2. Critiques amateurs


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ou extraites de blogs, sites amateurs et de publications rédigés par des bénévoles, etc.


Les Rédacteurs n'attribuent pas de note globale dans cette section.

FRANCE

90 PAPERBLOG • Jean-Louis Kuffer

« L’art doit être aussi méticuleux que la vie », dit Fellini à propos de la forme artistique la plus proche de la réalité que semble le cinéma, qui requiert précisément, alors, la transformation de la réalité apparente en trompe-l’œil dont la mer de plastique du Casanova est l’un des plus fameux exemples.

Le film intitulé Je suis un grand menteur, dans lequel le Maestro décrit la germination de son art avec une quantité d’exemples vécus sur le plateau, est une belle leçon de choses dans laquelle interviennent, autant que le marionnettiste, ses poupées plus ou moins consentante, du malheureux Donald Sutherland qui semble ne pas être encore revenu du fait d’avoir tant été malmené durant les premières semaines du tournage du Casanova (on sait que Fellini ne pouvait pas l’encadrer…) à Terence Stamp évoquant superbement sa propre expérience, en passant par Giuletta Masina ou Roberto Begnini aux impayables observations.

Sceptique à l’endroit de tout scepticisme, plaidant pour la disponibilité totale du créateur, médium plus qu’ingénieur trop lucide, Fellini apparaît à la fois en Dieu le Père et en enfant pénétré par son jeu, et le voir travailler avec ses acteurs (la scène de triolisme où il dirige, un regard après l’autre, un geste après l’autre, les caresses des jeunes amants du Satyricon), le voir détailler l’importance absolue de telle couleur ou de telle lumière, le voir cajoler ses gens ou les houspiller, le voir créer son univers apparemment ex nihilo, mais fait de tout ce qui existe et nous traverse, est une fabuleuse démonstration d’attention amoureuse à cela simplement qui est…


20 LES FICHES DU CINEMA

... le film reste, avec beaucoup de rigidité, bloqué sur sa valeur de document, et n'envisage jamais de devenir ludique, narratif, ou même pédagogique. On peut même dire que la démarche de Pettigrew se présente comme l'antithèse de celle de Fellini puisqu'elle est étonnamment dépourvue de créativité, d'énergie, d'humour et, en un mot, de vie. Seules quelques images de tournages, et les témoignages (trop courts) de Terence Stamp ou Toscan du Plantier rendent justice à la démesure baroque de l'univers Fellinien. Mais pour le reste, on sent bien que pour Pettigrew, c'est toujours le sens qui prime. En cela, il trahit l'esprit de Fellini, et alimente le malentendu qui tend à faire passer son oeuvre pour totalement hermétique et intellectuelle. Ne reste ensuite que le portrait schématique d'un créateur manipulateur, maniaque et caractériel. Et qui, défini par ces seuls traits de caractères, pourrait aussi bien s'appeler Orson Welles, Stanley Kubrick ou Jean-Luc Godard, sans que cela fasse la moindre différence. Reste aussi quelques documents intéressants, comme une séquence inédite du Casanova. Mais globalement, ce film trop terne donne amplement raison à Fellini : un mensonge bien construit sonne beaucoup plus vrai qu'un enregistrement plat de la réalité.