Tourisme

Sénégal- Ouverture - Saison touristique : les hôtels de la Petite-Côte (Mbour) font carton plein

En cette période d'ouverture de la saison touristique sur la Petite-côte, les hôteliers se frottent déjà les mains. Les réceptifs affichent carton plein, contraignant du coup les gérants d'hôtels à décliner certaines demandes de réservation, notamment celles locales. Une bonne affaire pour les responsables d'hôtels qui confient n'avoir enregistré pareils chiffres d'affaires depuis 2019.

Contrairement aux deux années précédentes où le secteur du tourisme a été mis à terre par la pandémie de la Covid 19, cette année la saison touristique bat son plein sur la Petite-Côte. Ici, presque tous les hôtels de la place affichent le plein.



De Somone à Pointe Sarène en passant par Ngaparou et Saly Portudal, tous les réceptifs refusent du monde. Et les clients qui se rendent sur la Petite-Côte, soit pour les besoins d'une rencontre professionnelle, soit pour un séjour en famille ou même pour une lune de miel, sans avoir, au préalable, effectuer une réservation, sont obligés de faire le tour des réceptifs hôteliers, bagages en main, pour finir par rentrer bredouilles. Un véritable casse-tête qui contraint certains de nos interlocuteurs, visiblement déçus, à se rendre dans d'autres villes touristiques. A défaut de prendre le chemin du retour. C'est le cas de ce nouveau couple marié rencontré en pleine ville de Saly Portudal. Bras dessus, bras dessous, échangeant des œillades énamourés, le jeune couple semble désarçonné, mais fait contre mauvaise fortune, bon cœur. «<Depuis ce matin, nous sommes à la recherche d'un hôtel. Mais partout où on passe, on nous fait savoir que les réceptifs sont pleins et qu'il n'y a aucune chambre de libre», martèle Abdou Diop, comptable dans une société à Dakar, venu passer sa lune de miel avec sa douce moitié, visiblement déçu, le nouveau couple qui n'a aucune alternative, décide, à contrecœur, de retourner à Dakar jusqu'au mois de février, date à laquelle il envisage de revenir à Saly Portudal pour y passer leur noce de mariage. «J'espère qu'à ce moment, une bonne partie des touristes seront retournés chez eux et que des hôtels seront, à nouveau, libres», se console M. Diop, les valises à la main. A Saly, le constat est le même, dans la quasi-totalité des hôtels.


D'ailleurs, les responsables d'hôtels rencontrés annoncent déjà le remplissage total de tous les réceptifs. Il ne reste aucune chambre disponible. Et cela, juste quelques semaines après l'ouverture de la saison touristique, démarrée le 1 octobre 2022.


Trouvé à son lieu de travail, Ibrahima Sarr, directeur général du complexe «les Filaos-Saly Hôtel», ne cache pas sa joie. En cette période de grande affluence, ses deux hôtels sont pleins à craquer de touristes venus d'horizons divers. «<Depuis le 23 octobre, je n'ai plus où loger des hôtes», s'empresse-t-il dire, le sourire aux lèvres.


Avant d'ajouter : « On ne se plaint vraiment pas. D'autant plus que le complexe << les Filaos-Saly Hôtel » qui dispose de 194 chambres et 408 lits est complètement occupé. Cette saison, les affaires démarrent sur les chapeaux de roue.»>


Total de nuits passées sur le territoire, de 6 549 974 en 2020 à 8 231 337 en 2021 pour 663 586 touristes en 2020 contre 836 784 en 2021


Ibrahima Sarr est aux anges. Dans le vestibule de son réceptif hôtelier, une file de touristes attend de procéder au check-in. Ils sont debout en couple ou en famille, certains installés sur les sofas de la réception, des verres de jus locaux à la main, profitent d'un petit moment d'accalmie avant de rejoindre leurs chambres. L'endroit sent les vacances à plein nez. Une ambiance décontractée y règne. Pour le plus grand bonheur d'Ibrahima Sarr, le directeur général. Large sourire aux lèvres, la bouche en cœur, il confie: «L'hôtel affiche le plein et j'ai même été obligé de décliner certaines demandes de réservations.


Notamment celle de l'équipe nationale de football du Cameroun qui devait se rendre au Qatar pour les besoins de la Coupe du monde 2022. Malheureusement avec le nombre important de clients dont je dispose déjà, je ne peux plus satisfaire d'autres demandes. Car les deux hôtels ont fait le plein. J'ai même été contraint de libérer une partie d'une délégation venant des Etats-Unis», renseigne Ibrahima Sarr, Cependant, à en croire Ibrahima Sarr qui confie avoir réalisé un chiffre d'affaire de 800 millions de Fcfa en 2 mois, les gérants de réceptifs de la station balnéaire sont en train de vivre le remplissage de mars 2019. Une année pendant laquelle les responsables d'hôtels se sont bien frotté les mains. Et les chiffres du ministère du Tourisme corroborent la bonne santé de la saison touristique, cette année. Si entre 2014 et 2019, le nombre total des nuits passées sur le territoire a doublé, passant de 13 670 122 en 2014 à 17 032 848 en 2019, les prévisions faites en 2019 sont restées positives, avec un nombre de 18 714 211. Toutefois, en 2020 année de la Covid-19, ce nombre a chuté de 6 549 974. En période post Covid-19 marquée par le plan de relance, les chiffres ont décollé et atteint 8 231 337, soit une hausse de 1681363. En outre, la rentrée de touristes sur le territoire était de 1895 962 en 2019. En 2020, année de la Covid-19, le nombre de touristes qui rentrait dans le territoire était de 663 586. En post Covid-19, c'est-à-dire en 2021, ce nombre est passé à 836 784.


Le taux d'occupation des lits d'hôtels, quant à lui, est passé de 35,63% en 2014 à 39,11% en 2018. D'après les prévisions de 2019, le taux d'occupation était de 40, 8%.


En 2020, année de pandémie de la Covid, le taux était de 14,28%. Ce pourcentage a connu une hausse en période post Covid et est passé à 20,16%. Les recettes touristiques de 2014 à 2018 ont aussi doublé.


En 2014, elles s'élevaient à 342,54 milliards. En 2018, les recettes étaient à 710,42 milliards, en 2019- 2020, elles ont chuté à 300,85 milliards pour connaître une hausse de 477,85 milliards en 2021. La demande locale annulée au profit de celle étrangère


Des chiffres rassurants et qui augurent d'une bonne saison pour les acteurs. Du complexe << Les Filaos- Saly Hôtel», «Rhino», «< Hôtel Neptune », en passant par « Hôtel Phénix », « Hôtel So Suite », «Amaryllis », « Hôtel La Palmeraie »>, << Riu Baobab », « Pierre de Lisse » entre autres, tous refusent du monde.


Le «< Royam-hôtel >> n'est pas en reste. Il n'y a plus aucune place dans ce réceptif situé en plein Saly Portudal. Et toutes les chambres de cet hôtel sont également occupées. «Le remplissage est déjà effectif depuis le 8 octobre, date de la réouverture de notre hôtel. En termes de réservation de chambres, nous allons crescendo.


Avec les 116 chambres réparties en chambres de luxe, chambres supérieures, chambres standards, nous avons atteint le seuil de réservation.


D'ailleurs, nous avons même retourné certaines réservations, notamment la demande locale»>, déclare Cheikh Diakhaté, le réceptionniste du «Royam-hôtel». Il explique cependant les raisons du rejet de la demande locale qui s'explique, selon lui, par des contrats qui les lient aux agences de voyage dénommées «Tour Operator>> qui vendent la destination Sénégal à partir de l'étranger. Tandis que la demande locale est souvent réservée aux weekends avec des séminaires.


<<Contrairement à la clientèle locale, le séjour de la clientèle étrangère est plus long allant même jusqu'à trois (03) semaines », confie Cheikh Diakhaté de «Royam hôtel». Qui déclare qu'à ce rythme, les hôteliers feront une très bonne saison cette année.


OMAR BA TOURE, CHARGE DE PROJET A LA DIRECTION D'EXPLOITATION DE LA SAPCO DE SALY PORTUDAL


«La restauration de la plage a beaucoup favorisé l'affluence des touristes et le remplissage des hôtels>>

<Depuis un certain temps, il y a une augmentation considérable du flux touristique. Ce qui s'explique tout simplement par la restauration de la plage effectuée en 2020 et qui, il faut le reconnaître, a été un projet d'envergure initié par l'Etat du Sénégal avec l'appui de la Banque mondiale. Une restauration qui attire davantage les étrangers, notamment les Européens, qui sont intéressés par le tourisme balnéaire.


D'autre part, il faut signaler aussi l'influence du tourisme intérieur, accentué par la pandémie de la Covid-19. Parce qu'avec cette maladie, les Sénégalais qui, jadis n'avaient pas tendance à fréquenter les hôtels, ont plus trouvé goût à se réfugier dans ces lieux. Actuellement, la quasi-totalité des hôtels sont remplis. Et beaucoup d'entre eux ont décliné des demandes de réservation, d'autant plus qu'il n'y a aucune place. Même les résidences sont pleines. Et cela fait plus de 10 ans que nous n'avons pas connu une situation pareille. Ce qui fait naturellement l'affaire des hôteliers qui se frottent les mains. Sinon auparavant, avec la disparition de la plage, ces derniers étaient souvent obligés de licencier certains de leurs employés pour pouvoir tenir financièrement. Désormais avec le rush, des responsables d'hôtels sont même en train d'augmenter leur capacité d'accueil. Et vraiment les choses marchent à merveille. On ne se plaint pas.>>



L'Observateur


Publié le 19/11/2022