Fondements

théoriques

Le concept d'ACTIVITÉ PHYSIQUE ADAPTÉE a été défini en 1977 par Clermont Simard dans le cadre d'un Congrès mondial qui eu lieu au Château Frontenac de la ville de Québec. Introduit en Europe par Jean-Claude De Potter, l'A.P.A. fédère en France depuis 1989 une filière de formation en S.T.A.P.S. (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives) spécialisée dans les domaines du handicap et de l'inadaptation sociale. La formation est organisée selon des visées professionnelles et de recherches. Elle associe à partir d'un repérage et d'une analyse de la demande sociale les applications pratiques des activités physiques et sportives aux validations scientifiques des effets produits par l'intervention. On peut sans conteste affirmer que cette filière universitaire débouche sur un métier très prometteur dans le milieu de l'autisme. « L'éducation physique adaptée en bas âge doit ouvrir les horizons pour les différents itinéraires permettant de profiter des activités physiques adaptées au niveau éducatif, clinique, récréatif... ¹ ». Reconnu internationalement, l'A.P.A. est un concept dynamique qui s'actualise dans l'action.

L'APPRENTISSAGE MOTEUR est « un ensemble de processus cognitivo-moteurs associés à la pratique et l'expérience qui conduisent à des changements relativement permanents au niveau de la performance des habiletés motrices ² ». Développées dans le cadre de la psychologie cognitive ou des neurosciences, les théories de l'apprentissage et du contrôle moteur revêtent une importance centrale pour l'éducation physique spécialisée. À savoir que l'apprentissage moteur n'est pas la modification comportementale elle-même, mais le processus neurologique interne qui l'a permise et dont elle constitue l'indice ³.

La PÉDAGOGIE CONATIVE est une démarche s'inspirant du concept de conation. Elle s'appuie sur 5 étapes : l'étape émotionnelle, l'étape fonctionnelle, l'étape technique, l'étape contextuelle et l'étape d'expertise. Par définition, la conation est « l'inclinaison à agir dirigée par un système de valeurs incorporées ⁴ », c'est-à-dire selon l'histoire, la trajectoire de vie de chacun et des expériences accumulées en son cours. Il s'agit de « partir de ce que l'élève fait, et non de ce que l'on voudrait qu'il fasse ⁵ ». Ce n'est donc pas de l'intervention programmée à l'avance mais une méthode centrée sur les préoccupations immédiates de l'apprenant. Le but est d' « augmenter la puissance d'exister de chacun ⁶ ». Pour ce faire, il ne s'agit pas de décrire le manque, de juger l'absence mais bien de valoriser l'existant. Ce modèle est très intéressant pour toutes celles et ceux qui s'intéressent à l'intervention car il permet d'entrer dans un processus d'intelligibilité du spectre de l'autisme. Au travers du curriculum conatif, on exploite l'efficience plutôt que de stigmatiser l'apparence d'un déficit. Selon l'auteur Gilles Bui-Xuân, il faut chercher « leur mode de structuration singulière pour pouvoir l'exploiter au maximum ⁶ ».

Par THÉORIES DE L'ESPRIT on entend « ce que les sujets savent sur les états mentaux des autres et la façon dont ils sont reliés aux leurs, comme inférences prédictives et stratégies sur lesquelles ils fondent leur action et leur pensée ⁷ ».

L'INCLUSION SOCIALE consiste à faire en sorte que tous les enfants, adolescents ou adultes aient « les moyens de participer en tant que membres valorisés, respectés et contribuant à leur communauté et à la société... ⁸ ». Ce concept est considéré comme le contraire de l'exclusion sociale.

La PSYCHOMOTRICITÉ : l'accent est mis sur la stimulation du développement global par le mouvement. C'est la prise de conscience de soi, de son corps, de son environnement spatio-temporel et des possibilités de s'y adapter. « Parler de psychomotricité, ce n'est pas seulement s'adresser au corps et à l'esprit, mais à l'action et à la pensée ⁹ ».

L'ÉDUCATION PHYSIQUE : l'accent est mis sur le mouvement pour le développement de compétences à agir, interagir et adopter un mode de vie sain et actif. L'enseignement vise la transmission de savoirs et de connaissances. Les activités physiques et sportives sont le moyen, un support de travail, une étape et non une fin en soi ¹⁰.

La KINÉSIOLOGIE : l'accent est mis sur l'intervention personnalisée et sécuritaire en activité physique. Il s'agit d'évaluation de la condition physique et des habitudes de vie, de prescription d'exercices physiques pour la santé ou pour la préparation de l'athlète de haut niveau, mais aussi de rééducation physique auprès de clientèles symptomatiques ¹¹.

Le SPORT : l'accent est mis sur la façon d'appliquer les principes de la performance (précision, esthétique des mouvements...) et sur le jeu d'interactions motrices codées, chargées de significations sociales et culturelles. « Le sport est un fait social total. La culture c'est la façon dont les hommes, société par société, transmettent ou font passer leur histoire : les savoirs, les techniques et les œuvres ¹² ».

La NEUROPÉDAGOGIE COGNITIVE vise à utiliser les acquis des « neurosciences cognitives » ¹³ au service de l'éducation. C'est une nouvelle pédagogie fondée sur les dernières connaissances en matière de développement et de fonctionnement cérébral spécifique à certains troubles ou variants génétiques. Puisque l'autisme a des bases neuronales, la question est comment mieux enseigner à des enfants autistes ? Et renvoie à cette autre interrogation : comment apprend-on dans leurs têtes ?

« Tous les enfants ont du génie,

le tout est de le faire apparaître. »

© Charlie Chaplin

Références :

1. Clermont Simard, Historique et évolution du concept Activité Physique Adaptée, Colloque à l'Université de Paris X - Nanterre, 19-23 mars 2001.

2. Dina Breslin, Motor-learning theory and the neurodevelopmental treatment approach : A comparative analysis, Occupationnal therapy in healt care, 10, 1996.

3. Didier Delignières et Pascal Duret, Lexique thématique en sciences et techniques des activités physiques et sportives, Éd. Vigot, Vol. 12 - Coll. Sport + Enseignement, p. 71-72, 1995.

4. Jean-Philippe Turpin, Étude d'enfants abandonniques en situation de judo, Le sens en action, Thèse de doctorat S.T.A.P.S., Université de Montpellier 1, 1999.

5. Gilles Bui-Xuân et Jacques Mikulovic, Les élèves à besoins éducatifs particuliers n'ont pas besoin d'une pédagogie particulière en E.P.S., Reliance 2, n°24, p. 98-106, 2007.

6. Mots de Gilles Bui-Xuân tirés de Matthieu Quidu, Les S.T.A.P.S. face à la pluralité épistémique, Approches : analytique, normative et compréhensive, à partir de l'étude des revues STAPS et Science & Motricité, Université de Nancy II, p. 311, 9 décembre 2011.

7. Franc Morandi, Conation, théories de l'esprit et connaissance professionnelle des enseignants, Recherches et éducations, Dossier n°10, Revue Éduquer, 2005.

8. Laidlaw Foundation, Toronto, Canada. Ce concept a été utilisé par le sociologue allemand Niklas Luhmann, fondateur de la théorie des systèmes sociaux.

9. Jean Keller, Activité Physique et Sportive & Motricité de l'enfant, Éd. Vigot, Coll. Sport + Enseignement, p. 24, 1996.

10. Claude Dugas, Formation destinée aux intervenants en psychomotricité, Québec en Forme, Diaporama n° 22, Savoir faire la différence, 10-11 janvier 2008.

11. Dépliant de la Fédération des Kinésiologues du Québec, Université de Montréal, Département de kinésiologie, Québec, 2006.

12. Marcel Mauss cité par Lacince Nelly et Miliani Mahmoud, E.P.S. et Société, U.E. 24.2B couplée avec le cours Histoire de l'E.P.S., Université de Montpellier 1.

13. Terme indiquant que le but ultime de ces sciences n'est pas de comprendre uniquement la machinerie cérébrale mais de pénétrer le processus de fabrication de la pensée. Il a été inventé par Michael Gazzaniga et George Miller à la fin des années 70.

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