Arles Préfecture du Prétoire des Gaules

Il nous a semblé utile de retracer l'histoire d'Arles à partir du III eme Siècle jusqu'à la fin du V eme Siècle, pour permettre une meilleure compréhension du contexte de Théopolis.

En récompense de son soutien à Jules César contre Marseille en 49 av. J.-C., Arles (ou Arelate, selon le toponyme de l'époque), devient une colonie romaine. La fortune initiale de la ville date de cette époque. Bénéficiant pendant plus de cinq siècles de plans d’urbanisme successifs et du soutien de plusieurs empereurs, elle devient résidence impériale puis, à la fin du IVe siècle, préfecture du prétoire des Gaules. Assiégée en 425, 430, 453, 457 et 471, la cité est finalement prise par le roi wisigoth Euric, une première fois en 472 puis de manière définitive en 476.

Au début du IIIe siècle, la religion traditionnelle romaine, les religions orientales avec les cultes de Cybèle, de Mithra ou de la déesse égyptienne Isis, et les dieux indigènes sont honorés dans la cité provençale[23] qui s'ouvre au culte chrétien. Si la légende date du second quart du siècle la présence de saint Trophime le premier évêque d'Arles, l'existence de l'Église arlésienne est toutefois avérée dès 254 dans une lettre[24] de saint Cyprien adressée au pape Étienne Ier pour la défense des chrétiens repentants de la ville d'Arles après les persécutions de Dèce. Cette lettre mentionne le premier évêque historiquement connu, Marcianus appelé également Marcien, dont Cyprien demande au pape Étienne Ier, sur le rapport de Faustin, évêque de Lyon, la déposition pour son adhésion au schisme de Novatien.

Premières invasions

Articles détaillés : Grandes invasions et Alamans.

Les hordes « barbares » de Chrocus ou Crocus pillant le Languedoc (Gravure de Ferdinand Pertus, XIXe siècle).

La tradition historique reprise par Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs rapporte également que les faubourgs de la ville auraient été incendiés et pillés peu après par des troupes barbares (Alamans) conduites par un certain Chrocus dans le contexte des invasions de la seconde partie du IIIe siècle, ce que semble confirmer l'archéologie. L'expansion des quartiers suburbains est arrêtée par des incendies et destructions durant les années 250-270 et le même phénomène est observé à Trinquetaille, sur l'autre rive du Rhône, vers 260/275, ce qui élimine, a priori, toute origine accidentelle. Peut-être que des travaux de fortification, à l'instar de ceux entrepris dans de nombreuses cités sont alors réalisés.

Après ces ravages, le développement urbain d'Arles ne reprendra que sous Constantin Ier, au début du siècle suivant.

Un début de siècle agité

Article détaillé : Persécution de Dioclétien.

Songe de Constantin et bataille du pont Milvius, illustration des Homélies de Grégoire de Nazianze, 879-882, Bibliothèque nationale de France (Ms grec 510)

Au début du siècle, les persécutions de Dioclétien contre les chrétiens ont laissé trace à Arles d'une légende (peut-être vraie) : le martyr de saint Genès. Genès d'après la tradition est un greffier arlésien de la milice impériale qui refuse vers 303 de transcrire un édit envoyant des chrétiens à la mort. Condamné à la peine capitale, il s'enfuit à la nage se réfugier sur la rive droite du Rhône à Trinquetaille où il est rejoint et décapité. Sa dépouille, récupérée par des coreligionnaires, est inhumée aux Alyscamps ainsi que l'écrit au Ve siècle, l'archevêque Paulin  : Illic (à Trinquetaille) sanguine, hic (aux Alyscamps) corpore. Ce martyr, réel ou supposé, devient par la suite un objet de pèlerinages et de ferveurs religieuses pour toute la Provence.

Sous ce même empereur qui entreprend une vaste réorganisation des Provinces, le territoire d'Arles est considérablement diminué du côté de l'est, au bénéfice d'Aix et de Marseille.

Dès les années suivantes, l'histoire de la ville est intimement mêlée à celle de Rome. En 308, Maximien qui avait renoncé au pouvoir en 305, profite d'une absence de son gendre Constantin pour usurper la pourpre et se faire proclamer empereur. Il met la main sur le trésor et s'installe à Arles. Devant la réaction de Constantin qui descend avec ses troupes par la Saône et le Rhône, il cherche refuge dans Marseille dont les remparts peuvent faire illusion. Pris et livré à l'empereur, il est épargné une première fois, mais de nouvelles intrigues obligent Constantin à se débarrasser de lui. Constantin fait ensuite abattre toutes les statues et les monuments élevés en l'honneur de Maximien (310). Puis la victoire de Constantin sur Maxence le 28 octobre 312 au pont de Milvius va bouleverser la destinée de la ville d'Arles.

Une ville impériale

Article détaillé : Résidence impériale.

Arles - Les Thermes de Constantin Ier, IVe siècle

La cité devient alors une résidence de Constantin, devenu l’empereur Constantin Ier qui envisage un moment d’en faire une capitale d’Empire. Constantin est venu à plusieurs reprises à Arles, peut-être dès 307 pour son mariage avec Fausta, la fille de Maximien. Il y réside en 314 et 316, son fils Constantin II y naît le 7 août 314 et la cité d'Arles va recevoir peu après, en 328, le surnom temporaire de Constantina qu'elle conservera jusqu'en 340. Dès 313, Constatin y transfère l'atelier de frappe d'Ostie et les frappes arlésiennes seront poursuivies durant tout le IVe siècle et au début du Ve. Il fait construire près du Rhône les thermes de Constantin, si vastes que les érudits du XVIe siècle crurent à un palais (palais de la Trouille). On pense également que sous son autorité le pont sur le Rhône, datant probablement du Ier siècle, est reconstruit ou réaménagé.

Le Christianisme dès sa reconnaissance par Constantin en 313 (Édit de Milan), se répand dans la société arlésienne, en particulier dans les classes supérieures comme l'illustre l'un des sarcophages découverts en 1974 à Trinquetaille. Ce sarcophage arlésien d'une personne de rang sénatorial est daté du premier quart du IVe siècle Le christianisme ou plus précisément ses luttes internes deviennent aussi une affaire d'État, et Arles va être le siège de deux conciles organisés par des empereurs. En 314, sollicité par les évêques chrétiens africains pour son arbitrage impérial, Constantin organise un concile à Arles le 1er août 314 pour y faire condamner le donatisme]. Ce concile se déroule probablement dans l'église construite sur un ancien temple antique dédié à la Bonne Déesse et devenue depuis Notre Dame de la Major. Un second suit en 353, organisé et dirigé par son fils Constance II et présidé par l'évêque Saturnin. Ce dernier concile consacrera temporairement l'arianisme. Lieu d'importants conciles, le diocèse d'Arles se développe et il est probable que la basilique paléo-chrétienne découverte en 2003 ait été construite à cette période, vers le milieu du IVe siècle.

Avec Constance II, Arles redevient à la fin de l'été 353, ville impériale. L'empereur après avoir arraché l'Occident à l'usurpateur Magnence réside quelques mois dans la cité et y célèbre des jeux magnifiques marquant ses vicennalia (20 années de règne). On rapporte que l'empereur offre à la ville provençale une représentation grandiose au théâtre le 10 octobre 353. Il profite de sa présence dans la cité provençale pour y organiser le concile où il fait proclamer l'arianisme.

Une des villes importantes de l'Empire

Quelques années plus tard, probablement entre 380 et 390, le poète Ausone dresse un portrait de la ville d'Arles dans un ouvrage recensant les 17 villes les plus importantes de l'Empire :

Ouvre, Arles, douce hôtesse, ton double port, Arles, petite Rome gauloise, voisine de Narbonne et de cette Vienne qu'enrichissent les colons des Alpes.

Tu es coupée par le cours impétueux du Rhône au milieu duquel un pont de bateaux forme une place où tu reçois les marchandises du monde romain.

Tu ne le retiens pas et tu enrichis les autres peuples et les autres villes que possèdent la Gaule et le vaste sein de l'Aquitaine.

Ce texte contient une des rares descriptions du pont romain, dit de Constantin, avec une place centrale aménagée au milieu de la construction. N'évoquant pas les murailles dressées dès la période augustéenne, ces quelques vers laissent penser que la cité est en cette fin de siècle une ville ouverte. Ausone souligne enfin le rôle d'Arles dans sa fonction de transit et de redistribution des marchandises du monde méditerranéen vers la Gaule, la Germanie et la Bretagne. Point de rupture de charge entre la mer et le réseau fluvial, la ville concentre ainsi les échanges, les taxes et les richesses.

D'autres événements, plus rares, éclairent la seconde moitié du IVe arlésien et décrivent son rôle militaire et son territoire. En 371, Arles est le point de départ de l'expédition organisée par Théodose l'Ancien pour réprimer la révolte des Provinces d’Afrique contre Valentinien II et vers 384-385, un certain Bassus] propriétaire d'importants haras à Arles signale dans sa correspondance avec Symmaque, préfet de Rome, les nombreux chevaux du delta du Rhône.

À la fin de ce siècle (ou au début du Ve, selon d'autres sources), les Romains en font le siège de la préfecture des Gaules qu’ils rapatrient de Trèves trop exposée sur les marches de l’Empire.

Arles, capitale éphémère des Gaules

Division de l'Empire après la mort de Théodose (395)

     Empire d'Occident

     Empire d'Orient

Arles : préfecture des Gaules [modifier]

Après avoir transféré vers 403, la préfecture du prétoire d'Italie de Milan à Ravenne, l'administration impériale déplace en 407[39] celle des Gaules située jusque alors à Trèves sur Arles, Petrone (Petronius) devenant alors le premier préfet du Prétoire des Gaules (402-408) résidant dans la cité provençale. On connait également d'autres préfets dont Caius Posthumus Dardanus, d'origine gallo-romaine et chrétienne, qui occupe au début du Ve siècle, deux fois ce poste. Un siècle exactement après Constantin Ier, la ville connaît une véritable renaissance. Arles est au sommet de sa puissance : c’est une ville épiscopale, administrative, commerçante et fiscale. Sa population supérieure à celle de nos jours, aurait atteint 50 000 habitants, voire 80 000 d’après certains, ce qui en faisait alors la cité la plus peuplée de Gaule.

Une période agitée : usurpateurs et Wisigoths

Article détaillé : Sièges d'Arles (410-411).

Toutefois, cette prospérité n’exclut pas les menaces d’invasions. Afin de les prévenir, un général romain Constantin III, soutenu par des aristocrates gallo-romains, s’établit dans la cité en 407 et fait d'Arles, siège primatial de l'Église des Gaules, sa nouvelle capitale administrative. Il ambitionne de se faire reconnaître par l’empereur légitime Honorius. Ce dernier se sentant menacé, lui envoie en 411 une armée conduite par le patrice Constance. Après plusieurs mois de siège, la ville se rend à la fin de l'été et Constantin malgré une reddition négociée, est livré à Honorius et exécuté. A Arles même, Constance fait le ménage à la tête de l'archevêché : l'évêque d'Arles Héros nommé par Constantin III est alors chassé, tout comme son collègue l'évêque d'Aix Lazare. Heros est remplacé par l'ambitieux Patrocle (412-† 426), soutenu par Constance puis plus tard par la régente Galla Placidia.

Après la défaite de Constantin III en 411 et le départ des troupes d'Honorius pour l'Italie début 412, Jovin qui a pris le pouvoir à Mogontiacum (Germanie) descend dans la vallée du Rhône. Il est fortement soutenu par l'aristocratie gauloise principalement Arverne représentée par le préfet du prétoire des Gaules Decimus Rusticus, et fait battre monnaie à Lyon, Trèves et Arles. Le wisigoth Athaulf entre en Gaule en 412 au moment où Constance se retire en Italie, puis après avoir soutenu un temps Jovin, se rallie à Honorius et assiège l'usurpateur à Valence (Drôme) en 413. Jovin fait prisonnier est envoyé à Narbonne où il est mis à mort par le préfet du prétoire des Gaules Dardanus qui conduit ensuite une féroce répression contre l'aristocratie gallo-romaine ayant soutenu Jovin.

Articles détaillés :  Constance III.

Le passage des Wisigoths d'Italie en Aquitaine vers 412-414

Portrait de Galla Placidia - mausolée de Ravenne

Entre temps Constance est revenu à Arles ; il y réside jusqu'en 414. Avec des forces militaires insuffisantes, il doit faire face à l'anarchie qui règne en Gaule et en Espagne avec les Wisigoths qui agissent en nomades]. Puis en mars 414, il part d'Arles, passe le Rhône, se rend maître de tout le littoral entre le Rhône et les Pyrénées et coupe le ravitaillement des Wisigoths en s'emparant de Narbonne. Leur chef, Athaulf, qui a épousé une première fois Galla Placidia, demi-sœur de l'empereur Honorius, à Forlì en Emilie selon le rite germanique et le 1er janvier 414 selon le rite romain dans la ville de Narbonne cède aux instances de Placidie à qui cette guerre contre ses compatriotes est odieuse. Il quitte donc la Narbonaise, et passe en Espagne où, vers la fin de l'année 414, il s'empare de la ville de Barcelone]. La période autour des années 407-416, est donc une période agitée pour la cité ainsi que le rappelle l'empereur Honorius.

Une ville en mutation

Un rayonnement renforcé

Articles détaillés : Édit d'Honorius et Théodose et Patrocle d'Arles.

Pièce présentant le profil de Flavius Honorius

Si Arles est une capitale, elle est aussi un évêché très influent. Les prélats d'Arles, conscients de l'importance de leur diocèse, sont sans cesse en conflit avec leurs collègues de Vienne ou de Marseille pour essayer d’asseoir la primauté de l’église d’Arles en Gaule. Ils y réussissent temporairement lorsque le 22 mars 417, Zosime qui vient d'accéder à la papauté élève l'Église d'Arles au rang de primatiale des Gaules en faveur de son évêque Patrocle. Toutefois ce privilège est de courte durée : il est annulé dès 418 par Boniface Ier, le successeur de Zosime.

Honorius renforce le rôle de la cité par l'édit du 17 avril 418, reçu à Arles le 23 mai : Arles est choisie comme lieu d'assemblée annuelle des sept-provinces, laquelle assemblée doit se tenir chaque année entre le 13 août et le 13 septembre, en présence du préfet du prétoire, des gouverneurs des provinces, des nobles revêtus de dignités officielles et des députés des curies. À cette occasion, l'empereur souligne l'importance commerciale de la cité :

si avantageuse est la situation d'Arles, si grand le nombre des marchands qui s'y rencontrent, que l'on y apporte facilement les produits de tous les pays… Tout ce que les riches contrées de l'Orient, l'Assyrie délicate, l'Afrique fertile produisent de meilleur, tout cela se montre à Arles comme si la ville elle-même en était le pays d'origine.

À côté des chrétiens, la présence de juifs à Arles est attestée dès 425, lorsque l'empereur Valentinien III montant sur le trône de l’empire, fait parvenir un décret à Patrocle l’évêque de la cité assassiné peu après sur ordre du Magister Militum Félix, et à Amatus le préfet des Gaules, dans lequel il stipule l’interdiction faites aux Juifs d’occuper des fonctions judiciaires, de servir dans l’armée et de posséder des serviteurs chrétiens. Cette présence est confirmée en 443 par les canons du concile] tenu à Arles puis en 449 lors des funérailles de l'évêque Hilaire (429-449) (on entendit chanter les Psaumes en hébreu par les juifs d'Arles)

Les transformations urbaines

Sous l'épiscopat de cet entreprenant "moine-évêque", la ville se transforme. Le groupe épiscopal du IVe siècle est transféré du sud-est de la ville, vers le centre (actuelle place de la République) où la communauté chrétienne arlésienne commence la construction de la cathédrale Saint-Étienne qui deviendra plus tard Saint-Trophime. L'Église d'Arles, sans doute avec l’accord du pouvoir civil, n'hésite pas à piller les monuments romains en les utilisant comme carrières, comme par exemple le théâtre antique] en raison de sa proximité avec la nouvelle basilique et de l'hostilité chrétienne aux comédiens. En 428, une anecdote rapporte à la fois la célébration annuelle du martyr de Saint Genès et l'écroulement du pont de bateaux d'Arles sous l'affluence des fidèles qui traversent d'une rive à l'autre « sans d'ailleurs, par miraculeuse protection, qu'il y eût de victimes ».

Au même moment, c'est-à-dire vers 430, apparaît le phénomène des habitations parasitaires, pour l'essentiel modeste, dans certains bâtiments et espaces publics. Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer ce phénomène : la croissance de la population due au transfert de la Préfecture depuis Trèves et à l’installation d’administrations impériales, l'afflux de réfugiés et la recherche d’une protection améliorée auprès des remparts de la ville.

La fin de l'Empire romain

 

Des activités militaires toujours présentes

Articles détaillés : Attila, Huns et Aetius.

En dépit, ou en raison, de son rayonnement Arles est très convoitée. La ville subit des assauts, dès 425 quand le général romain Aetius oblige les Wisigoths à la retraite devant la cité assiégée et divisée sur la politique vis-à-vis des barbares], puis en 430. Lors d'une brève période d'accalmie, en 449, Sidoine Apollinaire assiste à dix-neuf ans, debout à côté de la chaise d'ivoire de son père], aux fêtes données à Arles pour l'inauguration du consulat d'Astère et de Protogène. Dès 453, la cité est à nouveau attaquée par les Wisigoths qu'elle réussit à repousser grâce à la résistance et à la diplomatie de Tonance Ferréol, préfet du prétoire des Gaules]. Entre temps, la ville d'Arles sert de base à des préparatifs militaires. Au printemps 451, Aetius s’attarde dans la cité pour obtenir des renforts contre Attila qu'il vaincra en juin devant Orléans, puis en septembre lors de la bataille des champs Catalauniques, près de Troyes.

Article détaillé : Peuple fédéré.

Après la mort de Aetius (454) et Valentinien III (455), les rois barbares fédérés ne se sentent plus liés à l’Empire romain, et cherchent tous à agrandir leurs territoires. La ville d'Arles, pendant les vingt-cinq ans qui suivent, est ainsi mêlée à de nombreux événements marquant la fin de l'Empire (455-480).

Le 9 juillet 455 à Arles (à Beaucaire, d’après d’autres sources), Avitus est proclamé empereur d’occident (455-456), avec l'appui du roi wisigoth Théodoric II. Mais cette action tourne court : ne pouvant se maintenir à Rome qu'il doit quitter à la suite d'un coup d’État, Avitus retourne se réfugier à Arles où après avoir rassemblé des troupes, il tente de reconquérir son titre en Italie. Lors de cette nouvelle campagne Avitus est capturé par le patrice Ricimer le 17 août 456, et bien qu'épargné, il craint toujours pour sa vie. C'est en essayant de trouver refuge en Gaule - à Arles ou en Auvergne - qu'il périt assassiné quelques semaines plus tard.

Emblème de la richesse romaine, la cité continue de susciter de nombreuses convoitises. Elle est encore assiégée sans succès pendant deux ans (457-458) par le wisigoth Théodoric II et ne doit son salut qu'à l'intervention de l'empereur Majorien.

Quelques années de répit : Arles à nouveau ville impériale [modifier]

Articles détaillés : Majorien, Ricimer, Magnus (consul en 460), Vandales et Sidoine Apollinaire.

Emplacement approximatif du royaume vandale, vers 455.

L'empereur Majorien s'installe à Arles à la fin de l'année 458, accompagné du nouveau préfet des Gaules Flavius Magnus ainsi que de hauts-fonctionnaires dont le « questeur du sacré palais », Domnulus et le chef de la chancellerie (magister epistolarum), Petrus. Il y réside, de façon intermittente, jusqu'à l'été 461], date de son départ en Hispanie pour préparer un débarquement en Afrique contre les Vandales]. En fait, d'après Jean-Pierre Papon, Majorien vient à Arles plusieurs fois : en 459, 460 et 461. En 459, il arrive dans la cité en début d'année (où à la fin de 458). Il est à Arles le 18 mars 460, car on a de lui une loi datée de ce jour par laquelle il défend d’élever quiconque par la force à l’état ecclésiastique. C’est aux mois de juin ou de juillet 461 qu'il fait célébrer les jeux du cirque et qu’il tient peu après avec les principaux responsables de la région une réunion à laquelle participe Sidoine Apollinaire.

Les fastes romains se perpétuent alors ; on signale des jeux du cirque organisés en janvier 461 par le consul Severinus en l'honneur de Majorien qui y prend part, et la même année, Sidoine Apollinaire souligne le luxe d'une réception chez un notable arlésien]. Toutefois, la politique de Majorien se remarque par des mesures sociales, telles que des remises d’arriérés d’impôts, et elle essaie de limiter les accaparements de l’Église (captation d'héritage, mise au couvent des jeunes filles…), ce qui illustre les rapports de l'Église avec la société civile, y compris à Arles sous les épiscopats de Ravennius, Augustal ou Léonce. Sidoine Appollinaire nous dresse également une description du forum, encombré de colonnes et de statues et de l'atmosphère politique régnant alors dans la cité.

Arles, ville wisigothique

Article détaillé : Euric.

Carte de l'Europe en 476 avec la Provence wisigothique

À partir de 471, les événements se précipitent. À cette date, l'empereur Anthémius essaye d'intervenir en Gaule pour contenir les Wisigoths en y envoyant une puissante armée. Son fils Anthemiolus en prend la tête, accompagné par trois généraux, Thorisarius, Everdingus et Hermianus. Ils rencontrent les troupes d'Euric près d'Arles où l'armée romaine est écrasée et tous les quatre tués. Finalement, après avoir résisté à un nouveau siège en 472, la cité est prise par les Wisigoths en 473 ainsi que la ville de Marseille. Toute la basse vallée du Rhône est alors ravagée au point que l'évêque de Lyon, Patiens, se préoccupe de ravitailler la ville d'Arles menacée de famine. L'occupation wisogothique est brève, car après la cession de l'Auvergne aux troupes d'Euric, la Provence revient temporairement en 474 sous l'autorité romaine. À ce propos, il convient de souligner le rôle central de l'évêque d'Arles Léonce dans ces événements. Il participe, en effet, avec ses collègues évêques, Groecus de Marseille, Basile d'Aix et Fauste de Riez, aux négociations avec Euric à la demande de l’empereur Julius Népos. Les transactions ayant échoué, Euric poursuit ses conquêtes en se rendant d'abord maître d'Arles et de Marseille, et de là toute la partie de la Provence en deçà de la Durance au cours de l'année 476. Pour mémoire Euric, qui aimait la cité d'Arles, y meurt lors d'un séjour en novembre ou décembre 484.

Au crépuscule du Ve siècle et de l'Empire romain, la ville d'Arles n'a plus que des campagnes dévastées et perd son rôle de capitale régionale avec la disparition du préfet du prétoire. Ce déclin profite à Marseille qui connaît un regain d'activité, ainsi que le signale dès 475 Sidoine Apollinaire. Dans la ville même, les réaménagements commencés dans les années 430, continuent : au-dessus des cryptoportiques, un habitat prend possession du dallage du forum augustéen et il y a peut-être dès cette époque, un habitat dans les arènes comme au cirque.

On peut donc dire qu'à la fin de ce siècle, Arles et la Provence occupent sur le plan politique une position moyenne, voire de faiblesse. Dans ces conditions, elles vont ainsi devenir un objet de convoitise pour leurs voisins nordiques, Francs et Burgondes