Gabriel Micheletti
dimensions: 1,50M x 0,25 (1) et 1,20M x 0,20 (4)
dimensions: 1,50M x 0,25 (1) et 1,20M x 0,20 (4)
A bien y réfléchir, je suis probablement moi-même le sujet de mon travail. A travers l’image produite, simple trait au bord d'une feuille, triptyque de montagne ou fouillis inextricable de la forêt, je ne cherche jamais qu’à rendre compte de la nécessité, de l'émotion, qui dans l'instant m'habitent. Cette démarche ne va pas sans vous faire traverser tout un répertoire d’humeurs, que métaphorique- ment la couleur ou le trait peuvent transcrire, ne trouvant leur juste place, leur juste trace, qu’à force d’enfouissements et de résurgences, comme une rivière dont le cours, tantôt en surface et tantôt souterrain, parfois paressant en d’innombrables méandres, parfois torrentiel et entrecoupé de cascades, reflète tout au long de ce parcours, la géologie sous-jacente. Je cherche en somme à me présenter par le dessin ou la peinture. Mais, jamais, ni ce travail en cours, ni les images qui en résultent ne parviennent à résoudre ce projet, d'où la nécessité de poursuivre, sans fin, ce chemin. La forêt occupe ici une place privilégiée : la maison de mon enfance, au Cannet, était la dernière maison avant la forêt. Cette proximité m’a inventé, et pour toute la vie, peur et fascination. La peur de m’y perdre, d’y croiser des créatures improbables guettant mon passage, complotant derrière les troncs des arbres; et la fascination pour cet espace qui se ressemble tellement à lui-même, où qu’on soit, que l’on y est en permanence toujours ailleurs en étant au même endroit, ou au même endroit alors qu’ailleurs, bruissant du frémissement des feuilles, du souffle craintif d’un animal, de cette rumeur anonyme et tenace, en somme ce que Wagner a génialement transcrit dans ‘Les murmures de la forêt’. Vint l’idée, qui très tôt s’imposa à moi comme une nécessité, d’une transcription picturale de cette réalité. Etait-ce démarche d’exorcisme ? Peignant ou dessinant ce que je vois, je vois – un peu - ce que je suis. Et ce pourrait peut-être me rassurer.....
Site : https://didactiquetangible.hear.fr/expert/gabriel-micheletti/
Wenn man es recht betrachtet, bin ich höchstwahrscheinlich selbst das Sujet meiner Arbeit. Mit dem entstandenen Bild – einem einfachen Strich am Rand eines Blatts, einem Triptychon von Bergen oder einem verzwickten Wirrwarr vom Wald – versuche ich nur, der Unentbehrlichkeit und der Emotion, die mich in dem Augenblick beherrschen, Gestalt zu geben. Diese Herangehensweise setzt voraus, dass man eine ganze Reihe von Stimmungen durchlebt, die die Farbe und der Strich metaphorisch übertragen mögen. Den richtigen Platz, die richtige Spur finden sie vor lauter Umgraben und Wiederaufnehmen, wie ein Fluss, dessen Lauf die untergründige Erdgeschichte widerspiegelt – ob ober- oder unterirdisch, ob gemütlich durch unzählige Windungen oder reißend durch Wasserfälle. Schließlich versuche ich, mich durch das Zeichnen und Malen vorzustellen. Weder der Arbeitsprozess noch die daraus entstehenden Bilder können allerdings zum Ziel führen. Daher die Notwendigkeit, ohne Ende weiterzumachen. Der Wald spielt hier eine besondere Rolle: das Haus meiner Kindheit in Le Cannet war das letzte der Gemeinde, am Waldrand. Die Nähe zum Wald hegte Angst und Faszination, mein ganzes Leben lang. Die Angst, mich dort zu verlaufen oder unglaubliche Kreaturen zu treffen, die auf mich lauern und hinter den Bäumen heimliche Pläne schmieden. Die Faszination für einen Raum, der sich selbst so ähnlich ist, egal wo man sich befindet. Für einen Raum, in dem man ständig woanders ist, obwohl man am gleichen Ort bleibt oder in dem man am gleichen Ort ist, obwohl man anderswohin gegangen ist. Das murmelnde Beben der Blätter, der angstvolle Atem eines Tieres, das anonyme und hartnäckige Gemunkel. Alles in allem, was Wagner in Waldweben genial übertragen hat. Daraus kam die Idee oder eher der Drang, diese Realität malerisch zu übertragen. Galt es als Teufelsaustreibungsversuch? Indem ich anmale oder zeichne was ich sehe, sehe ich – ein wenig – wer ich bin. Und dies könnte mich vielleicht beruhigen...