Aaron et la forêt enchantée

Il s'appelle Aaron et il a dix ans. Il vit dans une grande ville grise et triste, où il n'y a pas de place pour l'imagination. Il va à l'école tous les jours, où il s'ennuie avec des professeurs sévères et des élèves moqueurs. Il rentre chez lui tous les soirs, où il se sent seul avec ses parents trop occupés et son chat trop paresseux. Il n'a pas d'amis, pas de rêves, pas de passions. Il n'a que des livres.

Aaron aime lire plus que tout au monde. Il se plonge dans des histoires merveilleuses, où il rencontre des personnages extraordinaires et vit des aventures incroyables. Il voyage dans des mondes magiques, où il y a des dragons, des fées, des sorciers, des licornes et des trolls. Il oublie sa vie monotone et triste, et se sent heureux et libre.

Un jour, il trouve dans une librairie un livre qu'il n'a jamais vu auparavant. Il est relié en cuir rouge, avec des lettres dorées sur la couverture. Il s'intitule "Le Livre des Portes". Aaron est  intrigué par ce titre mystérieux et décide de l'acheter. Il rentre chez lui en courant et se réfugie dans sa chambre pour le lire.

Il ouvre le livre et découvre qu'il n'y a pas de texte, mais seulement des dessins. Des dessins de portes. Des portes de toutes les formes, de toutes les couleurs, de tous les styles. Des portes en bois, en métal, en pierre, en verre. Des portes simples, ornées, sculptées, peintes. Des portes anciennes, modernes, futuristes, fantastiques. Des portes qui semblent mener à d'autres mondes.

Aaron est déçu par ce livre qui ne raconte pas d'histoire. Il se demande pourquoi il l'a acheté et ce qu'il va en faire. Il le referme et le pose sur sa table de nuit. Il se couche et s'endort.

Mais pendant la nuit, il se réveille en entendant un bruit étrange. Un bruit de grincement. Un bruit de porte qui s'ouvre. Il se lève et allume. Il voit alors quelque chose d'incroyable.

Sur le mur de sa chambre, il y a une porte qui n'était pas là avant. Une porte qui ressemble à celle qu'il a vue dans le livre. Une porte qui l'invite à entrer.

Aaron est d’abord surpris et effrayé par cette apparition. Il se demande si c'est un rêve ou une hallucination. Il se pince le bras pour vérifier qu’il est bien éveillé. Il l’est. Il se frotte les yeux pour voir si la porte va disparaître. Elle ne disparait pas. Elle est bien réelle. Aaron se sent alors envahi par la curiosité et l’excitation. Il se demande ce qu’il y a derrière cette porte et où elle mène. Il se rappelle le livre qu’il a acheté et qui s’appelle “Le Livre des Portes”. Il se dit que c’est peut-être un livre magique, qui lui ouvre les portes de mondes merveilleux. Il se dit qu’il a là une occasion unique de vivre une aventure incroyable. Il prend son courage à deux mains et s’approche de la porte. Il pose sa main sur la poignée et la tourne. La porte s’ouvre sans résistance. Aaron voit alors un paysage qui le fait rêver. Il voit une forêt enchantée, où les arbres sont gigantesques et lumineux. Il voit des fleurs qui chantent, des champignons qui dansent, des papillons qui brillent. Il voit des créatures fantastiques, qui sortent des buissons ou volent dans les airs. Il voit des elfes, des nains, des centaures, des sirènes, des griffons et des phénix. Il voit un arc-en-ciel qui forme un pont entre deux montagnes. Il voit un soleil qui sourie et une lune qui cligne de l’œil. Aaron est émerveillé par ce qu’il voit. Il se dit qu’il vient d’entrer dans un conte de fées. Il se dit qu’il va enfin connaître le bonheur et la liberté. Il se dit qu’il va oublier sa vie monotone et triste. Il franchit le seuil de la porte et entre dans le monde fantastique.

Aaron entre dans le monde fantastique et se sent comme chez lui. Il se met à explorer la forêt enchantée, en admirant les merveilles qui s’offrent à ses yeux. Il rencontre des êtres magiques, qui l’accueillent avec gentillesse et amitié. Il apprend leurs noms, leurs langues, leurs coutumes et leurs secrets. Il partage leurs jeux, leurs rires, leurs chants et leurs danses. Il se fait des amis parmi les elfes, les nains, les centaures, les sirènes, les griffons et les phénix. Il se sent heureux et libre. Il vit ainsi des aventures extraordinaires, qui le font grandir et mûrir. Il affronte des épreuves, qui le rendent plus courageux et plus sage. Il résout des énigmes, qui lui apprennent à réfléchir et à comprendre. Il découvre des trésors, qui lui donnent à rêver et à espérer. Il sauve des vies, qui lui valent de la gratitude et de la reconnaissance. Il tombe amoureux de Clémentine, qui lui fait connaître l’amour et le bonheur. Il vit ainsi pendant des années dans le monde fantastique, sans jamais ne se lasser ni s’ennuyer. Il oublie sa vie monotone et triste dans la grande ville grise. Il oublie le livre qui lui a ouvert la porte. Il oublie même qu’il vient d’un autre monde.

Aaron vit heureux dans le monde fantastique, jusqu’au jour où il entend une voix qui l’appelle. Une voix qui vient de loin, de très loin. Une voix qui vient de son ancien monde. Une voix qui vient de sa chambre. Une voix qui vient de sa mère.

Aaron reconnait la voix de sa mère, qui le réveille tous les matins. Il se demande comment c’est possible. Il se dit qu’il doit rêver. Il se pinçe le bras pour se réveiller. Il ne se réveille pas. Il est déjà éveillé.

Il se rend alors compte qu’il a oublié quelque chose d’important. Quelque chose qu’il n’a pas fait depuis longtemps. Quelque chose qu’il doit faire tous les jours. Quelque chose qu’il doit faire maintenant. Il doit fermer la porte. Il se souvient du livre qui lui a ouvert la porte du monde fantastique. Il se souvient qu’il doit le refermer après chaque visite, pour ne pas laisser passer le temps et l’espace entre les deux mondes. Il se souvient qu’il a oublié de le faire la première fois, et qu’il ne l’a jamais refait depuis. I

Il comprend alors qu’il a commis une grave erreur. Il comprend que le temps et l’espace se sont déréglés entre les deux mondes. Il comprend que pendant qu’il vit des années dans le monde fantastique, il ne vit que des minutes dans son ancien monde. Il comprend que pendant qu’il grandit et mûrit dans le monde fantastique, il reste un enfant dans son ancien monde. Il comprend que pendant qu’il oublie son ancien monde, son ancien monde ne l’oublie pas. Il comprend qu’il doit faire un choix.

Un choix difficile et douloureux. Un choix entre deux mondes, deux vies, deux amours. Un choix entre rester ou partir. Il regarde autour de lui et voit le monde fantastique qui l’a accueilli et rendu heureux. Il voit la forêt enchantée, les fleurs qui chantent, les champignons qui dansent, les papillons qui brillent. Il voit les créatures fantastiques, qui sont ses amis et sa famille. Il voit les elfes, les nains, les centaures, les sirènes, les griffons et les phénix. Il voit l’arc-en-ciel qui forme un pont entre deux montagnes. Il voit le soleil qui sourie et la lune qui cligne de l’œil. Il regarde surtout celle qu’il aime plus que tout au monde. Celle qui est sa compagne et sa confidente. Celle qui est sa princesse et sa reine. Celle qui est son âme sœur et son cœur. Celle qui s’appelle Clémentine et qui est une fée. Clémentine estla plus belle des fées. Elle a les cheveux blonds comme le blé et les yeux verts comme l’herbe. Elle a des ailes transparentes comme des gouttes de rosée et une robe scintillante comme des perles de lumière. Elle a un sourire radieux comme un arc-en-ciel et une voix mélodieuse comme un carillon. Clémentine aime Aaron plus que tout au monde. Elle l’a rencontré le jour où il est entré dans le monde fantastique par la porte magique. Elle l’a accueilli avec gentillesse et amitié. Elle lui a appris à connaître et à aimer son monde. Elle lui a fait partager ses jeux, ses rires, ses chants et ses danses. Elle lui a donné son amour et son bonheur. Clémentine regarde Aaron avec tendresse et inquiétude. Elle entend la voix qui l’appelle de l’autre côté de la porte. Elle comprend ce que cela signifie. Elle comprend qu’il doit faire un choix. Elle lui prend la main et lui dit :

Aaron regarde Clémentine avec amour et tristesse. Il ne sait pas quoi faire. Il ne sait pas quoi dire. Il ne sait pas quoi choisir. Il se dit qu’il aime son monde fantastique, mais qu’il ne peut pas abandonner son ancien monde. Il se dit qu’il aime sa mère, mais qu’il ne peut pas quitter Clémentine. Il se dit qu’il veut rester, mais qu’il doit  partir. Il se dit qu’il n’a pas le choix. Il lâche la main de Clémentine et cout vers la porte. Il la franchit et la referme derrière lui. Il revient dans sa chambre, dans son ancien monde. Il revient à sa vie monotone et triste, dans la grande ville grise. Il revient à son enfance.