2016 Juillet en Australie

Grande Barriere de Corail d'Australie

Juillet 2016 : Nous vous avons quittés aux Whitsunday islands, fin juin. Un dernier petit tour à la célèbre plage de Whitehaven puis nous remontons plus au nord à l'intérieur de la Grande Barrière de Corail : la seule formation naturelle qui se remarque du haut du ciel. C'est le cas aussi de la Grande Muraille de Chine.

Pour cette remontée nous privilégions des sites et des îles caractéristiques pour le confort de leurs mouillages et la diversité des paysages à terre et sous la mer.

Nous sommes sur les traces du célèbre James Cook et de son fidèle Banks : 250 ans après eux nous naviguons dans les mêmes eaux et ici presque toutes les îles, caps, baies tiennent leurs noms de ces explorateurs du XVIIIème siècle : Magnetic Island qui par la masse de son granit aurait faussé la boussole de Cook, Cap Tribulation, Cap Direction, Endeavour Reef, Lizard Island où l'expédition de l'époque ne trouva que des lézards sur cette île, Endeavour strait, etc.

Townsville

---> Un premier stop à Magnetic Island devant TOWNSVILLE (capitale régionale du Queensland) qui sera notre dernière halte en marina dans le Pacifique : révision et vidange du moteur avant d'attaquer l'océan indien et aussi gros avitaillement.

A Magnetic, inutile de louer un scooter ou une voiture pour parcourir les 10 km d'asphalte de cette ile : le bus local nous convient parfaitement : 7$/ pers a/r avec 3 stops possibles dans la journée.

Les paysages changent et on peut se croire en Bretagne nord avec ces rochers de granit arrondi.

Florence Bay et Radical Bay nous offrent des eaux assez limpides et leur palette de coraux verts.

Nous goûtons au charme du mouillage de Horseshoe Bay au nord de l'île, seul mouillage sûr pour la nuit, et de là prenons le bus.

Les chemins de randonnée sont encore bien " steepy ", cela veut dire avec beaucoup de marches : les genoux de Rémi demandent grâce.

L'île est réputée pour ses koalas, mais nous n'en verrons pas un seul.

Magnetic est une ile très touristique qui n'est qu'à quelques miles de TOWNSVILLE mais côté mer nous avons accès à toutes les belles petites baies et sommes seuls au mouillage pendant la journée.

---> 150 miles plus au nord, c'est l'île de Fitzroy en face de Cairns.

Apres une nuit de navigation, notre arrivée se fera sous les grains et dans le brouillard.

Nous ne verrons jamais Cairns qui restera cachée par d'épais nuages alors qu'à quelques miles de là nous goûtons à la beauté de Fitzroy sous le soleil.

Nous voulions profiter d'une journée sans vent pour aller 20 miles plus haut (40 miles AR car pas de nuit possible sur place à cause de la météo) sur les " Outer Reef " (c'est ce que l'on voit sur toutes les cartes postales de la Barrière de Corail vue d'avion). Mais nous suivons les conseils d'un voilier australien qui nous affirme qu'ici les coraux sont bien plus beaux et les tortues et poissons plus nombreux.

Nous ne regrettons pas notre choix : effectivement les fonds coralliens facilement accessibles de part et d'autre de la plage sont de toute beauté et les tortues nombreuses se laissent facilement approcher.

Une marche au " secret garden " nous fera découvrir la Rainforest ou forêt tropicale humide et son environnement particulier et un pique-nique sur la très photogénique plage de Nudey Beach nous enchantent.

Cette île sur laquelle se trouve un Resort très discret, un camping et où les ferries de Cairns, plusieurs fois par jour déversent des quantités de touristes, nous surprend et nous séduit par son calme et la sérénité qui en ressort.

Une bonne escale de quelques jours ou d'une journée à recommander pour tout voyageur terrien ou navigateur en quête d'une exploration de la Barrière de Corail.

---> Une cinquantaine de miles plus haut et nous voilà à Low Isles au milieu d'un plateau corallien magnifique. Ici encore des plongées en masque et tuba dans des eaux encore plus claires : ce sont nos plus belles plongées dans le lagon de la Grande Barrière.

Réserve du Marine Park, c'est aussi une réserve ornithologique. On y trouve un centre de recherche très discret installé sur le petit îlot. Ici nous voyons rassemblés pélicans, sternes, frégates, aigrettes, hérons, martins pêcheurs, et enfin balbuzards ayant fait leur nid en haut du phare.

C'est un endroit proche de Port Douglas et les charters nombreux déversent leurs flots de touristes sur la plage et les coraux. Mais tous ces gens restent très discrets et respectueux, ce qui est vraiment remarquable.

Nous retrouvons des bénitiers géants à profusion complètement intégrés aux coraux Nous en avions vu quelques uns au Fidji sur fond de sable.

détail

3 requins citrons nagent tout près de la plage sans que cela affole nullement les guides australiens ni les touristes nageurs.

2 jours et demi sur place et 6 plongées dans les différents endroits du lagon nous comblent.

Nous savons que nos baignades sont désormais comptées car nous approchons du Cap Nord et au dessus de Lizard Island, il est très chaudement recommandé de ne plus se baigner car crocodiles et requins sont les maîtres. Rémi n'y croit encore qu'à moitié, mais...

crevettier au mouillage

---> 100 miles plus haut et une nouvelle nuit de navigation passée à éviter crevettiers, cargos, reefs et nous voilà à Lizard Island. Cette île doit son nom à James Cook qui y fit escale : en montant à son sommet il cherchait à trouver un passage dans le reef pour sortir l'Endeavour (son bateau) de cette nasse. N'ayant rencontré que des lézards comme animaux remarquables, il la baptisa " Lizard Island ".

Nous aurons la chance d'en voir trois descendants... Ce ne sont pas les dragons de Komodo que nous ne verrons jamais, mais ils ont un petit côté préhistorique qui ne laisse pas indifférent quand ils nous surprennent au bord du chemin.

L'ascension du Mont Cook (358m) vaut le déplacement et la vue sur le lagon est magnifique.

Mais en redescendant le coccyx de Sylvie va beaucoup moins apprécier une glissade sur un rocher.

Le temps va se gâter avec un bon coup de vent annoncé. Il est grand temps de lever l'ancre pour passer de l'autre côté du Cap York au nord.

Nos amis de Rêve de Lune sont derrière nous pas très loin, à Port Douglas. Ils attendent une pièce de rechange et en profitent pour visiter la Rainforest et la Daintree river : crocodiles et forêt primaire sont à l'ordre du jour. Ils nous raconteront plus tard...

---> Plus de deux jours et deux nuits pour remonter les derniers 350 miles de cette Grande Barrière de Corail, jusqu'au Cap York, à l'extrême nord est du continent australien.

Plus nous montons, plus la Barrière se rétrécit, plus les reefs à éviter sont nombreux, plus les crevettiers qui ne travaillent que la nuit affolent Sylvie car ils tournent autour de nous dans la nuit sans direction précise (14 dans la même nuit) et les cargos ont juste de quoi passer dans la route qui leur est réservée.

Nous choisissons de longer l'ancienne route des cargos qui est le long de la côte. Elle est toujours fréquentée mais moins que la nouvelle qui longe le Reef extérieur.

Les quarts de nuit nécessitent beaucoup d'attention et nous sommes contents d'avoir des cartes marines précises (cartes australiennes et Isailor sont bien appréciées en plus des photos satellites de Ovitalmap sur IPad), AIS, Activ'echo et radar qui signalent notre présence aux cargos et nous les repèrent. En revanche les pêcheurs sont rares à posséder un AIS qui nous permet de les suivre sur nos cartes électroniques.

trois sauts d'affilée mais difficile de faire une bonne photo au crépuscule...

Tout au nord, nous prenons le raccourci d'Albany Passage, sous l'île d'Albany, impressionnant par le courant et les berges proches sous un ciel gris et pluvieux.

2 avantages à ce choix :

- Nous n'avons pas été survolés et interpellés par les Border Forces Australiennes qui ont l'habitude d'appeler à la VHF tout bateau passant dans la zone au nord du Cap York. Mais peut être est ce seulement parce qu'il faisait mauvais.

- Mais surtout, nous évitons toute la zone de quarantaine qui sévit au nord du Cap York et qui nous aurait obligé si nous avions fait escale à Thursday Island comme prévu, à nous délester de tous nos produits frais (fruits, légumes, viandes ,œufs, fromages...).

Pas de pêche miraculeuse ce mois-ci dans la Barrière de Corail. Les cannes à pêche sont restées sagement rangées. Ici, beaucoup d'endroits sont sous la protection du Marine Park et au cas où serions dans une zone interdite...

attention en Australie : « tout le monde se connait et tout se sait ». Vous avez compris : amende !!! Vive le neighbour watch (délation bienvenue et même fortement recommandée pour la sécurité de tous) !

Nous avons préféré ne pas inciter ce " neighbour watching " très présent ici comme en NZ.

Et puis le plus de cette remontée de la Grande Barriere de Corail, c'est que nous avons échappé au passage très étroit du Détroit de Torres entre l'Asie et l'Australie : passage unique pour des centaines, voir des milliers de cargos qui transitent du Pacifique vers l'Ocean Indien et vice-versa.

Si nous étions arrivés des Vanuatu ou des Îles Salomon, nous aurions du l'emprunter en partie.

---> Nous faisons escale à Seisia, bien connue des navigateurs australiens comme escale, avant d'entreprendre la traversée du Golfe de Carpenteria pour rejoindre Darwin ou la Barrière de Corail.

Seisia à quelques miles du Cap York est un très bon abri. Attention de bien suivre l'alignement pour y rentrer car la barre de sable à l'entrée est bien présente.

Seisia est le port du village aborigène de Bamaga à quelques km à l'intérieur des terres.

Surprenant notre arrivée, rien à voir avec le côté très " sanitized " de nos escales précédentes.

Vieux ponton en bois pour le ferry de Thursday Island et le cargo de Cairns, containers rouillés sur le terre plein d'arrivée, beaucoup de 4x4 sur le parking devant le ponton, terre rouge, pas d'habitations à l'australienne très cosy vues de la mer mais plutôt des styles cases ou petites maisons sans prétention. Et surtout présence d'aborigènes originaires de Papouasie Nouvelle Guinée, Malaisie et très différents de ceux rencontrés dans le Centre Rouge. Depuis notre arrivée dans la Barrière, nous avons très peu vu d'aborigènes.

Nous sommes le seul voilier et nos compagnons de mouillage nous laissent un peu perplexes.

Apres une nuit de repos bien méritée au calme, nous descendons à terre.

Première rencontre sur la plage : quatre français dont 3 de Clermont-Ferrand ! qui sont venus rendre visite à une amie, Céline, qui s'est amourachée d'un pêcheur de l'île d'Albany à côté de laquelle nous sommes passés la veille. Elle y vit depuis 3 ans et s'occupe avec son ami et deux aides d'un gîte spécialisé dans la pêche au gros. Pour les amateurs : poissons, crocos, appelés ici les crocs, requins et tranquillité garantis, 4500 $ la semaine sans le voyage et l'alcool. Ici, il y a une loi très stricte sur l'alcool... vous aurez deviné pourquoi !

À terre, les routes et chemins sont rouges dû à la présence de la latérite. Station service et petit supermarket sont suffisants pour satisfaire les besoins des navigateurs de passage.

Nous découvrons que l'attrait touristique majeur est la pêche au gros : sorties en mer à la demi ou journée entière, plusieurs jours à une semaine ou la pêche tout court. Des l'aube des pêcheurs sont sur le ponton et sur la plage.

Et puis il y a une ferme perlière que l'on peut visiter et qui offre gîte et couvert sur fond de mer lagonesque, juste pour la vue car... comme disent les australiens :

" the sea at Seisia invites at swim. The advice is don't. Crocs are around " A Seisia la mer vous donne envie de nager mais ne le faîtes surtout pas car les crocodiles ne sont pas loin.

D'ailleurs ici toutes les annexes sont en aluminium et nous ne nous sentons pas trop en sécurité avec notre annexe gonflable sans fond rigide.

---> Il est temps de partir : Darwin est encore à plus de 700 miles de là et nous prévoyons de nous arrêter dans quelques mouillages recommandés par " Kestrell " bateau australien rencontré à l'île de Fitzroy.

2 nuits en mer et nous voilà à l'île de Raragala, dans les Wessel islands : l'idée est de passer par le " Hole in the Wall ", faille de 50m de large, 20 m de profondeur au milieu de l'île de Raragala et où les courants peuvent atteindre à l'intérieur plus de 11 nds comme au Raz Blanchard au large de Cherbourg pour les connaisseurs.

Rémi veut prendre ce passage juste pour le fun, le problème étant qu'il faut le passer uniquement à la fin de la première heure de la marée descendante pour plus de sécurité.

Nous arrivons à la première heure de la marée montante : pourquoi ne pas essayer ? Rémi ne croit que ce qu'il voit !

À peine sommes nous à l'entrée du passage, qu'un très fort mascaret (grosses vagues formées par le courant contre le vent) nous chahute avec déjà 2 noeuds de courant dans le nez. Demi tour, tant que nous le pouvons. Impressionnant quand même !

Nous passons la nuit à 10 miles plus au sud dans la Baie de Raragala : nuit réparatrice au calme, seul au mouillage dans un décor de mangrove et de rochers en strates

Lever 6 h, car nous devons être à 9 h à l'entrée du " Hole " . Nous y serons à 8 h 40, c'est à dire 3/4 d'heure après le début de la marée montante et là...

Nous nous laissons happer dans le " Hole in the Wall " sur mer plate mais avec un courant qui en ce début de marée va atteindre 5.5 nds. Belissima affichera 10 nds sur le fond.

Nous imaginons rétrospectivement, si nous avions forcé le passage hier à contre courant avec les falaises de chaque côté !

" Juste pour le fun ", comme dit Rémi tout content de son passage !

Changement de décor à nouveau : à l'ouest de l'île de Raragala, la mer est plate, plus de falaise mais des dunes et des plages de sable blanc qui invitent à la baignade mais, paraît-il les " Crocs " veillent. Alors nous continuons notre route par très petit vent sous booster d'artimon.

---> Et nous voilà en mer d'Arafura : de belles surprises nous attendent :

- une trentaine de baleines pilotes vont nous escorter pendant près de 20 mn en poussant des cris comme des sifflements.

- Apres deux mois d'abstinence, nous avons remis la ligne à l'eau : pour la reprise, ce sera un petit thon de 4.5 kg.

- Rémi croit rêver quand il voit un fou de bassan marcher sur l'eau : et non, pas fou du tout, il a trouvé " tortue à son pied " et traverse la mer d'Arafura les pieds au sec sur le dos d'une tortue. À notre approche, il s'élèvera de quelques mètres au dessus des eaux.

- Les fameux Crocs dont on nous parle : Rémi est encore sceptique quant à leur présence, surtout quand on est au mouillage dans l'île de Crocker éloignée du continent. Et bien, nous avons eu la visite d'un spécimen un soir au mouillage au cul du bateau. Il a fallu prendre les jumelles pour vérifier que l'on ne rêvait pas et que ce n'était pas un morceau de bois qui flottait. Un beau salty, comme ils les appellent ici, en opposition aux crocs d'eau douce les freshies. Rémi en est tout retourné.

les falaises de Crocker island

Nous arrivons à Darwin le vendredi 5 août. Nous devons procéder à l'inspection obligatoire de la coque et la désinfection des circuits d'eau de mer avant de passer l'écluse d'une des marinas. Le marnage maximum en grande marée peut atteindre 7m. C'est le service de Biosécurité de Darwin qui se charge gratuitement de ces opérations au ponton de quarantaine de Cullen Bay.

Le lendemain, après 10 heures de quarantaine pour le bateau, nous entrons dans Tipperary Waters Marina située dans la rivière de Darwin. L'ambiance y est calme et très intime.

De là, nous nous concoctons un petit voyage pas du tout prévu, pour aller dans le Kimberley... Trois jours, près de 2000 km en bus et un survol du lac Argyle (deuxième plus grand lac artificiel d'Australie en volume), du Parc National de Purnululu (plus connu sous le nom de Bungle-Bungles, vous comprendrez pourquoi) et enfin de la plus importante mine de Diamants roses et colorés du monde ! un Must quoi !

Accompagnez nous en photos si vous le souhaitez en cliquant ici sur ce lien : BUNGLE-BUNGLES

https://sites.google.com/site/belissimapacifiqueouest/accueil-volet-n-4-indien/2016-deuxieme-mois-en-australie/201608%2012%20%20%284%29.jpg?attredirects=0

A notre retour nous retrouvons nos amis de Rêve de Lune qui viennent d'arriver à Darwin et qui s'apprêtent comme nous à traverser l'Océan Indien. La ferons-nous ensemble cette traversée ?

Bye bye et RDV en septembre pour la suite de nos aventures...

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