Premier tour du monde de Mme Pfeiffer

Ida Pfeiffer est rentrée en octobre 1845, elle repart de Vienne dès le début du mois de mai 1846. Sa destination officielle est le Brésil, mais elle caresse secrètement le projet de faire le tour du monde. Elle réussira son entreprise

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Elle s'arrête à Prague où elle rencontre Berchtoldt qui projette aussi de visiter le Brésil. Les deux voyageurs prennent rendez-vous à Hambourg. Ida attend la comte pendant un mois. Ils embarquent le 28 juin pour Rio de Janeiro.

Les lieux

carte du voyage Annie Lagarde Fouquet

Amérique latine

Ida et Berchtold se rendent à Novo Friburgo (Morroqueimado)


Le comte Berchtold a été blessé par un esclave en fuite croisé sur leur route,

elle part seule pour rencontrer des Indiens Puri (Coroado).


Au début du mois de décembre, 1846, Ida poursuit son tour du monde sur un navire qui doit la conduire à Valparaison en passant par le cap Horn. Le Comte l'accompagne à l'embarcadère avant de rentre en Europe.

Hutte d'Indiens Puri au Brésil, vers 1820 par Gallo Galina

Ida Pfeiffer profite d'une escale à Santos pour visiter Sao Paulo.

Après un court séjour à Valparaiso (du 2 au 17 mars 1847), Ida Pfeiffer embarque sur un bateau en direction de la Chine (Macao) qui fait une escale de trois semaines à Tahiti

Tahiti

Lac Vaihiria Une des excursions faites par la voyageuse à l'intérieur de l'ile de Tahiti

Chine

Arrivée à Macao, elle descend à terre avec le capitaine qui, après avoir traité quelques affaires met imméditement le cap vers Hong Kong. Il propose à Ida de dormir à bord. Après un court séjour à Hong Kong, elle poursuit son voyage vers Canton avec l'assistance d'un marchand allemand. Elle séjournera trois semaines dans cette ville...

Indonésie-Ceylan-Inde

Du 10 décembre 1847 à la fin du mois de mars 1848, Ida entreprend un long périple en Inde, d'abord par voie fluviale sur le Gange, de Calcutta à Delhi, puis par voie terrestre de Delhi à Bombay.

Du Golfe persique à la Mer Noire

Ida quitte Bombay au mois d'avril 1848. Il faut un mois de navigation, sur mer : mer d'Oman, golfe d'Oman, golfe persique puis sur l'Euphrate pour rejoindre Bagdad. Un voyage difficile et très inconfortable, sur le pont. Faute de cabine, elle dort la nuit sous la table du commandant.

"comme le plus pauvre des Arabes"


Quittant Bagdad le 17 juin 1848, elle retrouve Istanboul le 17 octobre après un voyage terrestre jusqu'à la mer Noire où elle continue en bateau.

Elle a renoncé à poursuivre son voyage en Russie, après avoir été arrêtée et retenue une nuit par les autorités russes, entre Nakhchivan et Tbilissi

Elle écourte son séjour en Grèce, à l'annonce de la révolution en cours dans son pays.

Elle rentre à Vienne, d'où elle était partie le 1er mai 1846, le 4 novembre 1848.

Photograph of Mount Ararat courtesy of Henri Nissen (source). Free use. Slightly modified by Aivazovsky

Le récit de ce voyage n'est publié qu'en 1850, la caisse contenant les carnets et les objets, expédiés par Ida Pfeiffer de Bombay en avril 1848, ayant mis près d'un an et demi pour atteindre leur destination.

Les rencontres

Ce voyage a été fertile en rencontres. Elle a bénéficié de l'aide des négociants dans les grands ports, elle a côtoyé des missionnaires et des érudits. On la présente à des souverains, elle rencontre des célébrités.

Ida a voyagé avec le naturaliste Friedrich von Berchtold (1781-1876) au Brésil. Ils ont rencontré à Rio de Janeiro le botaniste allemand Riedl directeur du Muséum et responsable des jardins impériaux puis, à Novo Friburgo, Beske, naturaliste allemand, correspondant de plusieurs sociétés savantes européennes, dont la Société cuvierienne.

À Tahiti, elle est reçue chez le gouverneur, l'Amiral Bruat, où elle rencontre plusieurs fois la Reine Pomaré.

Les hommes d'affaires qui l'aident en Chine sont le Suisse Agassiz, cousin du savant homonyme qu'elle rencontrera aux États-Unis pendant son deuxième tour du monde, et von Carlowitz, fondateur de la société d'import-export Carlowitz and Co, membre de la branche Chine de la Royal Asiatic Society of London.

Elle a rencontré à Hong Kong, un celèbre missionnaire protestant Gützlaff, traducteur de la Bible en chinois (aujourd'hui, une rue de Hong Kong porte son nom). Dans le grand port de Singapour, Ida fait une nouvelle fois jouer son réseau d'hommes d'affaires allemands : les jeunes fondateurs de la société Behn-Meyer (actuel groupe bm), Theodor August Behn et Valentin Lorenz Meyer.

Même réseau à Kolkata (Calcutta), elle est somptueusement reçue dans la famille Heilgers qui tire sa fortune du travail du jute. Mais le personnage le plus marquant dans cette ville est Julia Margaret Cameron, jeune épouse de Charles Hay Cameron, membre du conseil suprême. Elle passe déjà pour originale pour avoir traduit le poème Leonore du poète allemand Gottfried August Bürger. Elle se lancera à 48 ans, en 1863, dans une carrière de photographe. Ses oeuvres, dont beaucoup de portraits de célébrités ont été exposées à Londres en 2003.

Ida peut pleinement profiter de l'érudition de son jeune compatriote Aloys Sprenger, pendant son séjour à Delhi. Au Rajasthan, elle est reçue avec faste pas les maharadjahs qui n'ont plus, sous l'occupation anglaise, que l'apparence du pouvoir. C'est le cas de Ram Singhi II.

Dans ces régions de l'Inde, l'armée et les autorités coloniales anglaises prennent le relais des hommes d'affaires. Ida reçoit l'aide du capitaine Burdon, du Résident Hamilton ou du capitaine Gill qui a été chargé par la Compagnie des Indes orientales de reproduire en dessins les fresques des temples d'Ajantâ. Plus tard s'adonnant à la photographie il réalisera plus de 200 clichés des grottes et de la vie autour d'Ajantâ.

Le consul de Hambourg M. Wattenbach, homme d'affaires et armateur, qui dirige la société Wattenbach Heigels and Co, à Mumbai (Bombay), l'introduit auprès d'un membre important de la communauté Parsi, M. Manuckjee-Cursetjee.

Dans sa traversée de la péninsule arabique, elle est présentée au résident anglais, le major Henri Rawlinson, considéré comme le père de l'assyriologie.

Elle visite des sites archéologiques sous la conduite de H J Ross, assistant de Layard, et rencontre Hormuzd Rassam, assistant des archéologues. Le vice-roi, Nasser o Din, futur souverain de Perse sous le nom de Mohammad Shah la reçoit à Tabriz, et elle rend visite au prince Bahman Mirza, prétendant au trône, en exil à Tbilissi.

Ida Pfeiffer est totalement sortie de l'anonymat, elle est en relation avec Vincenz Kollar, le directeur du cabinet de Zoologie du Muséum d’histoire naturelle de Vienne, et quand elle passe à Berlin en 1851, en route pour de nouvelles aventures, elle est chaleureusement accueillie par Humboldt qui la présente à Bettina von Armin, à Meyerberg et au prince Pückler Muskau.

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Second Tour du Monde