« Les démons, mythe ou réalité ? » in Science et Esprit, Ottawa, vol. 76, fascicule 1, janvier-avril 2024, p. 117-131.
Résumé
Si l’on veut échapper au rationalisme, on peut comprendre que l’évolution des démons, de leur crédibilité et de leur statut est significative de celle de notre culture, de son rapport au réel, et de sa façon de traiter le mal qui affecte l’existence humaine. Par-delà la relation entre théologie et anthropologie, elle traduit la question récurrente de l’alternative entre finitude et culpabilité. Dans une perspective de foi en une histoire du salut elle met en jeu l’ambivalence du rapport au divin.
Abstract :
If we want to escape rationalism, we can understand that the evolution of demons, their credibility and their status is significant to that of our culture, its relationship to reality, and its way of dealing with the evil that affects human existence. Beyond the relationship between theology and anthropology, it expresses the recurring question of the alternative between finitude and guilt. From a perspective of faith in a history of salvation, it brings into play the ambivalence of the relationship to the divine.
« L’espérance chrétienne à l’épreuve du temps »,
in « L’espérance dans les religions abrahamiques, de la Bible à nos jours », Revue du Nord Hors-série Collection Histoire N° 44, 2022, Université de Lille, p. 15-37.
Résumé : L'espérance biblique ne portait pas d’abord sur la destinée de l’individu mais sur celle d’un peuple. Elle était une orientation culturelle qui, à l’encontre de la soumission à une condition fixée, valorisait l’avenir et lui donnait une puissance salutaire. S’appuyant sur un récit de promesses, elle était par nature exposée à l’incertitude. Celle-ci s’accroît paradoxalement quand l'espérance est active et opère par conversion : ce qui est attendu se trouve alors non seulement retardé mais pris à revers. Le cours du temps et ses caractéristiques en sont modifiés de façon imprévue, et font entrer dans une histoire nouvelle qui peut déconcerter et faire problème.
Abstract : When time puts Christian hope to the proof
Hope undergoes the test of time because it gives it importance and power of judgment. As it opens history, it makes herself vulnerable to its course, and can only live by adapting to it and not by refusing it or running away from it. The uncertainty to which it is exposed increases paradoxically when hope is active and operates by conversion : what is expected then is not only delayed but reversed. The characteristics of time are modified in an unforeseen way, and leads into a new history that can disconcert and cause problems. From a few examples, since biblical times to the present day, we will reflect on this difficult and often conflicting relationship that this hope maintains with what it engenders, sometimes to the point of disavowing it.
"Unité et diversité : une évolution de la culture", Article en ligne
in Mélanges de Science Religieuse, "Diversité dans l'Eglise", Lille 2013 Tome 70 N°3 p. 7-19.
Résumé : Que signifie la valorisation de la diversité ? Après une clarification préalable des mots (pluralité, différence, altérité), on repérera les moments d’une évolution dont l’enjeu majeur concerne les modalités de la communication : en travaillant le besoin d’unité, la catholicité grecque et l’agapè biblique ont valorisé dans notre culture une mise en relation d’altérités qui ne doit pas être confondue avec la sacralisation d’un ordre, qu’il soit unitaire ou pluriel.
Abstract : What does it mean to honour diversity ? After a clarification of our use of several words (plurality, difference, otherness), we will indicate at what points there have been evolutions, primarily affecting the means of communication. In emphasizing the need of unity, Greek catholicity and biblical agape have given value to otherness in relationships. This is not to be confused with a sacrilisation of order, whether it be characterized by uniformity or plurality.
"Y a-t-il des traditions de conversion ?"
in Théorèmes 3/2012 "Réfléchir les conversions", Article en ligne
Résumé : La conversion, comprise par les modernes comme le changement religieux d’un individu, peut être replacée dans un cadre plus large où elle est commandée par les mouvements de la culture. L’utilisation de la notion de tradition de conversion attire l’attention sur cette voie de recherche.
Abstract : Conversion, understood by modern people as an individual’s religious change, can be placed inside a wider frame where it is driven by culture’s movements. Using the notion of tradition of conversion draws attention to this way of searching.
"Ne faut-il pas être déshumanisé ?", Article en ligne
in Mélanges de Science Religieuse, "Humain / Inhumain", Lille, 2012 Tome 69 N°1 p. 61-74.
Résumé : Inhumain est aujourd'hui synonyme de mal. Cela révèle comment nous identifions l'humain et le bien. Ce culte de l'homme qui se traduit en moralisme garde de la religion sa tendance à confondre le registre des faits et celui des valeurs. A l'inverse une perception différente de ce qui n'est pas humain ouvrirait la culture à se décentrer davantage d'elle-même.
Abstract : Inhumanity has become synonymous with evil today. That is an indication of how we identify what is human with what is good.This worship of man, which finds its expression in moralism, has inherited form religion the tendency to confuse facts with values. On the other hand, a different perception of what is not human would allow culture to be less centred on itself.
"La Tour de Babel : le renversement d'une construction théologique"
in La Tour de Babel, Artois Presses Université, Revue Graphè N°21, 2012 p. 109-123.
Résumé : La tour, aujourd'hui comme à Babylone, fascine : elle est emblème de la ville qu’elle domine et de la civilisation qui l’érige. Dans cette perspective, je réfléchis à l'histoire de l’interprétation théologique du récit biblique, et à l’exploitation qui fut faite de l’ambivalence du texte. Les Églises ont lu traditionnellement le récit biblique de la Tour de Babel dans le sens d’une transgression qui expliquait la perte de l’unité primitive. La fin du vingtième siècle a donné lieu en Occident au renversement de cette interprétation, pour valoriser à l’inverse la pluralité politique et culturelle. On s’interroge ici sur ce renversement surprenant, et sur les enjeux qu’il est possible d’en dégager concernant l’évolution de notre culture.
« L’évolution du salut chrétien : que devient le salut dans la société moderne ? », Article en ligne
in Mélanges de Science Religieuse, « L’espérance au risque des catastrophes », Lille, 2011 Numéro hors-série p. 71-82.
Résumé : La perte de crédibilité de l’annonce chrétienne d’un salut tient-elle à la montée concurrentielle d’autres formes – modernes et séculières - de salut, ou bien est-elle un des aspects d’une crise plus large qui touche aujourd'hui toute espérance, y compris celle qu’entretenait la foi au progrès ? La question ne peut trouver de réponse si l’on n’examine pas les relations paradoxales qui ont à la fois séparé et uni christianisme et modernité, et leur façon de se situer l’un et l’autre dans une histoire.
Abstract : Has the Christian proclamation of salvation lost credibility because of the increased competition from other forms of salvation, modern and secular, or is it an aspect of a wider crisis that affects all forms of hope today, including the one stemming from faith in progress ? We will only find an answer to this question by examining the paradoxal interactions that have both divided and united Christianity and Modernity as well as their respective positions in a narrative.
"Le christianisme est-il culturel ?"
in Mélanges de Science Religieuse tome 67 n°4, Lille, octobre 2010. Article en ligne
Résumé : Le christianisme est-il culturel ? Les réponses à cette question sont liées aux conceptions de la culture, dont l'évolution pourrait être l'enjeu majeur de la foi elle-même.
Abstract : Is Christianity cultural ? The answers to this question are tied to the conceptions of culture whose evolution could be the major factor in faith itself.
"Gratuité et transcendance : du bon plaisir antique à l'autonomie moderne"
in Mélanges de Science Religieuse tome 66 n°2, Lille, avril 2009, pp.5-20. Article en ligne
Résumé : L'affirmation d'une congruence entre la gratuité de Dieu et la modernité appelle une réflexion sur l'ambiguïté de la signification théologique accordée au gratuit autant que sur la complexité de la modernité.
Abstract : Affirming that there is congruency between the concept of God as a free gift and modern thought necessitates reflecting on the ambiguity of the theological signification of free as much as on the complexity of modern thought.
"Transcendance et politique : une question de clôture ?", Revue Budhi, a journal of ideas and culture, volume XIII, N° 1-3, 2009, éd. Ateneo de Manila University, Manille (Philippines).
Résumé : La notion de transcendance est aujourd'hui communément associée en Occident à une hétéronomie qui mettrait les humains en situation de dépendance vis-à-vis d'un pouvoir sur lequel ils n'ont pas de prise. Elle est ainsi pensée comme ce qui referme l'ordre social sur lui-même, interdisant toute mise en question. Ce lien entre transcendance et clôture mérite d'être repensé. A partir d'œuvres comme celles de Cornelius Castoriadis, Marcel Gauchet et Régis Debray, il peut tracer des voies pour renouveler la façon de comprendre le théologico-politique.
Abstract : The notion of transcendance is now commonly associated in modern culture to an heteronomy that could put humans in a situation of dependance below a dominating power. It is thought as well as what closes the social order on itself, prohibiting all calling into question. This link between transendance and enclosure should be considered. From works of C. Castoriadis, M. Gauchet and R. Debray, it can draw ways to renew the understanding of the "theologico-politique".
"Un malentendu significatif : qu'est-ce qu'être fidèle ?"
in Graphé N°18, Arras, 2009, La parabole du fils prodigue, pp. 201-210.
Résumé : La parabole du fils perdu et trouvé (Luc 15,11-32) est emblématique de la façon dont le christianisme s'est défini. La considération dont il a fait l'objet dans l'histoire de notre culture permet d'avancer l'hypothèse d'un malentendu récurrent sur sa signification, malentendu dont le texte lui-même pourrait présenter l'ébauche d'une interprétation. Elle pourrait être éclairante sur le rapport entretenu par notre culture aux traditions chrétiennes dont elle dépend.
Abstract : The parable of the lost and found son (Luke 15,11-32) is emblematic of how Christianity helps to form the hypothesis of a recurring misundestanding of its meaning, whose the text itself could present a draft of interpretation. It could be enlightening for the relation lived by our culture with Christian traditions on which it depends.
"La transcendance et la mise en question par la science des frontières de l'humain", Revue Budhi, a journal of ideas and culture, Volume XIII, N1-, 2009, éd. Ateneo de Manila University, Manille (Philippines).
Résumé : L'une des façons dont l'expérience d'une transcendance peut s'effectuer aujourd'hui dans les sociétés modernes est la question des frontières de l'humain. En effet, alors que la science concourt à construire un monde de plus en plus artificiel et comme totalement "humanisé" par la visée fonctionnelle qui le commande, d'un autre côté elle met en question les définitions que les hommes s'étaient données d'eux-mêmes dans le cadre des conceptions traditionnelles du monde, allant jusqu'à bousculer les frontières entre l'humain et le non humain. Ce paradoxe peut éclairer le rapport que notre culture entretient avec l'anthropocentrisme qui la commande.
Abstract : Transcendance and calling into question frontiers of human by science.
One of the ways in which the experience of transcendance can be done today in modern societies is the disquieting question of human's borders. Indeed, while science contributes to build a more and more artificial and totally "humanized" world, referred by a functional command, on the other hand it puts into question the definitions that man himself had given in the framework of traditional conceptions of the world, up to burst the boundaries between human and non-human. We will qyestion about this paradox and its implications in relation to the anthropocentrism which controls the modernity's ideals.
"Pluralisme culturel et clôture du sens : comment dépasser la peur du relativisme ?"
in Bulletin de l'Association Européenne de Théologie Catholique, Leuven, vol. 19, 2008-1 pp. 62-68
"Mal de péril et visages de Dieu"
in Mélanges de Science Religieuse, tome 56 n°4, Lille, octobre-décembre 1999 pp. 27-46.
Résumé : Les stratégies culturelles face au mal insensé peuvent être classées selon une typologie inspirée de l'analyse que fit Paul Ricoeur des mythes d'origine. A chacune d'elles correspond une figure divine, et ainsi, du dieu méchant mais puissant au dieu bon mais faible, la culture tente-t-elle d'établir par des voies diverses sa domination sur ce qu'elle ne maîtrise pas. Selon Hans Jonas, l'option de notre civilisation est celle d'une impuissance divine. Mais, en faisant jouer à l'individu humain un rôle jusque là attribué à Dieu, elle risque de laisser entière la prétention de la culture à une totale maîtrise. Aussi conviendrait-il d'examiner plus fondamentalement quel rapport à la puissance nous entretenons de par nos traditions, et comment notre culture prend conscience de ses propres limites.
Abstract : The cultural strategies adopted when confronted with irrational evil can be classified according to a typology inspired by Paul Ricoeur's analysis of myths of origins. Each one of them has a corresponding divine figure, from an evil but powerful god to a weak but good god. Culture seeks to use these to dominate, by diverse means, what it does not control. According Hans Jonas, our civilisation has opted for divine weakness. However, by attributing a role to the human individual that was up until now ascribed to God, it runs the risk of leaving total domination in the pretentious hands of culture. Therefore, it would be appropriate to do a radical examination of the relationship our traditions give us power, and how our culture becomes aware of its own limitations.
"Qui est incroyant ?"
in Mélanges de Science Religieuse, tome 63 n°3, Lille, juillet-septembre 2006. Article en ligne
Résumé : L'incroyance est une notion relative, qui renvoie aux critères de jugement : ceux-ci peuvent se situer à différents niveaux, et le passage de l'un à l'autre est révalateur de l'évolution en profondeur de notre culture.
Abstract : Unbelief is a relative notion that needs precise definition : this can occur at different levels, and movement from one to another reveals the great extent to which our culture has been transformed.
Texte en ligne ci-dessous : incroyant.pdf