Un enfant est curieux. Il pose beaucoup de questions et il attend des réponses précises et convaincantes. On ne triche pas avec les questions d’un enfant. C’est en m’accompagnant à une manifestation contre un projet de loi sur l’immigration que ma fille m’a interrogé sur le racisme. Nous avons beaucoup parlé. Les enfants sont mieux placés que quiconque pour comprendre qu’on ne naît pas raciste mais qu’on le devient. Parfois. Ce livre qui essaie de répondre aux questions de ma fille s’adresse aux enfants qui n’ont pas encore de préjugés et veulent comprendre. Quant aux adultes qui le liront, j’espère qu’il les aidera à répondre aux questions, plus embarrassantes qu’on ne le croit, de leurs propres enfants.
« Plus de dix ans après le dialogue avec Mérième, qui avait elle-même dix ans, j’ai voulu rendre compte de mes échanges avec les enfants du monde entier que je ne cesse de rencontrer. Car nous constatons ensemble que non seulement le racisme n’a pas reculé mais qu’il s’est banalisé et dans certains cas aggravé. Nous essayons de comprendre ses nouvelles manifestations : la montée de l’antisémitisme et de l’islamophobie, les discriminations dont les immigrés sont victimes, et l’entrée en scène de l’“identité nationale”
Tahar Ben Jelloun naît en 1944 à Fès où il passe son enfance. Fortement intéressé par la philosophie, il décide d’y consacrer ses études à l’université Mohammed V de Rabat, après avoir terminé ses études secondaires dans un lycée français.
Cependant, soupçonné d’avoir participé à des manifestations étudiantes, le jeune homme est envoyé dans un camp militaire disciplinaire de l’armée pendant deux ans, de 1966 à 1968. Il y trouve l’inspiration pour ses premiers écrits en collaborant secrètement avec la revue marocaine Souffles dirigée par Abdellatif Laâbi.
Une fois libéré, Tahar Ben Jelloun reprend ses études pour enseigner la philosophie en français. En parallèle, il s’adonne de plus en plus fréquemment à l’écriture et publie son premier poème en 1968, L’aube des dalles dans le magazine Souffles.
En 1971, l’enseignement en arabe devient obligatoire. Tahar Ben Jelloun décide alors de s’installer à Paris.
Au départ, Tahar Ben Jelloun ne compte rester que trois ans à Paris, afin de réaliser une thèse de psychiatrie sociale sur les troubles mentaux des immigrés hospitalisés. Mais le goût de l’écriture le rattrape et prolonge indéfiniment son court séjour en France.
L’année de son déménagement à Paris, les éditions Atalantes publient le premier recueil de poésie de Tahar Ben Jelloun, intitulé Hommes sous linceul de silence.
Ravi de ce premier succès, Tahar Ben Jelloun continue d’exercer sa plume et publie l’année suivante, en 1973, son premier roman Harrouda.
Les talents d’écrivain de Tahar Ben Jelloun ne tardent pas à faire écho au sein du journal Le Monde. Il est alors sollicité pour collaborer avec ce média pour lequel il écrit encore aujourd’hui.