Les Maîtres nous invitent à la méditation
La montagne a les cours d'eau pour artères, les arbres et les herbes pour chevelure, les brumes et les nuages pour expression. Ainsi, la montagne doit à l'eau sa vie, aux arbres et aux herbes sa beauté, aux brumes et aux nuages son mystère. L'eau, elle, a la montagne pour visage...
Kuo Hsi (1001-1090), un des plus grands peintres de paysage de la dynastie Sung
Conversation entre un jeune peintre et le Maître Bada Shanren :
- Comment dois-je m'y prendre pour développer mon propre style ? s'enquit le jeune peintre. (...)
- Je suis comme je suis, je peins comme je peins. Je n'ai pas de méthode, je ne songe pas à être original, je ne suis que moi-même. (...)
- Mais ne devrais-je pas apprendre de mes précurseurs avant de m'élancer, ne serait-ce que pour atteindre leur niveau ? demande le disciple.
- En parlant de la sorte, tu oublies qu'à côté de tous ces modèles-là, tu en as un propre, toi-même. Tu existes comme tu es. Tu ne peux pas porter la barbe des anciens. Tu dois essayer d'être ta vie et non la mort d'un autre. De là découle que la meilleure méthode pour peindre est de ne pas avoir de méthode du tout. Même si le pinceau, l'encre, le dessin, tout est faux, ce qui caractérise ton Moi n'en reste pas moins conservé. Ce n'est pas au pinceau de te manier, c'est à toi de manier le pinceau.
Richard Weihe, Mer d'encre (Éditions Jacqueline Chambon
Entretien entre les peintres Chu Ta et Huan Anping :
Chu Ta est devenu le Maître Bada Shanren (1626-1705) , appelé aussi Geshan, Xuege, Chuanqi...
Huan Anping dit :
- Quand tu plonges ton pinceau dans l'encre, tu le plonges dans ton âme. Et quand tu diriges le pinceau, c'est ton esprit qui le dirige. Sans profondeur et sans abondance, ton encre manque d'âme ; sans direction et sans vitalité, ton pinceau manque d'esprit. L'un reçoit de l'autre. Le trait reçoit de l'encre, l'encre reçoit du pinceau, le pinceau reçoit du poignet et le poignet reçoit de ton esprit conducteur. C'est cela, maîtriser la puissance de l'encre et du pinceau.
Richard Weihe, Mer d'encre (Éditions Jacqueline Chambon)