Cap de Creus et Paratge de Tudela

Depuis la baie de Joncols, il nous faut une bonne heure en voiture pour rejoindre le cap de Creus, en passant par Cadaquès, village cher à Salvador Dalí.

La route finit en cul-de-sac au pied du phare. La terrasse du restaurant du cap est parfaite pour se désaltérer tout en profitant du paysage environnant.

Gare au vent qui met à mal mon brushing ;-)

Ambiance venteuse, terrain abrupt et sol rocailleux… dans un tel environnement la végétation a fort à faire pour s'adapter aux conditions extrêmes que présente ce point de la côte.

En revanche, les amateurs de géologie sont gâtés. Attention tout de même, on est ici dans une réserve naturelle intégrale. Par conséquent on ne prélève rien, on se contente de regarder !

Tout autour de nous, nous découvrons ces grands blocs de roche aux formes curieuses façonnées par l’érosion.

Tout droit sortie de notre imagination, cette bête sauvage à la robe particulièrement ouvragée…

… qu'Hervé se prend à vouloir dompter !

Après une dernière vue d'ensemble, nous quittons le cap. D'autres formes rocheuses spectaculaires nous attendent à deux kilomètres de là, à Paratge de Tudela.

Dernière vue panoramique du cap de Creus.

Quelques minutes plus tard, nous voilà dans la Plaine de Tudela !

Dire qu'à cet endroit il n'y encore pas si longtemps (entre 1962 et 2004) le Club Med avait installé 400 bungalows avec vue imprenable sur la Méditerranée.

Après sa fermeture en 2004, l'Etat a racheté le terrain et, avec le soutien financier de la région de Catalogne, a tout mis en œuvre pour rendre les lieux à la nature. Les dalles de béton qui parcouraient les 200 ha du domaine ont été déconstruites. Les plantes invasives qui conféraient au lieu un caractère luxuriant et coloré factice ont été arrachées à la main afin de ne pas endommager les rochers et les espèces endémiques.

Aujourd'hui un sentier inauguré en 2011 permet à chacun de redécouvrir le patrimoine naturel originel du lieu.

Outre la beauté intrinsèque du site entouré de criques turquoise, les points d'intérêt sont principalement ces trois formations rocheuses fantasmagoriques qui auraient inspiré le peintre Dalí lui-même.

Ici EL Conill, le lapin en catalan.

Là, L'Àguila, l'aigle.

Plus loin, El Camell, le chameau.

Mais en y regardant bien nous en avons vu d'autres, par exemple ce phoque, El Segell en catalan (si j'en crois le traducteur de Google).

Dans cet univers minéral, on pourrait penser la végétation absente. Il n'en est rien ! Quelques espèces végétales endémiques, comme la Seseli farrenyi, sont ici dans leur élément.

D'un rocher à l'autre, nous suivons le sentier balisé jusqu'à la baie de Cullip, soit une petite heure en flânant.

Pour revenir à notre point de départ, nous avons deux options : rebrousser chemin ou couper par un chemin de traverse. Comme on aime bien les variantes… ;-)

Le terrain y est particulièrement accidenté, mais ce passage permet d'observer encore d'autres œuvres sculptées par la nature.

On comprend que Salvador Dalí ait été fasciné et inspiré par ce site !

Voici les croquis et commentaire du célèbre peintre en 1961...

"Cette partie entre le chameau et l’aigle, que tu connais et aimes autant que moi, est et sera pour toujours pure géologie, sans que rien ne puisse s’y mêler, j’en fais une question de principe. C’est un site naturel mythologique fait plutôt pour les dieux que pour les hommes, et il faut qu’il continue à être ce qu’il est".

C'est un peu cela que nous avons ressenti nous aussi en traversant ce paysage.