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Plan Sénégal Emergent : Diomaye va-t-il le conserver ou le jeter….

L’élection de Bassirou Diomaye Diakhar à la magistrature suprême et le plus jeune Président de la République du Sénégal ouvre une nouvelle ère d’alternance générationnelle sur la scène politique sénégalaise et un autre regard sur la coopération bilatérale ou multilatérale entre le Sénégal et le reste du monde. 

Le nouveau régime fera certainement face à de fortes exigences d’une société très exigeante et qui ne pardonne quasiment rien à ses dirigeants. Pour rassurer le peuple, les textes du Parti Pastef sont on ne plus clairs en ce sens qu’ils formulent des engagements et non des moindres.

C’est le grand sevrage avec le régime de Bassirou Diomaye Faye. Tout porte à le croire en tout cas, même s’il y a la réalité du pouvoir. D’emblée, le Président nouvellement élu promet de supprimer les fonds dits politiques pour les remplacer par les fonds spéciaux qui seront votés à l’Assemblée nationale pour les opérations ultra-sensibles telles que l’armement et autres missions secrètes. Il s’engage aussi à supprimer le Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT), le Conseil économique social et environnemental (CESE) et le Haut conseil du dialogue social (HCDS). En même, le natif de Ndiaganiao, s’il respecte les textes de son parti, s’engage à démissionner du Conseil supérieur de la magistrature. « Nous nous engageons à accorder une indépendance totale à tous les organismes de contrôle. À détacher l’IGE de la tutelle de la Présidence de la République, à accorder à l’IGE, à l’OFNAC, à la CENTIF et à la Cour des comptes le pouvoir de définir et de mettre en œuvre leur programme de manière autonome et le pouvoir de saisir directement le procureur et le juge d’instruction », soulignent les textes du parti.

Selon le journal Source A, les fonds politiques ne seront pas supprimés, mais plutôt drastiquement réduits

▸ De même, plus question maintenant que cette manne financière échappe au contrôle des Organes tels l'Inspection générale d'Etat.

L'enfant de Ndiaganiao procédera à l'enterrement de première classe du Haut conseil des collectivités territoriales, du Conseil économique social et environnemental et du Haut conseil du dialogue social

Du coup, le Sénégal pourra économiser 35 milliards F Cfa du "Cese" (7 milliards x 5 ans) et 39 milliards du Hcct" (7,8 milliards x 5 ans). Sans compter le "Hcds, entre autres

Désormais, il ne suffit plus simplement d'être l'ami de la famille présidentielle pour hériter d'un fromage à la tête des Directions nationales

▸ Il faudra plutôt avoir un lisse Curriculum Vitae pour présider aux destinées de l'une des Directions

►Mieux, un seul Dg pour la Bnde, le Fonsis, le Fongip, la Cdc, la Der, la Banque agricole qui seront fusionnés

Congé de maternité long de 6 mois pour les femmes

De même que les rapports entre l’Etat et la religion seront institutionnalisés en assurant un financement transparent du culte, et en créant une institution dédiée. Et pour l’équité territoriale, Diomaye Président s’engage à créer six (06) grands pôles régionaux dotés de zones industrielles par domaine d’activité, d’unités de recherche et de formation, de ranchs modernes équipés d’unités de transformation.

L’enseignement de l’anglais dès le primaire

Pour une éducation de qualité, il s’engage à promouvoir le bilinguisme en introduisant l’enseignement de l’anglais à l’école primaire, à remédier aux inégalités dans le système de rémunération, lancer une concertation nationale sur l’intégration de l’enseignement religieux et la scolarisation dans nos langues nationales, et à créer un ministère du numérique. S’agissant de l’environnement, le premier des Sénégalais s’engage à développer un Plan de Résilience Climatique (PRC) pour une gestion efficace des risques de catastrophes, à recenser et intégrer les enfants des rues dans des daaras modernes publics, avec apprentissage de métiers et à introduire l’enseignement religieux au niveau du secondaire. « Nous nous engageons à allouer un pourcentage des marchés publics aux start-ups sénégalaises, à allouer un pourcentage des marchés publics aux artisans, à rendre obligatoire la participation des Sénégalais dans le capital des entreprises soumissionnant pour des marchés publics. »

Ces mesures audacieuses témoignent de son engagement envers une gouvernance transparente, centrée sur les besoins réels de la population.

A la question de savoir si le nouveau Président va continuer ou rompre avec le PSE 

Qu'est-ce que le PSE ?

Le Plan Sénégal Emergent, PSE, est le nouveau cadre de référence des politiques de la « gouvernance Macky Sall » visant à conduire le Sénégal sur la voie de l’émergence à l’horizon 2035.

La lutte contre les inégalités et les injustices sociales est au cœur du projet politique du Président de la République, convaincu que la politique n'a de sens que si elle prend effectivement en charge la correction des disparités. C'est le fond de l'idéal républicain.

Dans cette perspective, il a lancé des réformes dans le domaine social dès le lendemain de son accession à la magistrature suprême : allocation de bourses de sécurité familiale aux ménages les plus démunis, carte d'égalité des chances en faveur des handicapés, Couverture Maladie Universelle, revalorisation des pensions de retraite, gratuité de la césarienne, amélioration des niveaux de revenu des travailleurs, entre autres.

L'enjeu est de sortir les populations du besoin en offrant à chaque sénégalaise et sénégalais les moyens de son autonomie grâce à son inclusion effective dans le tissu économique.

La transformation structurelle des bases de l'économie

La promotion du capital humain

La transformation structurelle des bases de l'économie

La bonne gouvernance et l’Etat de droit

Dans la première phase des actions prioritaires, 27 projets phares et 17 réformes, touchant tous les secteurs, sont mis en œuvre. Ils participent à donner un nouveau visage à l'économie et à la société sénégalaises grâce à leur impact sur le taux de croissance et la redistribution équitable de la richesse nationale.

Combinant l'effort interne de mobilisation de ressources, l'appui des partenaires et l'investissement privé national et étranger, le PSE a été conçu et validé grâce à une vaste concertation avec tous les acteurs. Il a été appuyé, en février 2014, par la communauté internationale des partenaires à l’occasion du groupe consultatif de Paris.

Le Plan Sénégal Emergent (PSE) est une stratégie décennale sur la période 2014-2023, adossée à une vision, celle d’un Sénégal émergent à l’horizon 2035 à travers trois axes stratégiques qui sont (i) la transformation structurelle de l’économique et de la croissance, (ii) le capital humain, protection sociale et développement durable et (iii) la gouvernance, institutions, paix et sécurité. Le PSE est porté par un Plan d’Action Prioritaire (PAP), lui-même scindé en deux phases. La phase 1 (2014-2018) a permis d’enregistrer des résultats satisfaisants dans l’ensemble des secteurs et la phase 2 (2019-2023), qui se plaçait comme une continuité mais avec une implication plus forte du secteur privé, a été revue et adaptée aux nouvelles priorités nées de la crise sanitaire mondiale.

La phase 1 : une stratégie de rupture visant à accéder à l’émergence

Sur la période 2008-2013, la moyenne annuelle du taux de croissance du Sénégal était située autour des 2,5%, soit en-dessous de celle des pays de l’UEMOA et de la CEDEAO. Le PSE a notamment pour objectif le décollage économique du Sénégal avec un taux de croissance annuel dépassant les 7%. A plus long-terme, l’ambition est de parvenir à l’émergence du Sénégal et à son expansion économique d’ici 2035.

La mise en œuvre du PSE s’articule autour de 3 axes stratégiques déclinés en objectifs sectoriels dont les principaux sont (i) les infrastructures et services de transport, (ii) les infrastructures et services énergétiques, (iii) l’agriculture et l’agro-alimentaire, (iv) l’eau et l’assainissement, (v) l’éducation et la formation, (vi) la santé et la nutrition, composant le PAP (Plan d’Actions Prioritaires). Ce dernier regroupe 27 projets d’investissement majeurs et 17 réformes sur la période 2014-2018. Ce plan d’actions prioritaires portait sur un montant de 9 686 Mds XOF (14,8 Mds EUR) sur la période 2014-2018.

L’évaluation de cette première phase a permis d’identifier un certain nombre de performances dont l’atteinte globale des objectifs fixés. Sur le plan macroéconomique, le Sénégal figure parmi les pays à croissance rapide d’Afrique subsaharienne (moyenne annuelle de 6,6% sur la période 2014–2018) avec une faible inflation (inférieure à 3%) et un déficit ramené de 5,4% du PIB en 2011 à 3% en 2018. Au niveau des indicateurs sociaux, le Sénégal enregistre une amélioration de l’indice de développement humain (0,49 en 2014 à 0,51 en 2017), un accès élargi à l’éducation de base même si en termes d’efficience les résultats sont faibles, des efforts dans le domaine de la santé avec une baisse du taux de mortalité maternelle et un recul de la pauvreté à près de  38% (contre 45,5% en 2012). Sur le plan de la gouvernance, des efforts considérables sont à noter dans le renforcement de la gouvernance économique, politique et judiciaire (notamment dans le cadre de la lutte contre la corruption, la transparence budgétaire, la création des tribunaux du commerce ou encore l’approfondissement de la gouvernance territoriale).

La phase 2 : Un Plan d'actions prioritaires ajusté et accéléré pour la relance de l'économie sénégalaise 

La relance de l’activité économique, après la pandémie, entraine la révision de la phase II du Plan Sénégal Emergent (PSE). Dans l’optique d’un développement plus endogène, le gouvernement sénégalais a mis en place un Plan d’action prioritaire ajusté et accéléré sur la période 2021-2023. Ce plan s’appuie sur les effets du Programme de résilience économique et sociale (PRES) présenté par le président Macky Sall en réponse à la crise sanitaire. Il a pour principal objectif de stimuler l’investissement privé, de diversifier les moteurs de croissance et de renforcer la résilience économique afin d’atteindre un taux croissance moyen de 8,7% sur la période 2021-2023.

La crise a fait ressortir de nouveaux défis pour le pays, qui seraient : (i) la promotion d’une agriculture intensive, abondante, de qualité et résiliente, (ii) une santé inclusive, (iii) un système éducatif performant, (iv) le développement d’un secteur privé national fort, (v) le renforcement de la protection sociale et (vi) la transformation industrielle et numérique.

L’objectif globalement défini sur la période 2019-2023 était de « réaliser à travers la transformation structurelle de l’économie, une croissance forte, inclusive et durable pour le bien-être des populations ». Les nouveaux projets du PAP 2A seraient orientés vers le développement endogène, porté par la quête des souverainetés alimentaires, sanitaire et pharmaceutique, avec un secteur privé national plus dynamique. C’est ainsi que pour faire face aux urgences induites par la crise de la covid-19, le Sénégal a pris un ensemble de mesures, inscrit dans le Programme de Résilience Economique et sociale du Sénégal (PRES), d’élevant à plus de 1 000 Mds FCFA (1,5 Md EUR), soit un peu plus de 7% du PIB.

En terme de développement humain, des performances seraient attendues en 2023 avec un IDH de 0,54 dans le scenario d’ajustement, dans la santé, une baisse de la mortalité infantile (27%o en 2023) ou encore un taux d’électrification rural porté à 79,2% en 2023.

Estimé pour la période 2019-2023 à 14 714 Mds FCFA (22,4 Mds EUR), le coût global du PAP 2A a connu une augmentation de 616 Mds FCFA (939 MEUR) soit une hausse de 4% par rapport au PAP II. Ainsi, pour la période 2021-2023, le PAP 2A s’élève à 12 125 Mds FCFA (18,4 Mds EUR).

Avec tous ces programmes et réalisations dans le cadre du PSE lancé en 2014, le Sénégal vise atteindre l'émergence totale à l'horizon 2035.  Reste à savoir si le nouveau Président Diomaye va poursuivre le PSE ou dérouler son Projet ou encore faire des réajustements ou modifications..... Wait & See 

Comme on a l'habitude de le dire : L'Etat c'est la continuité : Les Hommes passent, les Instituions demeurent....






Publié le 03/04/2024