"La perception de Venise et de sa lagune, entre usages et usagers"
Article écrit avec Monica Camuffo, chercheuse et Gabriele Zanetto, professeur, Centre IDEAS (Centro Interdipartimentale per l'analisi delle Interazioni Dinamiche tra Economia, Ambiente e Società), Université Ca'Foscari de Venise, dans le cadre de l'École d'été de géographie sociale de Montpellier en septembre 2005 et paru dans:
La rencontre - session 2005 de l'École d'été de Géographie Sociale - qui a conduit à la publication de cet ouvrage invitait les participants à placer l'imaginaire au contact du territoire dans une perspective de géographie sociale. Il s'agissait d'en apprendre un peu plus sur notre rapport à l'habiter, en quelque sorte, et d'affiner notre compréhension des formes prises par l'établissement humain dans le temps, ici et ailleurs, en essayant de transcender le réel pour apprécier au mieux les imaginaires mobilisés, les les normativité à l'oeuvre et la possibilité de s'en dégager. Au-delà des questions urbaines ou rurales, des modalités de vivre ensemble - c'est-à-dire des choix que la communauté retient pour organiser au mieux son quotidien et le pérenniser sur un mode équitable -, le territoire semble dépossédé de sa capacité à générer de lui-même des repères identitaires indispensables à la vie de ceux qui l'habitent. À cette approche classique de la territorialité, de la construction territoriale, des rapports des hommes à leur espace, paraît répondre une conception autre, plaçant la question territoriale au service de la formulation idéologique d'un être ensemble ayant toujours la transcendance pour vocation mais cette fois au prix d'une préfabrication. Tout cela passe par l'affirmation a priori d'un nouvel imaginaire pour le territoire n'hésitant pas par endroit à abuser de la réduction culturelle ou à outre-passer les cohérences sociales ou politiques. Au-delà de la connaissance première de ces imaginaires, qu'il faut poursuivre, leur décriptage aurait pour ambition de révéler leurs effets sociétaux associés aux traductions spatiales inhérentes.
Les textes proposés traduisent particulièrement bien la tentation de toucher à cette part enfouie de la réalité et, dans le même temps, l'incapacité à en déterminer parfois les voies d'accès les plus adaptées. Une force encore latente anime cet ouvrage. Son contenu fera sens à celui qui voudra bien porter un regard critique sur la géographie, son épistémologie, son histoire et le rôle qu'elle compte jouer en sciences sociales.
Laurent Viala, Stéphane Villepontoux (sous la direction de)
Imaginaire, Territoires, Sociétés.
Contribution à un déploiement transdisciplinaire de la géographie sociale
Montpellier, Publications de l'Université Paul Valéry (coll. Territoires en mutation), 500 p.