse, mais l'aventure continue telle quelle.
Soixante neuf mille six cent Km, j'ai le plein.
J'ai trouvé un camping à neuf livres! Pourquoi neuf livres? Parce que ma tente est à vingt cinq mètres d'une crique. Il y a donc une petite plage, demain au réveil j'irai piquer une tête...
Comme je dois retrouver mes parents en Écosse, je les appellerais bien pour qu'ils m'amènent celle que j'ai en rabe à la maison (de boîte de vitesse) mais ça risque de prendre trop de place. Encore une semaine avant les résultats du bac de français. Plus ça va et moins j'y crois. Je sens que je vais avoir treize à l'oral et cinq à l'écrit ; coef. 2,
il me manquera donc quatre points. On verra.
Pour neuf livres, j'ai estimé avoir le droit de faire un petit feu.
Vendredi 09 juillet 99 :
Je suis à Galway. J'ai dormi dans un Bed and Breakfast. Je ne note plus ce que je dépense.
Ma direction de la voiture est cassée. La voiture est au garage pour quatre jours. Je l'attends dans un camping. La plupart de mes affaires sont dedans. Je n'ai plus de musique alors je chante tout seul.
A partir de là, je n'ai plus noté ni date, ni heure
J'ai déjà pas mal écrit. Je commence à me faire à la solitude. Je fais les casinos et les machines à sous en bon touriste. Je gagne pas mal.
Qui a dit qu'il ne faisait pas beau en Irlande ? Je bronze à vu d’œil. Où plutôt, je rougis à vue d’œil, le bronzage viendra après!
Je commence une deuxième nouvelle. Il s'agirait d'un amnésique ne voulant pas qu'on remarque sa défaillance subite et qui continuerait de fréquenter ses amis qu'il ne connaît donc pas et sa famille qu'il redécouvre.
J'ai fait la rencontre d'une fille étrange dans la rue ; je lui ai demandé où se trouvait le fast-food, elle ma répondu : "c'est par là, mais si tu vas dans l'autre sens, tu finiras bien par trouver un fast-food un jour"! Je lui ai demandé si c'était loin, elle m'a dit : "tu sais, rien n'est jamais très loin"!
Je pense souvent à cette chose qui ne m'arrivera pas, elle est belle et innée, impromptue et à pic. Elle n'arrive qu'à moi.
Une autre fille, punk, le même jour, m'a caressé le torse sur mes coups de soleil, elle m'a dit : "il faut te mettre du yaourt nature"! Et c'est tout.
Je vais donc me reposer quatre jours. L'allemand dans sa canadienne à côté de ma tente est devenu mon ami. On rigole bien. Je me moque de sa canadienne qui me fait penser à un cercueil! Moi, je ne pourrais pas dormir là dedans, j'aurais l'impression d'être mort mais pas vraiment et qu'on m'aurait enterré et oublié! Bref, j'en ferais des cauchemars et j'étoufferais. L'allemand à une pompe filtrante avec laquelle on peu boire l'eau des rivières mais pas celle de la mer (sel de mer!). C'est bête parce qu'on est entouré de mer. J'aimerai bien fumer avec sa pompe mais il ne va pas vouloir.
J'ai failli me battre avec un vieux ; peut-être que la police me recherche. J'étais dans un casino, entrain d'essayer de grappiller des pièces oubliées pour manger parce que les banques sont fermées, et là je vois deux pièces de deux penny aux pieds d'une vieille dame ; je les ramasse sans la gêner pendant qu'elle jouait au Jack pot. Là dessus, son mari revient vers nous avec un gros gobelet rempli de pièces et m'arrive dessus, il me pousse et m'insulte ; je le repousse et me met dans une colère terrible. Il revient vers moi en remontant ses manches après avoir laissé son gobelet de pièces sur une machine, je fais un écart, l'évite, sa femme se met à hurler, les gorilles de surveillance arrive, j'attrape le pot du vieux et pars en courant tandis que les videurs me poursuivent dans la rue, semant les pièces sur mon passage j'arrive pourtant à les larguer. Arrivé devant le fast-food, je compte mes pièces ; j'avais juste de quoi me prendre un petit menu, sauvé. Je tremblais encore et j'avais les larmes aux yeux en mangeant. En retournant au camping, j'étais obligé de repasser devant le casino, je me suis fais discret et suis passé, fier de moi.
Mon ami Allemand est parti, le petit groupe d'Irlande du nord aussi.
Dès jeudi, je remonterai vers le nord, pour doucement appréhender l'écosse et retrouver mes parents qui sont encore en France pour le moment.
Une jeune fille viens de me réveiller dans ma tente, je m'habille, sors, nous parlons, elle me paye une bière, je la remercie, lui dit au revoir en lui tendant la main, elle me la retient, me caresse pendant un long moment, je me rassoie près d'elle, on se regarde dans les yeux, puis elle rapproche sa tête, sa bouche et on se bécote pendant dix minutes. Là elle dit aller prendre une douche ; on prévoit de partir avec ses amis en ville tout de suite après. Je crois rêver, dire que c'est mon anniversaire en plus, c'est un beau cadeau, surtout qu'il ne m'arrive de la volonté de personne si ce n'est de Carline.
Ne la voyant pas revenir des douches, je suis allé à son devant ; les douches étaient fermées et Carline partie. Alors je suis allé me recoucher en espérant qu'elle revienne me voir après, mais rien.
Maintenant c'est le matin, il est presque dix heures et Carline dort sous sa tente. Je lui ai laissé un mot, j'hésite à la réveiller. Je sais juste qu'elle part aujourd'hui et que je ne la reverrai jamais. Qu'est ce que la vie peut être triste par moment. Pourquoi ne l'ai-je pas rencontré deux jours plus tôt ? Je trouve enfin une copine, une belle Irlandaise de vingt cinq ans et c'est pour dix minutes!
Je n'oublierai jamais cette fille qui est venu me réveiller dans ma tente, qui m'a pris par la main, qui m'a offert une bière puis embrassé si tendrement...
Je voudrais l'embrasser encore une fois avant qu'elle ne parte. Pourquoi faut-il toujours que je trouve des filles à des miles de moi ?!
Je ne pourrais pas décrire Carline ; elle n'est pas trop belle, pas trop moche, pas trop grande, pas trop petite... Elle est consommable! Je ne connais ni la couleur de ses cheveux, ni la couleur de ses yeux parce qu'il faisait nuit.
Je viens de la réveiller. Elle m'a donné son numéro à Belfast. Elle est châtain foncée avec des grands yeux marrons, comme je les aime parce que comme moi. On ne s'est pas embrassé. J'adore son accent quand elle parle en français. Parce qu'elle parle très bien le français ; elle a vécu un an à Aix-en-Provence. Elle est charmante. Elle m'a expliqué que ses amis hier étaient pressés et qu'elle n'avait pas eu le temps de me prendre en voiture. Je voulais une écossaise, je me retrouve avec une Irlandaise...!
Le type du camping vient de passer et il dit sans me voir puisque dans ma tente :
"Car registration"! Alors je sors la tête et il dit : "Ah it's you"! Et il regarde dans son calepin ; simple contrôle de routine.
Carline est malade, elle a bu trop de vodka hier soir! C'est d'ailleurs sûrement la raison pour laquelle elle est sortie avec moi hier soir. Ça me fait drôle de la voir en plein jour, elle fait vraiment femme!
J'espère qu'elle m'a refilé son vrai numéro, sinon c'est que j'ai juste été le produit d'un pari ou d'un délire. Elle ne pourra me voir que le week-end. Comme je récupère la voiture que jeudi, ça me fait deux jours pour aller à Belfast. Il parait qu'il y a cinq heures de route, mais en 2cv ça fait huit! Quand je vais en ville, du camping ça me fait une demie heure de marche et pareil au retour. Je dois être à deux kilomètres et demi de Galway. Je crains une mauvaise surprise avec ma voiture. J'ai voulu jouer au golf mais c'était trop cher.
Je vais devoir m'acheter un autre cahier, n'empêche que c'est vraiment l'aventure avec tout ce qu'il m'arrive ; la 2cv, les filles bizarres que je rencontre, la bagarre avec le vieux, Carline etc. Sans parler de tous les gens sympas ou intéressants que j'ai rencontré, et ça n'est pas fini. Qu'est ce qui va encore m'arriver ?
C'est normalement mon dernier jour à Galway. Je suis pressé de revoir Carline. Les bisous me manquent... Elle était douce et sans prétention.
Avant de s'embrasser avec Carline, au moment où on se tenait la main et que je me suis assis à côté d'elle, il a bien fallu que je dise quelque chose ; alors je l'ai regardé dans les yeux et j'ai sorti : "Je t'aime bien tu sais!"
Aujourd'hui j'ai voulu aller à la piscine mais sur le chemin, je me suis aperçu que je n'avais pas de maillot, alors c'était à l'eau. Il commence à y avoir trop de français dans le camping. Je suis pressé de reprendre ma route avec la 2cv réparée. Je risque de devoir couper mon tour de l'Irlande dans la longueur, à cause de Carline.
J'ai été pris en stop par un type sympa qui fumait un joint ; en me déposant en ville, il m'a filé une petite boulette...
Encore une super journée : j'ai cherché le garage toute la journée sans le trouver! Ma voiture est perdue. Je ré essaierai demain.
Deux filles m'ont aidé à monter ma tente parce que je me plaîs à changer de vue. Elles sont suisses. Je m'attache très vite aux gens que je rencontre. J'accorde trop facilement confiance aux autres. Je ne savais pas qu'il y avait un dialecte suisse.
Je suis bien dans ma tente. Sans l'histoire de ma bagnole, tout irait à merveille.
J'ai retrouvé le garage, mais la voiture n'est pas prête. Il faut que j'appelle Carline et que je lui annonce la mauvaise nouvelle. Je suis triste, elle m'a bien donné un mauvais numéro... Dans la vie on ne peut pas tout avoir, il faut se contenter du peu et être patient pour le reste ; ainsi les arbres bourgeonnent au printemps, nous offrent des fruits l'été, des couleurs et des marrons en automne et nous plantent un décor chaotique en hiver.
Si on veut des cerises en hiver, des marrons au printemps, des couleurs en été et bronzer en automne ; on sera éternellement malheureux.
J'entends des français qui parlent à côté. Je déteste ça quand je suis à l'étranger. J'aimerais ne plus jamais entendre parler français! J'ai envie que mes vacances bougent un peu plus. J'en ai marre de Galway. J'ai planté ma tente dans une troisième position, maintenant je paye quatre livres la nuit au lieu de cinq. Je deviens un bon client! Demain, grâce mat. Je suis allé à la piscine au fait. Ça m'a bien détendu. Je vais relire tout ce que j'ai écris depuis le début. C'est long quand même.
Je me sens comme quand je viens de voir un bon film au cinéma et qu'en sortant je manque alors d'oxygène, tellement le film m'a fait rêver. J'ai alors l'impression de ne pas être à ma place, l'impression de louper quelque chose qui se passerait ailleurs... Cet état m'arrive souvent. C'est en tout cas très nostalgique. Je m'ennuie d'oxygène. Carline fut comme un film et m'a laissé à la critique... Je ne peux même pas avoir les résultats du bac de français, mes parents ne trouvent pas ma convocation! Je ne les connaîtrai qu'en septembre!
Il y a un tel gros trou dans mon tapis de sol que ça me fait un cendrier!... J'ai eu mes parents au téléphone.
Cette nuit, j'ai été réveillé par l'eau! de l'eau dans ma tente ; je baignais dans l'eau parce que le double toit touchait le tissus intérieur. J'ai tout mis à sécher dehors et je suis sorti en caleçon sous la pluie pour tout retendre, puis j'ai organisé dans la tente retapée, un coin affaires sèches (du coté duquel je finirai ma nuit) et un coin affaires mouillées à relaver. Je fume beaucoup. Un type m'a proposé du shit qui était emballé dans de l'aluminium, je crois qu'il en voulait surtout à mon argent alors je l'ai laissé.
Je n'ai pas encore pris de photos, je vais me prendre dans la tente. Ça y est. Je ne peux pas sortir de la tente, je suis trop gros! Non c'est pas ça, il pleut! Je me suis parfumé. Je n'arrive pas à croire que j'ai écrit tout ça. J'ai roté sans le faire exprès et deux filles cannons mon regardé avec dégoût.
Ce soir, il y a un grand feu d'artifice. Ma voiture est dans un nouveau garage. Je change de camping avec Adrien, un nouvel ami français, il travaille dans le spectacle à Paris.
Ma voiture n'est pas réparable, j'ai dû la vendre au garagiste : cinquante livres sterling, environ quatre cent francs. Je suis très triste.
Je suis rapatrié demain par avion. C'est la fin des vacances, elles furent à la fois appauvrissant et enrichissantes...
AOÛT
01/08/99 :
13H00 :
Je suis dans le train gare du nord ; prêt à partir pour Cologne en Allemagne. Il faut que j'apprenne un temps soit peu l'allemand pour le bac. Je pars donc un peu contre mon gré ; peut-être que je considère que de toute façon voyager est intéressant. Je n'ai strictement rien pour me divertir à part des feuilles blanches et un stylo. Rien à lire.
On vient de me dégager d'une place réservée. Si ça continue, je vais aller en première! Le train part. Il est plein d'allemands évidement. Au revoir Paris! Il y a un bar dans le train _ bien vu! J'adore quand le tain avance sans faire de bruit.
Cela dois faire une heure qu'on roule, je commence à me lacer de lire mon dictionnaire...! J'espère que de Cologne je pourrai voir l'éclipse prévue.
02/08/99 :
Je suis en classe, au centre. J'ai rencontré une suisse française ; Cindy. Elle est à côté de moi en cours.
J'aurais cinq heures le matin du lundi au vendredi et mes après midi de libres. Demain je vais à la piscine avec Cindy. Il fait beau.
Nous ne sommes que quatre garçons pour une classe de quatorze élèves. Notre prof est géniale. Elle est belle et parle lentement. Il y a six japonais, des suisses, des anglais, des guadeloupéens, des polonais, des turcs etc...
04/08/99 :
Je n'ai pas écrit hier. Je ne sais pas pourquoi, je ne sors toujours pas avec Cindy. Je la vois ce soir. Quand elle m'aura mis un râteau, j'enchaînerai une japonaise de la classe! La piscine c'était cool. Je ne trouve pas de timbres pour écrire en France.
05/08/99 :
J'ai fais la connaissance de deux suisses italiens. Encore quarante cinq minutes de cours. Quelle galère!
Je n'apprends strictement rien. Je ne sais que dire oui et non : Ja und nein!
J'attends les poses avec impatience. Il n'y a que ça de bien. Cologne, c'est pas génial.
07/08/99 :
Je suis en week-end, il pleut. Heureusement, je suis bien à l'hôtel. Cindy est toujours aussi conne! Et toujours aussi blonde... Je n'aime pas trop les allemands pour l'instant.
Je viens de découvrir que tout ce qu'on n'ose pas faire tout de suite, on ne le fera pas plus tard. Alors pourquoi se priver?
Ainsi que tout ce qu'on fait par obligation ne nous enrichit pas mais au contraire nous humilie. Ce n'est pas une fois qu'on est mort que l'on se rattrape.
Le temps perdu est irrécupérable. Je propose de faire tout ce qui nous passe par la tête et de ne plus faire ce qui nous embête.
Combien de fois, marchant dans la rue j'ai été tenté de mettre ma main au cul d'une fille et de me prendre une baffe s'il le fallait. Mais je ne l'ai jamais fais. Pourquoi? Une baffe, c'est plutôt marrant! Je jure de le faire...
Vendredi 13 Août 1999 :
Aujourd'hui un type s'est jeté sous le train juste devant mes yeux. Je n'arrive pas à m'en remettre. Je me sens coupable de n'avoir rien pu faire. C'est affreux, le train arrêté, on le voyait sous un wagon, gisant, le crâne éclaté. Tout le monde est descendu du train. Comment penser à autre chose qu'à ce drame. Le train n'allait pas vite puisqu'il s'arrêtait à la gare ; ce qui a rajouté du suspens et de l'horreur. Le type a sauté au meilleur moment, avec assurance, sûr de ne pas se rater... J'ai du mal à l'admettre ; on se sent si impuissant dans un tel cas. On ne peut que se cacher les yeux et retenir son souffle ; espérer avoir rêvé, mais le type est bien là, il gît... Il était plutôt clodo. Un vendredi treize ; "un jours de trop" devait-il se dire! J'aurais voulu le retenir, l'aider. Mais cela s'est passé si vite. J'espère que c'était mieux pour lui qu'il meurt.
C'est drôle comme on change en voyageant. On s'ouvre à tout. On devient adaptable et sociable, même si l'envie de bouger nous gagne en s'accroissant ; on finit par ne plus tenir en place. Il ne faut pas partir pour trop longtemps ou alors revenir souvent à son point d'origine. Sinon on déstabilise sa sensibilité, en recréant autour de soi le besoin d'amour ou d'amitié qu'on a laissé chez soi, et il est à nouveau dur de quitter le lieu-dit pour ces mêmes raisons.
Voyager est pour moi toujours aussi agréable, prendre des notes aussi ; malheureusement mon journal de ce séjour à Cologne s'arrête là, preuve de mon assiduité à apprendre ou plutôt avoir appris deux nouveaux mots : Köln ist schön!
Mardi 26 octobre 1999 :
Je suis sincèrement navré de ne pas être plus rigoureux dans la tenue de mon journal. J’y perds beaucoup.
Je ne sais pas par où commencer.
Aujourd’hui un bon copain est mort. Je ne vais pas dire que c’était un mec bien et qu’il ne le méritait pas car c’est un cliché. C’était un paumé, sans famille, sans argent, sans culture ; La dernière fois que je l’ai vu, il m’a revendu un double CD des « DOORS », tout neuf, pour 50 F. Ça restera un objet précieux.
J’ai envie d’un gros joint, pour me sentir mieux, j’ai froid.
J’ai été soigné à la clinique d’Y où j’ai passé 6 semaines. Après je suis retourné en cours, plus fort.
J’ai eu mon bac de français de justesse en trichant un petit peu beaucoup (5 à l’écrit et 14 à l’oral) et puis je suis parti seul en Irlande, où j’ai tenu un journal comme à la clinique. Je suis allé dans le même été en Allemagne (Cologne) pendant 3 semaines et j’allais alors régulièrement à Amsterdam...
Maintenant je suis en Terminale, je travaille, mais j’ai du mal.
Je suis aveuglément amoureux de Florence, une charmante jeune-fille du lycée que je côtoie assez peu.
J’ai même trouvé ce qui va peut-être faire ma vie : l’Ethnologie.
Bon, je promets de donner plus souvent de mes nouvelles.
Mercredi 27 octobre 1999 :
En réfléchissant, je pense que l’homme vient d’un croisement animal bipède et incestueux.
Je me demande même si l’intelligence est née de métissage ou d’inceste.
Je me demande ce qu’a pu subir la femme dans le passé. J’imagine le pire. Entre le viol et la dégradation physique subit par des grossesses prématurées et en trop grand nombre. Sans parler de leurs humiliations.
Aujourd’hui, la femme à le choix de s’humilier et elle le fait. C’est bien qu’elle cherche à retrouver instinctivement sa condition primaire. Ce qui m’étonne, c’est qu’elle devrait être beaucoup plus sauvage et plus méchante à cause de ce qu’elle a subi.
Je me demande si la couleur des yeux et des cheveux a un rapport avec nos ancêtres.
Jeudi 28 octobre 1999 :
Si j'étais artiste, je serais chanteur, humoriste ou scénariste.
Mais pour l'instant je suis écrivain débutant.
J'écrirai plusieurs livres : un ouvrage ne contenant que des nouvelles, un ouvrage philosophique, un recueil de poésies, un livre de maximes et un roman. Du moins je l'espère.
Bon, je vais au lycée, en sport.
Lundi 1er novembre 1999 :
Je suis dans le train pour Paris Saint-Lazare. Prêt de moi, une jolie brune est assise avec son chat tigré, fier de tenir chaud à sa maîtresse. Quand il m'a vu, il l'a immédiatement regardée comme pour lui dire : "regarde il y a un garçon de ton âge"!
Le contrôleur m'a fait payer mon billet 103 Fr au lieu de 75 ; et il a cru bon d'ajouter : "heureusement, c'est jour de fête, sinon ce serait 40 Fr de plus... » Je me demande ce qui m'a retenu.
Le chat miaule, il n'aime pas la fumée, c'est mignon. Quand je voyage, c'est plus fort que moi, il faut que je fume ; je ne conçois pas de prendre le train sans être dans un wagon fumeur.
Mardi 2 novembre 1999 :
11H00 :
Paris nord
Je suis dans le Thalys pour Bruxelles et Amsterdam. J'ai dormi chez Adrien. J'ai laissé chez lui ma page de journal d'hier. Il a aimé ma première nouvelle. Je fais en ce moment ce que j'ai toujours voulu faire : je voyage loin et seul sans que personne ne le sache.
Un long voyage m'attend mais c'est à mon honneur.
"Attention à la fermeture des portes" _ J'ai chaud au cœur. Mon train passe par Cologne ; cela me rappel des souvenirs...
Mercredi 3 novembre 99 :
20H00 _ Amsterdam _ The Bull Dog
Aujourd'hui, j'ai visité le musé Van Gogh ; mon peintre préféré. C'est un peu pour cette visite que j'étais venu à Amsterdam, cette fois. Je fume et n'écris presque rien. C'est aussi un peu le contraire de ce que je voulais faire.
Hier soir, j'ai vu un concert sympa dans le cofee de mon premier hôtel. Ce soir, j'improviserai. Je me suis initié au tramway, c'est gratuit pour les touristes comme moi, d'ailleurs à Rouen et à Paris je suis le même touriste. Il est plaisant de se promener dans tous les quartiers...
J'ai fais pas mal de boutiques et de grands magasins ; il me reste à voir Madame Tussaud. A l'hôtel, ils m'ont prêté une carte, j'y suis vraiment bien.
Je ne sais pas pourquoi, je regarde un match de foot de deux équipes qui me sont inconnues VAL - PSV : 0 - 0 ; c'est tellement passionnant que je m'en vais!
Jeudi 4 novembre 99 :
09H45_Cofee de ma rue
Mon séjours se termine tranquillement. J'ai beaucoup fumé. Je pars demain matin à 08H00. Je n'ai vraiment rien écrit! Mais c'est enrichissant quand même et puis ça n'est pas fini...
Je vais quand même boire un peu! Les concerts que je vois sont de mieux en mieux. Je n'ai pas trouvé de timbre alors je donnerai les cartes directement à leurs destinataires. Je pense beaucoup à Florence. Ça me fait penser que mes parents y sont, à Florence! Mon père assure!
Vendredi 5 novembre 99 :
08H30_Amsterdam
Je suis dans le train pour Bruxelles et Paris. Tout va bien. C'est depuis le début du monde que l'homme s'est déchiré!...
Mardi 9 novembre 1999 :
Je viens de passer mes vacances de Toussaint seul à Amsterdam. J'y ai trouvé la rue où je voudrais habiter quelques week-end dans l'année si j'en avais les moyens.
Je sors du concert d'Hubert-Félix THIEFAINE. J'ai aussi discuté avec lui cet après-midi quand il signait des autographes. Quand je lui ai dit que moi aussi j'écrivais des chansons il n'est pas resté indifférent et m'a posé plusieurs questions alors que ça aurait dû être l'inverse. Sur scène, il est tout simplement de mieux en mieux.
J'aimerais être un peu comme lui. Mais je ne lui ai pas laissé l'occasion de le voir!
Samedi 13 novembre 1999 :
Je viens de passer un drôle de moment. Ne sachant pas quoi faire vers 19H30, j'ai entrepris la quête de sel chez les voisins de l'immeuble pour rencontrer du monde. J'ai commencé par la voisine d'à coté que je croyais seule. C'est un grand type bien soigné qui m'a dit: « Alors c'est toi qui écoute Brassens à fond, c'est bien. Tu veux du sel, pas de problème ». Ensuite, ce fut une fille très laide qui m'a dit : « Ah bas oui sans sel c'est pas terrible ». Ma troisième victime était une fille bien qui m'a dit : « Euh, du sel oui, attends voilà mais je vais bientôt en avoir besoin ». Et j'ai entassé les trois salières dans mes poches. C'est arrivé chez moi que je compris que j'avais vraiment merdé. Laquelle de ces salières était à qui ? Comment faire pour rendre la bonne salière à la bonne personne ? Je croyais bien que j'avais mise à part la salière de la fille très laide. Je commencerai par elle. En plus si je me déchire ce ne sera pas trop grave. Je trouverai bien une grosse excuse. Alors je frappa à la porte. Un petit gars m'ouvrit.
- Bonjour, c'est bien ici que j'ai emprunté du sel ?
- Ah non.
- Ah bas excuses moi alors. Au revoir.
Et je frappa à la porte d'à coté.
- Euh, tiens voilà ton sel.
- Ah merci.
Ouf !
Je frappa à la porte de la fille bien.
- Euh, tiens voilà ton sel.
- Mais ça n'est pas ma salière !
- Ah bon excuses-moi (...) Euh c'est parce que j'avais besoin de beaucoup de sel alors je me suis trompé (...) Enfin voilà le tient (...) Allez salut !
Et elle est restée bouche-bée.
Mardi 23 novembre 1999 :
10H00 :
Grand jour ! Je viens de demander à Florence si on pouvait déjeuner ensemble ce midi. C'était un moment insolite mais propice ; toujours est t-il qu'elle m'a dit oui avec un grand sourire. J'espère que sa réaction sera la même quand je la demanderai en fiançailles! J'ai fait le plus dur, maintenant elle sait qu'elle ne m'est pas indifférente. Pour le reste, j'improviserai... Je crois que je ne lui suis pas indifférent non plus. Quand je lui ai dit que je ne savais pas où manger, elle a tout de suite vu que c'était un prétexte.
Mercredi 24 novembre 1999 :
Aujourd'hui, c'était mon dernier jour triste. Demain je sortirai avec Florence et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes...
Je crois que je regretterai ma liberté et ma révolte mais il faut bien évoluer. Et puis si ça se trouve je ne vais pas devenir con comme tous ceux qui sont casés. On verra.
Quand je me remanifesterai je verrai les choses autrement.
Jeudi 25 novembre 1999 :
J'ai proposé à Florence de rester à boire un verre après les cours tous les deux et elle m'a répondu qu'elle n'avait pas le temps. C'est plus facile que de dire, "non tu ne me plais pas"....
Je me sens terriblement triste. Je ne crois plus en grand chose et je n'ai aucun réconfort.
Mercredi 1 décembre 1999 :
Je me suis pris un vent cruel. Florence est méchante. Ce soir je retrouve Axelle, une jeune fille que je n'ai pas vu depuis trois ans. Ce sera une soirée agréable. Hier soir j'étais avec Steph au cinéma. Il ne s'est toujours rien passé. Il ne faudrait surtout pas que je change quoi que ce soit à ma personnalité pour qui que ce soit. Cela prendra le temps qu'il faudra mais quand j'aurai trouvé chaussure à mon pied, elle sera confortable...
Dimanche 5 décembre 1999 :
Je suis sur mon rocher à H. Il fait frais et soleil à la fois. Je ne suis pas sûr d'aller très bien, pourtant je suis satisfait. Les aléas de la vie ont un bon impacte sur moi. En regardant mon village de haut, je me sens supérieur. Je pense à toute la première partie de ma vie ; ma jeunesse, quoi. J'ai l'impression d'être un vieux loup seul qui connaît tout sauf l'amour...
Depuis quelque temps le vieux loup solitaire se rapproche des bandes sauvages et cherche une louve indulgente!
Je l'ai déjà croisé et laissé filer comme pour ne pas lui noircir l'existence, tant je l'aime.
Je suis comme un bon père, je pardonne....Je m'excuse même de ne pas avoir réussi à me diriger vers la raison. Plutôt que d'être sage, je m'éloigne des faibles. Je n'ai pas l'esprit de compétition ; pourtant au concours de lâcheté je serais bien classé!
J'espère qu'à mon procès, le jury sera impartial et de préjugés homogènes pour qu'ils ne regrettent pas leur sentence. Je suis coupable de ne pas prendre ma place dans le gigantesque consensus social de notre peuple et même d'aucun autre.
Je vais fumer un joint et peut-être que je vais trouver mon idéal.
J'écrirai mon récit en voyageant, je trouverai ma louve et nous finirons au fond de l’Écosse heureux.
HIVER 2000 :
Vendredi 11 février 2000 :
23H30 :
P., Sophie, Jean-François et moi partons pour le ski.
00H30 :
Pose café. C'est Jean-François qui nous conduit. J'espère ne pas avoir à leur tenir la chandelle à ces deux polissons...
01H45 :
Pose sandwich.
Samedi 12 février 2000 :
08H40 :
Lyon _ encombrements
La vitesse aggrave tout
La vie est-ce grave ou tout?
La Twingo rouge
Épuise ses roues
La Twingo roule
Et puis c'est tout
Vallée du Guier
Vont les fous gais
Qu'est-ce que l'inquiet
Quand on va skier
voyage : Jf pète, Sophie vomit, ça sent la fête, vive le ski!
09H45 :
Chambéry ; "pas super", dit Jf
10H15 :
Pose essence.
12H00 :
Arrivée à St-Jean d'Arves.
Le chalet est cool. Nous partons déjà louer l'équipement.
On va en courses maintenant.
Nous avons rigolé avec Manu, le propriétaire du chalet. Ses parents tiennent une auberge juste en bas.
Il est vingt heures dix, on dort debout en attendant Manu. Nous avons des problèmes de gaz et de chasse d'eau. On a de l'eau pour se laver et du chauffage. Nous avons plein de courses. On a fait du caddie, Sophie et moi. Les locataires d'en dessous n'ont pas l'air de nous apprécier.
20H30 :
Sophie et JF jouent à des jeux vidéo tandis que moi, je songe à moi...
Il y a peu de neige en bas des pistes.
Manu à l'air d'être un pro du ski, nous, nous sommes des rigolos!
01H15 :
Nous venons de regarder un film d'horreur à la télé, maintenant Sophie se bat avec la chasse d'eau (elle fait caca trop gros!). Bonne nuit.
Dimanche 13 février 2000 :
10H00 :
On se lève courageusement! Manu, lui est parti à sept heure. Nous sommes concentrés.
20H20 :
Sacrée journée première. On s'est bien défoulé, on a bien déjeuné, on a trouvé du gaz. Ce soir on va draguer la savoyarde dans un pub!
C'est mon tour de faire la vaisselle.
Que de conversations ce soir ; pour en finir à la fatale assurance que nous faisons de notre mieux, comme toujours. Continuons donc, comme si tout allait pour le mieux et rions, rions aux éclats d'être les plus azimuts des vivants!
Lundi 14 février 2000 :
10H00 :
Petit dèj.
Je fous des miettes partout. C'est la Saint-Valentin. Sophie et JF prennent des photos n'importe comment.
Ça y est, l'appareil est cassé!
Nous allons préparer des sandwichs pour ce midi.
J'aime pas les œufs et puis c'est tout. Je suis excité à l'idée de draguer Anne, une percheuse-pisteuse, c'est une savoyarde! Nous partons.
18H20 :
Sophie et JF sont dans la douche, j'imagine que ça doit être plus facile d'être deux pour se laver le dos...!
Nous sommes tous les trois tombés en même temps sur une piste rouge ; nous avons déchaussé, glissé, roulé... Les gens par pitié nous secouraient! Finalement, nous avons bu du vin chaud. Sophie et moi avons fait un carton parce que j'allais trop vite et elle pas assez. Elle est comme Vincent, son idiot de frère ; elle ne va pas vite mais à vite fais de vous percuter. Toujours est-il qu'elle s'est fait mal et qu'elle a failli me planter son bâton.
Il nous reste de quoi picoler, à manger et des forces. Moi je n'ai pas assuré une cacahouète avec Anne...! De toute façon elle est trop vieille!
Sophie s'affaire un peu. Il y a quelques accidents sur les pistes, mais c'est pas toujours nous.
Moi je suis de plus en plus obsédé, alors j'en parle aux autres pour me soigner. Les autres, ils me disent des choses rassurantes, mais moi je sais bien que je n'ai pas de chance. Pour une St-Valentin, c'est la routine, personne à qui dire un petit mot gentil, j'en pâtis!
Je suis doucement en train de me rendre compte que je ne suis ni mieux ni plus enviable qu'un autre. J'ai ma fierté et mes envies. J'attends des autres et engrène des plus faibles quand je peux.
Je cherche à plaire pour mon propre compte et si ça échoue j'approuve ma singularité subtilement futile... Mais si mon incompétence me pénalise, elle ne pénalise que moi et laisse aux autres l'idée qu'ils sont à la bassesse de la situation.
Mardi 15 février 2000 :
11H30 :
Hier soir nous ne sommes pas sortis. JF et moi étions malades. Moi j'ai déliré cette nuit et j'ai fais des cauchemars. Je ne vais pas aller skier. Manu est crevé de son boulot. Il dit qu'il est pressé d'être dimanche pour dormir. Il pleut un petit peu. A partir de demain il neigera. JF va acheter des Eferalgans.
16H00 :
Sophie est restée avec moi. Nous nous promenâmes dans le village. Jf n'est pas encore rentré, Manu est parti.
On bois de la Georges Killian's, nous philosophons beaucoup. Sophie décide de faire des sandwichs au thon. C'est vrai qu'il est temps qu'on mange!
Il faudrait quand même que nous achetions des cartes postales. Maintenant les WC sont bouchées.
17H00 :
JF est revenu. On écoute de la musique.
19H00 :
On écoute de tout, on s'amuse. Nous allons manger une fondue dans l'auberge de la mère de Manu. Ensuite nous retrouverons Manu au pub. L'appareil de photo remarche mais à l'envers! Le jeux vidéo détend Sophie et JF. Moi je vais mieux.
Il faudra que je pense à mon père en mangeant la fondue. Sophie enchaîne Eferalgan, vitamine C, après plusieurs bières et un whisky. Elle dit :"ce soir je fais la fête"!
JF et Sophie font des étirements et prennent des photos à l'envers et sans flash. Bon, sous mes ordres, nous partons manger notre fondue, en pensant à mon père! JF fait le con.
00H15 :
Super cette fondue. Le pub est pas mal mais la savoyarde est rare et rarement libre... Toujours est-il que PSG/Marseille ça fait un à quatre!
Manu est couché.
Jeudi soir, il y a un bal. Manu me dit de ne pas lâcher prise avec Anne, elle n'a que vingt deux ans et elle est très agréable. On verra.
Mercredi 16 février 2000 :
10H50 :
Nous flânons. Moi je fais des cauchemars à dormir debout. Renaud m'égaye. Le cahier se termine. Je vais le prendre à l'envers. Il va falloir qu'on y aille. Tout à l'heure, je me suis presque assommé contre une poutre du plafond en pente du chalet et maintenant je me sens anormalement bien. Je crois que l'on n'est pas pressé de skier aujourd'hui. Si nous arrivons à partir dans une demie heure, nous aurons cinq heures de ski.
A plus tard dans l'autre sens!
18H00 :
C'est la deuxième partie du séjours qui commence. JF et moi avons eu un accrochage. Sophie ne s'est pas senti trop bien aujourd'hui, mais là ça va mieux.
22H30
Jean-François fait à manger, Sophie se réveille, Manu est avec nous.
Jeudi 17 février 2000 :
11H11 et 11 s :
Nous rigolons en nous préparant ; on fait un peu trop la fête le soir.
19H00 :
Nous revenons du ski. On a acheté des cartes postales et du saucisson. Jf et Sophie s'affairent. Ce soir nous allons au bal avec Manu.
21H45 :
On rempli les cartes postales. Moi j'ai écris à Axelle, Marie-Astrid, et mes parents.
Vendredi 18 février 2000 :
11H30 :
Nous essayons de faire un petit dèj avec ce qui nous reste. Ce soir, on va se coucher tôt, demain nous repartons après le ski. JF joue à la console, on écoute Thiéfaine. Hier soir, on a bien rigolé ; nous avons zappé le bal qui était nul, on s'est retrouvé au pub puis on s'est promené.
Toujours rien de cassé, pourtant il faut nous voir.
18H35 :
JF fait de la muscu, Sophie se lave. Les gens d'en dessous font du bruit.
JF dit : "j'arrête de fumer", une clope à la main!
La télé essaie de nous parler, elle a du chemin à faire la pauvre...
Samedi 19 février 2000 :
10H00 :
Très bon petit dèj pour une fois. On va en profiter aujourd'hui.
18H45 :
On a rendu le matériel et sauvé une pellicule. Sophie se lave, JF compte les mouches. Nous avons fais une légendaire bataille de neige à trois contre dix en bas des pistes avec des jeunes cas sos. en car.
Sophie nous ordonne de ranger et vite.
Vachement impressionnante la gonzesse ; n'empêche que j'en fous pas une! hihihi.
Bon moi ça me gave d'écrire, je vais plutôt me mettre à ... à quoi ?!
Dimanche 20 février 2000:
20H00 :
Mes vacances au ski avec Sophie et Jean-François sont finies aujourd'hui mais moi je continue le journal ! Je suis chez Charles, à A. avec Yann. Nous allons manger un plat (préparé avec amour par Charles), me dicte Yann ; qui doit me trouver fou sans le laisser paraître (parce que j'écris tout le temps). Charles critique Venus à la télé ; les impressionnantes nouvelles nous font tout critiquer. C'est vrai qu'une listériose, une marée noire par ci par là et une poignée de connards opérationnels et « opérationnés » chez les Serbo-Croates font quand même trois grosses poignées de victimes qui aiment la vie. Mais heureusement Johnny est invité pour nous faire rêver ; Rêver de rêves éveillés, banale sensation de l'honnête citoyen qui ne demande en fait qu'un peu plus de choix et qui se contente de compétences ouvrières au semblant fraternelles.
Je suis terriblement fort et désespérément faible à la fois. Je suis vraiment préoccupé par des sujets intellectuels pertinents et Graeme Allwright me laisse à penser de jouer mon rôle, simplement. Je suis de passage et je le constate tellement que je veux laisser une trace qui donnera envie de l'effacer tant elle ressortirait.
Je viens de tenter de lire ma chanson pour Marie à Charles et il est parti ! Le revoilà, il me parle de biscuits à tremper dans de la pâte à tartiner. Maintenant il zappe la télé en disant "t'es pas beau". Il crache par la fenêtre. J'attends qu'il me parle de la chanson sinon tant pis. Je trouverai bien un jour quelqu'un d'autre que Jacky ou Rodolphe pour aimer mon art!
Je le prends au sérieux comme les autres font leur vie.
La mienne est à moi plus que la vie des autres leur est donnée. La mienne n'est pas vaine, elle purifiera mon passage...
Lundi 21 février 2000 :
17H30 :
Je suis de nouveau chez Charles. Je viens d'arriver. Il dort, c'est souvent comme ça. J'écoute Graeme Allwright. Quand Charles se réveillera, nous nous demanderons qui aller voir. J'ai honte de dire que nous ne faisons rien. C'est peut-être un cliché de le dire mais il y a tellement de choses à faire ; partout et en tout. Charles n'est pas si pessimiste quand il ne dort pas ; mais il est incompris aussi! Je vais revoir Jacky cette semaine (Jacky est un artiste inconnu).
Si une fois dans ma vie je dois représenter le pays d'où je viens et dire quelque chose au reste du monde en temps que français uni maintenant à l'Europe, et bien je dirais que nous ne sommes pas prêt pour une quelconque unification d'entente civile, non faute de bonne volonté mais de moyens intellectuels adaptés. Nous sommes de façon innée fermés à tout acquiescement sage et aucune confiance n'a jamais régné entre peuples et États ou qui que ce soit. Si l'économie s'ouvre, la culture se ferme. Nous ne sommes pas prêt de voir un bon français pure souche se taper sur le ventre en chantant des chansons avec un quelconque allemand, ni même un espagnol....
Il faut laisser les peuples s'enraciner et les rêveurs voyager.
A la télé : PSG/NANTES ; 1/0 à vingt cinq minutes. Les clichés de commentaires sportifs qui me viennent à l'esprit ne valent pas la peine que je me frustre à tenter d'en exprimer ma révulsion en matière d'enjeux ou de fierté populaire.
Ce qu'il y a de vicelard avec l'art, c'est de faire rêver pour de la monnaie.
Je veux rester du côté des minorités ; avec les gens qui ne se sentent pas bien dans notre système. Ce dont je me rends compte, c'est que je me démène tant bien que mal, en vain et pour rien à entrainer du monde avec moi. Mais comme je me complais très bien dans mes échecs, je n'y arriverai sûrement pas.
Ça me fait du bien et me guérit, d'écrire tout cela. Ce qui me gène c'est qu'avec mes expériences psychiatriques j'ai malheureusement pris conscience que tout, mais absolument tout dans nos habitudes veut dire quelque chose et comme je ne sais pas l'analyser, je ne sors pas de mes troubles interrogatifs. Il nous manque beaucoup de mots. En tous les cas je n'arrive pas à tout exprimer.
Pierrot de Louviers vient d'arriver ; on dirait qu'il vient de poser pour le catalogue de la Redoute et qu'ils lui ont laissé les fringues!
Remarque, je ne suis pas mieux, j'ai l'air d'un gentil gars de bonne influence...
Je me surprends dans mes rôles de comédiens, sociable ou révolté... je ne suis ni l'un ni l'autre.
Mercredi 23 février 2000 :
15H50 :
Je ne suis pas sûr de la date! Je n'ai pas écrit hier. Ce sera facile de vérifier. Je m'apprête à partir à Louviers en scoot. Je suis dans ma piaule à Rouen. Je vais passer voir Marie au VDR. Hier j'ai invité Axelle à venir avec moi chez Jean-Marc qui faisait la fête chez ses parents. Sacrée soirée !
21H00 :
Je suis passé chercher Marie-Astrid au V d R. Nous sommes chez Charles qui comme d'habitude nous prépare à manger! On va se changer les idées. Marie me fait lire son journal. Elle est sévère avec elle même ; un brin maso, comme moi. On partirait bien en vacances!... Marie attend trop de tout le monde. Mais je suis là moi! Comme nous rendons les choses dures et compliquées. Nous ne faisons que des erreurs ; mais ça endurcit nos cœurs tendres... Si on se laissait aller, comme tout serait beau! Si beau qu'on ne l'écrirait plus tellement on le vivrait passionnément.
Tout à l'heure je jouais aux cartes avec les deux frangines : Marie-Anne et Marie-Astrid. C'était un moment pathétique.
Comme l'occasion était belle et forte. Presque paradisiaque ; ces deux sœurs que j'aime tellement différemment ; Ce qu'elles sont belles et pures, comme l'amitié. Elles ne sont pas conscientes autant que moi de tout cela.
Marie est formidable et presque enfin à moi. Il ne faut pas qu'elle lise ça! De quoi vont être faits mes poèmes maintenant que tout va bien ? Je veux arrêter de fumer. Je prends une branlée aux cartes ; ça fait du bien après une bonne vraie victoire sérieuse.
Graeme Allwright chante Cohen. Ça me fait chaud. Je pense au concert de Renaud dans sept jours à Rouen.
Ma mère m'a souvent appelé sa récompense, maintenant elle tente désespérément de la sauver. C'est dur comme histoire. Je pense à me guillotiner parce que j'ai vu Highlander! Je voudrais le rien, le vide, le néant. Au lieu de ça, j'ai tout ; les ambitions, les capacités, les défauts et le manque d'assurance en moi.
Pourquoi continuer ? Pourquoi pas tout jeter, tout arrêter ...
Ça ne sert à rien d'écrire tout ça. Mais j'y crois, je crois en mon échec, je l'aime, c'est tout ce que je veux et le sentir jusqu'au bout.
Ce soir je rentre à pied, ça va me les faire!
Jeudi 24 février 2000
13H30 :
Je suis avec Charles chez lui. Je vais voir Marie. Elle va passer à H. Mes parents sont partis au bord de la mer avec mon petit neveu Antoine. Mon oncle Raymond m'a téléphoné du Maroc. On a parlé Judo. Le temps est gris, couvert et humide. Il n'y a pas d'oiseaux.
Charles parle d'aller acheter une chèvre au Neubourg ; il s'imagine qu'il est le premier à y avoir pensé.
J'attends quelque chose qui ne m'arrivera pas. Ça a beaucoup à voir avec Marie-Astrid. C'est drôle, elle attendait de moi et maintenant c'est l'inverse. Nous sommes allés trop loin dans notre relation. La voici solide et confiante, et étouffante...
On se doit l'un à l'autre. Mais qu'est-ce qu'on peut encore supporter ? Je la veux un peu pour moi tout seul. Je veux continuer à la guider quelques temps. Je serai tranquille quand elle aura récupéré confiance en elle et qu'elle sera entre de bonnes mains.
Samedi 26 février 2000
16H00 :
Je suis chez Charles avec Rodolphe et Marie-Anne. Marie-Astrid va arriver. Je suis bien. J'ai bien cru la perdre mais elle reste belle et bien ma meilleure amie. Quand elle va arriver, je vais la prendre dans mes bras et le lui dire. Les vacances se terminent ; mon journal continue : Hier soir et cette nuit, propagande dans les rues de Rouen, avec Sophie, Jean-Marc, Julien et Jean-François. Affiches pauvres : "Papon va bien" sur le palais de justice; "Le Pape à le Sida" un peu partout sur les panneaux. Guerre si possible à la fédération Anarchiste ;
En république l'anarchie! En valent-ils la peine...? Semer le malaise. Ne plus laisser passer les exclamations du genre :"Quel froid aujourd'hui!" Mais plutôt entendre : "quels droits aujourd'hui"!
Lundi 28 février 2000
13H05 :
Je m'apprête à partir pour la seconde fois au lycée depuis ce matin. Je m'y suis pointé une heure trop tôt!
Les vacances sont vraiment terminées.
Marie-Astrid vient de m'appeler. Nous sommes un peu faibles et avons décidé par téléphone, de sortir ensemble à partir de tout de suite (...) J'appréhende notre rencontre prochaine.
17H15 :
Je suis en cours avec Larsen. On s'est encore bien marré. Il m'a parlé de sa copine Anissa, algérienne aussi. Il veut que je m'en occupe s'il lui arrivait quelque chose.
Je dois vraiment attirer la confiance.
Je me demande quelle tournure va prendre ma vie avec Marie-Astrid. Mais il y a toujours eu Marie, sous une autre forme...!
J'aimerais m'investir d'avantage dans mes écrits.
Ça va sonner.
Mardi 29 février 2000 :
07H30 :
Marie s'éveille.
Charmante nuit passée sans trop penser...
09H00 :
Déjà une heure de passée. J'ai bien suivi le cours d'anglais. Marie doit dormir. C'est long quand même! Je pense qu'elle va être souvent là cette semaine. Je ne suis pas initié à ce qu'il m'arrive! Si, j'exagère mais c'est bon. J'ai quand même quelques petites angoisses.
Je vais fumer à dix heures. Les choses ne sont pas si différentes maintenant. Il va falloir affronter les autres ; car Marie et moi sommes déjà détaillés et critiqués individuellement, mais alors ensemble on va faire parler les curieux, c'est sûr. De toute façon nous deux réunis sommes intouchables.
22H45 :
Marie vient de partir. Je vais trier, relire, ranger mes écrits en tout genre. Je suis amoureux de tous mes petits poèmes qui traînent partout, ainsi que mes nouvelles en cours, mes journaux etc... Les ressentir c'est s'aimer. Aimer ce qu'on fait sans regrets. Chaque objet, chaque place involontaire donnent du charme à mon bordel.
Je viens de relire le journal depuis dimanche vingt février. Il me manque des morceaux. Je ressens que si j'étais quelqu'un d'autre et que je lisais cela, j'aurais l'impression d'un malaise.
Mon navire peut dériver mais pas chavirer.
Nous allons faire chacun un dépistage avec Marie ; il serait temps. J'ai mal à le dire mais c'est trop tard. Il n'y a plus qu'à toucher du bois.
Mercredi 01 Mars 2000 :
16H45 :
Dernière heure de galère en cours. Je ne pense qu'à Marie et aux problèmes qui nous entourent. J'ai la mine déprimée. J'ai arrêté tous les médicaments à part ceux qui aident la mémoire et qui n'ont pas d'effets secondaires sauf un peu mal au cœur ; lourd... Elle vient ce soir, demain pas cours. Demain soir Renaud. Je fume un peu.
Je me souviens avoir écrit un jours dans un de mes journaux juste avant un insolite rendez-vous avec Marie-Astrid que mes chances de survie étaient de cinquante / cinquante! Et bien le malaise est toujours le même aujourd'hui. J'en saurai plus dans quelques jours.
19H30 :
Je ne suis pas marin mais je trouve que la vie sur terre est amer.
Jeudi 02 mars 2000 :
16H00 :
Je suis chez Florent et Zezette, je discute avec Florent. Renaud dans quelques heures, je suis excité. Il ne fait ni interview ni autographes. J'ai vu Larsen et Anissa ce midi.
Yann et Marie-Astrid ont dormi chez moi cette nuit. Ils sont repartis. Je la revois demain soir et on projette d'aller samedi au bord de la mer. Mes nuits sont merveilleuses en ce moment. C'est une semaine de récompense : Marie-Astrid et Renaud. Bientôt les résultats de nos dépistages.
Samedi 04 mars 2000 :
18H30 :
Je suis avec Marie-Astrid dans sa chambre, on revient de la pêche (dans les étangs de Fontaine-Heudebourg) , avec Marie-Anne, Sophie et Aurélie. Yann et Charles sont passés.
Ce soir ont mange chez les Maries, après on verra.
Les poissons sont terribles, et nous mal-habiles.
Marie a beaucoup écrit, elle aussi. Mais elle en a brulé aussi.
Moi je me déchire un peu chez elle ; tout à l'heure, je n'étais pas très à l'aise dans la salle à manger ; Marie-Anne massait vite fait le dos d'un ami de leur famille et s'est esclaffée tout haut : "oh il est tout dur, il est comme Alexandre"... devant le père.
Lundi 06/03/00 :
01H45 :
Je n'ai pas écrit dimanche, j'avais trop à faire avec Marie : promenade, déjeuner chez elle, dîner chez moi et vadrouille avec les autres. La nuit dernière, on a tous dormi dans la chambre de Marie! Yann et Marie-Anne sortent provisoirement ensemble, au grand bonheur de ma belle frangine et Charles reflirte avec Aurélie...
mardi 07/03/00 13h30
On distribue les sujets du bac blanc de géographie.
Larsen est venu nous réveiller comme souvent. Il m'a dit : "oh ça m'emmerdait ce matin ; l'étude de cas de commerce, j'y suis pas allé ".
Je lui ai répondu : "non, toi non plus ! "
On s'est bien marré.
C'est vrai que je suis parti au bout d'un quart d'heure, écroulé !
Après on a pique-niqué tous les trois devant la gare. Je retrouve Marie-Astrid tout à l'heure, dans une heure.
04H10 :
Marie-Astrid dort, moi je me lève dans trois heures. Trois heures de sommeil pour douze heures de cours! Plus une heure et demie de judo. Marie fait des mmm Je vais me tourner pour la regarder, ça va m'endormir.
Mercredi 08/03/00 :
22H00 :
Je vais me coucher, heureux. Marie ne vient pas ce soir. Nous ne pouvons pas partager la grande nouvelle : Marie est négative au VIH. Il n'y a plus que moi, il me faut attendre vendredi.
Axelle est libre maintenant. Elle me l'a appris en même temps que je lui dise pour Marie et moi!
Je ne suis pas allé au bac blanc de philo ce matin. Je me sens si bien maintenant, je voudrais que ça continue comme ça.
Samedi 12/03/00 :
Encore la nuit
Je suis chez Marie, elle dort, le chien aussi. On est retourné pêcher ce vendredi. Marie-Anne et Yann dorment ensemble dans la chambre de Marie-Anne. Tout va bien. Sauf pour Charles ; Il ne comprend pas qu'Axelle ne veuille plus de lui ; selon lui, elle s'est servie de sa gentillesse et a abusé de son innocence. Bref, le voila un homme maintenant.
Marie-Astrid m'a dit qu'elle allait arrêter le Tertian. Comment ne pas être nostalgique.
Mon caleçon, que j'avais mis en abat-jour sur la lampe de chevet pour ne pas troubler le sommeil de Marie à pris feu. J'ai réussi à maîtriser la situation mais avec l'odeur de brulé, Marie s'est quand même réveillée, heureusement pour moi, dans son demi-sommeil elle ne pouvait pas m'engueuler. Je me désaltère à la bière et je viens de pisser dans la bouteille vide.
Marie vient de se réveiller en sursaut et a crié : "Putain ça sent le cramé" ; je l'ai rassuré et elle s'est rendormie.
J'aimerais lui faire l'amour encore et plus longuement...
Sur son bureau, des photos d'identité d'amis, des plaquettes de Tertian, des cendriers et un caleçon cramé!
La petite fenêtre est ouverte, elle laisse glisser le vent frais de mars et le calme de la campagne. Je voudrais fumer encore plusieurs cigarettes, boire un petit peu et écrire, écrire puis m'endormir bien prêt d'elle.
Je suis nu, j'ai légèrement froid ; les quelques bouteilles d'eau de toilette alignées sur le bureau me rappellent l'attention, le confort, la séduction ; déjà oubliés après l'action passionnée.
J'ai envie de quelque chose. Peut-être d'un joint, je ne sais pas. Sur les murs, des cartes postales vieilles et pleines de nostalgie. Un miroir, une glace, de banales diplômes et sur le conduit de cheminée, une gravure ; Une jeune femme portant en hauteur un large plateau de fruits. Dans l'autre coin de la pièce, une simple bibliothèque accueille Jules Vernes, Hervé Bazin, Guy de Maupassant, d'autres et quelques bibelots. Il y a une chaine HIFI, quelques disques et un radiateur.
Hors des couvertures, le froid devient désagréable. ma prochaine cigarette sera la dernière de ce vendredi déjà loin.
Dans ma tête Marie-Laforêt chante encore pour moi.
Lundi 13/03/00 01H30
Mon journal continue sur Word (mon père me donne son portatif).
Aujourd’hui, enfin hier maintenant, j’ai passé la journée avec Marie-Astrid (on s’est réveillé chez moi à H), Marie-Anne (ma belle-frangine), son chéri (mon gros Yannou) et Charles.
L’après-midi on a flâné chez Charlot, on a pique-niqué à Louviers, puis nous sommes allé chez Alan, un pote de Louviers (on a joué au foot sur le parking, on s’est fait engueulé alors on a regardé le concert des Béruriers Noirs à L’Olympia en 89).
Ensuite on est passé chercher Vincent à P et nous avons terminé la soirée chez Charlot toujours.
Demain matin ma mère m'accompagne à Rouen chez moi, je commence les cours à 13H30.
Je ne révise pas le BAC tellement je suis bien avec Marie. D’ailleurs je ne suis pas rentré à Rouen ce soir pour être avec elle.
Le week-end prochain c’est l’anniversaire de Chouchoune (32 ans), je vais me sentir à l’aise pour la première fois par le précieux fait que je serai accompagné comme mes sœurs le sont depuis un moment.
Hier, enfin avant-hier (samedi), Marie, la belle-frangine, le beau-frangin et moi étions à Rouen pour voir le musée de l’histoire naturelle mais il était fermé depuis décembre définitivement).
Finalement j’ai pu montré ma chambre à ma belle-Marie-Anne, ensuite on est revenu sur Louviers, mois je suis allé voir le psychiatre G à Évreux pour lui montrer à quel point j’allais bien maintenant et le remercier. Je l’ai un peu déstabilisé, au point qu’il s’est lâché à s’exclamer : « ah ça vous êtes pas con! ». C’était un bon moment.
Le soir nous étions chez Marie tous; après nous deux nous sommes retrouvés à H...
14H00 :
On se marre bien avec Larsen en économie. On a eu cinq tous les deux au bac blanc! Le bac sera noir...
Mardi 14/03/00 :
08H00 :
Je suis en cours, à coté de Sébastien, toujours très stoïque. Il n'avait pas son livre d'anglais.
Marie m'a appelé avant d'aller au boulot. Elle conditionne du parfum à A.
Hier soir, c'était bien.
Il y avait Vincent, Angèle, Grégoire le contestataire de ma classe avec sa gratte, Yann, Charles et Marie-Astrid. Tout ça chez moi, dans dix-sept mètres carrés!
Larsen n'est pas là. Les profs se mettent en grève. Grégoire et Jean-Baptiste m'ont croisé ; comme toujours, ils sèchent.
Vincent est venu, pour rigoler il m'a pris une plaquette d'Imovanes et l'a avalée ; ça ne lui a rien fait.
JEUDI 16/03/00 :
03H00 :
Je reviens du SNOOKER, rive gauche où s’est déroulé notre tournoi de POOL pour une action du BAC. C’est à moitié réussi ; environ 700 Fr reversés à Handicap International.
Cet après midi j’avais laissé l’appart à Larsen et Anissa. Le groupe de Larsen n’a pas cours le mercredi a.m..
Demain, enfin aujourd’hui, pas cours : grève.
Vendredi 17/03/00 :
19H30 :
Je suis dans ma chambre, chez mes parents à H. Je vais avoir du mal à contenir mon chagrin à table ; en repensant à ces dernières heures passées à essayer de garder ma copine...en vain.
J’ai beau me remettre en question dans tous les sens possibles, je n’ai commis aucune faute ; A part celle d’y avoir cru...Alors je suis déçu.
Lundi 20 mars 2000 : PRINTEMPS
14H00 :
Je suis en cours avec ma meilleure amie au lycée, M. On a parlé du tournoi de billard qui n'a pas trop mal marché ; le cours est simple; Le budget de l'État.
Mille-cinq-cent milliards de budget pour presque deux mille milliards de prévision...(Sans commentaire)
Le week-end dernier, Marie-Astrid m'a quitté et s'est enfuie à pied. On l'a attendue chez elle ; Marie-Anne (sa petite sœur), Yann son copain, Charles et moi.
Samedi matin, elle est revenue, nous avons parlé et c'était reparti. On a flâné l'après-midi chez elle. Ensuite nous sommes allé chez mes parents pour les trente deux ans de Sandrine, ma grande sœur. Nous avons dormi à H.
Dimanche on a ramené ma sœur à Paris, on a passé l'après-midi chez elle, le soir on est sorti dans Paris, puis nous sommes rentrés chez Marie-Astrid où nous avons passé la nuit.
Mardi 21 mars 2000 :
08H20 :
Vingt minutes de retard au cours d'anglais. En plus je n'ai pas mes affaires.
J'ai les cheveux en pagaille, mais qui pourrait deviner que j'ai dormi un petit peu recroquevillé sur la moitié de mon lit simple, inoccupée par Axelle...
Petit dèj, pétard, Pink-Floyd, retard!
Il n'y a pas grève en fait. Je répond vite fait à une question de la prof, ça fait bien. La classe est calme et clairsemée. Je viens de rencontrer une fille qui voulait du feu.
Jeudi 23 mars 2000
08H00 :
Je suis dans la chambre de Marie-Astrid qui vient de partir au boulot avec sa blouse. Ma belle maman revient tout juste et va m'accompagner à la gare du V d R vers neuf heures en même temps que Marie-Anne qui est en stage à la crèche de L. Je commence les cours à treize heures trente. Marie-Astrid a beaucoup dormi, normal la nuit! Ce qu'elle est belle et bien réelle! Bon, je vais aller rigoler avec la belle frangine en prenant notre petit dèj.
Mardi 28 mars 2000 :
13H30 :
Vingt-huit jours un mois de mars.
Marie m'a quitté pour la seconde fois hier. Je m'en suis coupé les cheveux! Avec des vieux ciseaux devant ma glace.
Elle m'a rappelé ce midi et elle revient ce soir à condition que je retourne au lycée. J'y suis! Au côté de Larsen, tout va bien.
Mardi 04 avril 2000 :
10H30 :
Je suis en cours, ça faisait longtemps! Larsen n'y est pas... Marie-Astrid se démène sûrement à l'usine. Elle craint de ne pas pouvoir avoir d'enfant.
Le Rohipnol est efficace. Marie m'en proposait quand elle voyait que je ne pouvais pas dormir. Maintenant que ça m'est prescrit, elle désapprouve.
Mercredi 05 avril 2000
08H00 :
Marie-Astrid et Yann sont passés chez moi hier soir. Ils ne sont pas restés longtemps.
Ce soir je vais à A, je dors chez Marie, je récupère ma guitare à H et je reviens demain matin.
Samedi soir prochain, nous sommes tout les deux conviés à l'anniversaire de Marie de ma classe dans une pizzeria à Rouen.
Mon traitement est parfait. Ce soir je dois téléphoner au psychiatre pour le lui dire. Je n'ai plus qu'à acheter trois roses!
Lundi 10 avril 2000 :
20H00 :
Je suis avec mon abeille, Denis (frère ainé de Charles), Marie-Anne, et Charles, dans sa chambre. On est bien, sauf Marie-Anne qui a faim.
22/04/00
Besoin d'écrire :
Quand je suis allé au V d R en scooter, c'était pour aller chercher Marie en temps que son meilleur ami et sans arrière pensée. Mon but était alors de la ramener chez ses parents et de bien être présent pour elle jusqu'à ce qu'elle aille bien. Le problème est que j'en suis alors tombé amoureux et nous en sommes arrivés ainsi de suite à sortir ensemble. Depuis le vingt-huit février j'aurais connu le meilleur et le pire. Mais aujourd'hui, c'est ma fête!!! Marie-Astrid à retrouvé des photos d'Axelle dans sa voiture (dont je ne connaissais pas l'existence) ; sans doute avait-elle voulu les nous montrer et les a oubliées dans la voiture de Marie. Toujours est-il qu'elle me les a balancé à la figure et s'est cassée. Je n'ai plus envie de vivre.
Mardi 09 mai 2000 :
13H30 :
Mon journal reprend provisoirement. Il faut que j'ordonne mes priorités. Je suis vêtu de vert : jean kaki, tee-shirt vert à manches longues presque fluo et un pull léger en laine beige autour de la taille avec des chaussures datant de quelques mois, représentatives de mon week-end mouvementé. Mes cheveux sont très courts mais déjà en pagaille.
Il y a plusieurs problèmes à encaisser.
J'aurai quitté Marie-Astrid plusieurs fois mais je ne me souviens que de la dernière. Je sais par ailleurs que nous sommes toujours ensemble. Tout à l'heure, après le lycée, elle viendra me voir ; il semble qu'elle aie quelque chose d'important à me dire. Je me demande bien quoi. J'ai honte d'en être encore là dans ma vie.
Les gens que je n'aime pas, comme il y en a beaucoup autour de moi en ce moment, me paraissent tout à coup si doux, si gentils...!
Je suis pour la première fois de ma vie au bon endroit, au bon moment.
Le calme et la sérénité de ma classe m'encourage à reprendre le dessus.
Voyons, si je ne m'emporte plus...
Ah oui, j'allais oublier de parler de ma gaffe de ce matin : Je me lève à l'heure où le réveil sonne alors qu'il ne fonctionnait pas. J'avais en tête que je m'étais endormi avec quelqu'un chez mois (dans ma piaule) ; il s'agissait de Charles qui m'avait emmené à Rouen, mais qui était parti ensuite, au moment où je me couchais. Donc au réveille, je m'étonna d'être seul et me mis en quête de trouver Marie-Astrid ; ce qui n'était pas dur dans un si petit studio, elle n'était ni dans mon lit, ni dans ma salle de bain, ni écrasée en bas de ma fenêtre ; et la porte était fermée à clé de l'intérieur.
"Aurais-je rêvé pendant deux mois, que je sortais avec une jolie rousse... Non, j'ai son téléphone en tête, ça n'est pas un rêve."
Donc je l'ai appelé :
_"Bah, je suis chez moi " me répond t-elle!
_ "Mais quand es-tu partie ?"
_ "Comment ça?"
_"Tu n'as pas dormi chez moi?"
_"Tu es fou, arrêtes les médicaments"
Et voilà mon insolite gaffe.
Hier, alors que je me changeais les idées en me promenant avec Charles, l'ex de Marie m'a appelé ; il m'expliquait que lui n'avait pas réussi à la garder et il ne comprenais pas que je m'en sépare.
C'est vrai qu'apparemment elle m'aime et c'est bien la première.
Il est déshonorant et humiliant pour moi qu'elle continue de se confier à lui, de l'aider et moi de consentir à ça par amour et quand je craque, il arrive à me remettre avec pour son bien à elle ; ce qui est de trop car s'il n'était pas là je ne craquerais pas.
Je disais que si je ne m'emportais plus ; mais attention, ce que j'appelle m'emporter ne va pas bien loin, mais si je ne le fais plus, peut-être que les problèmes vont s'estomper doucement.
Mes parents, en plus de me soutenir pour le bac et être biens avec Marie-Astrid, m'encouragent à prendre rendez-vous avec le docteur en ethnologie que j'ai déjà rencontré pour une action de l'examen à Nanterre, et avec l'anthropologue de la fac de Mont-St-Aignant à Rouen, à qui je suis recommandé par ma prof de philo. Mais je crois qu'objectivement il me faut d'abord le bac avant. Ce qui n'est pas si simple quand on déteste le commerce.
Je ne suis dépendant que du cannabis et je n'en est plus. Je ne compte pas en rechercher.
Il y a le tabac qui me chatouille en ce moment. J'ai toujours cru savoir maîtriser ma consommation, mais là je suis piégé.
Et je risque de rester piégé pour d'autres drogues comme Marie-Astrid. Oui je suis méchant. Quoi de plus normal après la honte, la frustration, les angoisses.
J'ai toujours cette sensation d'être victime innocente mais peu combattive.
Si la drogue ou le Sida ou quelques dangerosités similaires humaines ou artificielles s'approchent de moi, je suis en péril.
14H30 :
On m'a prêté un autre stylo, sous le regard révulsé de quelques jeunes pucelles.
Je remets en question la vie comme toujours. J'ai eu tendance à me dire ; la vie est merveilleuse puisque c'est la seule chose qui existe. C'est une chance sur des milliards de vivre. Mais si la vie est un calvaire comme pour moi en ce moment, je pense à la mort, donc à n'être plus.
Si on décide de mettre fin à sa vie, c'est que au moment même où on le fait, on est le plus libre au monde.
Le plus heureux, le plus malheureux ; c'est discutable mais le plus libre, c'est celui qui veut avoir le choix et qui l'a. C'est mon cas...et ça ne me rend pas plus heureux ou malheureux!
Il faut que je me reprenne.
Il ne faut surtout pas que j'ai de haine ni que j'écarte qui que ce soit. Car les problèmes reviennent au galop.
Ma classe est jeune, lamentablement jeune. Je n'ai rien à y faire, puisque je ne sais même pas de quoi on parle. Pourtant ça me fait garder les pieds sur terre.
Des gens comptent sur moi ; Marie-Astrid, mes parents, les gens à qui je parle et mon psychiatre (dont je ne sais plus comment me débarrasser). Alors pour ne pas l'écarter comme je dis, il faut que je lui donne envie de le faire.
Une fille de ma classe vient de me regarder d'un air inquiet ; vraiment. Je n'ai pas envie que l'on s'en fasse pour moi. Je sais que je suis dépressif, mais suis-je en train de rechuter ?
Dieu seul le sait! Mais pas le psy on dirait.
Quand ça va bien, j'ai de l'humour et de bonnes idées de scénario, de roman et de pertinentes critiques comportementales des hommes et des êtres vivants.
Je ne me souviens plus ce que c'est de ne pas avoir de problèmes ; peut-être que j'en ai toujours eu. Mais là je me sens étouffé, piégé, trop loin de mes ambitions.
Je ne sais pas si j'ai trop de petits problèmes ou un gros problème. Peut-être que je ne fais que découvrir la vie.
J'ai complètement besoin de quelque chose mais quoi ?
Peut-être que j'ai tout mais dans le désordre... il y a bien quelque chose à faire !
J'ai besoin de toute ma personne donc plus de médicaments et plus de cannabis.
Du sommeil, de bons repas, de l'air, des conversations ; voilà ma nouvelle recette. J'ai besoin d'ordre tout à coup, moi qui voulais l'anarchie.
Je viens de comprendre quelque chose : il n'y a sûrement pas de parfaites façons de voir les choses, d'interpréter et d'agir mais une parfaite harmonie à trouver en soi. Il faut dire que ces derniers temps, je n'étais plus en accord avec mon propre caractère, mes rêves et mes capacités.
J'aimerais entendre ce que l'on dit de moi en ce moment.
12/05/00
10H30 :
Je suis en anglais avec Pierrot. Les préparatifs du bac s'entrechoquent. Entre déceptions sentimentales, amicales et sociales, il faut penser à l'avenir. Je viens de parler à ma prof de philo qui est très jeune et qui ne m'est pas indifférente. J'ai des chaussures marrons, un jean gris, un tee-shirt blanc et rouge coca-cola (pour rire), une chemise bariolée noire, jaune et mauve et une écharpe rouge, jaune, marron, bleue et blanche! Une fille en me faisant la bise a dit que j'étais doux. Et que Pierrot il pique!
11H00 :
C'est mon premier cours de maths en an deux mille, je sais, il n'y a pas de quoi être fier. Mais c'est aussi assurément le dernier de ma vie. Cela m'émeut !!
Tant d'efforts pendant dix huit ans pour s'apercevoir que l'on avait mieux à faire...
Il s'agit de probabilités, justement...!
Dimanche 28 mai 2000 :
12H00 :
Je suis avec Marie-Anne et ses parents sur l'autoroute pour Sartrouville. Nous allons voir Marie-Astrid qui est pour un bout de temps chez des amis de ses parents, ainsi loin de mauvaises fréquentations et proche de son nouveau boulot.
Marie-Anne s'abrutit de musique pendant que j'écris, en admirant les derniers morceaux de verdure.
Sur la route, quand on ne conduit pas et qu'on observe tout, on est normalement appelé à réfléchir à notre époque dont beaucoup pensent que plus rien ne tourne rond. Mais la vie est toujours aussi belle, sans démagogie. En tous les cas si l'on part du principe qu'on peut y mettre fin quand on le veut, alors on peut y voir le beau.
Mardi 30 mai 2000 :
13H30 :
Je commencerais par dire non pas que que les gens réfléchissent peu, mais qu'ils réfléchissent vite.
Le "dégourdi" par excellence est niais d'efforts n'aboutissant qu'à de la réussite superflue.
L'"empoté" par expérience trouvera à se défendre de douloureuses remarques de ses concitoyens.
C'est ainsi qu'un dégourdi peut se trouver blâmé d'un empoté et exploité de lui.
Ainsi, l'un et l'autre se sentent continuellement plus intelligents puisque le "dégourdi" exploité se sent utile et "l'empoté" content d'exploiter.
Prenons maintenant deux empotés ensemble : Laurel et Hardi, quoique l'un commandait l'autre, leurs travaux étaient exécrables.
Et deux dégourdis ensemble ? Bonnie and Clyde Des brigands voilà tout! Les dégourdis sont en prisons... Pourquoi ? Parce qu'ils sont efficaces et que l'efficacité ne sert qu'aux empotés qui les conditionnent.
J'aime être les deux.
Mais, l'ultime jugement dont sont sûrs les croyants, se passe sur terre juste après la mort. Le défunt n'en a nulle oreille et seuls les restants se partagent la réputation.
D'où l'idée de faire bien, de grandes choses, qui laissent à dire long ensuite et donnent envie de faire de même.
Mardi 06 juin 2000 :
14H00 :
Départ de la gare de Rouen pour Saint-Lazare-Sartrouville. Je me sens bien vivant à deux jours du bac... Je lis entre autres André Glucksman : "La fêlure du monde". Je vais voir Marie, heureux.
Vendredi 09 juin 2000 :
23H55 :
Je délire d'épanouissement intellectuel pendant que ma bien aimée se lamente loin de moi.
Demain soir je la retrouverai.
Minuit va sonner en même temps que demain et mon sommeil de conseils en jouira entre deux.
Dimanche 18 juin 2000 :
03H25 :
Marie-Astrid dort mais d'une façon plus qu'agitée, elle vient de tomber du lit! Et moi con, je me suis marré!
Elle s'est remplie un verre d'eau pendant que j'allumais la lumière, elle a titubé en se cognant du lavabo au lit comme saoule, je voulais parler un peu, lui demander si ça allait mais elle était comme somnambule, elle s'est recouchée sans broncher, sans m'entendre, sans me voir.
Nous sommes dans un hôtel à Bezon. Elle s'est mise de l'auto-bronzant alors elle est toute marron.
Dimanche 16 juillet 2000 :
15H00 :
Je me ressource à H depuis quelques jours. J'ai laissé l'hôtel à Marie, je l'ai définitivement quittée.
Mon père remplit le bassin des poissons, et ma mère taille les rosiers.
Bien sûr, je n'ai pas eu le bac (mais tout de même 14 en philo).
Nos anniversaires respectifs à Marie et moi ont été couronnés d'engueulades, de ratés etc.
Je vais repasser le bac sur Paris l'année prochaine. Ma vie n'a rarement été aussi lamentable. Mes parents partent en vacances, pas moi. J'ai laissé toute mon énergie à Marie-Astrid. Je ne fais plus que manger et dormir. Le positif est qu'il ne fait pas beau ; le vent, la pluie, l'orage apaisent. D'ailleurs le temps est tout azimut partout dans le monde. Des simples parlent encore de Dieu. Pendant que des compliqués font péter du nucléaire dans le pôle.
Jeudi 27 juillet 2000 :
Mon journal est éparpillé un peu partout où je suis passé. Ce dernier paragraphe ci-dessus m'amuse, vu la différence de date. J'ai bien trouvé une chaussure à mon pied confortable mais il me manqua l'autre ! Bref , cela aurait pu être le panard si ma bien aimée n'avait pas été Marie-Astrid...
Étrange affaire que de tomber amoureux de sa meilleure amie. J'ai été très con pour rien parfois et impardonnable pour rien souvent. Elle, a été exécrable avec moi. Mais c'était souvent émouvant.
Je dis n'importe quoi, c'était hallucinant. De toute façon j'ai tenu mon journal régulièrement en manuscrit, une grande partie est dans le sien! A elle, parce que je ne lui cachais rien.
Le bilan, j'ai honte à l'écrire, c'est que je n'ai plus d'amis, pas mon bac, plus de joie.
Je ne fume plus, je ne bois pas, je vois Jacky de temps en temps. J'ai vu Karl, Mon vieux pote du collège ST-L. Il veut m'inviter demain à une Teuf qu'il fait mais comme disait Tony "ça ne me dit rien" ! D'ailleurs j'ai appris il y a quelque temps qu'il serait sorti et envolé.
Samedi 12/08/00 :
10H00 :
Ma main bloque déjà avant de me trahir. J'ai lu "le monde de Sophie" de Jostein Gaarden.
Quelle honte !...
Je ne peux plus écrire depuis quelque temps. Je pleure tous les jours à cause de Marie-Astrid ou d'autres choses tristes.
Tiens, mes parents reviennent de courses. Il y a Mamée avec eux (ma grand-mère maternelle), elle a un œil vitreux et l'autre bizarre. Ce qu'elle dit est inécoutable.
Plus je pense aux femmes et plus je suis déçu. Même les machos ne me font plus rire.
J'étais heureux avant qu'ils arrivent, heureux de les voir arriver et maintenant triste. Ils vont essayer de faire un barbecue en attendant Charlotte et Willy (ma sœur et son mari).
Je suis hystérique entre deux sanglots. J'ai plein d'idées mais je ne peux pas les écrire.
Je repense à Sonia étrangement. C'était une artiste peintre de ma classe en BEP.
Je regrette de l'avoir refoulé de mon cœur, elle qui était si pure.
Moins je crois en DIEU et plus je comprends la religion : aimer une seule femme bien, son prochain, respecter autrui, se respecter soi-même etc. ... ça n'est pas si idiot que ça. La religion a du être inventée pour des gens faibles comme moi.
Je ressens désespérément l'envie que les choses aillent bien partout mais n'est-ce pas déjà le cas?
D'autre part, je ne pense qu'à moi mais je m'y retrouve.
Penser à moi pour aller mieux et puis penser aux autres ensuite pour les aider pour que tout aille bien !
Dire que j'ai vingt et un ans en écrivant ceci ; Quand je pense à La Boetie !
Dimanche 13/08/00 :
08H15 :
J'ai mal au crâne, dans le dos et au ventre. Je ne sais plus quoi faire . Je rêve beaucoup. Mes parents malgré leur gentillesse, m'énervent beaucoup.
Il sont trop gentils justement. Comme tout allait bien quand je fumais !
Mercredi 6 septembre 2000 :
Un petit besoin d'écrire.
Quelle merde ! Je suis seul au monde. Je suis très agressif avec les gens. Pourquoi ?
Tous mes vêtements sont moches ou déplaisants. Mes cheveux sont en désordre et forment une touffe bizarre. Je ne me nourris que mal. Je n'ose presque pas bouger. Je n'arrive même pas à écrire correctement. Je ne fais rien ou n'importe quoi. Je crois que je fais peur. Mes parents font une drôle de mine.
Je crois aussi entendre mes voisins de palier dirent que je suis cinglé, fou, bizarre etc... (Ils n'ont peut être pas tort!)
Donc, il me faudrait m'acheter des vêtements, aller chez le coiffeur, sortir un peu et trouver une passion! Je crois que je me complique bien la vie. Je manque de confiance en moi. Je suis pourtant honnête ; trop peut-être.
Tout à l'heure, j'ai acheté une baguette et la boulangère a baissé les yeux comme par compassion.
Mercredi 13/09/00 :
13H30 :
J'ai rêvé que je tuais des gens, à grands coups de couteau à pain, en plein dans les ventres et parfois à plusieurs reprises. Ils étaient nombreux et j'avais peur d'eux. Je n'ose pas écrire ce que j'en pense.
Samedi 30/09/00 :
Je meurs de faim et n'ose pas sortir. Je suis heureux comme ça. Quelle misère !
Lundi 16/10/00 :
Un gros besoin d'écrire :
Je ne fais que penser, penser, je me souviens de trop de choses, je ne sais plus ce qui se passe d'important ou non dans le monde ni ce qui est bien pour moi.
J'ai bien la sensation de ne pas être dans la norme, ni physiquement ni mentalement, ou trop peu intelligent, ou comme hypnotisé...
Je crois que je louche parce que je vois mon nez quand je lis ou que j'ai un strabisme quand je suis devant la glace.
J'ai honte de sortir, de parler, de me taire, bref de moi.
Je suis malade, diarrhée, liée à une malnutrition engendrée par mon problème d'adaptation qui remonte il me semble à la prise de conscience de l'aveuglement dans lequel je baigne depuis mon enfance.
Vendredi 20/10/00 :
21H30 :
Retour à la case départ : Y,
depuis lundi matin. Ils me bourrent de calmants pour que je dorme.
Je voudrais voir mes parents, j'ai trop besoin d'eux. (bien qu'ils m'aient emmené de force, mais pour mon bien). J'ai des changement d'humeurs à caractères psychotiques.
Samedi 21/10/00 :
09H45 :
Charlotte et les parents doivent venir cet après midi.
Mardi 7/11/00 :
15H45 :
Aujourd'hui, j'ai fait : Gym, piscine.
J'attends mon père pour environ 16H30, ce qui veut dire 17 ou 18H !
Ma voisine de la chambre d'à côté vient d'entrouvrir ma porte et l'a refermée. Je lui ai gueulé dessus et elle m'a répondu : "Excuses-moi, je me suis trompé de porte."
En fait, elle doit vouloir me piquer des cigarettes.
Mercredi 8/11/00 :
18H00 :
Maman vient de passer me voir. Ce soir j'ai demandé à manger en chambre. Je boude ! Je ne sais pas quoi faire. Je m'inquiète de mes écrits répandus partout où je vais.
Mercredi 15/11/00 :
20H30 :
Il y a beaucoup de monde ce soir, dans le salon, je me demande avec qui discuter.
Vendredi 17/11/00 :
17H45 :
Toujours hospitalisé. Ma mère vient de m'apprendre que mon père avait une surprise pour moi ; Il s'agit de deux chatons.
Quelle idée !
Je repense brusquement à Marie-Astrid...
Samedi 18/11/00 :
21H30 :
J'entends une femme raconter sa misère à l'infirmière dans le couloir.
Vendredi 24/11/00 :
17H05 :
Maman et Mamée viennent de partir. J'ai peur de deux types dans la clinique ; si bien que je suis réfugié dans ma chambre (n° 29). J'écris dans la peine ombre, la nuit tombe.
Il faut que je prépare mes affaire pour ma permission de ce week-end.
Je n'ose même pas tirer la chasse.
Je pense à ma sortie définitive, comment sera t-elle ?
18H00 :
J'entends les clés de l'infirmier : Signal que je vais bientôt avoir mon traitement. Je lis BARJAVEL (La nuit des temps), sans doute le moins bon de ses livres mais je n'ai que ça.
19H45 :
J'ai bien mangé, je sors de la cafette, j'ai fumé deux cigarettes. Je sers la main aux deux types qui me font peur pour leur faire croire qu'ils ne me font pas peur !
18/12/00 :
19H30 :
Premier jours à H 22.
Je suis crevé, malade, shooté.
Au dessus de moi, une superbe reproduction de Monet entourée d'un beau cadre en merisier.
Trois mois! Trois mois à faire ici ; j'espère que c'est le bon choix pour moi. J'ai peur.
19/12/00 :
09H00 :
J'ai bien dormi, j'ai pris mon petit déjeuner et mon traitement. Ce matin je dois revoir le psy, essayer d'avoir ma ligne téléphonique (dans ma chambre), pour me faire envoyer mes cours par correspondance, toujours pour le bac.
14H30 :
C'est l'heure du repos, je suis dans ma chambre.
19H50 :
J'ai toujours la diarrhée et j'ai encore faim.
20H00 :
Je ne me sens pas bien ici, on ne s'occupe pas de moi et j'en ai marre.
Il y a une fille de 19 ans mignonne mais elle ne semble pas vouloir de moi. Elle est ici depuis trois mois, c'est le temps que je me suis fixé.
Mercredi 20 décembre 2000 :
08H00 :
Je crois avoir bien dormi, dans une demie-heure, j'aurai le choix entre d'abord prendre mon traitement, puis mon petit dèj, ou l'inverse. Je vais faire le contraire d'hier pour voir la différence, puis j'irai à la gym à dix heure.
15H15 :
Je pleure à moitié, je m'ennuie terriblement. Je n'arrive pas à avoir de shampoing, ni de savon, ni mes cours.
17H50 :
J'aurai mon shampoing et mon savon demain matin. Je mange une pomme.
Jeudi 21décembre 2000 :
09H40 :
Je me bats pour obtenir ces foutus produits de toilette.
19H30 :
Je viens d'avoir un mauvais entretien avec la psychologue. J'ai peur que ça change quelque chose à mon séjours. J'ai une perte d'inspiration.
J'hésite à aller fumer la dernière clope que Tina, une patiente, m'a offerte. Elle est arrivée le même jour.
Vendredi 22 décembre 2000 :
14H20 :
Je suis dans ma chambre. A cette heure ci c'est une obligation. Et moi bien sûr j'ai toujours papier, stylos.
Samedi 23 décembre 2000 :
05H20 :
Je n'arrive plus à dormir alors j'écris.
05H45 :
Aujourd'hui, il faut que j'achète des enveloppes, que j'aille à la gym s'il y en a. Je n'ai vraiment plus sommeil.
07H30 :
J'ai pris ma douche, je crève de faim ; encore une heure à attendre.
14H35 :
J'ai des angoisses. J'attends que l'on m'apporte le colis qui m'est destiné de la part de mes parents.
Dimanche 24 décembre 2000 :
07H50 :
Je viens de prendre ma douche. Ça va être la première fois de ma vie que je ne passe pas noël en famille mais dans une clinique. Je vais fumer une clope.
09H05 :
Je suis dans ma chambre, j'ai bien dormi. J'ai pris mon petit dèj et mon traitement. Nous devrions bien manger, je pense, pendant les fêtes.
Lundi 25 décembre 2000 :
Je me bats pour récupérer ma lessive depuis hier soir. On dirait que je les emmerde. Il pleut.
Mardi 26 décembre 2000 :
09H15 :
Je ne sais pas quoi écrire. Ça ne va pas fort. J'ai envie de partir de la clinique mais si je le fais je risque d'être renié puisque pas guéri.
16H39 :
J'ai été autorisé à aller seul au village, m'acheter deux paquets de cigarettes. Je me sens bien. J'entends des éclats de voix dans mon couloir. Il fait nuit de plus en plus tôt. Maintenant que j'ai des cigarettes, j'ai moins envie de fumer.
Quand j'y pense, j'ai trop de début de nouvelles, de roman, voir de pièces éparpillées partout et interminables ; quand bien même je les retrouverais. Je n'écris presque plus de poèmes.
Mercredi 27/12/00 :
17H10 :
J'ai été seul jusqu'à Cambes. J'ai oublié d'acheter du chocolat.
Jeudi 28 décembre 2000 :
09H45 :
J'ai bien dormi. Je viens juste de faire de mon plein gré un petit footing de trois fois le tours de la clinique.
Je vais maintenant tenter d'aller en bus jusqu'à Bordeaux cet après-midi. Je me lance des défis comme ça pour aller bien. En attendant, je vais jouer au ping-pong avec Sébastien.
12H00 :
Mauvaise nouvelle, je n'ai pas été assez convainquant pour Bordeaux. Alors j'irai à Saint-Caprais.
Pour Bordeaux, il faut que je trouve un patient que ça intéresse avant samedi si je veux y aller. (par sécurité)
14H30 :
Gagné! Je viens de réussir à obtenir ma sortie pour Bordeaux demain après-midi. Par contre j'ai eu mes parents au téléphone, j'ai trouvé la conversation assez froide...
J'ai reçu une lettre de ma grande sœur et une d'un copain.
Je n'ai toujours pas le téléphone. Le journal va continuer derrière mes cours d'anglais et de littérature (cours de la clinique) ; je viens d'écrire à Sandrine.
17H00 :
Je reviens de Saint-Caprais, sous la pluie, j'ai acheté une bombe imperméabilisant, deux savons de Marseille, une barre de chocolat et une boisson. J'ai oublié des rasoirs jetables.
Si il pleut comme ça demain je me demande comment va se passer ma sortie à bordeaux et surtout à quelle heure je pourrai partir.
18H00 :
Je viens d'imperméabiliser plein de fringues. La fenêtre est renversée à l'envers pour aérer ; ça me donne envie de partir... Mais pour quoi faire et aller où?
J'espère que la responsable qui m'a donné la permission pour Bordeaux sera là pour confirmer demain. Car les aides soignantes n'ont pas l'air d'y aspirer. Je suis pourtant très raisonnable. Peut-être pas assez poli, ou chiant de toujours demander quelque chose.
Je commence à avoir mal à la gorge. Je repense à mes parents, j'ai peur qu'ils ne m'aiment plus.
J'entends des gens partir en voiture (ma fenêtre donne sur le parking). Il doivent se demander ce que je fous ; j'entends :"A la limite de l'idiot ou à la limite d'une bêtise".
20H40 :
Je vais essayer de veiller un peu plus longtemps pour faire une nuit complète. Mon traitement de dix-huit heures n'a pas été le même que d'habitude. J'ai un peu mal au crâne et mal à la gorge.
21H30 :
Je viens d'écrire trois poèmes en quelques minutes, je vais aller prendre mon dernier traitement de la journée. J'espère pouvoir bien dormir pour aller à Bordeaux demain, je vais m'acheter un manteau. Mais je ne suis vraiment pas fatigué. Même un peu excité.
23H55 :
Je n'arrive pas à dormir. J'aimerais ne pas avoir à demander un supplément à l'infirmière de nuit. Ah, je crois que c'est trop tard, la voilà déjà.
Vendredi 29 décembre 2000 :
11H00 :
J'ai très peu dormi. Je ne me souviens plus de mon endormissement ; peut-être ai-je eu recours à un supplément? Je me suis réveillé sans pyjama et la fenêtre grande ouverte!
Ma permission pour Bordeaux est refusée. Ou alors samedi, et avec un autre patient qui connaîtrait un peu la ville ; mais pas seul.
Je suis dégouté.
14H00 :
Mauvaise nouvelle, je ne pourrais aller à Bordeaux que mercredi prochain, avec un autre patient de mon âge. Je suis révolté ; il fait super beau.
Mon rideau est tiré, sur ma fenêtre fermée. Je vais aller chez le coiffeur à St-Caprais tantôt. Je crois que mon état de santé est pire qu'à l'arrivée.
14H40 :
Je reviens de St-Caprais, je me suis acheté une grande bouteille d'une certaine boisson, une mousse à raser, cinq barres de chocolat et je me suis payé le coiffeur.
Bilan : il ne me reste que dix francs pour le week-end.
Il faudra qu'il me donnent mes derniers cent francs à la caisse de la clinique, pour Bordeaux. Il y en a pour quarante six francs aller-retour. Pour le reste, j'ai ma carte.
Il pleut à verse tout à coup. Il ne me reste plus qu'une feuille blanche de papier. Trois, avec les versos des horaires de bus photocopiés.
J'ai donc tout ce qu'il me faut dans ma chambre : A manger, à boire, de quoi fumer et de quoi écrire un petit peu. Il faut que je diminue le tabac et l'écriture. J'en ai pourtant tellement besoin, et de parler...
Samedi 30 décembre 2000 :
Veille du réveillon!
Je suis en rogne contre les deux infirmières de garde ; elles m'ont engueulé parce que je demandais un "Gaviscon" pour mes brûlures d'estomac. Je suis sorti de l'infirmerie en disant : "excusez-moi de vous avoir embêté!". Heureusement que je suis sous calmants. Mis à part le manque de soins infirmiers, je ne suis pas trop mal ici. Mais je commence à avoir envie de travail, moi !
Et oui, je veux rentrer dans le système pour avoir la paix!
Par exemple, je pourrais naviguer entre mon studio (proche de Paris) et chez mes parents (en Normandie), pour retaper mon chez moi tout en suivant mes cours par correspondance. Il faudrait que je demande une carte électorale, que je tienne mes comptes et paye les charges. Cela me demandera beaucoup d'organisation. Sinon, je peux toujours redevenir punk à Bordeaux!...
Dimanche 31 décembre 2000:
10H15 :
J'ai bien dormi et d'un trait, cette nuit. Il fait - 2°c dehors et du soleil. J'ai un peu mal au crâne. J'ai du mal à uriner ; j'ai parfois mal aux testicules. L'eau minérale est payante, ici alors on est un peu forcé de boire l'eau du robinet. Mon ventre grossi et dégrossi à vue d’œil. Je fais quelques mouvements de gymnastique seul dans ma chambre, des trucs de filles ; ça ne change rien. Je crois que les femmes de ménage arrivent, je quitte ma chambre.
11H50 :
J'ai pas mal joué au ping-pong ce matin, avec Sébastien et d'autres. Je n'ai plus beaucoup de cigarettes. Je viens d'apprendre que l'on avait le dimanche, exceptionnellement le droit d'aller au village le matin, pour les cigarettes. C'est trop tard pour moi, tant pis.
17H05 :
Je pleure tout seul dans ma chambre. Je n'ai plus confiance en ma plume, de toute façon, je suis nul en orthographe.
Je pleure, je pleure, je rechute, je crois. Je suis si seul. Je dois sûrement bien le mériter... Je ne sais même plus écrire. J'aimerais trouver des vieux livres vierges. J'aimerais être beau, riche, courageux et héroïque. La nuit tombe, il est dix-sept heures vingt-cinq. Le ciel est couvert.
Il me reste une cigarette que je compte fumer à minuit à ma fenêtre. J'attends avec impatience le dîner. J'ai intérêt à en profiter car je n'ai plus rien dans ma chambre. Ils vont sûrement nous forcer à danser sur de la musique disco bidon. J'aimerais tant être à H. et refaire la fête avec les autres ; mes anciens amis. Je n'ai donc personne sur qui compter. Je prends un air ébahi en regardant le ciel. J'ai froid, j'ai peur. Je suis de mauvaise compagnie ; je ne le fais pas exprès.
21H25 :
Nous avons super bien mangé. Dans la salle tout le monde danse sauf moi qui suis dans ma chambre, sur mon lit...
Le rideau de ma fenêtre est bien remonté jusqu'en haut pour fumer ma clope comme prévu à minuit. Il y a une émission de variétés à la télé. Je n'arrive pas à m'amuser. Il ne me reste pour écrire que deux petites feuilles blanches de rien du tout. Ça me gratte partout. C'est mal barré pour la clope, il pleut! Je meurs de sommeil. Je ne tiendrai jamais jusqu'à minuit. J'ai peur de m'endormir trop tôt est que de mauvais esprits ne me chahutent sans que je m'en aperçoive. Je vais aller regarder la télé avec ceux qui comme moi n'aiment pas trop les festivités.
Lundi 01 janviers 2001:
11H30 :
Je retrouve le goût d'écrire. Je n'ai plus de cigarettes.
16H00 :
Une vieille dame vient de me remercier pour lui avoir dit l'heure. Exactement comme dans l'histoire que j'ai commencée aujourd'hui. Il me faut absolument du papier.
Mardi 02 janvier 2001:
16H30 :
J'ai fais tourner une lessive, mais les femmes de service ne veulent pas sécher le linge au sèche-linge; elles disent ne pas avoir le temps. Alors il sèche par grande pluie sous un minuscule appentis. J'ai fais un petit scandale, l'infirmier stagiaire m'a garanti que le linge ne s'envolera pas. On verra.
Sinon je suis allé au village, m'acheter plein de cigarettes. Je vais quand même surveiller mes vêtements. Il ne me reste que quarante-huit francs. Normalement, demain, je dois aller à Bordeaux ; je m'achèterai un manteau.
17H00 :
Je viens de boire un chocolat chaud à la cafeteria, mais je n'avais pas de ticket, l'infirmier m'a affiché en criant tout haut : "Est-ce que quelqu'un peut vendre un ticket à Alexandre?"
Un jeune est venu me dépanner puis je suis allé m'assoir au fond tout seul.
La nuit tombante, j'irai voir mon linge.
J'essaie d'écrire alors que je suis un personnage du roman de la terre.
Mes serviettes de toilette puent le poissons!
Mercredi 03 janvier 2001 :
10H15 :
Toujours pas de sortie pour Bordeaux! Normalement je devrais voir le psychiatre demain matin puis peut-être y aller. Je suis pressé de partir d'ici. Je m'embête un peu beaucoup. Cela dit, il faut admettre que je ne suis pas encore très bien. J'aimerais être chanteur! Il ne pleut pas, il n'y a pas de vent et pas de soleil. Donc mon linge sèche toujours dehors. Aujourd'hui ça va être une longue journée, je suis réveillé depuis cinq heures du matin.
11H30 :
Il y a du soleil, mais comme de juste mon linge est à l'ombre! Je m'emmerde comme un rat mort. Je n'ai pas trop le goût d'écrire. Je ne loue même pas de livre. Je lave caleçons, chaussettes et tee-shirts à la main, dans le lavabo de ma salle de bain, tous les jours. Je vais devoir changer de vêtements moins souvent, vu la galère que c'est pour la lessive. Cet après midi, j'irai à Cambes pour changer, après la sieste.
13H45 :
Je viens de décrocher mon linge encore trempé pour le mettre à sécher dans ma chambre ; il y pend partout de mon linge en abondance. La psychologue veut me voir dans un quart d'heure.
14H40 :
Je reviens de l'entretien ; ça va. Je m'apprête à partir pour Cambes. J'espère qu'on va me laisser y aller. Je n'ai rien de vraiment chaud et sec à me mettre. De toute façon, j'en est ma claque des lessives ; je vais commencer à devenir sale!...
Voyons combien il me reste : quarante six Francs cinquante. Il dois me rester trois unités sur ma carte téléphonique. Je pourrai appeler chez moi.
17H00 :
Je reviens de Cambes, il n'y a pas de distributeur à billets alors j'ai acheté directement une cartouche de cigarettes et j'ai bu un verre de ma boisson préférée. J'ai essayé d'appeler à la maison, ça ne répondait pas alors je me suis servi de la touche verte, mais après avoir laisser mon message, j'ai oublié d'appuyer sur la touche *!
19H30 :
Je vais bien. Mon linge est toujours trempé et dehors. Aujourd'hui, j'ai eu ma très grande sœur au téléphone. Il y a un cours de littérature de deux heures. Je n'y vais pas je suis trop crevé. Je vais prendre mon traitement de bonne heure. C'est à dire à neuf heures moins vingt ; dans une bonne heure. J'ai croisé le type avec qui je dois aller à Bordeaux demain, mais on ne s'est pas parlé, et personne, chez les médecins et aides soignants ne m'en a parlé. J'espère que ce sera OK, j'ai un peu le trac.
Normalement, je dois recevoir un colis de mes parents demain avec du chocolat dedans. Qu'est-ce que je peux être ridicule ; ce que je hais les gens ; ce que j'ai honte de moi!
Jeudi 04 janvier 2001 :
11H30 :
C'est d'accord pour Bordeaux demain avec l'autre, sa copine et une jeune femme de trente et un ans (c'est moins sûr pour elle). Il fait beau.
Il faut quand même que j'organise ma journée de demain : Manger plus tôt que les autres le midi ; pour avoir le bus de midi cinquante quatre. Il me faut quarante six francs pour l'aller et le retour. Il me faut revenir vers dix huit heure.
Hier, je suis allé à Cambes, où j'ai acheté une cartouche de cigarettes, ce qui me permet d'avoir de la monnaie en en vendant un ou deux paquets.
17H20 :
Je suis furax ; on me réveille en pleine sieste pour une expédition "aller retirer de l'argent à Créon ou une autre petite ville". Et pour une patiente qui ne trouvait pas de distributeur adapté à sa carte bancaire, il nous a fallu aller jusqu'à Bordeaux en mini bus et l'à-bas pas moyen de descendre du petit bus! Je suis révolté, je commence à croire que je ne foulerai jamais mes pieds dans cette ville.
Nous verrons demain.
19H30 :
Je viens de finir de manger. Juste avant il y a eut une baston ; un jeune type a voulu planter un autre jeune avec un couteau rond de cantine! Ils ont été séparés par le cuisinier.
J'ai envie d'écrire, d'écrire, d'écrire ; mais je ne suis déjà plus dans ce que j'ai commencé. Et je risque de continuer à écrire sans fin, pourtant il faudra bien que j'arrête pour m'éditer.
Je ferais bien d'écrire à quelqu'un, mais je suis limité en enveloppes et en timbres. Je sens que ma sortie à Bordeaux va encore tomber à l'eau.
Aujourd'hui, j'ai entrepris de laver mes serviettes de bain, c'est infernale à faire sécher. (ma mère ma envoyé de la lessive exprès pour ça)
Ce soir, comme tous les soirs on vote deux films en levant la main quand on mange; c'est un infirmier ou un patient volontaire qui lit tout haut le programme télé du jour. Les plus nombreux à préférer un film le font passer sur la grande télé et le deuxième film qui a le plus de voix passe sur la petite télé. Moi je ne lève jamais le bras parce que je suis souvent couché vers neuf heure.
Vendredi 05 janvier 2001 :
09H10 :
C'est à l'eau pour Bordeaux ; Jérémy ne veut pas y aller parce qu'il pleut! Je suis écœuré. Je vais quand même aller à la gym ce matin, dans vingt minutes. J'ai le morale à zéro. Les jours commencent à se ressembler et je n'aime pas ca. J'ai mon caleçon, mes chaussettes et mon tee-shirt d'hier qui trempent dans mon lavabo.
10H45 :
Jérémy, Anne et moi venons de décider d'aller à Bordeaux lundi, mais je n'y crois plus! Sinon je reviens de la gym, ca a été très dur.
11H10 :
Cette hospitalisation est débile, je me sens dix fois moins bien qu'en arrivant il y a dix huit jours. Le téléphone du couloir sonne, j'espère que c'est pour moi. Je ne décroche jamais sinon il faut aller chercher la personne demandée.
17H00 :
Tout à l'heure il y avait une dictée ; l'infirmière a eut le culot de me demander où j'en étais pour Bordeaux!
19H50 :
J'ai des brulures d'estomac. J'ai un peu moins peur. Mais j'ai tout de même l'intuition que l'on m'en veut ici. Ce week-end va être pourri. Toujours pas de sortie à Bordeaux pour moi...
Samedi 06 janvier 2001:
09H00 :
Je suis réveillé depuis quatre heures ce matin à cause de la conversation de deux patients bien trop matinaux. J'ai pris mon traitement et mon petit déjeuner. J'attends qu'ils ouvrent la cabine téléphonique pour appeler chez mes parents et ma grande sœur, son mari et mon petit neveu.
17H20 :
J'angoisse toujours et j'ai peur de parler. Je repique à fond. Le personnel est froid avec moi ; certains grimassent, d'autres me collent dans le vent... Il y a des vols dans la cliniques ; je dois faire attention.
Dimanche 07 janvier 2001 :
10H50 :
Je suis dans ma chambre, une femme de ménage y est aussi... Croustillant, non?! Je suis tout troublé, elle est craquante, ah, mais déjà partie. Je vais bien aujourd'hui, c'est souvent le soir que ca se dégrade, quand la nuit tombe.
J'ai essayé tant bien que mal d'agrafer ce que j'ai déjà écrit, pour ne pas en perdre, ni qu'on lise à mon insu.
13H05 :
Je parle beaucoup avec Bernard, mon voisin de table. Nous sommes six à la mienne et sommes servit. Bernard est un ancien capitaine de l'armée, mais il est quand même agréable!
J'ai bien mangé. Je vais fumer une clope et faire la sieste. J'ai eu mes parents au téléphone tout à l'heure, c'était bizarre. J'ai vraiment des problèmes d'orthographe ; voilà encore une plainte contre l'Éducation Nationale...
Mardi 09 janvier 2001 :
14H40 :
En voulant aller au village à Saint-Caprais avec un autre patient, je me suis fais bouffer le mollet par un griffon échappé de sa propriété. Cela s'est passé à mi-chemin entre la clinique et le village, j'avais peur de repasser alors nous avons continué jusqu'à Saint-Caprais où j'ai pu appeler à la clinique pour qu'on vienne me chercher. L'infirmière qui est venu avec le mini bus m'a d'abord emmener comme exemple à la Mairie (je suis la cinquième victime de ce chien) pour que le maire constate ma morsure importante et mon jean déchiré. De retour à la clinique, on m'a désinfecté, mis un pansement alcoolisé et demain un médecin viendra me consulter et vérifier mes vaccins en plus de médicaments contre je ne sais quelle maladie.
Je suis allongé sur mon lit, le pied reposant en hauteur sur le manche du fauteuil, ca peut aller.
Sinon, ce matin j'ai vu le psychiatre qui ne savait pas quoi faire de moi, parce que mon père lui a téléphoné, lui disant en gros, qu'il ne voulait pas de moi pas guéri. Avant cela, le psychiatre était d'accord pour que je parte le 17. Plus maintenant.
Vous connaissez la meilleure? Et bien le psychiatre m'avait justement, pour me faire patienté plus longtemps à la clinique, autorisé à aller seul à Bordeaux demain! Bien entendu le médecin généraliste me l'a formellement interdit pour ma blessure...
Ce midi, j'ai beaucoup pleuré, parce que j'avais projeter de quitter la clinique le dix sept, presque en même temps que l'anniversaire de ma mère ; elle aussi était ravie à cette idée mais c'est reporté. J'avais écrit une lettre d'insultes à mon père et j'étais sur le point de couper les ponts avec lui à cause de son coup de fil au psychiatre. Mais j'ai en fait récupéré par miracle la lettre et j'ai appelé mon père pour m'expliquer calmement avec lui. Apparemment, j'aurai mal compris, car au contraire, le psychiatre voulait bien me laisser partir le seize, à condition que j'aille dans un hôpital de jours, trois-quatre fois par semaines.
Mon traitement a légèrement diminué.
J'ai la rage contre ce putain de clébard et peut-être le tétanos!
C'est donc une drôle de journée. Hier je n'ai pas écrit. J'ai loué Dersou Ousala de Vladimir Arseniev.
La scène de la morsure du chien me trotte encore dans la tête. Je marchais tranquillement, nous discutions et dépassâmes la maison du chien, quand celui-ci nous a rattrapé ; Olivier c'est retourné et a dit : "tiens, voilà le chien". Je n'ai pas eu peur tout de suite, il ma chiqué d'abord doucement le mollet droit sans que ca me face mal, là j'ai eu peur, je me suis agrippé à olivier et c'est là qu'il ma violemment mordu le mollet gauche. Nous avons continué d'avancer vite, le chien n'a pas suivi et j'ai pu un peu plus loin expertiser les dégâts : mon jean déchiré en longueur et une bonne morsure avec entaille. J'ai trouvé mon soin un peu léger.
19H50 :
Je suis dans ma chambre, ca va bien, je suis fatigué.
Mercredi 10 janvier 2001 :
13H20 :
C'est bien foutu pour Bordeaux. Je poireaute pour mes soins.
Jeudi 11 janvier 2001 :
09H00 :
J'ai mal au ventre, je vais à la gym dans une demie heure. Je dois attendre qu'il soit dix heures pour mon soin du mollet. Je devrais normalement pouvoir aller à Bordeaux enfin cet après midi. Hier soir j'ai écrit une nouvelle dramatique : "l'homme qui ne pouvait pas aller à Bordeaux!!" C'est vrai que ça fait deux semaines et demie que je demande à y aller. Il faut que je parte à douze heures quarante cinq. Ça va être compliqué ce matin, parce que mon pansement est à dix heure, le psychiatre entre onze heures et douze heures trente, la gym de neuf heures quarante cinq à dix heures quarante cinq et le déjeuner à douze heures trente! Mais bon, j'ai l'habitude, mon ubiquité tient toujours la route. En même temps je fais ma petite lessive...! Et je dois surmonter mon envie de m'énerver. Je prends même le temps de fumer une clope.
09H30 :
Ça y est, là c'est sûr je vais à Bordeaux : j'ai gagné! En plus il ne fait pas beau, il va y avoir moins de monde. Bon, je vais à la gym. J'ai un peu peur quand même.
Préparation pour Bordeaux : Un jean
Ma grosse chemise à carreaux
Mon K-way noir à capuche
Un gros sac dans un petit
Mon porte-feuille
Un stylo
Du papier
12H27 :
Ça y est, je pars pour l'après midi à Bordeaux.
16H20 :
Je suis à la halte routière à Bordeaux, il me reste une heure à attendre le bus du retour. Je me suis mis au sec à l'intérieur de la halte, il commence à pleuvoir. Je me suis acheté mon manteau, il me plait. J'ai fait deux cafés différents. Il va bientôt faire nuit. J'ai acheté des cigarettes et j'ai retiré cent francs.
20H00 :
Je suis bien revenu. Je range toutes mes affaires. Tout va bien. Il me reste environ quatre vingt francs en liquide. Je suis dans ma chambre, on m'a refait mon pansement, je n'ai pas trop mal. Je suis lavé de la tête aux pieds. Je fume moins. Mon ventre par contre est toujours aussi gros. J'ai beau aller à la gym régulièrement et faire des abdos, je ne parviens pas à le faire fondre.
Vendredi 12 janvier 2001 :
08H50 :
Je suis de mèche avec un écrivain. Il a lu ma nouvelle, qu'il a apprécié, et je lui ai donné un poème. Il dit qu'il y a beaucoup trop de fautes d'orthographe. Je ne me souviens plus de son nom. Il a la cinquantaine, des yeux bleus et un chapeau.
11H25 :
Je viens de m'engueuler avec l'infirmière qui nous a fait la gym ce matin, parce que j'attends mon soin que le généraliste a ordonnancé le matin et qu'il est déjà si tard. J'ai appelé mon père pour lui signaler que le psychiatre veut me garder encore quinze jours, voire un mois. Je me suis encore engueulé avec lui, je lui ai raccroché au nez.
Samedi 13 janvier 2001 :
06H45 :
J'ai très mal dormi. Je me suis levé plusieurs fois pour fumer. J'y retourne. J'ai très très faim et j'ai des nausées.
06H55 :
L'infirmière vient de me donner du smecta pour mes douleurs au ventre. Je suis complètement affaibli. J'ai trop envie de quitter cet endroit. Envie aussi d'aller bien et de retrouver ma famille, mes affaires, ma vie...
09H05 :
Je poireaute toujours pour un pansement. Je viens de faire ma propre gym à la sale de muscul ; vingt cinq pompes et quinze abdos courts. Mon ventre est toujours aussi horrible.
10H20 :
J'ai enfin eu mon soin et ma mère au téléphone. Je lui ai dit que je partais mercredi dix sept comme convenu.
11H37 :
J'ai battu Sébastien au ping-pong pour la première fois.
Samedi 14 janvier 2001 :
11H05 :
Je reviens de Saint-Caprais avec Daniel, l'écrivain. Nous parlons beaucoup et avons tenu tête au chien. Depuis hier, je n'arrive plus à écrire. C'est signe qu'il faut que je parte d'ici. Je suis tout excité, bien que j'ai eu un haut le cœur il y a cinq minutes qui m'a donné un goût de vomis dans la bouche, je me suis brossé les dents et ca va.
J'ai acheté un paquet de cigarettes. Je n'ai plus un rond.
19H10 :
Je suis dans ma chambre, je chante.
J'aime la vie parce qu'elle a une fin.
Dimanche 15 janvier 2001 :
09H20 :
Je m'apprête pour la gym. Ensuite le psychiatre, je lui dit que je m'en vais et voilà!
12H05 :
Engueulade avec le psy, grâce à laquelle je pars lundi (six jours).
14H10 :
Je me prépare à aller à Saint-Caprais ou à Cambes.
17H30 :
Je fais tourner ma troisième et dernière lessive içi. C'est à l'idée de partir dans une semaine, que je commence seulement à me sentir bien.
M, de ma classe de l'an dernier, m'a téléphoné. Nous avons prévu un rancard avec aussi Larsen à Rouen dès que je me sentirai mieux.
Lundi 16 janvier 2001 :
09H05 :
Je me suis fait traiter de non-galant par l'infirmière, et incendié de non-politesse. Il est vraiment temps que je partes.
14H45 :
Il fait un beau soleil, ma lessive sèche dehors, je m'embête en attendant.
16H55 :
Tout mon linge et sec et rangé dans l'armoire. Je n'apprécie plus mes cigarettes ; c'est peut-être l'occasion d'arrêter.
Mardi 17 janvier 2001
05H55 :
Je suis réveillé depuis une bonne heure, excité par mon proche départ. Je pense qu'il me faudra au moins un an pour écrire mon livre. Sans compter qu'il faut que j'arrête mon journal, puisqu'il faut une fin!
L'infirmière me demande d'aller me rallonger. J'ai mal à la gorge, de tant fumer à jeun.
08H20 :
J'ai rêvé de Marie-Astrid. Il faut dire que j'ai laissé un message sur le répondeur de ses parents hier pour savoir si je pourrai récupérer mes livres scolaires restés chez elle. J'ai dix-sept francs dix cts. Il me manque cinq francs quatre vingt dix pour prendre le bus ; il me faut retourner à Bordeaux pour me racheter un pantalon aux frais de l'assurance de la clinique ou des propriétaires du chien.
J'ai re- dormi un peu entre six heures et sept heures. L'infirmière de nuit réveille tout le monde à sept heures alors que traitement et petit déjeuner sont à huit heures trente.
08H35 :
Et voilà le travail! J'ai vendu un paquet de cigarettes et maintenant je vais pouvoir repasser à Bordeaux, si j'en ai le droit. Il faudra qu'il y ait un distributeur qui marche là bas pour le retour.
On attend tous le traitement et la bouffe.
09H25 :
J'ai l'accord pour Bordeaux cet après midi. Donc je vais à la gym, puis je préviens le cuisinier (pour manger avant), ensuite douche, je me prépare et je prends mon traitement et mon déjeuner et c'est parti.
11H15 :
Tout est ok pour Bordeaux. J'espère qu'il ne m'arrivera rien et que je reviendrai comme la fois dernière avec ma mission accomplie.
13H55 :
Je suis dans un bar Bordelais, rue Sainte-Catherine. Je bois un petit rafraichissant, je fume une clope, j'ai appelé ma mère. J'ai pu retirer de l'argent, maintenant je vais me balader pour trouver un pantalon.
14H10 :
J'ai acheté deux pantalons, j'attends le bus dans un splendide bar. Neuf francs l'espresso.
17H45 :
Je suis dans le bus de retour.
19H25 :
Je suis à la clinique, dans ma chambre, je range tout.
Jacky m'a écrit.
21H30 :
Je suis bien au calme dans ma chambre. J'ai pris mon traitement, je vais bientôt dormir.
Mercredi 18 janvier 2001 :
11H05 :
Je me démène pour obtenir réparation de mon jeans déchiré par l'attaque du griffon. La facture du jeans déchiré est de trois cent quatre vingt quatre francs, et comme de juste, je me suis acheté un jeans à deux-cent-quatre-vingt-dix-neuf francs et un pantalon à quatre-vingt-quatre francs!
La lettre est rédigée ; il faut que je la photocopie et que l'on me donne l'adresse des gens au chien.
14H10 :
La lettre est envoyée.
15H15 :
Je m'éveille de la sieste.
15H40 :
J'arrête définitivement mon journal, pour faciliter sa mise à jours.
Discours libre ou départ de ma confiance.
"Que mon départ est tôt ce matin, en cette journée mortuaire ; j'aimerais qu'il le soit d'avantage, comme jamais il ne le fut.
De la folie? Mais oui bien sûr, pourquoi pas?... Voyons ce que cela m'apporte : de la méfiance mélangée à de la reconnaissance ; Et puis mes silences emplis de souciance pour n'importe quelle danse ; ca peut continuer, ca peut diminuer et même empirer, en République!...
Voyons le social qui est si docile, qu'il en devient débile. Sillonner des êtres qui tuèrent les bêtes. Bêtes à leur tour, ca fait un détour, n'est-ce pas des vautours? Les dents comme becs, charognant en traitre ; les fait-on renaître?
Il est déjà plus tard, mon pauvre départ s'attarde. Et si je restais? Pour voir; voir ce que je ne pourrai pas après puisque parti. Parti du discours de ma solitude, si je la laissais, nous pourrions être deux!
Comment commencer pour vite en finir avec ce discours. Je m'y suis perdu, et peut-être trouvé. Maintenant je m'en vais, je te laisse aller et me prends en main, à jamais." H 22, le 13/O1/01
JUILLET_AOUT 2005 ETATS-UNIS
25/07/05 :
Mes chers amis, me voilà à New-York depuis le 18 juillet 2005.
Mais d'abord, je vous dois un petit résumé de ma vie...
Après avoir arrêté la fac, je suis parti vivre six mois au Pays de Galle où j'étais serveur. A mon retour j'ai été barman faubourg st honoré à PARIS ; J'ai travaillé dans une menuiserie d'aluminium à Acquigny où j'ai monté des châssis de fenêtres industrielles, j'ai effectué des livraisons (catastrophiques!) et j'ai participé à la pose... Ainsi que Casablanca, l'été dernier, dans la lithographie, sur P.A.O., seulement un mois, j'aurais pu réussir ma vie, là-bas mais ca ne m'intéressait pas!
J'ai essayé l'usine, l'intérim, sans grands intérêts!
J'ai changé de psychiatre, et surtout depuis quelques temps j'ai rencontré Cécilia, une Parisienne (d'origine Taïwanaise), avec qui je suis très bien...
Elle est très douce et m'apporte tout à coup un grand réconfort. Mais elle est partie pour trois mois à Taïwan afin d'améliorer son chinois (elle parle cinq langues).
Depuis quelques semaines, une dame à la Mairie de Courbevoie me soutient dans ma recherche d'emploi. On a essayé plein de possibilités ensemble pour mon avenir professionnel... et j'ai envisagé de partir travailler au Canada pendant un an mais comme Cécilia revient le 15 septembre, je préférais ne pas m'absenter ; je suis si bien avec elle...
J'ai donc simplement décidé de partir un mois aux États-Unis, en vacances!
Et me voilà donc à New-York!
D'abord problème à l'aéroport de Roissy ; j'ai oublié mon passeport à Courbevoie! Ma mère à donc fait la route de H. à Courbevoie (parce que de toute façon les clés de l'appartement étaient à H.) puis me l'a apporté à l'aéroport ; j'ai donc raté mon vol mais j'ai été reporté au vol suivant. Je suis donc arrivé à New-York à 21H. J'ai rencontré Francis dans l'avion, un français de soixante cinq ans environ qui a vécu 23 ans aux States. Il m'a beaucoup parlé des U.S. et m'a proposé de me conduire hors de l'aéroport dans une Pontiac rouge de location jusqu'à mon YMCA. 135 West Harlem. J'avais peur que ce soit un psychopathe! Mais non, il est libraire à Paris Montmartre...
Le premier jour, je suis allé me promené sur la baie de New-York, superbes plages à pertes de vue, mais personne! La plage n'est pas exploitée à N.Y., peut être trop de pollution, ou la mer trop dangereuse, ou des requins... ou les trois!
Je me suis aventuré dans Manathan, et j'ai vu la cathédrale d'Harlem.
Le lendemain, Francis est passé me prendre et on a fait un tour de la ville, il m'a laissé son adresse à Paris.
Les autres jours je me suis promené seul, même dans Queens, même dans le Bronx, j'ai vaguement vu le New-Jersey...
Je me suis fait faire un massage par une indonésienne dans Chinatown... Je prends quelques photos avec mon téléphone portable. Je consulte internet dans les restaurants. Dans ma chambre, j'ai la télé, un frigo et la clim. Mais les WC, douches sont dans le couloir. Je me suis acheté une carte de métro. Mais il n'y a pas de camping à New-York!
En bas de mon YMCA, j'ai la piscine, sauna, salle de muscul, gym, terrains de sport... gratuits. (moi je n'utilise que la piscine et le sauna, il y a des sèche-maillots électriques). Dans les fast-food, c'est soda à volonté et internet (mais le coca est dégueulasse ici, c'est moi qui dit ca!). J'ai une carte de téléphone aussi pour appeler Cécilia ou mes parents. J'ai six heures de décalage horaire avec Paris et douze heures avec Taïwan, Cécilia.
J'ai rencontré Pascale, dans le métro, une top modèle de 24 ans, d'origine Camerounaise, dont la mère est française et le père Américain.
J'ai passé deux jours avec et je la revois demain. Je suis allé chez elle tout à l'heure regarder « Friends ».
Tout à l'heure j'ai rencontré un black du 78, qui était étonné que je viennes aux U.S. tout seul! Lui passe son temps içi dans une sorte de Kebap!
Il fait super beau et très lourd. J'ai posté dix cartes postales (1$ le timbre!), 20 cents la carte (pourries soit). A Rod, Nico, Jonas, Charles, Jacky, Flavie, Nadia, Parents, Charlotte, Sandrine et leurs familles.
La clim est à la place de la fenêtre! Mais je peux voir dehors quand même, mais sans pouvoir ouvrir!
Hier soir, j'ai été voir un film d'horreur : DARK WATER avec Pascale, avant nous avons dîné dans un superbe restaurant sur la 42 ème rue.
Nous avons fais une promenade dans HYDE PARK, c'étaient des moments inoubliables.
En rentrant je projète de faire une école de relations internationales, j'ai un concours à préparer...
Je pars le 28 pour la Californie : San-Francisco, puis Los-Angeles, je compte aussi voir Hollywood.
26/07/05 :
J'ai revu Pascale pour la dernière fois, car elle part dans Huston, pour une semaine demain, puis elle va à Paris huit jours mais pas moi!
Ils ont lancé une fusée aujourd'hui.
J'ai acheté deux cadeaux pour Louis et pour Marie (mes neveu et nièce).
Je suis aussi monté en haut de l'Empire S.B., j'ai pris plusieurs photos.
Demain c'est mon dernier jour. J'ai écris deux poèmes et j'envisage d'écrire une nouvelle : BAMBINO. Je suis content d'avoir repris mon journal, même s'il semble moins drôle que ceux que j'écrivais avant! Peut-être que c'est parce que je vais mieux...(je me comprends)
J'avais ralenti le tabac, mais de nouveau, c'est un paquet par jour. Je trouve même, les CAMEL plus assez fortes pour moi.
Il faut pourtant que j'arrête avant le 15 septembre parce que ca ne plait pas beaucoup à Cécilia... ah les filles!
05/08/05 :
Je suis à San Francisco depuis le 28 juillet, dans ma chambre d'hôtel, tout va bien. J'ai passé deux nuits dans un YMCA, ici, puis comme je n'avais pas réservé suffisamment à l'avance de nuits (à cause de ma fâcheuse manie de vouloir trouver plutôt des campings!), ils me mettaient à la porte pour une nuit puis me proposaient de me placer dans une chambre à quatre ( à tarif imbattable soit), mais comme mon hôtel de remplacement proposait des prix plus attractifs pour les chambres seules, j'ai joué au plus con, et j'ai changé de crèmerie.
J'ai rencontré Kundra, une africaine de 48 ans, j'ai passé une soirée avec elle seulement... Elle prenait du crack.
J'ai quitté New-York sans trop de regrets, 5 H d'avion, pendant l'heure du déjeuner, et ils n'ont même pas distribué de repas!
J'ai déjà acheté mon billet de bus pour Los Angeles, je pars après demain!
J'ai adoré San Francisco, c'est un peu comme Amsterdam, sans les canaux...
J'ai acheté des cadeaux pour Alice et Antoine, mes deux autres neveu et nièce, puis pour mon père, Rodolphe, Cécilia, moi. Il ne reste plus que ma mère, il faut bien en garder pour L.A.!
Je vais peut-être louer une voiture à L.A., pour aller à Hollywood.
Voilà tout!
10/08/05 :
Me voici à Los Angeles depuis le 7. J'ai fais 14 heures de bus. Route merveilleuse à travers la Californie... Une vieille dame dans le bus m'a tenu compagnie ; très cultivée et très intelligente, elle a voyagé toute sa vie. Nous avons parlé politique, etc. Elle me disait que les États-Unis et l'Europe avaient toujours été des amis de l'Iran et de l'Irak... Elle disait aussi que les anglais étaient en train de perdre leur langue à cause de l'américain contrairement aux français... Et que Lady Diana avait été liquidé par la reine... (je lui ai répondu que j'appréciais son point de vue) Elle m'a laissé les coordonnées de son jeune frère qui travaille dans un cirque.
On me dit sans arrêt de faire attention, partout, que c'est dangereux... Mais moi je ne vois rien de dangereux! Il ne m'arrive rien... Au contraire!
Hier j'ai vu le QUEEN MARY, qui est accosté à L.A. (j'ai tout de suite pensé à Koldo, ce fameux Basque, rencontré au Pays de Galle, serveur qui partageait ma chambre, ami anarchiste ; il m'avait parlé de partir sur le QUEEN MARY après..) J'aimerai bien essayer d'aller le demander à bord.
En rentrant j'ai rencontré un Mexicain électricien, qui avait peur des asiatiques, je lui ai dit que ma copine était taïwanaise et il a répondu que les taïwanais, eux sont gentils...
Je prends des photos, je fais les boutiques, j'ai trouvé à San Francisco une sorte de robe pour Cécilia et à Los Angeles une bague en or blanc (14karas) avec un diamant que j'ai bien marchandé. Mais je suis quand même déçu parce qu'après j'en ai vu des mieux! N'empêche que je n'ai jamais vu autant de si belles bagues de ma vie!
Je suis hors forfait maintenant sur mon téléphone.
Mes parents sont rentré de leur voyage dans les Pays Baltes et Russie. J'ai plus ou moins l'intention d'acheter un coffre fort pour ma mère, elle a toujours rêvé d'en avoir un à elle! Mais le problème c'est que c'est lourd pour l'avion!
Ça risque de me coûter cher en surplus de bagages mais au point où j'en suis...
Ici les gens communiquent facilement entre eux, ils sont complices... Par exemple quand quelqu'un n'a plus besoin de sa carte de bus/métro il l'a tend à quelqu'un d'autre dans la rue qui attend.
Les filles se retournent sur moi dans la rue! Je n'avais jamais connu ca avant!
A la T.V. Ils passent souvent « Friends », et « Les Simpsons », il y a une chaine : playboy ; que du X 24h/24, c'est très thérapeutique!
Aux infos, quand quelque chose ne leur plait pas, il n'en parle pas. Comme pour Mickaël Jakson, c'est variant.
Où l'avion Air France qui a raté son décollage et qui n'a pas fait de victime au Canada!
J'ai des cadeaux pour Rodolphe et mon père et mes quatre neveux. Il faudrait que je trouve une bricole pour Charles.
Ce matin, j'ai appelé Zezette, un jeune intellectuel de mes amis, qui n'en revenait pas que j'étais à L.A.! Il m'a dit, « toi quand tu pars en vacances, tu pars en vacances! »
Je revois ma chérie dans un mois et cinq jours... Je fume toujours beaucoup trop!
(un paquet par jour) Le tabac est moins cher ici. Les CAMEL sont fabriquées en U.S. et non en Allemagne. J'ai l'impression qu'un paquet de cigarettes ici est beaucoup plus léger en poids qu'en France.
Je prends le bus, le métro, le taxi, mais j'ai l'impression d'avoir déjà fait le tour de L.A., il faut que j'aille à Hollywood!
Le soir où je suis arrivé, ils tournaient un film en pleine nuit dans la rue, avec une voiture française Peugeot 607, rouge, garée sur un trottoir en travers, c'est la seule voiture française que j'aurais vu aux States...
A N.Y. J 'avais aussi vu un film (une scène) se tourner dans la rue un soir ainsi que des speakers et speakrines parler devant la caméra prêt d'un camion et une grosse antenne comme dans les films... c'est comme les plaques d'égout qui fument, les escaliers de secours le long des immeubles, les ruelles à poubelles derrière, les cabines téléphoniques avec des téléphones rectangles en alu plus petits que les nôtres, les taxis jaunes, oranges en Californie, ou d'un jaune plus clair qu'à N.Y., les grosses voitures V8...
Je suis dans un hôtel à 50 $ la nuit. J'ai découvert le meilleur fast-food : Karl's JR. J'ai trouvé un livre de Haïkus américains pour mon père : Richard Wright, qui à vécu 40 ans en France.
Je me parle beaucoup à moi même, intérieurement et même à voix haute... Je me saoule moi-même avec mes raisonnements ; Ici, les voitures sont sensationnelles... On voit des gens du monde entier, de toutes les couleurs, toutes les cultures, mais moins de juifs qu'à N.Y.
Je n'ai pas encore rencontrer de nana ici! (à part la vieille!)
Il paraît que L.A. ou la Californie (?) est la septième puissance mondiale. 24 ou 34 millions d'habitants... Il fait un peu plus beau qu'à San Francisco mais toujours beaucoup moins qu'à N.Y.!
Il ne pleut jamais en Californie... A N.Y. Il avait plu un jour...
J'ai assisté à deux arrestations, pour l'instant, c'est pas l'enfer! Mais il y a énormément de clochards dans les rues et qui fument du crack...
Mais moins de drogués qu'à S.F.....
Je commence à avoir envie de rentrer, c'est bien qu'il ne me reste que sept jours... je vais revoir ma Normandie!
12/08/05 :
Je commence à vraiment adorer L.A. contrairement à ce que je pouvais dire il y deux jours! (que j'en avais fais le tour)
Apparemment il y a encore un endroit que je n'avais pas vu, plein de boutiques, comme à San Francisco.
Hier je suis allé à Hollywood, mais je n'ai pas vu les studios qu'on peut visiter, mais j'ai vu les villas, les pavillons, comme à Santa Barbara, Melrose Place, Beverly Hills, Santa Cruise, Passadena, et la grande pancarte HOLLYWOOD comme à SAN FRANCISCO. En revenant il y avait un fou et un homo dans le fond du bus qui s'entendaient comme deux larrons en foire, c'était tordant.
J'ai eu mes parents au téléphone, ca allait, ma mère m'a dit que sur mon compte, il me restait 900 euro, et que je dépensais en moyenne 100 $ par jour ce qui est bien.
Ici il y a deux méthodes pour payer par carte : par débit, il faut taper le code et par crédit, il faut glisser la carte et signer le ticket.
Mon père pense que c'est peut-être pas une bonne idée de ramener un coffre fort pour ma mère par avion!
Il dit qu'une bague serait mieux!
En tout cas j'ai maintenant le numéro d'Américan Air Lines pour leur demander.
Je commence à adorer la chanteuse Jeanne Cherral. (Un ami m'avait chargé un cd sur un mp3, m'y contraignant!)
J'aimerai retourner sur Long Beach (le bord de l'océan). D'ailleurs, j'ai demandé à trois jeunes filles si le bus allait bien au bord de la mer, elles m'ont répondu : la mer ? Tu veux dire l'océan!
Je suis vraiment content d'avoir repris mon journal, c'est peut-être rien, mais c'est déjà ça même si c'est pas quotidien et trop schématique. Parce que j'oublie d'écrire tout ce que j'analyse ici : les gens, la culture, l'argent, la politique, le décor, la nourriture, la T.V., l'architecture, le matériel, les objets , les meubles... Je pourrai presque, du moins je peux comprendre pourquoi les gens reviennent emballés des États-Unis. Je pense même sincèrement que les américains ne méritent pas la haine qu'on a pour eux. J'ai même rencontré un américain à N.Y. Dans un pub irlandais, qui m'a dit : « Ah c'est vous les français qui nous détestaient, et bien nous on vous aime bien! » J'ai eu honte sur le moment d'être français et je me suis défendu en expliquant que tout ca était politique... Et c'est vrai que la France pour eux c'est comme l'Italie, c'est la culture, la mode, un petit bout de charme...
Mais apparemment ils ne savent pas trop qu'on mange mieux qu'eux aussi!
Bref, c'est vrai que ce que j'avais déjà pensé à propos du fait que l'on n'est pas responsable de sa nationalité du fait de sa naissance s'avère juste... Le peuple américain est naïf, ils sont persuadés d'être les meilleurs, d'être les gentils, les plus importants, d'avoir raison, que Dieu les soutient et ca on ne peut pas leur retirer...
Ils croient en Dieu et en dégagent de l'innocence. La plupart sont contre la guerre en Irak, contre Georges W. BUSH, qui seul aussi à le charisme d'être président car élire John Kerry à la place de Bush serait revenu à élire Jospin à la place de Chirac ; les intellectuels ne sont pas des leaders...
J'ai 15 heures de décalages maintenant avec Cécilia et 9 heures avec la France.
14/08/05 :
Voilà, je croule sous les cadeaux! J'ai revu Hollywood, le boulevard principale, avec les étoiles, le cinéma, les boutiques de souvenirs... Je rapporte un calendrier 2006 de Maria CARREY pour Charles... J'ai d'autres cartes postales...
Plus que quatre jours... C'est chiant que Cécilia ne rentre que le 15 septembre!
Hier, j'ai rencontré une écrivain black dans le métro, en allant à Long Beach. Elle était plutôt crado, genre clodo. Mais elle avait un tas de feuilles qu'elle gribouillait. Elle s'est assise à côté de moi, et je lui ai demandé : « c'est un journal intime? »
Elle me regarde et me répond : « je suis auteur! »
Puis elle m'a demandé si j'écrivais... Du coup, elle m'a donné une liste de démarches à suivre pour faire protéger un livre, les droits d'auteur, etc...
Finalement elle est sortie avant moi et je n'ai même pas eu le temps de lui demander son nom!
15/08/05 :
J'ai rencontré GIGI, une petite black qui m'a forcé le pas pour rentrer dans ma chambre fumer du crack...
C'est la troisième en un mois, N.Y, S.F., et maintenant L.A.! Contre trois en 26 ans en France, je me lâche! Je me venge!
16/08/05 :
GIGI vient me voir de temps en temps...
Je suis vraiment pressé de rentrer en France maintenant. C'est après demain!
Ils devaient me livrer le coffre fort pour maman cet après midi, mais ils viennent d'appeler pour dire que ce sera demain matin.
Si ils viennent à 10 H, j'en profite pour essayer d'attraper le vol de 11H32 avec un jour d'avance... je n'ai plus de sous, même pour manger, il ne me reste que des friandises.
RETOUR EN FRANCE
31/08/05 :
J'ai eu un retour épouvantable, chargé de trois bagages beaucoup trop lourds, mon tramway à foncé dans une voiture, puis sans argent j'ai gagné l'aéroport, où j'ai patienté douze heures sans argent, obligé de taxer des dollars aux gens!
Impossible de faire débloquer ma carte... Ensuite mon avion qui rate la correspondance à Chicago... je suis dérouté par Londres! En tout 60 heures d'aéroports et d'avion pour rentrer sans presque manger.
De retour, ca va très mal quand j'ai Cécilia au téléphone ou sur internet, elle est partagée entre moi et un animateur là-bas, avec qui elle ne sort pas, mais qui l'attire à elle patiemment, elle m'a avoué que je ne lui manquais pas, ni la France, pourtant j'ai reçu d'elle chez moi à Courbevoie, la plus belle carte d'anniversaire que je n'ai jamais reçu et que peut-être aucun homme n'a jamais reçu. D'une rédaction époustouflante de créativité et de philosophie, une intelligence débordante en plus de son poème... datant du 13 juillet. Bref je ne sais pas quoi penser... pour l'instant nous sommes toujours ensemble. (elle fait comme moi après tout!)
Voilà moi je révise pour mon concours du 7 septembre 2005; j'arrête de vous ennuyer!
Samedi 11 septembre 2005 :
J'attends que Cécilia rentre pour la quitter...
Sinon mon concours s'est très bien passé ; en tout cas l'oral, j'ai triomphé selon moi, et je n'étais pas pris au dépourvu à l'écrit grâce aux révisions (pas de copie blanche comme je le craignais!)
J'attends que Philippe (le restaurateur en U.K.) m'appelle pour me prévenir quand il y aura une bonne occasion de moto pour moi... Mais il y aura des difficultés pour la faire homologuer en FR...
En ce qui concerne Cécilia, je ne peux pas accepté qu'elle se vante sur internet à tout le monde (moi y compris) de sa relation (même platonique!) avec l'autre enfoiré!
Je ne mérite vraiment pas une telle cruauté...
Je lui dirai tout ca d'un trait et que je ne suis désormais plus qu'un ami, si elle le veut...
A SUIVRE...
Vendredi 21 octobre 2005 :
Bonjour!
Je viens de faire une seconde analyse pour le V.I.H., rapport à mes vacances aux States!
Je suis confiant.
La chose la plus importante probablement, c'est que mon premier manuscrit est en cours de lecture chez Albin Michel ; ensuite, que je continue mes poèmes qui sont biens, j'ai écrit la première nouvelle du deuxième manuscrit dont je suis très content (Une vie d'amour perdu).
Et puis il y a ma cousine Yamna qui est à Paris et dont je suis amoureux (pour changer!). Mais elle repart dans quinze jours à Montréal, après le ramadan qui se termine dans douze jours je crois...
Et puis il y a sa sœur Zineb à Casablanca avec qui je correspond depuis peu, après l'avoir connu trois semaines en habitant dans son appartement il y a un an et demi...
J'ai le soutient de Cécilia dans tout ce que je fais... Mais impossible de contacter Marie-Astrid...depuis deux mois! Sa petite sœur Marie-Anne qui est maman aussi va bien et on se voit de temps en temps.
Il y a un autre bouleversement, ou devrais je dire de violentes agressions du temps! Euryale est enceinte! Elle sera maman au mois de mai!!!! Son copain est un type bien mais je crois qu'il ne m'apprécie pas vraiment parce que je fume et parfois avec Euryale...
Sandrine vient demain à Paris! Elle divorce d'avec Philippe... les pauvres neveux! Marie et Antoine.
Donc je passe l'après midi avec ma grande sœur, puis elle ira dormir chez sa meilleure amie Violette. Je lui ai proposé de rencontrer sa nouvelle cousine Yamna (qui est une des sœurs de la nouvelle femme de mon oncle, le frère de ma mère) ; mais elle a répondu qu'elle préfèrera une prochaine fois, tous réunis en famille, parce que là elle n'aura que quelques heures et préfère les passer qu'avec son petit frère!
Je passe par ailleurs pas mal de temps avec les enfants de mon tonton Raymond que je découvre finalement : Adam et Sophia ; quinze et onze ans.
Je suis fier d'avoir toute une grande famille marocaine! Et pour cause, mon oncle a eu un premier mariage au Maroc avec d'autres enfants, donc d'autres cousins et cousines!!
Je n'ai pas été reçu à mon concours pour l'école de relations internationales ; j'ai flanché à la culture générale, la synthèse de texte! (je sais, je sais!) J'étais au poils pour l'anglais (forcément!) et l'oral...
J'ai été chercher ma moto à Llandrindod (Pays de Galles), elle est magnifique! Mais maintenant je la bricole avant de la passer aux mines, ce qui risque d'enjoliver leur bêtisier...! En fait c'est un chopper qui n'a plus rien d'origine, Charles l'a même qualifié de « rats » ; ce sont des motos (souvent noires ou grises) qui n'ont plus que le stricte nécessaire pour rouler...
Mais je l'aime ma moto! Vous me connaissez! C'est comme ma voiture : deux bijoux rares!
Une FORD ESCORT RS 2000 (de 1992) et une SUZUKI GSX 750 chopperisée (de 1980) !
Donc je cherche à travailler dans la restauration à nouveau, mais je manque de timbres...!
Mais pas question de conter sur Philippe en UK, il est bien au niveau moto, mais ne semble pas vouloir travailler avec moi!
Voilà les dernières infos!
A très bientôt, les amis!
PS : Je touche le R.M.I. Depuis un mois! (plus de taxe d'habitation, de redevance télé et une réduction de téléphone en plus de mes 370 euros par mois environ) Hihi!
Samedi 12 novembre 2005 :
Mes parents sont en voyage d'anniversaire de rencontre. C'est le troisième week-end que je passe avec Yann ; on s'amuse bien! Nous sommes allés deux fois sur la côte, et là, il a passé la nuit dernière à la maison. Nico et Jonas sont venus aussi! Je sais, les nanas se font rares! Il y aurait beaucoup à dire... mais je travaille à oublier!
Avec Yann par exemple, on a fait comme on fait avec Charles des fois : on s'active à mort!
On a recouvert le bassin (contre les feuilles mortes), lavé de fonds en comble sa voiture, continué de réparer ma moto et faite tourner, redresser les roues de la remorque de mon oncle, réparer le flipper, monter un télescope, fait un petit bateau en maquette, regarder un film, cuisiné, mangé, fait un gâteau... On a joué au billard, fumé... musique...
Euryale est venue nous voir!
Thièfaine à ressorti un album! (confidence d'un never been), je ne l'ai pas encore acheté!
Yamna est repartie à Montréal... Je corresponds toujours avec mon cousin Adam (à Paris) et Zineb (à Casa). Avant que Yamna ne parte, le jour où j'ai travaillé (au restaurant de la H. le C.), toute la famille est venue à H., j'ai pu les voir en rentrant. Sorte de Lahide en retard!
Je dois continuer ma sculpture de granit. C'est une femme qui soutient le toit, nue et que son amant enlace...
Pour l'instant j'ai fais un buste en calcaire. Mais ca me plaît beaucoup. Je ne prends pas de cours.
Je découvre Serges Régiani, Georges Baker, Ray Charles... Je sais, je suis en retard!
Je me découvre soudain du respect pour Eddy Mitchel. Et j'aime une seule chanson de Sardou (Marie-Jeanne!).
J'adore aussi Marie-Jeane de Baker.
Quand ma sœur ainée m'a dit qu'elle appellerait sa fille Marie, je lui ai dit que j'avais une faiblesse pour les Maries! Ma nièce et filleule a quatre ans.
J'ai aussi ma moto d'immatriculée! Alléluia! Et ma nouvelle voiture! Ford Mondéo rouge bordeaux diésel!
Donc pour l'instant je n'ai eu qu'un jour de boulot! J'attends la suite!
Je n'ai plus de contacts avec personne d'autre que Euryale, son copain, Yann, Charles (mais peu en ce moment), Nico et Jo.
Flavie ne m'adresse plus la parole. Elle n'a pas apprécié que je donne son numéro à Yann et que je lui réponde de ne pas me prendre la tête pour ca!
Sabrina, l'algérienne, recule chaque fois notre rencard, c'est pour la semaine prochaine à Rouen maintenant, elle étudie là-bas.
A Courbevoie, j'ai mes petites plantes qui poussent. Je suis bien avec tout le monde dans l'immeuble, surtout les vieux et l'architecte en bas. Parce que les jeunes couples ne font que passer...
Mon psychiatre est satisfait de mon raisonnement ; il me trouve très positif.
Je suis définitivement négatif au V.I.H..
Mon autre sœur va bien aussi, ses enfants de même.
Ma moto prend bien forme, je vais la bichonner tout l'hiver pour l'été...
J'ai aussi récupéré la barque chez Martial, qu'on avait trouvé avec Rod et Nic, donc la RODNICTUB est à la maison ; il faut la repeindre et c'est parti!
Mon manuscrit n'a pas été retenu chez hachette! Maintenant, moi j'ai commencé le deuxième livre ; je dois en essayer encore pleins d'autres...
J'écoute des émissions musicales à la radio et ou culturelles à la télé.
Je ne veux pas brader la RS 2000, à 800 euros, alors je l'ai parquée dans le vergé ; je l'entretiens et la ré-assurerai l'été prochain pour traversier la Russie! 50 cts/ litre d'essence là-bas... Je vais être le premier fou si ca se trouve à faire ca! Enfin, pour l'instant je dois me renseigner... Sur des accueils possibles, des contacts, sur place.
Voilà pour l'instant ; Gros biyou à vous!
Lundi 12 décembre 2005 :
22H50 :
Je viens de me rendre compte que j'ai complètement oublié d'aller à la réunion des copropriétaires, qui m'amuse pourtant, d'habitude.
C'est amusant parce que j'entends depuis tout à l'heure l'ascenseur qui s'actionne toute les trente secondes et les gens revenir les uns après les autres ; et moi je suis là, à fumer en bouffant de la pizza et en buvant du thé... J'aurais vraiment voulu y aller ; rien que pour épauler un vieux contestataire que je trouve drôle à ces réunions. Et puis il fallait voter les bidules ; je ne sais pas comment ca va se passer du coup ; mon père dit que ca n'est rien au tél !
Je m'étais promis de ne plus jamais aller en soirée de ma vie depuis cette fameuse chez julien « le petiot », que je m'était ridiculisé à faire du charme à une baleine fermée... Et puis je suis aller finalement à une soirée chez julien « kiki » (du ski!), là où il crèche, c'est à dire dans un HP, puisqu'il est infirmier... C'était pas mal et à ce propos Kiki me propose une nouvelle soirée mais qui se terminerait au restaurant et sachant ce genre de soirée insupportable dans des grandes salles genre usine à gogos avec piste de danse et couillons à la clé, j'ai décliner l'invitation et me retrouve invité à une réunion du personnel au Manoir de la H. le C. où j'ai effectué deux déjeuners en temps que serveur extra. Je dois préciser que la rencontre d'une de mes charmante collègue y est pour beaucoup dans ce choix.
J'ai été viré du Mercure, où je servais les petits déjeuners, et quelques fois les déjeuners et dîners ; il fallait aussi préparer les salles de poses, d'accueils et de réceptions pour les conférences. L'équipe me plaisait bien pourtant, tout le monde m'adorait. C'est sûrement la raison de mon « non renouvellement précipité de contrat ».
J'ai loupé de peu dans le même temps, un entretien d'embauche pour un poste de night audit, à l'Hôtel Ever Green à Levalois Perret. Je les ai scié avec mon niveau d'anglais mais à la dernière question : « que connaissait vous au sujet de notre compagnie? » ; j'ai cru bon de répondre, ne sachant rien à leur propos : « Et bien que vous êtes une grande chaîne hôtelière à travers la France et l'Europe... », et le DRH de me répondre : « Ever Green est une compagnie Taïwanaise de transport et nous sommes le seul hôtel en Europe! » Ah! Où étais-tu ma petite Cécilia? Toi qui l'aurais su!
Voilà, Flavie me fait toujours la gueule je pense, puisqu'on ne s'appelle pas. Pas non plus de nouvelles de Nadia, encore moins de Vincent, Sophie...
Je suis passé voir Alex et Valérie à Rouen ; c'est comme d'habitude mais ils m'ont fait comprendre gentiment de plus passé les voir en semaine... Comme Angelina. Je dois voir Florent bientôt sur Paris. Je ne vois plus beaucoup Samuel (le frère d'Angèle) et Anne. Ni Zezette et leurs amis. J'ai même boycotté un concert de Jean-Marc dit Hofmann, négro, chanteur du groupe hip-hop Dark Jedy de Rouen et vieil ami, vieux canard à moi!
Sabrina et Larsen se sont rencontré!
Il faut que je trouve un cadeau pour mon cousin Adam. Un sweat-shirt. Je n'ai pas eu de contacts avec Yamna depuis qu'elle est repartie à Montréal. Pas d'autre contacts non-plus avec Philippe et Nikie d'UK, qui m'ont vendu la moto.
Je progresse dans le bricolage de ma moto. Ma voiture est réparée (la Mondéo). Je devrais avoir de la part de mes parents à Noël les deux derniers Goncourt, pour comparer les styles...
Moi je n'offre rien à personne cette année, ni ne me déguiserais en père Noël pour qui que se soit.
Il faut dire que ma dernière expérience en la matière chez Marcia ne m'avait pas beaucoup profité!
J'ai des petites plantes qui poussent chez moi mais hier il m'a pris l'idée de les tailler et je crois que c'était une erreur. On verra bien.
Le dernier album de Thiéfaine (son quatorzième) est selon moi l'aboutissement esthétique de la variété contemporaine, mais ca n'engage que moi... Je note que le titre de l'album (scandale mélancolique) ressemble au dernier album de Renaud (Boucan D'enfer) et qu'ils sont tous les deux devenus des maîtres en la matière. C'est drôle je les comparerais un petit peu à André Gluksman et Michel Onfray ; il y a dans les cultures comme ca des caractères uniques exceptionnels à toute époque comme Verlaine et Rimbeau, ou Brassens et Brel, Brassens et Fallet, Dylan et Cohen, Ferre et Allwright ; il y a tant d'exemples!
Rien que Sarkosy et Besancenot, les meilleurs! Qu'est ce qu'il peut nous arriver?
Et même si nous étions envahis d'extra-terrestres, nous aurions Poutine à notre gauche et la CIA à droite, de quoi effrayer n'importe quel martien pas trop suicidaire!
Non la terre à une sacrée personnalité, vue sous cet angle... Même les types que l'on n'aime pas au début deviennent géniaux et adorables. C'est vrai pour Laurent Baffy, Faugiel, Chirac, Sarkozy, Lepen, Alain Delon, Diane Folly, Henry Le Conte, Jean Pierre Chevènement, la chancelière, Franck Dubosc à cause de François Hollande, Julien Dray, Thierry Ardisson, Raymond Devos, Marie-Georges Buffet,Yves Calvi, Michel Leeb, Fabien Barthez, Tony Blair, Karl Zéro... Mais cela n'engage que moi!
Lundi 15 janvier 2006 :
C'est l'anniversaire de ma mère ; je suis à Courbevoie. Je me force un petit peu à écrire pour le remplissage...
J'arrive en fin de thérapie je crois. Mon départ en Russie prend ses repères et ses assurances. Je vais traverser la Russie et l'URSS, jusqu'au Japon avec la RS 2000!
Je dois absolument travailler pendant 2 mois et demi avant le 1er avril 2006...
Et de ce côté je stagne toujours, d'ailleurs pourtant je ne manque pas d'imagination.
Je bois du mauvais café, fier d'un poème court et vilain, alors que je sais maintenant tout ; j' ai vraiment fait le tour, avant de le faire! Il s'agit d'émotion, de sensibilité, de travail et d'amour, dans n'importe quel ordre, puisque je maitrise l'écriture sans commencer. Je continue de ruminer, de travailler, d'explorer et quand le moment et l'ordre se croiseront...
Bref, je ne me soucie plus de mes désirs ou plutôt de mes loisirs ; je dois exploiter les faits. C'est ce que je comprends.
Ma mère a eu un malaise il y a deux jours. Une accumulation de soucis et d'angoisses dont je fais parti.
Il y a des choses positives comme toujours mais l'ensemble paraît avoir noirci depuis déjà trop longtemps et nous saute aux yeux maintenant.
Depuis quelque temps, des conversations élaborées et sources de bons rapports fusent à la maison ; des abcès sont percés. Les choses se dénouent. Mais la douleur est là. L'appauvrissement des finances aussi.
Il y a de gros problèmes en France : malgré l'effondrement de la gauche et de son ingérence, la redistribution ne s'adresse plus qu'aux parfais inconnus, pour ne pas dire étrangers. J'ai l'exemple de mon oncle et de ses enfants, tous franco-marocains, qui n'ont pas eut de place ici et qui repartent au Maroc. (A ca s'ajoute le cas de tous les français perdus et non secourus).
Je constate tout comme pour la situation de ma famille que le pays est vidé de sa puissance, de sa force etc.
Pourtant il reste des gens. Et j'aime ces gens, tous. Malgré mon acharnement à les bousculer, à les engainer, je les aime.
Mardi 24 janvier 2006 :
Je prépare toujours et plus que jamais mon voyage en Russie. Hier, nous avons eu un entretien avec mon psychiatre avec mes parents. Sorte de bilan positif après dix mois environ de suivit. La différence avec le pauvre G. et impressionnante.
Toujours est-il que lui est confiant en ce qui me concerne et pour le voyage ; à condition que je le gagne...
Et pour cela je dois commencer par payer cette semaine le visa ; et je ne suis pas encore embauché. Le mari de mon ancienne prof de maths de cinquième accepterait de me faire travailler deux mois, puis de m'embaucher définitivement à mon retour... Mais il n'y rien de sûr!
C'est la désolation complète avec les femmes et les filles en général. Mais ca c'est la routine! Je joue souvent au Loto en ce moment ; il y a des sommes faramineuses en jeu et tout le monde en parle.
Je peux affirmer que je suis prêt sur le plan psychologique à faire ce voyage. Je n'ai pas encore commencé l'entrainement physique..! Sur le plan matériel cela relève plus ou moins de l'inconscience! Je dois absolument économiser le plus possible dès maintenant.
Je suis comme dit mon père devenu comme extra-lucide et je pourrais dorénavant en écrire de bien bonnes...
Je pense à devenir parolier aussi. Je crois que ca peut être mon truc. J'ai remarqué que dans tous les genres artistiques, la mode est durablement au plus simple, au plus direct. Ce qui n'est pas à mon avantage, je l'accorde mais je perçois les courants, c'est déjà ca.
Donc le grand départ est prévu pour le 1er avril ; quel poisson! Ce qui est un peu bête c'est tout ce que je n'écris pas! Alors que c'est si facile maintenant. Vous verrez!
02 février 2006 :
Je suis dans ma chambre (froide) et boisée de mon restaurant « The Château » près de Londres (banlieue sud). C'est mon premier jour de boulot ; mais hier soir après mon arrivée, j'ai participé volontairement au service du dîner pour prendre mes repères.
En fait, un des deux chefs de rang (Hongrois, 29 ans) me dit qu'il part dans quinze jours et que je suis là pour le remplacer! Mais il dit que le salaire est minable (même illégal!) ; environ 2 £/ h pour 10 h/j... On va voir ca... Sinon j'ai d'autres contacts.
Attila dit aussi que la Russie est très dangereuse au niveau raquette, dévalisement; il me déconseille ce voyage...
Le patron, le boss est une machine infernale, il ne s'arrête jamais et récure même les chiottes de ses trois restaurants lui-même.
On peut aller en ville à pied (à Croydon) mais c'est dangereux paraît-il le soir. En fait j'avais oublié à quel point la vie semble un malaise au début de chaque séjour ici, chez ces britanniques.
08 février 2006 :
Je travaille depuis sept jours maintenant ici. Ce n'est pas pire que ce que j'imaginais ; mais pas beaucoup mieux pour autant. J'ai écris trois poèmes; une lettre à mes parents; et contacté Nico et Yann avec le portable. Je dépense presque rien. Le Hongrois dans la piaule d'à côté est un bon pote. On a été chercher sa voiture prisonnière à la fourrière de Westminster.
Pour se déplacer sans argent, c'est beaucoup de marche et ce matin, sans mon portefeuille qui était resté dans ma chambre, toujours pas d'english breakfast et le retour, ventre affamé, travail à la clef puis pâtes au sang de tomates...
18 février 2006 :
02H29 :
Je ne dors pas encore. Attila, le Hongrois (mon voisin de pallier) s'en va lundi. Mickaela, le jeune serveur italien à été renvoyé trois jours après mon arrivée (et six jours après la sienne!). Tulio, un professionnel de 28 ans italien aussi récemment arrivé vient d'être envoyé dans l'autre restaurant du boss. Un nouveau français (professionnel) est arrivé pour la St-Valentin et il est toujours là (Jamal).
J'ai dit au manager que je comptai partir le premier avril ; il semble bien le prendre, et même accepter que je revienne à partir de juillet... à mon retour de Russie...
Russie que tout le monde me déconseille à part le gars qui me vend le visa!
Attila et Peter (le slovaque à la plonge) ont désapprouvé que je parle déjà de mon départ à Jérémy (le manager); ils me disent qu'il pourrait se débarrassé de moi prématurément!
23 février 2006 :
13H30 :
Ce matin, je suis réveillé par ma sœur Sandrine au téléphone portable pour me dire entrecoupé et en chute qu'elle était à Bécon (mon appartement) et qu'il n'y avait toujours pas de visa dans la boîte aux lettres; de plus, qu'elle ne pouvait pas arroser les plantes parce qu'il n'y avait pas de passe sur le trousseau que j'avais confié pour elle...
Je suis alors parti en jogging (tee-shirt, tennis, pantalon léger noir et sac à dos), sous la neige, par vent froid jusqu'à Croydon centre pour manger enfin mon english breakfast; mais à peine avais-je fais trois-cent mètres que je vis Attila qui venait de garer sa Wauxall 16v verte à 950 livres sur le parking de Coombe lodge (notre concurrent voisin) qui fait lui hôtel par contre. Nous avons marché deux minutes et j'ai continué puis nous sommes retrouvés à la gare de EAST CROYDON en même temps puisqu'il a pris le tramway et moi couru! J'ai pris mon breakfast avec café noir (enfin!), j'ai offert à mon ami un cappuccino; on s'est bien marré en parlant du « château », de sa nouvelle vie en ville et comme d'habitude de politique, d'économie et philo... Il m'a laissé son nouveau numéro de téléphone.
Ici, la rumeur comme quoi je serais licencié prématurément paraît fausse et le patron me complimente sans cesse.
J'ai acheté une télé (bleue!), 26£, du dentifrice, du baume à lèvre (bleu!), des bougies (bleues!), de la beuh (verte!) et trois litre de lessive (rose!).
Jérémy m'a prêté un second radiateur (rapport à la neige hivernale etc). J'ai toujours le frigo que j'ai squatté, ma bouilloire à 20 £... J'achète de temps en temps des piles, des muffins au chocolat, je mange au Burger King ou dans des Take-Aways; j'ai mangé une jacquet potatoe.
J'ai failli avoir une embrouille avec deux racailles dans un petit fast-food ou je me tapais un hamburger. J'avais mon parapluie (trouvé dans le tramway) et une grande bouteille de Diet Pepsy; je donne une Marlboro Light à un jeune qui m'appelle « boss » sèchement et il revient quarante seconde plus tard avec son pote en m'interpellant dans un anglais approximatif pour que visiblement je donnasse une autre cigarette pour son ami. Les deux gérants du Kebap regardent la scène déjà inquiets du pire et moi gentiment en levant la main sur le gamin je lui dit : « leave me alone just, i am french all right! » Et il dit « no problem! I was joke... » en me donnant amicalement son point contre le mien à l'américaine. Et les deux gérants me regardèrent avec respect alors que cinq minutes avant j'avais entendu l'un dire à l'autre : « it seems a little frenchie! ».
Je commence à lire « La maîtresse de Brecht » de Jacques-Pierre AMETTE. Je viens de lire « Trois jours chez ma mère » de François WEIYERGANS qui est ma première grande leçon de romantisme; époustouflant de brillantissisme à tout point de vue et sans la moindre critique négative autorisable (à par celle de répondre peut être trop parfaitement à l'attente d'un jury comme une parfaite copie!)..avec cerise de narrateur narré. Je comprends mieux encore ce que signifie « importance de la culture française »; ce qu'est le Prix Goncourt, par exemple, n'a peut-être pas d'équivalent ailleurs (...)!
Mardi 7 février 2006 :
07H37 :
Je suis réveillé depuis 2H30 du mat! Je commence à 10 H ce matin... jusqu'à 15H max, puis je suis « off » ce soir et demain matin. J'étais off aussi hier et je suis allé pour la première fois depuis San-Francisco à la piscine à Purley. J'étudie un livre de russe dans un grand pub, où je prends de temps en temps un petit déjeuner anglais très bon marché, qui a des bibliothèques de vieux livres accessibles aux clients.
Je reviens tout juste de Coombe Lodge, notre cher voisin, où j'ai eu un petit dèj très cher mais primordial avant quatre heure de service et une demie nuit blanche (je me comprends).
La semaine dernière, j'ai eu deux jours off consécutifs et j'ai décidé sur un coup de tête d'aller voir mes parents à H et les potes à Louviers! Je suis arrivé à 01H du mat à Dieppe; j'ai été pris en stop une demie heure après jusqu'à ROUEN par un vieux cheminot très inspirant; puis par deux livreurs de bandes pour les cinémas jusqu'au rond-point des vaches où j'ai poireauté en plein froid pendant trois quart d'heure avant de persuader une pauvre femme qui venait attendre d'être prise comme à son habitude par un collègue d'équipe, qu'il me prenne aussi jusqu'à Louviers. Ils m'ont déposé entre Val de Reuil et Louviers d'où j'ai marché plus de vingt kilomètres en trois heures jusqu'à H. où j'ai sonné consécutivement au portail et à la petite porte à sept heures et où je réveilla mes parents ravis de me voir...
Là, j'ai apprécié le confort et mes quatre repas français, ainsi que mon lit! Le contact avec mes deux neveux Antoine et Marie qui étaient en pension chez leurs grand-parents. J'ai déposé ce qui ne me servait pas au Château et emporté mon PC ; j'ai raconté mon quotidien et mes nouvelles impressions à mes parents de l'Angleterre. C'était vraiment génial de passer un week-end en France! J'ai redémarré ma Mondéo et surtout...la RS 2000 qui tourne comme une horloge; Antoine est témoin! Elle est prête pour la Russie. J'ai pris RV chez le généraliste à ASNIERE pour mon retour et avant le départ en Russie, chez le psy...téléphoné à l'assureur qui ne me rappelle pas et surtout à Albert qui me donnera mon visa le 4 avril à son bureau.
Le gars de la plasturgie qui n'a pas aimé Nico, que je lui avais envoyé voudrait m'embaucher et me former à mon retour de Russie...décidément. (en plus de nombreux contacts positifs en Angleterre et en France avec des patrons et des agences de restos).
J'ai vu Nico, John, Charles; j'ai acheté des CAMELS et ramené des DVIX de musique. Je me suis embrouillé avec le petit Tof au tél à cause de 20 euro que je lui doit!
En revenant au château, le boss m'a demandé le numéro de tél d'Atilla et moi sans réfléchir je lui ai donné pensant bien faire pour son salaire restant... Puis j'ai appelé Attila pour le lui dire et il n'a pas semblé très satisfait de ca. Quand il est venu chercher son salaire, il m'a à peine parlé... ca m'apprendra!
Elton, un serveur extra albanais et ami aussi d'Attila rigole bien avec moi. Il est marié et à une enfant. Ils y a deux filles slovaques (vestiaire et barman), Andrea et Malika très belles extras ainsi qu'une polonaise extra barman aussi (Monika) que je drague pour rigoler.
Et puis il y a le chef de rang, Russel, un russe réfugié politique plus jeune que moi avec qui j'ai un contact intéressant et compliqué.
Il y a aussi Silvester, Polonais et second chef, plus jeune que moi et papa, qui semble désolé que je fume du cannabis; il y a le chef cuisinier Danken, un écossais... il y a un espagnol, chef aussi qui parle quatre mots de français et ravis de me le montrer. Il y a Maria la plongeuse qui bosse avec Peter le Polonais ; elle est espagnole et elle travaille depuis vingt six ans au château soit plus que Jeremy! Elle finit les restes des clients et ça se voit! Elle peut me fournir des cigarettes au rabais...
Il y a aussi les copains d'Andrea et Malika qui travaillent comme serveurs extras et un nouveau petit italien. Il y a aussi un vieux qui vient livrer des cartons tous les matins et Roberto, italien, le deuxième manager, très complice avec le personnel et qui parle cinq langues. Ça fait du monde quand même! Ils y a les livreurs de linge, de bouffe, de boissons, de pain, les éboueurs et les postiers en plus.
Moi je suis toujours le gardien du château la nuit tout seul. Jamal et Peter sont dans le bungalow à côté et il y a une maison avec un arabe et ses deux fils qui sont en guerre avec nous.
Je suis impertinent avec tout le monde et bien intégré comme ca, que demander de plus?!
Voilà, je peux encore dormir une heure et demie avant de bosser alors salut!
23H00 :
La journée s'est bien passée. Peter est rentré de vacances en Slovaquie. Danken, lui est parti pour une semaine. Jérémy est sorti de l'hôpital et revenu reprendre le contrôle du château mais il semble entre la vie et la mort; tout à l'heure je lui ai demandé : « dans combien de temps comptez-vous prendre votre retraite? » et il a dit « oh, dans très longtemps...! »
Enfin, des choses plus graves (si je puis me permettre!); c'est qu'ils ont poussés Jamal jusqu'à la dépression et ils quitte le château demain! Quand j'ai demandé aussi à Jérémy s'il contait commander un nouveau, il a répondu que non, que ca n'était pas le personnel qui lui manquait! C'est assez gonflé comme habitude... Il a aussi viré Tulio de l'autre restaurant qui est rentré en Sicile. Il y a un nouveau cuisinier aussi, un vieux. J'avais oublié de vous parler du cuisinier français qui roule en 2CV rouge et qui n'est pas très bavard.
J'ai vu une annonce pour un vélo de montagne à 25 £; je vais appeler le type demain.
Il y a Philippe et Nickie qui sont en vacances pour une semaine aussi et on doit se voir...
Vendredi 17 mars 2006 :
12H10 :
Atilla a des gros problèmes ; je vous ai raconté qu'on avait été chercher sa nouvelle voiture à la fourrière de Westminster la semaine de mon arrivée... Il est un peu comme Tony, il m'a dit qu'il l'avait maintenant assuré, qu'il avait sa nouvelle chambre et qu'il était à nouveau serveur à Londres... Pourtant ce matin les flics sont venus le chercher au Château... Jérémy le boss, en a profité pour faire sonner l'alarme très tôt pour que je ne profite pas de ma matinée de repos mais je ne l'ai pas entendu! Il a donné la nouvelle adresse d'Attila aux flics et quand je suis descendu pour me rendre compte qu'on nous servait de la soupe à 11H30 que je déteste, j'ai juste pris un bout de pain dans lequel j'ai mis deux bouts de beurre que nous coupons par avance en taille d'échantillon pour les tables des clients et j'ai demandé au chef de me donner du fromage râpe. Puis j'ai entendu le compte sur Attila qui semblait réjouir Jérémy et Russel (le chef de rang russe) à l'idée qu'il aille en prison! Je crois que je ne peux rien pour lui. Mais il faudrait noter (en justice) que de nombreux habitués du Château m'ont demandé où était ce gentil serveur qu'ils aimaient tant...
Elton (l'extra albanais ami d'Attila aussi) me prête des films.
J'ai littéralement déplu à la barman polonaise Monika...
Mon Visa m'attend depuis le 14 à Paris...
Insisterais-je sur cet état des faits que l'on ressent quand quelqu'un que l'on aime est incriminé et qu'on a que les savoureuses bouchées de gloire des mauvais qui vous cuisinent... C'est le cas plus que n'importe où ailleurs dans ce pays comme en France ; où l'apartheid, le racisme, la consommation malsaine et le consensus de peur et de dénonciation priment pour le confort de quelques familles dans le monde... Puisque je porte un prénom russe, puisse la Russie me porter?
Mardi 21 mars 2006 :
14H35 :
Les choses devenaient difficiles et injustes depuis mon retour de week-end en Normandie, c'est à dire trois semaines et sont maintenant enfer insupportable depuis dix jours.
Mais je résiste héroïquement comme d'habitude! J'ai dit à Jérémy qu'« il n'ira pas au paradis! » ... il appelle la police tous les jours et des juges, des inspecteurs pour leur parler d'Attila et moi pendant des heures; il fait venir des amis hauts placés et la famille de comptables du restaurant après un week-end de quatorze heures de service sans poses et sans dormir (sans douche, ni changement de vêtements possible) pour leur faire constater l'incapacité (donc) de son personnel à assurer correctement le service du dimanche soir (et la décadence des jeunes travailleurs étrangers!) etc
En fait j'appréhende depuis plus de 72 heures l'arrivée des flics pour m'emporter je ne sais où..! Mais probablement sans salaire entier (qui à deux semaines de plus de dépôt, donc de retard de plus que les deux autres légales) et amendes anticonstitutionnelles et supérieures à ce que j'aurais pu mettre de côté en étant esclave ici. Et je n'exagère rien.
Tout les autres sont témoins et victimes mais tous sauf moi et peut-être Peter vivent et ont une famille à l'extérieur ; c'est à dire qu'ils sont entièrement couvert par la loi, la sécurité, le système et salaires biens supérieurs qui s'ensuivent; Attila, par exemple reste dans le même piège en étant à nouveau serveur célibataire dans Londres et ayant acheté un véhicule qu'il ne peut pas assumer; il est déjà considéré en protestantisme ..... comme mauvais et au diable... bref, je pourrai continuer longtemps mais je ne m'amuse pas en écrivant cela car je me sens en danger. Mais si je ne suis pas capable de finir correctement ce travail d'économies jusqu'au dimanche 2 avril 2006 (premier bateau 8H00! Départ d'East Croydon 06H06, troisième train...!) ; je ne crois pas être capable pour la Russie non plus...
Enfin, parallèlement j'ai remarqué que je n'arrivais pas à préserver mes objets depuis toujours; je les remarque très vite cassés, détériorés. Et cela vient du fait que jusqu'à hier je les laissaient traîner par terre et finissaient par les écraser moi-même... Et probablement qu'on peut extrapoler cette version des faits à mon délaissement de ma famille et sa brèche conséquente...
Moi dans ma maladie, dans mon psychotisme j'espérais qu'il y eut un grand choc, en psychologie qui veut que j'ai subi et que j'eus reproduit, puis refoulé (c'est à dire oublié) et qui le retrouvant (par miracle sans doute!), m'apporte la réponse et le chemin d'une revanche de réussite et de gloire dont je me suis éloigné et piégé tout seul..? Et oui, ' l'idiot fait son propre malheur' mais puisqu'il n'est pas juridiquement responsable à l'époque des faits (pour ma part je ne sais réellement pas si c'est 2, 5, 8, 11, 14...ans!) je me permets toute légitimité d'être du côté qui me semble juste pour le moment...Car je crois sincèrement comme le dit ma chanson « l'enfant doux » que les seuls grands chocs dont je puisse être (toujours) victime ne peuvent êtres dans l'ordre que :
La sensation étouffante, longue et sans issues d'une famille qui s'unit contre un univers extérieur qui semble très dangereux... et qui est source vitale et de redevance due au jour le jour tant que d'écrasements affectifs comme besoin et de redonner pourtant là l'éducation, la correction, l'instruction (quand ca n'est pas l'apprentissage du vice et de la perversion dans d'autres familles...) ; certes déjà très formateur au niveau émotif, affectif, relationnel et d'endurement!
L'affront d'un membre extérieur à la famille au foyer. Ici, mes parents m'ont parlé d'une nourrisse complètement alcoolique qu'il ont hébergé pendant plusieurs mois mais qui m'adoraient et qui m'imbibait en m'embrassant le crâne seulement de « patchouli » semble t-il. Une autre nourrice remarquable a appelé son fils Alexandre après m'avoir gardé des années. Une des dernières, Sylvie, me faisait faire mes devoirs de sorte que je sois dans les premiers et j'ai un profond respect en passant régulièrement devant chez elle. Ce qui est toujours positif.
L'affront du monde extérieur, donc des camarades de classes, de leurs frères et sœurs, de leurs parents, leurs grands-parents, leurs familles, du village, des alentours, les voisins, les instituteurs, les commerçants, le garde champêtre, le Maire et ses conseillés municipaux, les éléments extérieurs aux alentours. Et cela, quoiqu'il en reste dans ma mémoire j'en suis non seulement content mais fier ; même si à l'époque je le, je les combattais, parce que je respecte ce qui nous forme à combattre le pire...
Donc partout où des gens très dangereux autour de cette terre et ailleurs et que je combattrai qu'ils sachent que c'est un normand français formé à cet endroit et en Europe (Grande-Bretagne, Allemagne, Hollande, Belgique, France, Maroc, États-Unis et bientôt Russie../) qui les défie! Si ça n'est pas le comble du positivisme ça!
Tuesday of march, 28th :
0'30 o'clock :
J'ai envie d'écrire en anglais, mais ca ne se fait pas! J'ai conscience depuis quelque temps quand j'écris que je compte mettre au jour tout ca... ce qui influe inexorablement sur mes réelles envies... Ça n'est plus un journal, ni des petits poèmes et histoires innocentes!
Je vais être 'off' aujourd'hui; après ma nuit, d'ailleurs il est temps que j'avale mon Zyprexa! Les problème s'atténuent chaque jour avec le Boss, je me suis résolu à le respecter : 'right sir; off course, yes Jeremy...' et ca marche! Je comprends à quel point chaque vie, chaque pays etc ont des points de vue différents... le racisme, la révolte, la haine sont des ressentis primaires (qu'on ne peut pas châtier non plus puisque pas tous intellectuels, philosophes, poètes, homos...) et c'est forcément pour cela qu'il existe la diplomatie, et les études précises de projets, les penseurs (qui sont à mon idée sélectionnés trop sévèrement et/ou trop catégoriquement); et qu'on entend sans-arrêt les anciens dire : « et oui la vie est dure, compliquée... »; moi quand j'entendais ca avant, je me disais « quand même, ils exagèrent, il suffit d'aller de l'avant, les jours sont agréables... », mais c'était vrai pour un enfant, pour un ados pour qui deux parents se donnent à fond afin que leur progéniture connaisse le meilleur et recréée cette 'vie' supportable et qui réserve de bonnes surprises grâce bien-sûr à ses caractères, chacun d'entre-nous; contre nos ennemis, nos responsables... et n'est-ce pas un avantage pour nous alors s'ils ne s'entendent pas tous entre eux? Peuvent-ils se perpétuer indéfiniment ou le peuple un jour définitivement s'investir globalement pour lui-même?
Je suis allé encore bien plus loin dans mon raisonnement ces derniers soirs; mais je me demande s'il me faut vraiment tout mettre à plat, tel un petit péteux frustré qui pense ou qui a de l'imagination ou plutôt ruminer, persévérer, endurer, travailler, pour une mission vraiment plus grande... Je ne suis pas sur de conserver cette partie où je me dévoile trop; on dirait que je veux m'attaquer au diable sans arme et sans feinte!
Lundi 03 avril 2006 :
Pendant les infos de 18H30 à 20H30 :
Il faut d'abord signaler que j'ai tenu la fin de mon journal en partant du château à Croydon; j'étais dans le train à 6 heures du matin avec mon vélo vert acheté à un particulier d'une annonce sur le mur de la grande surface où je m'approvisionnais de muffins et jambon. Sur le vélo, mon gros sac noir de dix dollars acheté à Hollywood l'été dernier chargé de ma télé bleue, de ma bouilloire, de bougies bleues, d'un pot à café, un cigare, une bière 'lager' et plein d'autres merveilles... Mais au moment où je racontais tout ca la batterie de l'ordinateur a lâché! J'avais quitté Le Château à 4H30, marché en tenant le vélo chargé et le dos encombré pendant plus d'une demie heure jusqu'à EAST CROYDON STATION, puis pris le train comme ca pour Brighton, puis Newhaven et.. bateau qui eut une heure et demie de retard et le port d'indiquer au feutre bleue et d'une écriture enfantine : « En raison de l'état de la mer, il est possible que la traversée soit annulée! » ; j'ai alors prévenu mes parents que j'arriverais à 14H30 au lieu de midi et de ce dernier détail, que par ailleurs un couple de britanniques s'amusèrent à photographier (tant pour le caractère archaïque de son apparence me dis-je!). Puis j'entendis plusieurs voyageurs s'inquiéter que le voyage serait agité... Donc je loue une cabine méritant du repos puisque je travaillai jusqu'à 2 H du mat et ne pu m'endormir pour si peu.
En fait la mer était calme!
Jérémy m'ayant indiqué (sournoisement) que le dimanche les trains sont plus lents et qu'il me fallait partir au plus tôt etc.. Ce qui était faux.. il réussi à ne pas me donner de suite mes deux dernières fiches de paye, ainsi qu'une paye et mon certificat de travail, qu'il assure m'envoyer...
Par ailleurs, il m'attend finalement au mois de juillet! Pour 175 livres par semaine à 12-18H par jour et 25-30 livres de pour-boire consentis par lui même... On verra... (c'est le cinquième seulement de ce qui nous est réellement légué par les clients).
Bref, là je suis chez moi à Bécon; affligé et fier de l'actualité française, si charismatique à côté de l'Angleterre! Mais malheureusement toujours si ombre de l'allégorie de Platon...
Pourtant nous avons regardé une émission de PPDA que mon père avait enregistré récemment et qui recevait Michel Onfray et d'autres intéressants intellectuels et j'ai été bouleversé comme toujours par Onfray qui critique violemment nos fameux philosophes (que je pensais incontournables et vitales) pour ouvrir l'esprit sur l'existence de tant d'autres, censurés.. je voudrais tant avoir l'occasion de suivre des cours à Caen...
Je suis passé chercher mon visa chez Albert; j'ai vu le psy; j'ai mes médicaments; je n'ai passé du temps depuis hier après-midi qu'avec mes parents; mais j'ai déjà du dire au revoir à mon père qui s'absente pour trois jours pour son travail... C'était très dur, très retenu, tant l'on savait le pire possible en ce qui me concerne à travers le monde...
Je dois rassembler mes affaire ici à Courbevoie, puis, généraliste demain matin, retour à la maison, préparation de la RS 2000 et de 'l'équipement', mercredi marché du Neubourg, au revoir à ma mère et DEPART. J'occulte volontairement les potes par... je ne sais quoi...
Rodolphe vient d'appeler à l'instant... Il n'est pas sûr que l'on puisse se voir demain soir, il aurait préféré ce soir... Il vit l'idylle des âmes soeurs et n'a plus que son côté modèle (je me comprends).
J'ai appelé Euryal qui est à la clinique à Rouen et qui accouche dans deux mois.
Mélanie, ma belle collègue de l'automne dernier m'a appelé!
Donc je roule de nouveau avec l'Escort. J'ai ramené mon vélo offert par mon père à Courbevoie car il est plus adapté à la ville que le nouveau vert.
Je n'écris pas vraiment ce que je voudrais depuis dix minutes; j'aurais préféré que la batterie ne lâche pas hier et que je commença aujourd'hui directement par mes rêves, par mes sentiments, par mon accomplissement...
C'est dingue en fait ce que je fais...et ce que je peux faire peut-être...! Il y a tant à dire, que je dois en survoler. Peut-être devrais-je arrêter là et continuer un peu plus tard... Je dois de toute façon garder des choses dans mon jardin secret!
Mes plantes sont mortes, forcément! Mais elles ne sont pas parties ingrates contrairement à moi...!
Mon père était passé à l'appart pour le courrier, il devait travailler pas loin et en à profité; il m'a laissé des surprises partout et .. à du les voir, ces plantes! Toujours est-il qu'il ne m'en a pas parlé.
Tony m'a écrit une de ses lettres touchantes et je lui ai répondu. Ce que je ne voulais plus faire mais je ne peux pas. Vous le sauriez si j'avais commencé mon journal quinze ans plus tôt!
Tony était un type impressionnant. D'un si grand courage, d'un tel humour, un tel charme, un tel cœur en or... il m'a tant appris...et fini par devenir un violeur mafieux récidiviste et en même temps victime de la correction impressionnante et du rejet définitif infligé par la loi (qui normalement est censée être fondée sur des bases religieuses d'écoute et de pardon etc.)