Transports

Lancement d'un vol charter Dakar- Marseille par Transavia : une aubaine pour le tourisme sénégalais et une menace pour Air Sénégal 

A partir du 3 mai, une nouvelle ligne charter, Marseille-Dakar, sans escale, sera lancée par la compagnie Transavia France. Une bonne nouvelle pour le tourisme sénégalais, selon le Directeur de l'Agence sénégalaise de promotion touristique (Aspt), Pape Mahawa Diouf.

Mais pour le Dg d'Air Sénégal, il faudra penser à protéger la compagnie nationale sénégalaise.

La compagnie aérienne low cost Transavia France a dévoilé six nouvelles routes pour la saison nord été 2023, en ajoutant des liaisons vers des destinations en Algérie, au Maroc, au Sénégal et en Suède. Cette filiale du groupe Air France-Klm va ainsi lancer deux lignes chacune au départ de Bastia et de Strasbourg, ainsi que des vols au départ de Marseille et de Nantes. 


Et à partir du 3 mai prochain, la Lcc deviendra l'unique opérateur de vols sans escale entre Marseille Provence et l'Aéroport international Blaise Diagne (Aibd), au Sénégal. Dans un premier temps, les vols auront lieu une fois par semaine, puis vont passer à deux fois par semaine en juillet et août. Une nouvelle qui réjouit le Directeur général de l'Agence sénégalaise de promotion touristique (Aspt), Pape Mahawa Diouf. «Toute ligne aérienne qui apporte de nouveaux touristes à destination du Sénégal est une bonne nouvelle, Et donc on s'en réjouit. C'est une bonne nouvelle pour le tourisme sénégalais et pour l'économie nationale.» Selon M. Diouf, il y a de plus en plus de nouvelles lignes aériennes à destination du Sénégal, ce qui ne peut être que bénéfique.


«Encourager les privés nationaux à investir ce marché»


Le marché entre Marseille et Dakar était auparavant desservi par Aigle Azur jusqu'en juillet 2019, deux mois avant le dépôt du bilan de la défunte compagnie aérienne française. Il a ensuite été repris par Air Sénégal, qui a opéré Marseille-Dakar sans escale entre septembre 2020 et mars2021, avant de basculer sur un itinéraire Dakar-Marseille-Lyon-Dakar. 


Cet itinéraire est actuellement proposé en vol régulier par la compagnie sénégalaise, deux fois par semaine à bord des Airbus A319 et A321. Et pour l'expert juridique en aviation civile et en sûreté Massourang Sourang, l'idéal serait que nos compagnies sénégalaises ou alors nos hommes d'affaires et privés sénégalais puissent disposer de compagnies charters pour intégrer ce marché de transport.


«Le charter a pour vocation de développer le tourisme, c'est une très bonne chose sur le plan touristique, un gain pour les sites hôteliers, donc ce serait une bonne chose d'encourager les privés sénégalais à investir dans ce secteur, afin de renforcer le tourisme au Sénégal. M. Sourang rappelle que le Covid avait fortement impacté le transport aérien mondial et le tourisme. » De  plus, ajoute-t-il, les ministères du Tourisme et des Transports aériens devraient toujours aller de pair. «Parce que généralement, c'est le ministère des Transports aériens qui autorise les charters à travers la direction de l'aviation civile, explique-t-il dans les colonnes du journal l'Observateur paru jeudi 09 mars 2023. 


L'essentiel est de s'assurer que la compagnie en question a fait l'objet d'une inspection des experts de l'Anacim (Agence nationale de l'aviation civile et de la météorologie), parce qu'il y a des procédures à suivre pour permettre à un avion de venir au Sénégal. Il faut inspecter les avions ainsi que le centre de maintenance. Si ce problème de sécurité est résolu, il faudra juste l'autorisation de l'Anacim pour faire leurs opérations.» La compagnie Transavia France, opérateur 100% Boeing 737-800, dessert déjà Dakar depuis deux destinations en France, avec des fréquences hebdomadaires depuis Nantes Atlantique (Nte) et Lyon (Lys).


«Il faudrait qu'on pense à protéger notre compagnie nationale»


Si cette nouvelle ligne est une aubaine pour le tourisme sénégalais, elle semble être une source d'inquiétudes pour la compagnie aérienne nationale, Air Sénégal. C'est pourquoi son Directeur général, El Hadj Alioune Badara Fall, souligne la nécessité de protéger la compagnie nationale du Sénégal. «Il faudrait qu'on pense à protéger notre compagnie nationale et qu'on ne laisse pas n'importe quelle compagnie venir rafler nos parts de marché. Mais tant que c'est la réciprocité, c'est tout à fait normal. Air Sénégal est en train de bien se développer, ce qui posait problème, c'était surtout la confiance des passagers que la compagnie avait perdue, à cause d'un manque de ponctualité, un produit qui n'était pas de haute qualité, mais nous sommes arrivés à stabiliser ces deux problèmes. La qualité du produit est exemplaire, et nous sommes satisfaits et confiants ».


Le Directeur général d’Air Sénégal rappelle que la compagnie opère déjà sur Marseille en lignes directes régulières, donc cela n'empêche pas qu'une autre compagnie française opère sur la même ligne. Mais cela reste une concurrence loyale. «Nous y allons trois à quatre fois par semaine, donc on fait plus de vols qu'eux, indique-t-il. Et ça fait des années qu'on fait ces vols, donc si aujourd'hui, ils décident de faire ça, c'est une concurrence certes, mais une concurrence totalement loyale. C'est sûr qu'une part du marché sera emportée par cette compagnie, par exemple, si on transporte 150 passagers par vol, si cette compagnie se positionne, et si on a un produit de moindre qualité ou une ponctualité de moindre fréquence, c'est évident qu'une partie de notre marché sera raflée. Mais la concurrence reste une bonne chose parce qu'elle permet à tout le monde de prodiguer un produit de haute qualité, et ce sera à l'avantage des passagers.» 


Par ailleurs, note-t-il, quand on parle de charter, ce n'est pas méchant parce que ce n'est pas une ligne régulière. «Si ça devient régulier, l'Anacim doit interpeller la compagnie nationale pour voir les contours de cette ligne, afin de déterminer les conséquences et les avantages par rapport à l'économie de la compagnie ou l'économie nationale.»



L'Observateur avec Hello Sénégal 


    Publié le 09/03/2023