Les volcans de Mme Pfeiffer

Résumé illustré d'une communication

présentée par Annie Lagarde Fouquet au 135ème congrès national des sociétés historiques et scientifiques

Neuchâtel, 7 avril 2010 dont le texte est disponible


Résumé illustré d'une communication

présentée par Annie Lagarde Fouquet au 135ème congrès national des sociétés historiques et scientifiques

Neuchâtel, 7 avril 2010

dont le texte est disponible



Madame Pfeiffer (1797-1858) - récits autour des volcans

Quand le sujet du congrès de Neuchâtel a été dévoilé, j'ai immédiatement pensé aux récits de Mme Pfeiffer et la place que pouvait renir le paysage et la description de la nature dans ses écrits. Si les critiques français divergent sur la qualité des écrits de la voyageuse autrichienne, ils s’accordent pour distinguer ou opposer écrit scientifique et récit littéraire. Cette distinction s’applique particulièrement bien à la représentation de paysages volcaniques au XIXème siècle que j'ai choisi d'étudier. La science, en apportant des explications, contribue à rendre plus rationnelle la description des phénomènes volcaniques par les narrateurs, sans pour autant en supprimer le caractère mystérieux, ni chasser toute référence aux mythes qui entourent ces montagnes bien particulières.

En étudiant les textes consacrés aux volcans, dans l’œuvre de Madame Pfeiffer, nous essayerons de discerner ce qui, dans son récit, est anecdotique, scientifique, poétique ou philosophique avant de répondre aux questions suivantes :

-Savant ou littéraire, ou simplement anecdotique, quel est le discours de Madame Pfeiffer devant le spectacle des volcans en activité ?

-Quel regard porte-elle sur ces montagnes spécifiques ?

-Exprime-t-elle une symbolique liée au volcan ?

-Ressent-elle des émotions particulières, et comment les transmet-elle au lecteur ?

Ce travail s’appuie, sauf pour le Vésuve pour lequel le texte anglais a été utilisé, sur le récit original en allemand. Les citations sont données en français, basées sur la traduction de William de Suckau, lorsqu’elle existe. Les citations les plus importantes figurent en allemand, en note de bas de page.

Le texte de la conférence est disponible sur le site du CTHS Consulter le texte

Les volcans visités par Ida Pfeiffer

La voyageuse a visité, entre octobre 1842 et avril 1854, six volcans en activité, sur trois continents, l’Europe, l’Asie et l’Amérique. Nous verrons pour chacun d’eux :

-L’état du volcan, et les témoignages antérieurs ou contemporains à Mme Pfeiffer.

-Les circonstances du voyage : l’approche (le volcan vu de loin), la randonnée ou l’escalade qui conduit au sommet, le cratère, et ce que voit Madame Pfeiffer, quand, tournant le dos au cratère, elle découvre le paysage vu de la montagne.

-Les points clés du récit pour l’évocation du paysage par Mme Pfeiffer.

1-Le Vésuve (Italie)

Le point de vue de Mme Pfeiffer

Ce récit de Mme Pfeiffer tient en moins de quatre pages. Ni savant, ni littéraire, il est très factuel, voire anecdotique. Il ne se démarquerait pas des textes antérieurs ou contemporains, s’il n’était caractérisé par l’absence totale d’allusions mythologiques ou de références historiques.

2- Le Mont Hekla (Islande)

Le point de vue de Mme Pfeiffer

Ce texte de huit pages n’est pas seulement anecdotique. Il nous livre quelques-uns des sentiments de la voyageuse devant un paysage totalement façonné par la présence du volcan. Revenant à plusieurs reprises sur la spécificité de ce lieu, elle présente au lecteur une région peu visitée et dépeint le paysage tel qu’il était peu de temps avant la grande éruption du 2 septembre 1845 qui l’a, un mois après cette visite, totalement transformé. Mme Pfeiffer décrit avec précision l’aspect des roches et des sables. Elle a emporté un thermomètre, un instrument bien modeste mais qui confirme qu’elle aborde son périple en Islande comme un voyage d’étude. Son texte, avec l’évocation du paysage semble plus littéraire que scientifique, mais il soutient la comparaison avec le récit du scientifique Eugène Robert, de la mission Gaimard.

3 Le Pangrango-Gede (Indonésie-Java)

Le point de vue de Mme Pfeiffer

Le récit de cette montée au sommet du Pangrango et de l’observation du cratère du Gede, en trois pages, est intéressante, ces volcans d’Indonésie étant largement ignorés des lecteurs européens. Dépassant l’anecdotique, Mme Pfeiffer nous donne une description plutôt scientifique du cratère, réservant l’expression de ses sentiments au paysage qu’elle peut admirer lorsqu’elle tourne le dos au cratère.

4 Le Tangkuban Parahu (Indonésie Java)

Le point de vue de Mme Pfeiffer

Le récit d’Ida Pfeiffer est très court et très concis (moins de deux pages). Elle n’a même pas pris la peine de noter le nom du volcan. Est-ce parce que cette visite ne nécessite pas d’autre effort que celui de descendre, avec beaucoup de précautions, au fond du cratère ? On y trouve, résumées en quelques lignes, des informations sur les dimensions, sur la présence de soufre et sur les précautions à prendre pour éviter de respirer des vapeurs. Elle est sensible au bruit comparé à celui de la vapeur relâchée par une locomotive à vapeur. Une allusion qui est plus scientifique que poétique.

5 Le Merapi (Indonésie-Sumatra)

Le point de vue de Mme Pfeiffer

Ce récit, de cinq pages, dont trois consacrées au sommet, est parfois littéraire mais plus scientifique que les précédents dans sa description du sommet du volcan et du cratère en activité. La présence du naturaliste Bauer donne l’occasion à Mme Pfeiffer de fournir à son lecteur des informations plus précises sur la flore.

6 Le Cotopaxi (Équateur)

Le point de vue de Mme Pfeiffer

Madame Pfeiffer décrit en quelques lignes (moins de deux pages) l’éruption du Cotopaxi, observée de loin. Elle sort de sa réserve quand elle personnifie le volcan et nous raconte une sorte de scène d’adieu. Le volcan, qu’elle regarde une dernière fois, répond à l’attention qu’elle lui porte, en lui donnant le spectacle d’une nouvelle éruption. Elle a eu le privilège d’assister à ce « phénomène de la nature », elle termine son récit en remerciant Dieu de lui avoir accordé la faveur de ce spectacle.

Ce récit purement anecdotique prend une dimension scientifique quand Humboldt l’utilise pour évoquer l’activité du Cotopaxi dans Cosmos, et rapporter à l’ensemble de la communauté scientifique les observations de la voyageuse :