Publications:
- (à paraître) "Note biographique", in Bernoulli Hans, La ville et le sol urbain, Genève
- (2009), "Le rôle des intellectuels dans l’attribution de valeur à l’espace : l’exemple de Venise", in Colette Vallat (dir.), Pérennité urbaine ou la ville au-delà de ses métamorphoses, Paris, Université Paris-X - Nanterre, Editions L'Harmattan
Venise soigne depuis toujours son image pour attirer les visiteurs. Son auréole symbolique ne tarit pas, au contraire: c'est probablement le centre historique le plus célèbre au monde; d'ailleurs, on ne connaît généralement que le centre historique de cette commune beaucoup plus étendue en réalité (dans la lagune et sur la terre ferme). La ville d'art occupe une place particulière dans notre inconscient collectif: elle a été en quelque sorte "sélectionnée" pour accéder au Patrimoine, à l'Histoire, et à notre mémoire collective (tout du moins occidentale); une valeur lui a été attribuée qui relève d'un processus socio-historique complexe de production et de reproduction symbolique et mythique.
En tant que producteurs privilégiés des représentations symboliques, les intellectuels ont un rôle central dans ce processus. Non seulement ils maîtrisent les connaissances scientifiques qui contribuent à la construction du rapport à l'espace en donnant sens à ce dernier, mais une grande partie de leur travail consiste, dans leur quête de connaissance du monde, à étudier et à décoder ces mêmes représentations. Les intellectuels deviennent ainsi les détenteurs des représentations mythiques, en ce sens que ce sont eux qui disposent des outils et des savoirs qui permettent de reconnaître ces dernières, de les analyser et de les interpréter, mais également de les produire et de les reproduire.
- (2007), avec Borghi Rachele et Lando Fabio, "Aménagement touristique et transformation de l'espace urbain: les risques du développement du secteur à travers le cas comparé de Venise et Marrakech", in Akdim Brahim et Laaouane Mohamed (dir.), Actes du colloque aménagement du territoire et gestion des risques environnementaux, Fès, Publications de l'Université Sidi Mohamed Ben Abdellah
Le tourisme tient un rôle essentiel dans la dialectique d’assignation de signification à un lieu. D’un côté il alimente l’imaginaire collectif à travers la mise en valeur d’une série d’icônes, et de l’autre il transforme et modèle les lieux au moyen de stratégies d’aménagement territorial dont le but est la spatialisation de ces mêmes icônes. L’espace public des centres urbains est particulièrement concerné par ce processus en ce qu’il représente la scène privilégiée de la ‘performance’ touristique. Dans cette logique, tous les acteurs impliqués dans le phénomène du tourisme utilisent l’espace public et participent à lui donner un sens.
Au niveau mondial, seules certaines villes sont devenues des destinations privilégiées du ‘tourisme culturel’. Dans ce travail, nous voulons comparer le cas de deux villes touristiques célèbres: Venise et Marrakech. Une étude comparative analysant deux réalités qui, bien qu’appartenant à deux systèmes culturels très différents ont en commun le fait qu’elles peuvent être considérées comme des ‘villes globales’ dans le panorama mondial et comme deux icônes du tourisme global.
- (2007), avec Camuffo Monica et Zanetto Gabriele, "La perception de Venise et de sa lagune, entre usages et usagers", in Viala Laurent et Villepontoux Stéphane (dir.), Imaginaire, territoires et sociétés. Contribution à un déploiement transdisciplinaire de la géographie sociale, Montpellier, Publications de l'Université Paul Valéry-Montpellier 3
Tout espace construit et aménagé est d'une part le produit de l'action sociale, et d'autre part une empreinte "signalante" et signifiante des systèmes de valeurs qui sous-tendent la construction et la transformation perpétuelle de l'espace pour les acteurs qui le vivent et le pratiquent quotidiennement (Froidevaux 1998). Chaque société construit autour d'elle son environnement, humanisé, porteurs de signes qui attestent de sa présence, un environnement chargé des valeurs qui lui sont attribuées par ceux qui l'utilisent et l'organisent. L'appréhension de l'espace est ainsi le résultat d'une construction socio-historique qui implique une polysémie culturelle de l'environnement. L'interprétation de l'espace comporte de ce fait le risque d'une lecture simplificatrice et partielle qui néglige - en suivant les valeurs d'une culture - toutes les autres lectures qui co-existent dans cet espace (Zanetto 1982), un risque amplifié par le déterminisme exercé par la structure sociale et dont la culture est l'expression.
- (2006), "Nota biografica", in Bernoulli Hans, La città e il suolo urbano, Venezia, Corte del Fontego Editore
- (2006), "Venise, Sujet ou Objet de Mémoire /(Venice, Subject or Object of Memory)", in Midgley David, Emden Christian et Keen Catherine (dir.), Imagining the City. Volume 2: The Politics of Urban Space, Oxford, Peter Lang (Series: Cultural History and Literary Imagination)
La structure particulière de Venise ne permet pas une multiplication des itinéraires pour se rendre d'un endroit à un autre de la ville. Il revient aux autorités communales de faire preuve d'une imagination pratique pour gérer les flux touristiques et le déplacement de ces citoyens. Elles se doivent de trouver des solutions qui permettent aux uns et aux autres de vivre leur ville, au risque de voir Venise se vider de sa substantifique moëlle, sa population, et de ne devenir qu'une espèce d'écrin artistique, culturel et historique certes magnifiquement paré, mais vide.
Pour que ces solutions soient réellement efficaces, il me paraît à la fois indispensable et inévitable qu'elles s'appuient sur une véritable une idée de la ville qui dépasse la simple gestion du trafic. En effet, gérer l'occupation de l'espace urbain, que cela soit envisagé sous la forme d'une consommation, d'une utilisation, ou d'un partage plus ou moins équitable, ne peut pas se borner à l'application de solutions partielles de gestion des flux, tels de nouveaux itinéraires ou une nouvelle signalétique. Une gestion efficace de l'occupation de l'espace urbain exige une réflexion plus en profondeur sur le sens et la finalité de l'espace lui-même, en tant que porteur d'une histoire, passée, présente, et à venir.
- (2005), "L'outil photographique en sociologie", in Ducret André et Schultheis Franz (dir.), Un photographe de circonstance. Pierre Bourdieu en Algérie, Genève, AES Éditions
Ces dernières années, les sociologues adeptes de l'utilisation de l'outil photographique ont cherché à redonner une crédibilité à l'approche visuelle. La France, ou plus précisément, les chercheurs du monde francophone sont plus réticents que leurs collègues anglophones face à la photographie et au rôle argumentatif qu'elle est susceptible de jouer dans une recherche, mais cela pourrait bien changer ces prochaines années.
Autres textes:
- "Les mots et les maux de la ville", séminaire Corps, médecine et sociétés, Université de Lausanne
Il existe un rapport intéressant entre l'urbanisme et la médecine: c'est l'usage de métaphores corporelles dans le domaine urbain. Qu'il s'agisse de l'histoire de la pensée sur la ville ou d'urbanisme contemporain, il y a une certaine récurrence de la conception organiciste de la ville. Souvent, cette dernière est considérée comme un corps qu'il faut soigner, dont il faut s'occuper, qui doit être observé. Bref, la ville est représentée comme un organisme.
La ville naît, croît, meurt parfois. Le vocabulaire, les termes utilisés reflètent la vision organiciste de la ville et les métaphores corporelles qui vont avec. On parle d'artères, de tissu, de corps de la ville. Une vision qui évolue et se transforme en parallèle à l'évolution et à la transformation de la médecine, avec le rapport au corps de la société, comme l'a étudié Richard Sennett.
- Dissertation pour le cours Etude de la stratification sociale, professeur Levy, Université de Lausanne
Société imaginaire
Imaginons donc une société constituée autour du football, où tout est centré sur le football. Cette société - appelons-la Eden - comprend des joueuses et des joueurs formant des équipes mixtes et qui se sont regroupés en une Association de Libres Footballeurs. Elle comprend également tout un staff de direction et d'encadrement - des anciennes et anciens footballeurs - remplissant des fonctions à la fois liées à la performance sportive, à la formation, mais également à la gestion de la vie sociale plus généralement. Et bien entendu font partie de cette société des clubs de fans, de supporters, et des médias de la presse écrite et de la radio-télévision.
Nous retrouvons ainsi, dans ce cadre imaginaire, toutes les fonctions sociales considérées nécessaires à la bonne marche et à la reproduction de cette société-là.