ÉDUCATION

A la découverte de Ndèye Dieynaba Ndiaye, Enseignante à l’Université du Québec à Montréal 

Le parcours remarquable d’une citoyenne du monde férue de savoir  

Pr Ndèye Dieynaba Ndiaye a passé, le 1er juin 2024, au Canada, le concours d'agrégation. Elle devient, ainsi, la première femme noire d'origine ouest-africaine professeure agrégée des Facultés de droit du Québec. La quinquagénaire a fait un parcours universitaire remarquable entre le Sénégal, l'Italie, la France et le Canada.

Après une Thèse de Doctorat soutenue en juillet 2020 à l'Université de Laval, avec félicitations du jury et invitation à la publication, notre compatriote Ndèye Dieynaba Ndiaye officie comme enseignante-chercheuse au Département des sciences juridiques de l'Université du Québec à Montréal (Uqam). Née à Darou Mousty, il y a 50 ans, d'un père enseignant, le Pr Ndiaye a très tôt compris qu'elle ne pouvait s'en sortir dans la vie que par les études. 

Mon père m'a beaucoup influencée et aidée dans mon cursus. Il m'a transmis l'amour des études, le goût des voyages et les vertus d'un talibé mouride exemplaire. C'est pour cela que j'ai passé toute ma vie à étudier », témoigne, au cours d'un entretien au téléphone, l'enseignante. Après le collège Martin Luther King et le lycée Maurice Delafosse, elle atterrit à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) où elle obtint, en 1999, une maîtrise en droit des affaires et un diplôme d'études approfondies (Dea) en relations internationales.

Après avoir passé toute sa jeunesse à Dakar, elle rejoint son époux à Milan, en Italie, en 2002.

« C'était un tournant déterminant dans ma vie, car en tant que femme, il me fallait répondre aux exigences conjugales et fonder un foyer », confie-t-elle. Férue de connaissances, elle a profité de son séjour italien pour s'inscrire au département des Studi di Milano » pour un programme en immigration et un Master 2, à distance, en droit européen à l'Université de Nantes (France)..

Une fois à Strasbourg, j'ai entamé un cycle doctoral que j'ai dû annuler dès que je me suis retrouvée, quelques mois plus tard, au Canada, pour m'inscrire en DESS et plus tard en Doctorat de droit à l'Université de Laval », informe", Ndèye Dieynaba Ndiaye. 

Mme Ndiaye est une femme fière d'être Africaine, mais qui se réclame citoyenne du monde. Elle se sent comme le fruit de ces expériences engrangées pendant une décennie, dans différentes universités du monde, au Sénégal, en Italie, en France, et finalement, au Canada. Suivant une approche juridique et parfois interdisciplinaire, les trois langues différentes que je maîtrise sont mises à profit pour une meilleure efficience de mes enseignements », explique l'enseignante. Spécialiste de droit et liberté de la personne et du droit des migrations et des réfugiés, Ndèye Dieynaba Ndiaye met à profit toute son expertise, aussi bien dans ses activités professionnelles que sociales.

Une chercheuse dans l'âme

Selon elle, c'est une obligation que toutes les personnes puissent vivre heureuses dans un monde juste sans distinction de race, de couleur, de sexe, de religion, ou de statut social.

Mon ambition est de continuer à créer et à diffuser le savoir pour le bonheur de l'humain, a rappelé la professeure. Elle est de ceux qui pensent que seule la recherche peut faire avancer les choses. Pour cela; poursuit-elle, il faut déconstruire tous les mythes qui se dressent sur la route. J'ai à cœur de rester utile au Sénégal qui m'a formée et pour le Canada qui m'a accueillie et qui m'a donné l'opportunité de m'exprimer», dit-elle. Mme Ndiaye est l'exemple vivant d'une trajectoire complexe et atypique. En tant que femme mariée et mère de trois filles, elle a su concilier la famille, les études et le travail. Selon elle, pour s'en sortir au Canada, il faut savoir s'adapter à l'environnement d'apprentissage et les nouvelles techniques pédagogiques. Poursuivant, elle a rappelé qu'en plus des compétences et aptitudes à développer, il faut savoir se conformer à la recherche de financements sélectifs basés sur des critères d'excellence et sur la reconnaissance des pairs.

 Elle se levait toujours à l'aube et nous obligeait à faire pareil. En tant qu'ainée, elle nous disait tout le temps que même si nous voulions devenir des bonnes, nous le serions avec des diplômes en poche. C'est pourquoi nous lui devons tout», témoigne sa sœur cadette Mame Diarra Ndiaye.

Pour Moustapha André Diop, son camarade de la promotion 1999 de l'Ucad, Directeur associé du cabinet Propulse Dakar, Dieynaba est une femme déterminée et obstinée, ce qui n'est pas surprenant pour ceux qui la connaissent vraiment et qui l'ont vue devenir une bonne chercheuse. Le seul fait de la voir se réaliser dans un système aussi dur que celui de l'anglo-saxon du Canada mérite le respect. 

Je m'étonne de voir comment elle fait pour combiner les symposiums, les séminaires et autres conférences qu'elle anime à travers le monde », ajoute M. Dlop.

Dans ses activités de recherches, l'enseignante a mis en place l'Observatoire sur les migrations internationales, les réfugiés, les apatrides et l'asile (Omiras) affilié à l'Institut d'études internationales de Montréal (leim- l'Uqam). Cette plateforme a pour but de favoriser une participation innovante et pluridisciplinaire à la recherche de solutions durables sur la mobilité des personnes.

En 2022, Dieynaba Ndiaye a obtenu le prix de reconnaissance du Service d'orientation et d'intégration des immigrants au travail (Soit). Dans la catégorie recherche et enseignement au Québec, elle a aussi obtenu le prix de recherche Changemaker Cbc. (actrice de changement, en français).

 Je gère un groupe de recherches qui me permet de beaucoup partager avec mes étudiants d'horizons divers », informe-t-elle.

Mme Ndiaye est aussi enseignante à l'Université numérique Cheikh Hamidou Kane où elle effectue régulièrement des voyages pédagogiques.

Elle collabore aussi avec ses collègues de l'Ucad en les invitant à développer des projets de recherches au Canada en les faisant intervenir dans ses cours de maîtrise qu'elle donne à l'Uqam.


Avec le Soleil 




Publié 28/06/2024